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Conséquences ostéopathiques d’un périnée faible chez la jument de sport

mercredi 19 avril 2023 par Rochette Anaïs

  Pour une grande majorité des cavaliers, une jument de sport, lorsque suturée, travaille mieux et est plus confortable dans son corps. Du côté des éleveurs, les sutures leur permettent de limiter diverses infections et d’augmenter la fertilité de leur jument. Or, cet acte est souvent mis en place lorsque la zone vulvaire présente certaines anomalies (par exemple, une conformation vulvaire défectueuse). Ces anomalies anatomiques se présentent fréquemment sous forme de pneumovagin ou encore de pneumo-utérus (aspiration d’air dans le tractus génital).

  Par la suture, nous avons un moyen de corriger les conformations vulvaires défectueuses, mais concrètement nous ignorons comment elles se mettent en place. Ce questionnement m’a permis de porter mon attention sur le périnée. Cette structure, plus que central dans la région vulvaire, doit bien avoir son rôle à jouer. On peut donc se demander si le périnée en lui-même a un impact sur la conformation vulvaire ou encore sur la qualité des performances sportives des juments. Au final, on en vient à se demander quelle peut bien être la réelle influence du périnée dans le corps des juments.

  Le travail de recherche effectué pour ce mémoire nous permet d’analyser, d’un point de vue ostéopathique, les répercussions d’un périnée faible chez la jument de sport.


Anatomie


  Le périnée correspond à la région anatomique entourant l’orifice du canal anal et celui du sinus uro-génital. Il est composé d’un ensemble de structures musculo-aponévrotiques et comprend une structure médiane fibreuse, solide et étroite appelée le centre tendineux du périnée. Les muscles les plus importants à retenir sont les muscles élévateurs de l’anus et coccygiens, car ils forment la base réelle du diaphragme pelvien et tirent le périnée vers l’avant. Une bonne connaissance de l’anatomie du périnée nous permet de bien comprendre ses rôles et nous permet de construire un axe de traitement adapté à cette structure.

  La conformation périnéale nous donne de précieuses indications quant à l’état physiologique du périnée. En effet, il suffit d’observer la zone anale et la zone vulvaire pour se faire une idée de la qualité du périnée. Les critères de conformation prennent en compte :
  • L’ouverture ou la fermeture des lèvres vulvaires et de l’anus,
  • L’angulation des lèvres de la vulve,
  • La hauteur de la commissure dorsale des lèvres de la vulve par rapport au plancher pelvien,
  • La propreté de la zone,
  • La tonicité de l’anus,
  • La taille de l’anus (petit ou volumineux),
  • La forme du bourrelet circulaire.
Figure 1 : a. conformation vulvaire saine b. Conformation vulvaire moyenne c. Conformation vulvaire défectueuse (issue du mémoire : Figure 10)

  S’ajoute à cela des critères plus factuels tel que le « Windsucker test », l’index Caslick (souvent utilisé par les vétérinaires) ainsi qu’un test mis au point spécialement pour cette étude qui consiste à vérifier le sens de la contraction du périnée. Cette contraction nous permet d’établir si un périnée est sain (il effectue un mouvement physiologique, vers l’avant), ou si un périnée est faible (il effectue un mouvement aphysiologique, vers l’arrière).


Faiblesse périnéale et protocoles


  Globalement, la faiblesse d’un périnée, chez la jument, se caractérise par une hypotonie musculaire due à un dysfonctionnement au sein de la jonction musculo-tendineuse du diaphragme pelvien par rapport au centre tendineux du périnée. Cette hypotonie empêche la jument d’utiliser correctement son périnée notamment dans la propulsion et le galop.

  Pour cette étude, nous avons suivi un total de onze juments de sports par le biais de deux protocoles distincts. Dans le premier groupe, nous avons suivi l’évolution des dysfonctions ostéopathiques et l’état du périnée de cinq juments. Le protocole se caractérise par la mise en place d’un traitement ostéopathique pensé autour de la mise en équilibre des différents diaphragmes et a été combiné à une rééducation périnéale. Dans le cas du second groupe, nous avons analyser les mêmes critères que le protocole précédent (dysfonctions ostéopathiques et état du périnée), mais cette fois sur six juments après avoir uniquement traité leur périnée.

  En rassemblant tous les critères de conformation périnéale, les variations des dysfonctions ostéopathiques et les tests vérifiant sur le vivant l’intégrité du périnée, nous avons pu faire une analyse très détaillée. Le premier protocole nous a permis de comprendre que les séances ostéopathiques ne sont pas suffisantes pour corriger les faiblesses périnéales. Bien que le protocole ait été pensé autour d’une mise en équilibre des différents diaphragmes et que l’on a inclus une rééducation du périnée, la tonification de ce dernier est longue et ne perdure pas dans le temps. Lorsque l’on regarde le second protocole, on se rend bien compte que le périnée peut être primaire dans un schéma dysfonctionnel. En traitant directement le périnée via ses attaches au niveau du centre tendineux, on arrive d’emblée à le tonifier. Cela induit quasi instantanément des normalisations de dysfonctions ostéopathiques ainsi que des changements locomoteurs et comportementaux chez les juments. En une seule manipulation, on permet au périnée de retrouver son mouvement physiologique en corrigeant au passage les défectuosités de conformation périnéale. Cette normalisation est rapide et la correction de l’hypotonicité du périnée demeure dans le temps.


Conclusion


  La technique actuelle de suture vulvaire est une solution rapide qui offre à la jument un point fixe sur lequel elle peut prendre appuie lors de la propulsion et qui empêche l’entrer d’air. Toutefois, les sutures sont traumatisantes pour la jument (émotionnellement et énergétiquement) et elles ne corrigent en rien la faiblesse du périnée. Cette faiblesse se met en place par des altérations de pressions internes et des statiques pelviennes non physiologiques entrainant une hypotonie musculaire et un dysfonctionnement de la jonction musculo-tendineuse du périnée (au niveau du centre tendineux). Le périnée faiblit et entraine avec lui des désordres notamment au niveau uro-génital et crânien.

  L’objectif de cette étude est de constater les conséquences ostéopathiques d’un périnée faible chez les juments de sport. Nos recherches et l’analyse des différents cas cliniques ont permis d’établir que les faiblesses périnéales peuvent être corrigées par une manipulation ostéopathique et que grâce au traitement de celui-ci, on offre du confort à l’animal (réduction des tensions), on équilibre les pressions internes du corps (surtout intra-abdominale), on normalise rapidement les dysfonctions ostéopathiques crâniennes et uro-génitales et on améliore les mouvements respiratoires de l’animal. De plus, ces modifications soulagent les juments sensibles et caractérielles, rendent les chirurgies fixatrices superflues, permettent d’améliorer leurs performances sportives (meilleur galop, meilleur passage de dos au-dessus des barres, etc.) et rend leur biomécanique plus fluide (arrière-main déliée).

  Cette étude s’est concentrée sur les juments, or les mâles (hongres et entiers) sont tout aussi susceptibles de présenter des faiblesses périnéales. Il serait intéressant de voir de quelle manière un périnée faible affecte les performances du mâle d’un point de vue sportif et/ou reproducteur.

Anaïs ROCHETTE
Ostéopathe pour Animaux
OA1295


Lire mon mémoire en pdf : Conséquences ostéopathiques d’un périnée faible chez la jument de sport


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