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Mesurer l’impact d’un traitement ostéopathique sur la locomotion, un nouveau défi ?

Créé le : jeudi 16 mars 2017 par Severine Deretz

Dernière modificaton le : vendredi 3 février 2017

Le cheval est un sportif, parfois de haut niveau, dont le système musculo-squelettique est fortement sollicité. Par ailleurs, il est au minimum équipé de fers, d’une selle, d’un mors et porte un cavalier sur son dos. Enfin, les conditions de vie de la plupart des chevaux de sport n’ont plus rien de commun avec leur environnement naturel au point que certains vivent seuls, en box et consomment trois repas d’aliment concentré par jour. L’impact des conditions de vie, des équipements et du travail est potentiellement considérable sur la santé du cheval et en particulier sur l’appareil locomoteur.

L’ostéopathie est particulièrement adaptée aux problématiques ostéo-articulaires auxquelles les chevaux sont exposés au cours de leur carrière sportive. C’est une médecine manuelle et holistique dont l’un des premiers principes est l’intégrité de fonction du corps et entre toutes ses parties.

L’ostéopathe qui intervient sur les structures corporelles doit être capable d’évaluer avec précision l’ensemble des paramètres visibles ou palpables comme : la posture, la musculature, la mobilité articulaire et viscérale qui, en cas d’atteinte, vont se manifester dans la locomotion du cheval. Et c’est là que les choses se compliquent.. Comment évaluer finement et objectivement la locomotion du cheval et surtout, le retour (ou pas) à une locomotion normale ?

Chaque praticien fonde ses évaluations sur l’observation visuelle d’un nombre important de critères : hauteur et amplitude de foulées, trajectoire des pieds, phase antérieure et postérieure de foulées, anomalies de tracé (cheval qui se déjuge, se méjuge, se traverse) et de locomotions (cheval qui vacille des jarrets, qui billarde ou prédisposé au coups de manchettes, etc.), amplitude relative des angles de croupe et de jarrets, rotations des membres au cours de la foulée, balancier cervico-thoracique, rotation et balancement du thorax, amplitudes de flexion articulaires, etc. !

A cela, il faut ajouter des variantes selon les allures, lignes droites ou cercles... Par ailleurs, les boiteries trouvent souvent leur origine dans un ensemble de dysfonctions, y compris viscérales qui vont se cumuler et/ou se compenser. Sans compter qu’une amélioration est attendue après traitement et devrait être objectivée.. Or, une observation visuelle aussi fine soit-elle, reste inévitablement subjective (Weishaupt et al., 2001).

Donc, à part pour les boiteries franches, évaluer objectivement des asymétries ou irrégularités de locomotion à l’œil nu peut relever du défi, voire du véritable casse tête !

Pourtant, la locomotion ne correspond ‘qu’à’ un ensemble de mouvements cycliques qui se répètent à intervalles réguliers et induisent un déplacement. Le trot est par exemple une allure assez simple, régulière et idéalement, symétrique. Une boiterie, quelle que soit son type, affectera forcément la vitesse, la symétrie, la longueur et/ou la régularité des foulées. Eh bien la bonne nouvelle, c’est qu’on est maintenant capable de mesurer objectivement ces paramètres !

C’est là qu’intervient l’accélérométrie : un accéléromètre est un petit instrument facilement utilisable sur le terrain, que l’on peut fixer sur une sangle ou un surfaix et qui permet de mesurer précisément l’accélération à son point de fixation (dans trois axes : dorso-ventral, médio-latéral et antéro-postérieur) (Barrey, 1992). Alors, pourquoi ne pas utiliser un accéléromètre pour évaluer objectivement la locomotion d’un cheval, avant et après traitement ostéopathique ?

Des premières études ont déjà été conduites dans ce sens par Burgaud et al. (2013) : ils ont montré qu’il était effectivement possible de quantifier l’effet de manipulations ostéopathiques sur la locomotion du cheval. Il a par exemple été montré qu’une manipulation ostéopathique pouvait dégrader à court terme la locomotion des chevaux âgés. Ceci s’explique certainement par le fait que le schéma corporel et locomoteur de ces chevaux âgé est affecté d’une suite complexe de dysfonctions et de compensations.

Il s’agissait de premières études destinées à vérifier qu’il était effectivement possible de ‘mesurer’ objectivement l’impact d’un traitement ostéopathique sur la locomotion du cheval. Cette hypothèse étant validée, la voie est maintenant ouverte à de nouvelles perspectives comme mesurer l’impact de certains types de dysfonctions, évaluer l’intérêt de la rééducation et de la mise en place d’exercices spécifiques, à la suite du traitement ostéopathique donc pourquoi pas, d’accompagner la généralisation de l’utilisation d’accéléromètres dans le soin (Burgaud, Biau et al., 2013).

Et ça tombe bien car des accéléromètres sont déjà en vente et accessibles au grand public. La start’up Equisense commercialise par exemple depuis 2015 un objet connecté de ce type qui permet à tout cavalier d’évaluer objectivement les allures de son cheval.

Tous les ingrédients étaient donc réunis pour faire de cette perspective un joli projet qui cumule trois objectifs : (1) étendre les possibilités de caractérisation des boiteries subtiles (2), mesurer l’effet d’un traitement ostéopathique standardisé et (3) optimiser les recommandations de suivi de l’animal après traitement.

Projet soumis en octobre dernier au réseau Osteo4pattes pour l’obtention d’un petit financement (coup de main 2016) en contrepartie d’une publication dans la Revue du réseau et d’une présentation orale aux prochaines journées du 4 pattes. Ayant obtenu l’accord de financement en novembre dernier, le compte à rebours a démarré ! C’est à peu près à ce moment là que j’ai croisé la route d’Aude Caussarieu et de l’Association Sciences Equines, en plein effervescence !

Le projet avance donc à grands pas et prend donc une belle tournure. Les centres équestres sont en cours de recrutement pour l’évaluation d’une trentaine de chevaux, Equisense est partante pour collaborer et je disposerai de l’aide d’une stagiaire en dernière année d’école d’ostéopathie animale pour les mesures de terrain ! J’ai aussi prévu une phase préalable de tests pour vérifier la faisabilité de la manip’, tester le matériel en conditions réelles, standardiser le traitement ostéo et vérifier le timing...

Le projet est en cours de mise en œuvre mais va encore mûrir grâce au regard affûté des membres de l’Association Sciences Equines avec lesquels nous allons avancer dans le travail de réflexion, les essais, les validations et l’orientation des analyses ! D’ailleurs, les écuries et centre équestres partants pour collaborer peuvent encore se manifester (osteo chez bienetrecheval.com) ! 

Nous avançons à grands pas vers le printemps et c’est une bonne nouvelle car une étude qui combine cheval, recherche et ostéopathie, c’est forcément Que du bonheur !

Bibliographie  :

Barrey, E. (1992). Evaluation de l’aptitude sportive chez le cheval  : application à la définition de critères précoces de sélection. INRA Prod. Anim., hors série, 167–173.

Burgaud Isabelle, & Biau Sophie. (2013). Impacts d’un traitement ostéopathique sur la locomotion du cheval de sport en liberté. Pratiques Vétérinaires, 45(178).

Weishaupt, M. a, Wiestner, T., Hogg, H. P., Jordan, P., Auer, J. a, & Barrey, E. (2001). Assessment of gait irregularities in the horse : eye vs. gait analysis. Equine Veterinary Journal. Supplement, 33, 135–140. Retrieved from http://www.mendeley.com/catalog/assessment-gait-irregularities-horse-eye-vs-gait-analysis/



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