COGNAC est un superbe étalon Dogue Allemand Arlequin de 4 ans et demi, déjà suivi en ostéopathie annuellement.
En décembre 2010 il commence à marcher de façon un peu "chaloupée" et consulte un vétérinaire.
Début janvier 2011, devant l’absence d’amélioration avec le traitement entrepris, il est présenté dans une importante clinique pour des examens médicaux poussés et notamment un scanner cervical et lombaire (cf photos 2 et 3).
La recherche d’un syndrome type "queue de cheval" est négative. En revanche, l’imagerie met en évidence une nette compression médullaire ainsi qu’un remodelage très important des corps vertébraux de C6 et C7 (origine tumorale ?) laissant suspecter un Wobbler syndrome.
Fort logiquement, le vétérinaire prévient la propriétaire qu’en l’absence de traitement chirurgical rapide, le chien sera paralysé au bout de 15 jours d’autant qu’il s’est blessé au niveau du bout de sa queue, sanguinolente et comme insensible aux coups qu’il se donne en la remuant.
La propriétaire, ouverte aux médecines complémentaires, décide de surseoir à l’opération et de tenter d’apporter du confort à son chien par le biais de l’ostéopathie.
Le chien sera vu une première fois le 27 février puis 6 fois ensuite à partir du 7 avril (environ une fois par mois).
> Consultation du 23 février
Le chien marche de façon très ataxique, peinant à lever la patte pour uriner et semblant se retenir in extremis de tomber à chaque pas postérieur. Il ne court plus et ne joue plus avec ses congénères de l’élevage.
La première consultation ostéopathique met en évidence une vrille entre les cervicales basses, en forte rotation D et les lombaires qui entraînent tout le bassin en forte rotation G. Cette vrille s’organise autour d’une moelle épinière en très forte tension depuis le crane jusqu’au sacrum. Le bout de la queue reste sanguinolent car le chien le frappe violemment contre les meubles sans sembler ressentir la moindre douleur.
Le traitement manipulatoire fait appel ici à des techniques fonctionnelles visant à diminuer la tension médullaire avant de travailler sur les rotations rachidiennes par des techniques myotensives et fasciales (il n’est pas envisageable, pour des raisons évidentes, d’utiliser des techniques structurelles sur un tel tableau cervical !). Le chien est placé sous Candilat x 15 jours et Arnica 5 CH puis 9 CH pendant 15 jours également. Le pronostic reste réservé.
Après un semblant d’amélioration, le chien présente soudain des épisodes de chutes brutales qui inquiètent la propriétaire. Une deuxième visite est organisée le 7 avril.
> Consultation du 7 avril
La démarche n’est toujours pas harmonieuse mais, après une période de chutes à répétition, le chien semble s’être un peu "stabilisé".
Le diagnostic ostéopathique ne met pas en évidence beaucoup de dysfonctions vertébrales si ce n’est une rotation cervicale toujours présente (mais cette fois-ci vers la G) accompagnée d’une latéroflexion lombaire, sans doute conséquence de la suppression intermittente d’appui sur le postérieur D.
Les tensions sont à nouveau dénouées par des techniques fonctionnelles.
A partir de ce moment, le seul traitement de fond qui sera maintenu sera l’administration d’Arnica pour maintenir une bonne intégrité tissulaire et des traitements d’appoint à base de produits phyto, notamment pour l’estomac, "point faible" de Cognac
> Consultation du 11 mai
Les symptômes semblent s’être stabilisés - voire ont régressé - car le chien se déplace normalement (à l’amble) en mobilisant son bassin mais sans vaciller de l’arrière train et ne court pas. Il ne tombe plus lorsqu’il fait ses besoins. Sa queue, qui était extrêmement abîmée, cicatrise désormais car il semble avoir retrouvé de la sensibilité à son extrémité.
L’examen ostéopathique ne montre qu’une restriction cervicale toujours présente qui sera traitée de façon fonctionnelle.
> Consultations suivantes du 8 juin, 11 juillet et 7 septembre
Au cours des consultations ostéopathiques qui ont suivi, le chien montre une stabilisation encourageante de sa locomotion. Il s’est remis à courir sans problème, a retrouvé le moral et joue à nouveau avec ses congénères.
La queue a totalement cicatrisé. Il a souffert d’une splénomégalie d’apparition brutale, vers la fin du mois de mai, qui a nécessité une splénectomie réalisée en urgence par le vétérinaire traitant (liée au travail de guérison entrepris par le chien ?).
Chaque consultation demandera un travail récurrent sur les cervicales basses et un rééquilibrage tissulaire et parfois viscéral (estomac).
Consultation du 19 octobre
Cette dernière consultation est aussi la première à ne déceler aucune dysfonction cervicale : l’estomac est toujours un peu réactif (et le chien a la fâcheuse manie d’avaler tout ce qui passe sous son nez : objets en caoutchouc, chaussettes etc..) et il présente une rotation de L2 - L3.
> Discussion
Il est intéressant de noter que l’avant- dernière consultation (7 septembre), réalisée 2 mois après la précédente, montre un début de bascule du bassin que l’on ne retrouve pas lorsque le chien est traité tous les mois.
Tout se passe comme si la rotation cervicale associée à la compression médullaire soient tellement puissantes qu’elles entraînent très vite des compensations vertébrales lombaires alors qu’habituellement ce type de compensation ne se voit que sur plusieurs mois, voire plusieurs années lorsqu’il n’y a pas de lésion associée.
Même s’il reste difficile de poser un pronostic sur l’évolution d’une pathologie aussi lourde que le Wobbler Syndrome, il n’en reste pas moins - avec un recul de 10 mois - que le suivi ostéopathique d’un tel chien lui a assuré un confort de vie parmi ses congénères avec des fonctions physiologiques totalement conservées (locomotion, miction, excrétion, reproduction).
Il est indubitable que ce chien nécessitera des soins réguliers pour éviter une aggravation brutale de son état mais la mise en place du suivi ostéopathique a permis, dans le cas de ce chien, comme à ses maîtres, de continuer à vivre normalement.