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La paralysie faciale

Pierre Renaudeau Ostéopathe D.O.
vendredi 7 février 2020 par Pierre Renaudeau

 I. Pathologie

A. CLINIQUE (paralysie)

Source de l’image : article du JIM.fr sur la paralysie faciale
http://www.jim.fr

La pathologie qui nous intéresse ici est bien sûr la paralysie faciale ou paralysie à « frigore » ou maladie de Bell. Elle a été ainsi nommée car l’on a longtemps pensé qu’elle démarrait après un coup de froid, hypothèse invalidée aujourd’hui. Les paralysies d’origine centrale ne sont pas pour l’Ostéopathe. Les ORL évoquent l’importance d’un spasme artériolaire, ce qui n’est pas sans nous intéresser au plus haut point (réaction de lutte contre la stase par vasoconstriction afin d’augmenter la pression, réalisé par le système sympathique…).

La règle est d’adresser très tôt, dès les premiers jours, toute Paralysie faciale à l’ORL (Legent, Fleury, Narcy, Beauvillain, Manuel pratique d’ORL Masson)

Le visage est caractéristique par paralysie flasque des muscles d’un côté qui font que la commissure labiale est abaissée et l’occlusion de l’œil impossible.

Il convient de ne pas se laisser abuser par le côté actif du visage, qui est le côté sain, mais le plus expressif, et attire donc l’attention.

Si la tympanométrie montre un réflexe stapédien modifié, le nerf du muscle de l’étrier est concerné. Penser aux lésions intra-osseuses.

Si les sécrétions lacrymales sont concernées (sècheresse) l’atteinte est au-dessus du ganglion géniculé.

  • 1. Signes à l’installation

La paralysie s’étend en quelques heures et touche les muscles du visage d’un seul côté. La bouche descend, la paupière inférieure descend également, laissant le canal lacrymal écouler des larmes en dehors de l’œil, la joue devient flasque. Il est supposé une inflammation autour du trou stylo-mastoïdien, concernant ainsi toutes les fibres motrices du facial ou VII. Le début est brutal, souvent précédé d’une douleur derrière l’oreille (mastoïdienne), à laquelle certains patients rajoutent une notion de battement artériel perçu par eux (note de l’auteur). Le Goût peut être aboli, avec parfois une hypoacousie. Parfois il existe une réaction cytologique dans le LCR.

  • 2. Signes à la phase d’état

C’est celle où l’on peut observer le patient qui vient consulter.
Le coin de la bouche est affaissé, les rides sont effacées du côté atteint, le front est lisse et la fente palpébrale élargie. L’orifice lacrymal saille en dehors de la conjonctive, le sujet pleure et se présente avec son mouchoir. Il est d’autant plus gêné qu’il bave également car la joue ne retient plus la salive.
Les aliments s’insinuent aussi entre joue et dents et gênent la nutrition.
Enfin, aux tentatives d’occlusion de la paupière, le globe oculaire part vers le haut (contraction physiologique synergique), C’est le signe de Charles Bell. Et les cils sont beaucoup plus apparents (déficience de l’orbiculaire des paupières) C’est le signe des cils de Souques.

Le patient ne peut ni sourire, ni souffler, ni siffler, est gêné pout parler, et le platysma ou peaucier du cou ne s’active pas à l’ouverture contrariée de la bouche ou à la prononciation du ii-xxxx (signe du peaucier de Babinski).
Peuvent s’ajouter une hyperacousie (pénible, par inertie du muscle stapédien ou muscle de l’étrier), une agueusie, un tarissement lacrymal et salivaire.
L’association des différents signes va permettre de situer la hauteur de la paralysie (Diagnostic du Neurologue).

Par exemple, la présence de l’agueusie signe la paralysie au dessus du point de séparation de la corde du tympan et du VII. Par contre une agueusie isolée unilatérale signe une atteinte de la corde du tympan…

La conservation de l’activité du muscle frontal signifie une paralysie centrale, son innervation étant bilatérale depuis le cortex.

Lors d’interventions sur des patients, l’on s’est aperçu que le nerf était gonflé, oedématié, étranglé dans le canal (aqueduc) de Fallope (canal du nerf facial).

B. ÉVOLUTION

La récupération est spontanée en quelques semaines dans 80% des cas. Si une réaction de dégénérescence apparait dans les dix jours sur une récupération incomplète, l’évolution sera longue avant la récupération qui pourra être incomplète, menaçant la cornée, et avec des spasmes résiduels post-paralytiques, ou des contractions anarchiques (erreurs de recolonisation des fibres).

C. TRAITEMENT

La protection des yeux pendant le sommeil, le massage des muscles paralysés (entretien trophique) ainsi qu’un pansement pour soutenir la face en chute sont indiquées.

Des causes rares peuvent être à l’origine de la pathologie (tumeurs temporales, neurinomes acoustiques, polynévrite aigüe idiopathique (bilatérale dans ce cas-là)).

D. AUTRES ÉTIOLOGIES

Médicalement parlant, toute paralysie faciale nécessite un diagnostic du Généraliste ou de l’ORL. L’Ostéopathe n’a pas à prendre en première intention un patient avec une paralysie faciale non diagnostiquée.

1. Le zona géniculé peut déclencher une paralysie faciale. Le sujet présente alors une éruption qui peut toucher la pointe de la langue ou le méat (conduit) auditif externe et la conque. Il peut présenter également acouphènes et vertiges.
2. Dans un contexte de troubles neurologiques, l’évidence du risque et du diagnostic s’impose.
3. Si l’apparition est progressive, cela traduit toujours un processus tumoral.
4. La paralysie faciale peut être la complication d’une otite chronique, avec un risque de mastoïdite. La régression s’observe avec le traitement antibiotique.
5. En suite d’un traumatisme crânien, la surveillance et les soins sont hospitaliers. Fracture du rocher.
6. La tuberculose de l’oreille.
7. Le diabète, après cinquante ans, peut être en cause, donc recherché.
8. Il existe une forme de paralysie faciale du nouveau-né dont les ORL évoquent la possibilité d’une origine traumatique. Il est très évident que nous, Ostéopathes, devons nous pencher sur ces cas avec précision (Occiput, SSB, Temporal, y compris intra-osseux…).

 II. Traitement ostéopathique

Le traitement ostéopathique de cette maladie fait appel bien sûr à l’Ostéopathie crânienne, et chaque praticien connait déjà les grands axes de cette démarche.

Rappelons simplement qu’afin d’obtenir une bonne mobilité des os crâniens, le traitement libérera le bassin, le sacrum, puis l’occiput et les temporaux avant de s’intéresser à la symphyse sphéno-basilaire, ou à tout os en lésion dans la sphère crânienne. Il n’y a pas en l’espèce de leçon à donner. Par contre, ayant essuyé un échec après avoir soigné de façon classique un tel cas, j’ai décidé de me pencher sur l’anatomie et la physiologie de ce nerf afin de dégager ce qui est spécifique et qui pourrait tout à la fois expliquer et traiter ce type de paralysie. Cet article est le fruit de cette démarche.

Donc, si nous considérons les éléments connus et répertoriés par nos amis Médecins sur ce problème (paralysie faciale idiopathique), on s’aperçoit qu’il y a :

1. Œdème (les chirurgiens parlent d’un nerf gonflé, oedématié dans le canal facial). Cause
2. Perte de fonction. Conséquence
3. Récupération plus ou moins sûre, plus ou moins complète. Réaction du corps
4. La paralysie s’étend en quelques heures. Phase d’asphyxie
5. Elle est précédée de douleurs derrière l’oreille, ou de battements. Lieu, réaction artérielle

HYPOTHESE

Si l’on fait le recoupement avec l’anatomie, largement reprise ci-après, l’on repensera au passage du VII sous la tente du cervelet, à l’entrée du canal facial, zone susceptible de voir une pression de la tente défavoriser le flux veineux de la portion artère auditive interne. Dans ce cas de figure, la gêne occasionnée sur ces veines peut se traduire par un gonflement de celles-ci en amont dans le canal, gonflement limitant immédiatement la place pour l’artère (particularité du canal facial), qui va réagir par une tentative de vasoconstriction (afin d’augmenter le flux), épisode parfois perçu par le patient sous forme de battements artériels. Bien évidemment, si rien ne vient lâcher la pression de la tente du cervelet sur les veines, le phénomène aboutit à un véritable serrage dans le canal facial, qui va engendrer une asphyxie du nerf, douleur. Celui-ci perd alors progressivement ses fonctions sur quelques heures, puis est totalement paralysé. Les signes cliniques connus apparaissent alors. Comme l’œdème observé par le corps médical (chirurgie) est visible à la partie inférieure du canal facial, il est probable qu’une deuxième condition entrave la suppléance de vascularisation par l’artère stylo-mastoïdienne.

La première réponse dont j’ai disposé reposa sur un cas clinique où l’Ostéopathie a permis à la patiente de récupérer presque totalement en 24 heures après la séance (sauf le goût de la pointe de la langue), après huit jours de paralysie faciale diagnostiquée. J’avais trouvé chez cette patiente, un serrage important des membranes de tension réciproque (Membranes de tension réciproque : penser aux temporaux, à l’occiput, à la SSB, et aux WHIPLASH)comme il est mentionné dans un mémoire déposé à l’Académie d’Ostéopathie comme facteur prépondérant (une étude sur quatre cas de paralysie faciale) et également un facteur que je n’avais jamais répertorié avant, un temporal du côté de la paralysie faciale, en bascule latérale très marquée, (avec une ATM en dysfonction occlusale) un paramètre que l’on peut aisément imaginer tirer la pointe de la pyramide pétreuse vers le haut, avec à la clé une tension anormale sur l’axe de l’artère stylo-mastoïdienne, issue de l’occipitale, tension susceptible de réduire la lumière de ces vaisseaux(artère et veines).

Ne pas oublier les lésions intra-osseuses de temporal, chez l’enfant.

Normaliser la sphéno-pétreuse (main temporale et main sphénoïdale avec un doigt intra-buccal).

Les deux premières côtes, les cervicales peuvent avoir une action à grand levier, mais également constituer une entrave au drainage veineux (Atman).

De ces quelques éléments, l’on ne peut évidemment rien déduire de scientifique, et il est à souhaiter que dans l’avenir des études plus poussées permettront d’étayer ce raisonnement basé sur l’anatomie et la physiologie.

Il ne s’agit donc ici que de partage, partage embryonnaire de quelques remarques, de rassemblement de données bibliographiques d’anatomie et de pathologie, et de quelque soupçon d’expérience personnelle afin de dégager une esquisse de plan de traitement pour ces paralysies faciales qui restent des drames pour les patients et des énigmes pour le corps médical.


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