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Les effets d’une approche cranio-sacrée de l’ostéopathie sur des chèvres laitières écornées concernant la résilience tissulaire de l’axe cranio-sacré et la production laitière.

Mémoire de fin d’étude
jeudi 17 mars 2022 par Drevon Quentin

  A ce jour, la France est le pays au Monde où le ratio de productivité laitière par chèvre est le plus élevé. Les chiffres de 2019 nous montrent que le pays possède environ 0,11% du cheptel caprin mondial et réalise 3,40% de la productivité laitière caprine mondiale. Cela met en avant les capacités zootechniques, génétiques, alimentaires et de gestion des élevages caprins français.

  Les exploitations caprines ont ainsi connu en quelques décennies une évolution de leur image au sein du paysage agricole français, couplé à une modernisation de leur fonctionnalité et des méthodes employées au sein de leurs structures.

  Parmi elles, l’ébourgeonnage des chevreaux, plus communément appelé écornage, est une manipulation devenue courante au sein des élevages caprins. Il consiste à supprimer les deux bourgeons cornuaux situés au niveau des os frontaux afin d’éviter la pousse ultérieure des cornes. Cela s’effectue généralement lorsque les chevreaux ont entre 3 et 14 jours de vie, par cautérisation thermique (brûler les bourgeons cornuaux). Cette manipulation est sécuritaire puisqu’elle permet de limiter les blessures pouvant être causées par des coups de cornes, pour les éleveurs ainsi que pour les chèvres du troupeau. Elle permet également de faciliter la gestion de l’élevage et la manipulation des animaux.

  Toutefois, on peut se demander quelles conséquences physiques (et psychiques) l’ébourgeonnage peut-il avoir sur l’ensemble du système corporel des chevreaux ? Et s’il semble y avoir des « séquelles » à cette pratique, est-ce qu’elles seraient encore présentes et palpables quelques années après l’écornage ?

  Des corrections ostéopathiques effectuées plusieurs années après ce potentiel traumatisme physique peut-il être efficace, en terme d’amélioration de la mobilité des structures impactées ?
Enfin, est-ce que l’ébourgeonnage pourrait avoir des conséquences sur la capacité de lactation des chèvres ? Dans l’affirmative, les corrections ostéopathiques apportées permettraient t-elles d’améliorer la productivité laitière des chèvres ?

  Ces questions sont à la base de cette étude ostéopathique.

  Il m’a semblé intéressant d’apporter une vision ostéopathique, de ressenti manuel, à cette intervention assez courante dans le milieu de l’élevage de nos jours et qui fait l’objet de différents questionnements éthiques et points de vue.
  De façon plus générale, ce travail est aussi le moyen d’amener l’ostéopathie à se développer dans le milieu de l’élevage, puisqu’elle semble avoir toute sa place dans la prise en charge de la santé et du bien-être de ces animaux aux côtés des autres professionnels du milieu.

  L’étude s’est déroulée sur 9 mois sur un total de 40 chèvres laitières de race Alpine, ébourgeonnées par cautérisation thermique, âgées de 3 à 8 ans, réparties en deux élevages.
Dans chaque élevage, 20 chèvres ont été choisies afin de constituer un groupe expérimental de 10 chèvres, sur lesquelles sont effectués les tests et les corrections ostéopathiques (à 4 reprises, tous les 3 mois), ainsi qu’un groupe témoin de 10 chèvres, sur lesquelles sont effectués seulement les tests ostéopathiques (à 2 reprises, au début et à la fin de l’étude).

  Les manipulations ostéopathiques ont été effectuées selon un protocole préalablement mis en place, qui s’intéresse spécifiquement à une approche crânio-sacrée : protocole de test identique pour les deux groupes ; protocole de correction exclusif au groupe expérimental.

  En ce qui concerne les résultats,

  • Concernant les dysfonctions ostéopathiques : Les résultats obtenus sur les chèvres du lot expérimental mettent en avant une amélioration de la qualité de mobilité des structures composant l’axe crânio-sacré ainsi que du MRP ressenti à plusieurs endroits sur cet axe. Cette observation n’est pas observable chez les chèvres du lot témoin, sur lesquelles aucune correction n’a été effectuée.
    Il y a donc une différence entre les deux groupes de chèvres suite aux manipulations ostéopathiques, qui met en avant un gain de mobilité générale de l’axe crânio-sacré, cela même plusieurs années après l’ébourgeonnage.
  •   Concernant la productivité laitière : Les résultats ne montrent pas d’amélioration significative de la productivité laitière en comparaison des deux groupes la même année, ni par rapport aux relevés des mêmes mois les années précédentes. Les limites de cette étude sont détaillés dans le mémoire, car il existe de nombreux paramètres pouvant influencer la capacité de lactation des chèvres.

  La prise en charge ostéopathique des chèvres laitières ébourgeonnées a permis de mettre en évidence certaines dysfonctions pouvant potentiellement être causées par la cautérisation thermique. La réalisation de cet acte lorsque les chèvres sont encore en croissance semble avoir un impact réel et durable sur leur état physique, en particulier sur l’axe crânio-sacré, puisque certaines dysfonctions particulières aux chèvres ébourgeonnées semblent persister plusieurs années après la cautérisation des bourgeons cornuaux.

  Les résultats obtenus suite aux corrections des dysfonctions ostéopathiques retrouvées chez les chèvres adultes sont encourageants, puisqu’ils mettent en avant une amélioration de l’état de mobilité et du MRP de l’axe reliant le crâne au sacrum.

  Toutefois, il ne semble pas y avoir d’amélioration de la productivité laitière chez les chèvres ayant reçu des corrections ostéopathiques en employant une approche crânio-sacrée en comparaison aux chèvres témoins.

  Enfin, cette étude permet de mettre en lumière certains effets traumatiques pouvant être causés par l’ébourgeonnage, et pose un questionnement concernant la réelle nécessité (ou non) de procéder à cette manipulation au sein des élevages caprins. Certaines solutions semblent envisageables quant à des méthodes de conduites d’élevages de chèvres ne procédant pas à l’ébourgeonnage et qui confèrent malgré tout une gestion sécuritaire du troupeau et viable pour les humains. L’ostéopathie est une démarche holistique qui s’intéresse d’une part au corps présent sous ses mains, mais de façon plus globale à son milieu de vie et aux facteurs pouvant contribuer (ou non) au maintien de sa santé.

Drevon Quentin


Voir mon mémoire en PDF sur la 👉 Bibliothèque de l’Ostéo4pattes-SDO 👈



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