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Les effets de l’ostéopathie crânienne sur l’agressivité du chat

mardi 14 mars 2023 par Adélaïde Réhis-Laurent

Abstract


 En tant qu’ostéopathes animaliers, nous sommes régulièrement sollicités pour des animaux ayant des troubles comportementaux. Comment l’ostéopathie peut-elle agir sur ces problématiques ?

 Ce travail de recherche porte sur les relations ostéopathiques entre les dysfonctions crâniennes et les comportements agressifs chez le chat, à travers des évaluations comportementales mesurant l’impact des séances d’ostéopathie crânienne.

 Cette première approche montre des résultats positifs, et nous invite à les confirmer en approfondissant ce travail.


Introduction


  Le cortex préfrontal est connu pour avoir un rôle essentiel dans la gestion des comportements chez les mammifères. Les différents cortex de l’encéphale ont des rapports anatomiques étroits avec les os de la boîte crânienne, que nous pouvons tester en ostéopathie.

  Chez l’humain, des travaux mettent en évidence des altérations de la personnalité suite à des lésions frontales et préfrontales, par exemple le cas de Phinaes Gage, décrit par Antonio R. Damasio dans l’Erreur de Descartes a montré que de graves lésions des cortex frontal et préfrontal, provoquent une altération de la personnalité et des rapports aux autres, notamment par un déficit d’inhibition.

  Chez le chat, la présence répétée de comportements considérés comme agressifs, peut engendrer un rapport conflictuel avec leur propriétaire voire un abandon ou une euthanasie.

  Dans le but d’améliorer le quotidien des personnes vivant avec ces chats, je me suis alors dirigée vers deux axes de recherche :

  • Existe-t-il des dysfonctions crâniennes décelables communément chez les chats agressifs ?
  • Quel serait l’impact de la libération de ces dysfonctions sur l’agressivité ?

  La production écrite traite du développement comportemental du chat et de ses différents types d’agressivité, des descriptions et de la neurophysiologie du SNC en lien avec la séquence comportementale agressive, ainsi que des descriptions anatomiques des structures testées. L’étude a été faite de juillet 2021 à juin 2022, sur 10 chats.


Comportement et agressivité du chat


  Une agression est un acte physique ou une menace qui permet à un individu de réduire la liberté d’autrui. Elle fait généralement partie du répertoire comportemental normal d’un chat, c’est sa fréquence et/ou sa violence ou intensité excessive qui est anormale. Concernant le développement comportemental du chat, il est important de rappeler que cette période se termine à 3 mois, et que la période principale de socialisation se déroule entre 15 jours et 2 mois.

  On peut noter que sur les 10 chats, 4 ont pour sûr, été séparé.e.s de leur mère avant 3 mois, soit avant la fin de leur éducation, et/ou de leur socialisation. Aucun d’eux n’a été pris en charge lors d’une thérapie comportementale auparavant.

  Voici les types d’agressivité du chat les plus rencontrés dans cette étude :

  • agression par irritation : le chat agresse pour arrêter une action subie sous la contrainte, la frustration ou la douleur. Ce type d’agression appartenant au répertoire comportemental normal est très facilement instrumentalisé par le chat et devient alors indésirable pour l’humain. Le syndrome du chat caressé/mordeur fait partie de cette catégorie d’agression par irritation : le chat concerné a un seuil de tolérance aux stimulations tactiles facilement atteignable et agresse sans signe d’appel. Ce syndrome est souvent lié à un déficit d’acquisition des auto-contrôles.
  • agression par prédation : ce comportement appartient au répertoire normal, tel que : la chasse, pour subvenir à ses besoins. Ce comportement devient anormal lors d’une mauvaise sociabilisation interspécifique (les espèces non reconnues sont considérées comme des proies) et est alors généralement considéré comme indésirable pour l’humain.
  • agression territoriale : elle appartient au répertoire comportemental normal du chat, lors de la défense de son territoire en présence d’un intrus. Elle peut être dite « agression de cohabitation » lors de conflits territoriaux entre chats (introduction d’un nouvel individu, atteinte de la maturité sexuelle, retour d’un chat du territoire après une longue absence). En cas de mauvaise socialisation interspécifique, cette agression peut être considérée comme indésirable par l’humain.

Neurophysiologie : voies cérébrales empruntées lors d’une manifestation agressive


  Les voies utilisées lors d’une séquence agressive sont : le système sensoriel, le thalamus (relais sensoriel), le cortex sensitif (aires sensitives associées), le système limbique, les corps amygdaloïdes, l’hypothalamus et le mésencéphale. Dans ce processus, le système limbique est régulé notamment par les cortex piriforme et préfrontal.


Protocole expérimental


  Un questionnaire a été créé pour quantifier l’agressivité du chat. Les propriétaires ont donné un score entre 1 et 5 (1 : jamais, 2 : peu, 3 : moyen, 4 : beaucoup, 5 : excessif (type chat « sauvage »)). Les chats sélectionnés sont ceux situés entre 2 et 4 compris. Cette évaluation comportementale était réitérée à chaque début de séance pour suivre l’évolution tout au long de la prise en charge.

  Initialement, il était prévu de faire un bilan ostéopathique complet de l’animal afin de lever les dysfonctions pouvant être douloureuses et susceptibles d’engendrer une certaine agressivité. Cependant, aucun des chats gardés dans les résultats n’a pu bénéficier de cette première séance globale, leur tolérance de contention et de temps de séance étant assez réduite.

  Les séances d’ostéopathie étaient dispensées sur 4 mois à intervalles réguliers. Chaque propriétaire a été recontacté un mois après la dernière séance pour faire un dernier bilan et évaluer à nouveau le comportement du chat selon l’échelle d’agressivité mise en place.

  Les tests et corrections ostéopathiques concernaient essentiellement le neurocrâne osseux, les structures périphériques (peau, aponévroses, muscles, périoste), les méninges, le MRP et la FTM


Résultats


  Concernant les résultats comportementaux, 70 % des chats ont eu une baisse d’agressivité et aucun n’a vu son agressivité augmenter. Les chats pour lesquels aucune amélioration n’a été observée avaient initialement un score de 2 (« Peu ») sur l’échelle comportementale

Il n’y a pas de corrélation apparente entre le type d’agressivité et l’évolution de leur comportement.

  La dysfonction la plus fréquente sur toutes les séances est la rotation interne du frontal gauche (36,96%).

  Les résultats montrent également que les tensions dure-mériennes sont fréquentes, et augmentent particulièrement à la dernière séance.

  La SSB et les frontaux apparaissent comme les DOP les plus fréquentes. Celles concernant le frontal gauche disparaissent à la dernière séance (peu de changement pour le frontal droit), alors que celles concernant la SSB augmentent.

  Ces deux dernières observations nous ont conduit à l’hypothèse suivante : la SSB et la DM restent majoritairement adaptatives et la SSB est primaire dans le crâne mais ne prime pas sur le reste du corps. En effet, n’ayant pas pu faire de séance globale, des dysfonctions potentiellement plus importantes n’ont pas été traitées.

  Enfin, l’analyse croisée des résultats comportementaux et ostéopathiques, fait apparaître une observation essentielle : les chats avec une amélioration comportementale, avaient pour 35 %d’entre eux, une DOP d’un des deux frontaux (pour 12,5 % de SSB). Alors que les chats sans amélioration comportementale, 5 % avaient une DOP frontale contre 17,5 % de SSB.

On peut donc supposer que la correction des DOP frontales aurait un impact comportemental plus important.


Pour conclure


  Les résultats montrent une évolution encourageante (70%) du comportement des chats suite à un traitement ostéopathique crânien sur plusieurs séances. Il y a donc une piste à explorer sur des possibles corrélations.

  L’interprétation des résultats et la discussion nous ont permis de déterminer les points à améliorer et à approfondir :

  • étudier un plus grand panel de sujets et créer un groupe témoin pour permettre l’utilisation d’outils statistiques usuels
  • élargir les tests au système endocrinien (via l’hypophyse et l’hypothalamus) et au système limbique qui ont un rôle important dans la séquence comportementale agressive
  • améliorer l’échelle d’évaluation comportementale
  • établir le protocole ostéopathique sur un plus grand laps de temps
  • intégrer en fin de protocole une séance complète du corps.

  Pour conclure, cette première étude suggère donc des hypothèses concernant les troubles du comportement chez nos compagnons, grâce à un protocole ostéopathique qui pourrait compléter une thérapie comportementale et des conseils d’éducation.

REHEIS-LAURENT Adélaïde


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