Viande ou pas viande ? Lait ou pas lait ? Nous disent les végans. Perso, je n’en fait pas une opposition de principe (eux si ?). Les filières de l’avocat, de la cajou, ont du sang sur les mains …. et des écocides ultramarins sur le paltau … Donc vive le local en bio, circuit court, d’artisans agriculteurs en végétal ou animal…. Pourtant, ils ont raison, la plus grande partie de l’élevage est devenu une grosse bouse qui pue …. et faire de l’ostéo en urgence sur une vache couchée qui n’en peut plus avec à côté de soi un mec qui s’asphyxie sous le travail et les dettes, et qu’on ne reverra peut être pas, ne m’intéresse pas. Je ne fais plus que des visites d’élevage régulières chez des gens qui comprennent qu’il faut travailler sur le long terme à se sortir d’un système qui les rend esclave.
Ce matin, chez cet éleveur, j’apprends que le fils a fait un burn-out en essayant de reprendre la ferme avec son père. Trop … trop d’investissement, rien ne doit cafouiller, trop de travail. Pourtant quand j’ai rencontré son père déjà au bord de la faillite et de l’irréversible …. on avait discuté longuement sur la nécessité de ralentir la production. Et oui, le bénéfice est issu d’une soustraction : recette moins dépenses, et il se trouve que de faire tomber la production de 10000 L à environ 7000 L par vache enlève des recettes, ce n’est pas grave les laiteries payent de plus en plus au lance pierre, mais aussi beaucoup de dépenses (compléments alimentaires énormes et frais à l’avenant) et aussi beaucoup de frais vétérinaires, les vaches étant moins malades. Et de plus pour produire entre 6000 et 7000 litres de lait par lactation, une vache doit manger …de l’herbe ! Yes …la bonne affaire, le truc qui pousse quasiment tout seul quand on coupe deux fois par an (foin ou ensilage) ou tout simplement laisse brouter les vaches …ce qu’elles savent faire de mieux. Et bien l’endoctrinement est tel pour faire tourner la roue de l’industrie (et par exemple faire venir du soja du Brésil qui pour pousser a tué des autochtones et des milliers d’arbres), à nos paysans, on leur bourre la tête d’interdits qui fait qu’une vache laitière qui mange de l’herbe et pâture devient la plupart du temps un OVNI.
J’ai sur ce cas été aidé par une technicienne de chambre d’agriculture qui avait le même discours … Trois fois blâmée et menacée de placard pour oser contredire le diktat productiviste. Il nous a fallu deux ans, pour convaincre notre homme, bien lessivé par la propagande affairiste, de laisser filer sa production et de transformer ses nombreux champs à maïs gourmand en eau et en intrants polluants en champs d’herbe qui une fois installé … repoussent tout seul ! Et ainsi permettre à ses vaches de marcher, d’être en meilleure forme en produisant moins. Deux ans pour constater qu’avec un tiers de recettes en moins, les dépenses avaient été divisée par trois, les frais vétérinaires par 5 et surtout le souci et le temps passé à gérer des boiteries, des mammites, des vaches couchées … bref le sourire retrouvé. Pourtant, plus tard, notre homme voulant passer en bio (le lait est plus cher), y a vu l’opportunité d’augmenter à nouveau la production … il a rappelé pour boiteries, mammites, problèmes de fertilité … un seul regard ce jour là a suffit pour qu’il me dise : “Je savais que tu allais me houspiller parce que j’avais fait une connerie … j’ai compris”. Et maintenant, visites de routine à peine trois fois par an …. Sauf que le fiston est allé à l’école … d’agriculture où les lobbies sont rois …et bataille entre le père et le fils qui ne veut pas de l’expérience de son père et repart dans les investissements … burnout, alors on recommencera.
Mais qu’il est dur de lutter contre cette pression qui n’a rien d’empathique, rien de scientifique en argumentation … business, business en écrasant, la terre, les animaux les hommes…. Ce n’est donc pas “élevage ou pas élevage ?”, la question ! La question est : “Quand est ce qu’on arrête d’écouter les sirènes du fric sur tous les sujets ? … Et ici on parle des vaches laitières.
Et alors ceci pose la question aux techniciens agricoles de leur responsabilité à balancer des gens dans un système qui les broie ? La responsabilité des coopératives laitières qui se foutent de leur producteurs comme de l’an quarante et du bien être des vaches comme de leur première paire de chaussettes. Celle des vétérinaires qui pour faire tourner leur boutique laissent filer un système qui tue tout le monde à petit feu, pas vraiment responsable, mais un petit fond de culpabilité parfois peut être. Responsabilité des ostéopathes qui cherchent à relever une vache quand il aurait fallu agir pour l’empêcher d’être exsangue au côté d’un éleveur dépité. Non le productivisme n’est pas une solution, c’est une impasse indigne de la raison, de la sagesse. Et quand, à l’ordre des vétérinaires vient la question de l’ostéopathie comme médecine de groupe et d’élevage, ils répondent que l’ostéopathie est une médecine individuelle, je dis non et trois fois non, l’équilibre d’un corps (ici une vache) repose sur celui du groupe (ici le troupeau) dans lequel il est inclus, donc, occupons nous en avant qu’il ne soit trop tard, l’équilibre de cette vache dépend aussi de la santé de son éleveur et de ses choix de gestion …
Alors quiconque prétend approcher un élevage devrait savoir ne pas cautionner ce qu’il réprouve. Moi, c’est ce capitalisme agricole qui transforme l’or vert en pourriture, un autre ne jurant que par le progrès fera autrement … et peut être le fera t’il bien … mais de grâce le soin est un engagement qui ne laisse pas de place à la mièvrerie (relisez “les mains du miracle” de joseph Kessel) et au laisser faire.
Donc les ostéopathes relevons nos manches … la tenségrité agricole bat de l’aile. ( suicide des agriculteurs)
Remplacez vache par humain, troupeau par société humaine, stabulation pleine de merde par mégalopole, éleveur par politicien, laiteries par big pharma et mammites par covid et surproduction par métro-boulot-dodo …et puis vous vous direz que peut être ici aussi on prend le problème à l’envers …
RePS : La suite vous la connaissez, les agriculteurs de moins en moins nombreux verront leur terres rachetées par des grands groupes (comme intermarché) qui capteront toutes les subventions et embaucheront des salariés roumains ou marocains qu’ils paieront avec du mépris.
https://www.facebook.com/patrick.chene.7/posts/10224755510906165
Viande ou pas viande ? Lait ou pas lait ? L’ostéopathie de groupe ?
Je propose plutôt comme titre de cet article : les vaches ne sont pas faites pour manger du pop-corn!
Ou le monde à l’envers.
L’herbe est l’aliment parfait pour les vaches (riche en protéines), mais il semble qu’il soit plus facile de cultiver le maïs.
Amicalement