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Réponse au Dr Pedespan

Pierre Renaudeau Ostéopathe D.O.
dimanche 5 janvier 2020 par Pierre Renaudeau

 À propos de l’article dans Le Monde

À la suite de l’article de Pascale Santi dans Le Monde du 2 août 2011 [L’ostéopathie, c’est aussi pour les bébés], puis de la réaction du Dr Pedespan, neuropédiatre, dans Le Monde, en date du 08 août dernier [L’ostéopathie crânienne du nourrisson en question], il est apparu nécessaire d’apporter quelques informations complémentaires concernant l’ostéopathie crânienne du nouveau-né et du nourrisson, très proche en fait de l’ostéopathie de l’adulte.

1er point : L’on peut effectivement reprocher à l’article initial de Pascale Santi quelques approximations

Si la mandibule peut effectivement être mal positionnée, avoir été forcée en fait par le passage de la naissance, cela n’empêche pas le réflexe de succion, qui est neurologique, mais engendre des douleurs d’origine mécanique à chaque mouvement de succion, ce qui fait pleurer le bébé et l’empêche de manger. Pourrions-nous manger notre sandwich si chaque mouvement de la mandibule nous élançait jusque dans l’oreille ? Nous connaissons l’existence de ce type de douleur car nous la voyons disparaître en fin de séance, comme ce bébé qui tête, enfin, sans problèmes, après les soins d’ostéopathie.

L’ostéopathie ne permet pas de vérifier le bon fonctionnement des composantes du système nerveux - c’est là le travail du neurologue - mais l’ensemble des structures musculo-squelettiques.

Chaque ostéopathe peut se sentir en plein accord avec le reste des éléments exposés, non pas à cause de quelque cas isolé rapporté, mais à cause de milliers de cas semblables rapportés, où la pathologie se résout grâce à des corrections ostéopathiques bien connues de chacun d’entre nous. La corrélation du nombre ne peut être occultée d’une phrase.

2e point : Si certains membres du corps médical ne comprennent pas ou n’admettent pas ces faits, il y a peut-être là matière à réflexion.

Peut-être est-ce lié, par exemple, à un mode de raisonnement. En effet, lorsque le Dr Pedespan énonce :

« L’ostéopathie crânienne soulagerait les pleurs, les coliques, le reflux gastro-œsophagien, les difficultés à téter… Elle réduirait le temps d’endormissement, modifierait l’activité du système nerveux sympathique, l’anxiété, l’agitation… et pourrait même avoir une action préventive. Cette énumération est trop belle pour y croire. »

Il prend dans ce cas l’ensemble des pathologies évoquées comme on le fait en médecine, associant un traitement à un syndrome. Mais l’ostéopathie ne fonctionne pas comme cela, et l’ostéopathe ne soigne pas les pleurs, les coliques, le reflux gastro-œsophagien, les difficultés à téter, l’anxiété, l’agitation, si ces symptômes ne sont pas liés à une anomalie mécanique engendrant une anomalie fonctionnelle. Nous sommes dans un système différent où nous allons soigner certains de ces cas parce qu’ils ont une origine mécanique, mais en renvoyer certains autres sur le spécialiste qui s’impose.

Un exemple :

un bébé qui pleure parce qu’il souffre d’une anomalie de positionnement de la première vertèbre cervicale, suite à une naissance par forceps, par exemple, pourra être soulagé par l’ostéopathe qui va en douceur recentrer cette vertèbre par rapport à l’occiput ou à la deuxième vertèbre cervicale, lui redonnant ainsi un fonctionnement centré sans tensions mécaniques.

Par contre, un bébé qui pleure parce qu’il a une appendicite, ou une hernie ombilicale sub-occlusive, ne pourra pas être soulagé par l’ostéopathe mais par le chirurgien, vers lequel nous le renvoyons dans ces cas-là.

Pour comprendre l’ostéopathie, il convient donc de se placer d’un point de vue corporel, mécanique, structurel, et non plus d’un point de vue de la sémiologie classique, même si cette dernière reste indispensable comme préalable pour le diagnostic d’exclusion.

Si « une théorie doit toujours être mise à l’épreuve de la critique » (Dr Pedespan), et même si l’ostéopathie est encore peu passée par les confirmations scientifiques (épreuves en double aveugle, etc.), elle a néanmoins passé une épreuve critique de taille auprès des millions de patients qui y ont recours à travers le monde, et ceci sans aucune prise en charge. Ce phénomène de reconnaissance ne repose pas sur une mode ou un quelconque vent de passage, mais sur l’efficacité de l’ostéopathie. Depuis des années déjà, les patients soignés ne disent pas à leurs voisins : Il est ostéopathe, ou il vient de telle école, ni il a tel titre, mais simplement : « Il m’a guéri une périarthrite de l’épaule qui durait depuis trois ans », ou « depuis que je suis allé le voir je ne souffre plus de ma sciatique, qui durait depuis un an », ou « mon bébé dort enfin normalement, sans médicaments, depuis qu’il a été soigné par l’ostéopathie ». Nous sommes là dans une dynamique confirmée depuis trente ans qui n’a rien à voir avec une mode, mais avec des résultats concrets constatés par des milliers de concitoyens. C’est une forme de critique active publique.

Si l’on ne peut qu’être d’accord avec le Dr Pedespan sur le fait qu’il faut écarter, en bon scientifique, les cas isolés rapportés et la faiblesse des témoignages individuels, il est évident que concernant l’ostéopathie, il y a belle lurette que nous ne sommes plus dans ce cas de figure mais au contraire dans le tableau de milliers de témoignages et d’observations concordantes. On est tout de même très loin de l’anecdote.

3e point : Si l’ostéopathie crânienne est effectivement une technique ancienne, il existe une confusion entre mobilité et plasticité du crâne,

Confusion qui entretient des querelles aveugles entre partisans et adversaires de l’ostéopathie crânienne.

Oui, le crâne bouge, cela a été ressenti par trop de praticiens pour être inexistant et balayé d’un simple revers de main.

Non, le crâne ne bouge pas, au sens d’une articulation comme le coude ou le genou, les os du crâne ne tournent pas les uns autour des autres.

Alors que se passe-t-il donc ?

Ce sont les chirurgiens et les anatomistes qui viennent éclairer notre lanterne.

 1. Jules Cloquet, dans son Manuel d’anatomie descriptive du corps humain (1), écrit :

« Les os que nous venons d’étudier isolément sont articulés les uns avec les autres, et ne forment, pour ainsi dire, qu’une seule pièce, la boîte osseuse du crâne ». […] « Dans l’état frais, on trouve entre ces articulations [les sutures crâniennes], surtout chez les jeunes sujets, une substance fibro-cartilagineuse qui est très propre à augmenter l’élasticité du crâne, et à décomposer les mouvements qui peuvent lui être imprimés » (p.30).
« Peu de temps après la naissance, le crâne est très mince ; ses parois sont flexibles » (p. 56).
« Dans l’âge adulte, le crâne […] les sutures deviennent de plus en plus étroites et serrées ; la substance fibreuse qui reste dans leur épaisseur, envahie chez le vieillard par le phosphate de chaux, finit par disparaître » p.56).

Il est impossible du point de vue de la génétique et de l’évolution que les tissus observés par ce Chirurgien sur de nombreuses interventions et autopsies ne soient pas présents au sein des crânes de nos bébés actuels…

 2. Au sujet de l’élasticité osseuse.

On peut lire, à propos de l’os en général : « Le contenu [de l’os] est responsable de la plus grande partie de l’élasticité de l’os.[…]. Un skieur peut descendre à plus de cent kilomètres/heure. Les deux fémurs vont plier et se redresser - du fait de leur élasticité - sans se rompre - jusqu’à un certain point » (2).

 3. Au sujet des alliages de titane

À propos de l’élasticité des prothèses en titane : « Depuis une vingtaine d’années les alliages de titane sont volontiers utilisés. Ces alliages sont particulièrement intéressants pour les prothèses sans ciment en raison de leur élasticité plus proche de l’élasticité de l’os » (3).

4. Et de l’eau de mer :

« L’os est constitué d’une double structure : la structure organique (le collagène) et la structure minérale composée des minéraux unis à la structure organique. C’est cette dualité qui confère à l’os sa résistance et son élasticité » (4).
L’os semble donc bien élastique, ce qui est constaté par de nombreux médecins et scientifiques depuis des années et ceci n’est donc pas anecdotique.

 5. Biomécanique osseuse (5)

Il existe pour l’os, en cas d’application de contrainte mécanique (l’accouchement et ses pressions élevées sur la tête du bébé en font partie), une zone d’élasticité, puis, au-delà d’un certain seuil, une zone de plasticité où l’os va changer de forme de façon permanente (ce que nous appelons la lésion ostéopathique intra-osseuse), puis, au-delà encore, c’est la zone de rupture, de fracture (page 2). Ce changement de conformation est nommé écrouissage pour les matériaux (changement de forme avec déplacement de la zone d’élasticité). Encore : Les os de l’enfant ont un module plus bas que ceux de l’adulte et ils absorbent plus d’énergie avant de se fracturer (p.5). Il existe chez l’enfant une large zone de déformation non élastique. (Déformation plastique) […] Et, La viscoélasticité de l’os lui permet de mieux s’adapter aux contraintes : Si on applique une charge sur un os, il se déforme instantanément. (p.7).
[…] Également, page 7/22 : Si la charge est maintenue, l’os continue à se déformer pendant 55 jours ; – après 55 jours, la déformation atteint 153 % de celle qui avait été obtenue après les 2 premières minutes. Ce mécanisme n’est pas sans nous évoquer les déformations osseuses de la scoliose, dans laquelle les tensions mécaniques issues de la dure-mère, elle-même mise en tension par les déformations plastiques du crâne du bébé induisent les déformations vertébrales… (p.7).

Dans l’article, le Dr Pedespan énonce : « Son efficacité supposée [de l’ostéopathie] reposerait sur la mobilité des os de la boite crânienne et les mouvements du cerveau ». Ce qui appelle deux remarques :

Il ressort des différentes études ci-dessus évoquées, et toutes le fait de personnes, médecins, chirurgiens ou scientifiques, sans rapport avec l’ostéopathie, que le crâne, surtout celui des enfants, bouge, est flexible et même plastique, c’est un fait scientifique liée à la biomécanique du tissu osseux. Il y a fort à parier que la présence de sutures fibro-cartilagineuses n’est due qu’à la nécessité, lors des chocs, d’augmenter la compliance du crâne, évitant ainsi davantage de fractures, facteur de survie supplémentaire dans l’évolution. C’est sur cette mobilité, mécanique, scientifique, que nous travaillons en ostéopathie, comme sur une cheville ou un poignet, parce que le lien entre les tissus est toujours le même : le tissu conjonctif fibreux.

« Les mouvements du cerveau »  ! Il est fort curieux de lire de telles choses sous la plume d’un médecin. Aucun ostéopathe ne pense influencer les mouvements du cerveau, qui flotte dans son LCR, par sa palpation. Nous travaillons, désolé pour la répétition, sur le tissu osseux (levier) et fibreux (lieu de déformation élastique et plastique). Le MRP, dont il doit être question d’une façon ici très déformée, est une hypothèse, palpable par beaucoup, pas par tous, mais en aucun cas une nécessité pour l’efficacité. Ce n’est qu’un outil, un indicateur de qualité sur la vitalité des tissus, mais on peut très bien soigner une plagiocéphalie sans savoir palper le MRP, dont nous laisserons l’avenir étudier les paramètres scientifiquement.

4e point : Enfin soutenir que les os du crâne se soudent complètement à l’âge des premiers mois

 C’est plutôt surprenant de la part d’un médecin (6) car, quand cela se produit, par malheur, il s’agit d’une crâniosténose dont les conséquences sont redoutables et bien connues depuis fort longtemps par le corps médical sur le cerveau, que ce type de soudure empêche de se développer en volume.

Cette pathologie nécessite une intervention chirurgicale où l’on recrée… des sutures entre les os du crâne.

Félix Régnault, dans son article sur l’Oblitération prématurée des sutures crâniennes (7) écrit :

« L’oblitération d’une suture à engrènement osseux, sur un crâne qui se développe encore, provoque des déformations inverses des précédentes : dépression /au niveau de la suture soudée, os aminci en cette région par la poussée cérébrale ; cette dernière est prouvée par l’intensité des empreintes sur l’endo-crâne. Nous avons envisagé la soudure de la suture à la période fœtale, l’oblitération peut être plus tardive, quand le crâne n’offre plus de parties membraneuses, et que les sutures présentent un engrènement osseux, et néanmoins, cette oblitération peut être prématurée et s’effectuer, alors que le crâne s’agrandit encore. La déformation du crâne est en ce cas bien différente, la suture oblitérée et la portion voisine d’os forment dépression au lieu d’être en saillie. L’oblitération de la suture coronale à cette période produit le crâne réniforme… La soudure simultanée des deux sutures coronale et lambdoïde du même côté, amène une asymétrie du crâne : le pariétal arrêté dans son développement est aplati et en retrait par rapport au pariétal opposé ; en voici deux exemples :
N° 444, musée Dupuytren. Voûte crânienne provenant d’un idiot âgé, etc. ».

 Sur le site Magicmaman.com (8), le Professeur Michel Odièvre écrit :

Les sutures prématurées crâniennes ou les craniosténoses … sont liées à la fusion prématurée d’une ou plusieurs sutures crâniennes ; elles ont pour conséquences une déformation du crâne et peuvent être responsables d’un conflit de croissance entre crâne et cerveau (hypertension intracrânienne chronique) qui peut laisser des séquelles visuelles et mentales. La fréquence des craniosténoses est estimée à environ 1 pour 2000 naissances. Ce qui contredit complètement le point de vue du Dr Pedespan, la soudure n’est pas la norme, mais bien une pathologie.

Et : Le traitement est chirurgical ; il vise à décomprimer le cerveau, reconstruire une anatomie normale et restaurer une croissance ultérieure. La première année est la plus favorable à l’intervention chirurgicale.

Et Laurent Riffaud, dans son étude sur les crâniosténoses ajoute (9) :

Un syndrome d’hypertension intracrânienne avec retentissement visuel s’installe dans les formes multisuturaires (brachycéphalie 30%, oxycéphalie 60%, formes atypiques multisuturaires 40%) et dans les craniosténoses syndromiques.

Dans cet article, on peut également voir un certain nombre de tomodensitométries en 3D montrant, même à l’âge d’un an, les sutures normales, non soudées, visibles, et les sutures soudées de la crâniosténose, devenues invisibles, mais pathologiques.

5e point : Selon le Dr Pedestan :

Le grand polymorphisme des indications de cette technique est à lui seul un indicateur de sa faiblesse. L’efficacité de cette méthode n’a jamais été mesurée et évaluée dans des conditions sérieuses depuis 1930.

Le non moins grand polymorphisme des indications de la Médecine Générale n’est pas, à ma connaissance, signe de faiblesse de cette dernière…

Jamais mesurée et évaluée (l’ostéopathie), cela est faux, même si beaucoup reste à faire :

 Par exemple, l’étude de J. Upledger publiée en 1989, concernant les dysfonctions de la base du crane : John E Upledger a réalisé entre 1978 et 1980 avec le Dr Rimland, autorité marquante dans le domaine de la psychologie infantile, une étude en double aveugle montrant que les enfants les plus classiquement autistes dans la classification du Dr Rimland avaient en parallèle une compression de la base crânienne, détectée aux tests ostéopathiques , avec une corrélation positive dans un rapport significatif à 0,01 près (10).

 D’autres études sont publiées dans diverses revues ou sites Internet. Ainsi :

Les Protocoles d’études scientifiques en ostéopathie de la SEFO () (11)
La revue de l’Ostéopathe qui publie dans son 1er numéro différentes études sur les traitements ostéopathiques (12)
Sur Passeport Santé.net : L’Ostéopathie soulagerait les maux de dos, même à long terme (13).
A somatic component to myocardial infarction publié dans le BMJ (British Medical Journal) (14).
Le blog Microstéo reprend un article du site La Nutrition.fr  : L’ostéopathie soulagerait le mal de dos durant la grossesse (15).

6e point  : Aucun ostéopathe sérieux n’écarte les nourrissons du traitement classique

et sait au contraire renvoyer le bébé vers un médecin, un spécialiste qui convient à son cas.

Notre code de Déontologie est là pour rappeler ce genre de nécessité :

- Article 9e et 10e du Code de Déontologie SFDO-FFO 2011.
- Article 21 du Code de Déontologie R.O.F P.A.C 2011

7e point : Ayant, comme de nombreux ostéopathes, soigné à ce jour des centaines de bébés

(et non pas quelque cas anecdotique), Il nous est rare et anecdotique de recevoir ces parents jeunes et désemparés dont parle le Dr Pedespan, mais au contraire la plupart du temps des parents informés, ayant parfois déjà eu un enfant, sans les problèmes du deuxième, et cherchant une réponse après avoir consulté médecin, pédiatre…

N’étant pas des spécialistes des difficultés d’adaptation psychique du nouveau né, nous ne passons pas les séances à réconforter les parents ou le bébé, ce n’est pas notre rôle, il y a les puéricultrices, les sages-femmes et les psychologues ou pédopsychiatres pour ça. Ce point montre la méconnaissance totale du Dr Pedespan (toutes mes excuses) de ce qu’est l’ostéopathie. Nous traitons le tissu conjonctif, et les douleurs inhérentes aux changements mécaniques de celui-ci, et pas le tissu relationnel !

J’aimerais ajouter à quel point je suis gêné d’entendre parler de pleurs ou de douleurs banales de l’enfant. Pour nous, ce sont des drames qui nous mobilisent pour en trouver la cause, physiologique pour ce qui nous concerne, et les milliers d’enfants soignés avec succès par les ostéopathes, qui n’ont plus besoin de somnifères pour dormir et qui digèrent enfin sans ces coliques douloureuses, à l’origine de leurs « pleurs banales », ces enfants-là sont notre fierté, notre récompense de n’avoir pas considéré leur souffrance comme « banale ». L’équilibre qui revient dans ces milliers de familles en quelques jours (quand tout le monde peut enfin dormir la nuit) contredit d’ailleurs totalement l’origine psycho-relationnelle des troubles, qui perdureraient dans ce cas, ou se renouvelleraient rapidement, les mêmes causes produisant scientifiquement les mêmes effets.

D’ailleurs, à l’instar du médecin, l’ostéopathe, associant objectivité et subjectivité, croit évidemment en ce qu’il fait et sait très bien que l’aura du praticien et la situation de soins réputés font la moitié du travail (effet placebo), comme chez tous les soignants, y compris les pédiatres.

Mais, afin d’asseoir l’objectivité indispensable à notre esprit scientifique, et n’ayant jamais ingurgité et répété comme des disciples, sans le passer au crible de la raison, ce que disent les « maîtres » de l’ostéopathie, nous avons maintes fois l’occasion de mettre à l’épreuve l’ostéopathie pratiquée. Ainsi, commencer une séance par les tests sans demander les signes cliniques de prime abord, permet de répertorier les points de blocage et d’énoncer aux parents, toujours stupéfaits, les signes cliniques correspondants et effectifs du bébé. Car il y a une corrélation clinique-lésions ostéopathiques.

 Un exemple :

Un bébé qui présente un serrage de l’occipito-mastoïdienne gauche et de la suture entre malaire et frontal droit, a en principe eu droit aux forceps (prise oblique) et souffre d’un syndrome de reflux gastro-œsophagien, avec la langue blanche, et des réveils nocturnes douloureux trois heures après les repas dus aux remontées acides brûlantes dans l’œsophage pendant le sommeil. Pourquoi ? Parce que le serrage de l’occipito-mastoïdienne gauche, phénomène mécanique dont est capable l’os en cas de contrainte prolongée sur le crâne (16) , vient serrer et gêner le nerf pneumogastrique gauche et affaiblir la puissance des sphincters digestifs, dont le cardia, ainsi que ralentir la vitesse de digestion, ce nerf se desservant majoritairement à la vésicule biliaire, chef d’orchestre de la digestion (le pneumogastrique droit a une incidence plus marquée sur les viscères sous-jacents à l’estomac comme l’intestin, donnant, lui, les fameuses coliques du nourrisson) (17).

Le ralentissement entraîne alors le reflux. Dans la plupart des cas, la libération manuelle de la zone occipito-temporale va améliorer le passage du pneumogastrique (dans le foramen jugulaire) et voir le reflux (ou les coliques selon le côté) disparaître en vingt-quatre heures, logiquement et scientifiquement, selon les règles de l’anatomie et de la physiologie neurologique et digestive. Un pourcentage de cas sera dû à une immaturité du cardia et devra être vu par un chirurgien vers lequel nous renverrons.

Nous n’expliquons pas nos résultats sur les maux de la petite enfance, bien connus du public, qui, sans cela, ne viendrait pas à des soins coûteux, avec des théories de roman, mais avec les lois de l’anatomie et de la physiologie, et nous sommes un nombre non négligeable à travailler à défricher le terrain scientifique, où tout reste à faire, je vous l’accorde, pour expliquer pourquoi ça marche sur des milliers de bébés depuis des dizaines d’années.

Nous ne faisons au final qu’apporter des solutions thérapeutiques supplémentaires, sans risque iatrogénique, à certains problèmes de santé du nourrisson, parfois insolubles par les voies classiques (seule raison du succès de l’ostéopathie), dont le redoutable reflux qui ruine le sommeil du bébé et souvent de sa famille, ou les coliques incoercibles de ces tout-petits qui ont déjà changé de lait cinq fois, sans succès. Les parents sont preneurs, qui voudrait priver ces bébés de soulagement ? L’ostéopathie n’est qu’un moyen thérapeutique de plus qui ne remplace en aucune façon le pédiatre ou le neuropédiatre, pas plus que la puéricultrice, le kinésithérapeute ou le médecin.

Souhaitons donc que les évaluations entreprises permettent enfin de distinguer des pistes rationnelles transmissibles sur le pourquoi des choses, afin de pouvoir travailler, comme cela se fait dans ma région, la main dans la main avec les médecins, sans guerre inutile dont les enfants ne peuvent que pâtir.

Pierre Renaudeau.

 Références

 1. Jules Cloquet, Manuel d’anatomie descriptive du corps humain, Paris, Béchet 1825. Ce texte est disponible à l’adresse : http://books.google.fr/books?id=7V5JAAAAYAAJ. Consulté le 5 septembre 2011. L’auteur est Chirurgien adjoint de l’Hôpital Saint-Louis, Professeur agrégé de la Faculté de Médecine, Membre de l’Académie Royale de Médecine, de la Société Philomatique, de l’Académie des Sciences Naturelles de Philadelphie, du Lycée d’Histoire Naturelle et de l’Académie de Médecine de New-York, de la Société Médicale de Lexington, de la Société Médico-Chirurgicale de Berlin, etc.

 2. L’ostéoporose, traitement chirurgical de l’ostéoporose, disponible sur la page http://www.osteoporosis-surgery.com/osteo_evidence.htm#camera . Consulté le 5 septembre 2011. Article supprimé

 3. Prothèse de hanche sur le site Orthopale.org disponible sur la page http://www.orthopale.org/prothese-totale-de-hanche.php. Consulté le 5 septembre 2011. Le site Orthopale n’existe plus.

 4. Page de Facebook : Eau de mer et ostéoporose : l’utilisation de l’eau de mer préserve la santé du tissu osseux, accessible sur la page http://www.facebook.com/note.php?note_id=10150247061604694&comments. Consultée le 6 septembre 2011.

 5. Medix, cours de médecine 2003/2011 : Biomécanique de l’os. Application au traitement des fractures, accessible sur la page http://www.medix.free.fr/cours/biomecanique-os.php. Consultée le 6 septembre 2011.

 6. Cf. J. Cloquet, op. cit., p.30.

 7. Félix Régnault, « Oblitération prématurée des sutures crâniennes, mécanisme des déformations ». Bulletin de la Société d’anthropologie de Paris, 1900, Vol. 1, n°1, p.59. Accessible sur la page http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1900_num_1_1_5932. Consultée le 6 septembre 2011.

 8. Site Magicmaman.com : Professeur Michel Odièvre : Les sutures prématurées crâniennes ou les craniosténoses. Accessible sur la page : http://www.magicmaman.com/,professeur-michel-odievre-les-sutures-prematurees-craniennes-ou-les-craniostenoses,344,6558.asp. Consultée le 6 septembre 2011.

 9. Laurent Riffaud, Crâniosténoses non syndromiques. Service de Neurochirigie, CHU Rennes Voir : https://milleetunetetes.wordpress.com/craniostenoses/

 10. John E Upledger, Thérapîe crânio-sacrée. Frison-Roche, 1989, Tome 1, p.125.

 11. SEFO (Scientific European Federation of Osteopaths) accessible sur la page http://scientific-european-federation-osteopaths.org/fr/protocoles-detudes-scientifiques-en-osteopathie. Consulté le 6 septembre 2011.

 12. La revue de l’ostéopathie : www.larevuedelosteopathie.com.
- Seban J, Bensaïd G, Payrouse JL. « Efficacité d’un traitement ostéopathique sur le syndrome du canal carpien. Étude préliminaire ». La Revue de l’Ostéopathie. 2011 ;1:19-24. Article librement consultable au format PDF à la page https://www.larevuedelosteopathie.com/numeros/1. Consulté le 6 septembre 2011.
- Véron A, Garet M, Bertholon F, Féval P. « La Recherche en Ostéopathie : intérêt, méthodologie et perspectives ». La Revue de l’Ostéopathie. 2011 ;1:25-8. Résumé accessible sur la page https://www.larevuedelosteopathie.com/numeros/1.

 13. Passeport Santé.net : Pierre Lefrançois, L’ostéopathie soulagerait les maux de dos, même à long terme. Cet article (accessible sur la page http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=2006031586) est en fait un résumé de l’article de Licciardone JC, Brimhall AK, King LN. Osteopathic manipulative treatment for low back pain : a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials, BMC Musculoskelet Disord, 2005 Aug 4 ;6:43. L’article peut être consulté en accès libre (en anglais) : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1208896/. Consultés le 6 septembre 2011.

 14. Alexander S Nicholas, Domenic A Debias, Walter Ehrenfeuchter, Katherine M England, Robert W England, Charlotte H Greene, David Heilig, Michael Kirschbaum, “A somatic component to myocardial infarction” BMJ, accessible sur la page http://www.bmj.com/content/291/6487/13.full.pdf?sid=80c92eb0-63c6-4f4a-b74f-aaa90ea5aea6. Consulté le 6 septembre 2011.

 15. John C. Licciardone, Steve Buchanan, Kendi L. Hensel, Hollis H. King, Kimberly G. Fulda, Scott T. Stoll “Osteopathic manipulative treatment of back pain and related symptoms during pregnancy : a randomized controlled trial”, American Journal of Obstetrics and Gynecology, pages 43.e1-43.e8 January 2010. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2811218/. Cité sur Microstéo, Ostéopathie et grossesse, sur la page http://microsteo.over-blog.net/article-osteopathie-et-grossesse-45175924.html. Consultés le 6 septembre 2011.

 16. Cf. Cours de biomécanique de l’os, art. cit.

 17. Guy Lazorthes, Le système nerveux périphérique. Masson, p.139.

 L’ostéopathie dans le journal “Le Monde” "

L’ostéopathie, c’est aussi pour les bébés, Pascale Santi

Article du journal Le Monde du 26 Juillet 2011 (1)

Pleurs, coliques, vomissements, difficultés à téter... Quelques séances peuvent suffire à soulager les nourrissons. Un bébé de quatre jours qui ne cesse de pleurer malgré les tentatives répétées de réconfort. Une petite fille de deux jours qui n’arrive pas à téter. Une autre, à peine plus âgée, qui reste toujours dans la même position... Chaque vendredi, Michèle Barrot, ostéopathe, vient en aide aux nourrissons de la maternité du centre hospitalier Victor-Dupouy, à Argenteuil (Val d’Oise). « Sa mandibule était mal positionnée, ce qui ne déclenchait pas le réflexe de succion », explique Michèle Barrot à propos du bébé incapable de prendre le sein de sa mère.

  • Lire la suite de l’article de Pascale Santi sur le site du SFDO (format pdf) (1)

Réactions à l’article de Pascale Santi

Le Dr Jean-Michel Pedespan, neuropédiatre au CHU de Bordeaux, a réagi à cet article : L’ostéopathie crânienne du nourrisson en question.

A la suite de l’article de Pascale Santi dans Le Monde du 2 août, il semble souhaitable d’apporter quelques informations complémentaires concernant l’ostéopathie crânienne du nouveau-né et du nourrisson qui doit être distinguée de l’ostéopathie de l’adulte.

L’ostéopathie crânienne soulagerait les pleurs, les coliques, le reflux gastro-oesophagien, les difficultés à téter… Elle réduirait le temps d’endormissement, modifierait l’activité du système nerveux sympathique, l’anxiété, l’agitation… et pourrait même avoir une action préventive. Cette énumération est trop belle pour y croire.

Lire la suite de la réponse du Dr Pedestan et les réactions et commentaires des abonnés au Monde

Le SFDO a publié un commentaire de cet article

Note

1. Cet article est accessible pour les abonnés sur le site du journal Le Monde ou payant pour les non abonnés.


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