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La controverse de Basas

jeudi 7 novembre 2019 par Jean Louis Boutin

En lisant le titre "Controverse de Basas", je n’ai pu m’empêcher de penser à la fameuse Controverse de Valladolid [1] qui s’est passé à la fin du Moyen Âge. Rappelons l’objet de cette controverse :

Au printemps 1550, le légat du Pape organise à Valladolid, capitale espagnole, un débat crucial alors que l’Amérique a été découverte depuis plus de cinquante ans : les Indiens d’Amérique appartiennent-ils ou non à l’espèce humaine, c’est-à-dire sont-ils des créatures de Dieu ? Justement, ces habitants, qui sont-ils ? Des hommes et des femmes, oui, mais relevant de quelle catégorie ? La pensée d’Aristote, toujours vivace à l’époque, divise l’espèce humaine en deux groupes : ceux qui, civilisés, sont nés pour commander et ceux qui, barbares ou sauvages, sont nés pour être asservis. L’Église de Rome s’accommodait alors volontiers de cette " théorie de l’espèce ", brandissant l’étendard du Vrai Dieu justifiant toutes les guerres contre les idolâtres. Mais pour d’autres, au contraire, le droit divin n’abolit pas le droit humain. À Valladolid, cette année-là, voici les deux grandes thèses philosophiques qui opposèrent des hommes d’Église, dans ce que certains historiens appellent le premier grand débat des droits de l’Homme

C’est une controverse, c’est-à-dire un dialogue, qui s’engage entre Bartholomé de Las Casas et Gines des Sepúlveda. Pour Las Casas, qui fut évêque au Mexique, les Indiens sont des hommes, comme les Européens. Pour Sepúlveda, théologien italien, les Indiens sont nés pour être des esclaves.

Le débat se termine sur la victoire de Las Casas : Sepúlveda doit admettre que les Indiens ont une âme, mais cela ne résout pas le problème de la main d’oeuvre nécessaire pour mettre en valeur les nouvelles terres. On la trouvera donc parmi les populations noires d’Afrique...

La controverse de Basas réunit un certain nombre de médecins dans un but de trouver une définition à différents termes ostéopathiques :

" C’est à l’initiative de Daniel Fiévet, enseignant aux DIU de Bordeaux et de Bobigny , fondateur du GEPO (Groupe d’Étude et de Perfectionnement en Ostéopathie) et du Pr. Pierre Rabischong, anatomiste à Montpellier et observateur attentif et intéressé de la médecine manuelle qu’un groupe s’est constitué et réuni pour jouer cartes sur table.

[...] Ce groupe avait reçu le parrainage et la bénédiction des deux sociétés savantes en médecine manuelle, la SOFMMOO et la SFO. Il n’a pour l’instant pris aucune dénomination officielle et n’a pas cherché à se doter de structures précises. Il est l’émanation d’un esprit particulier et d’une volonté de dialogue, d’où le titre de ce compte rendu, la controverse de Bazas…"

Ont été successivement étudié :

La lésion manipulable

" Le concept ostéopathique traditionnel est celui d’une perte de mobilité. Le concept opposé est celui de R. Maigne, avec le dérangement intervertébral mineur, défini par une dysfonction douloureuse réversible du segment mobile. Les Anglo-Saxons, quant à eux, parlent volontiers de dysfonction somatique, un concept proche des théories ostéopathiques. L’un des membres du groupe (JYM) a même été jusqu’à faire l’hypothèse que la lésion manipulable n’existait peut être pas et que la manipulation agissait simplement sur une ou plusieurs des composantes douloureuses des lésions classiques."

Que manipulez vous

"... On remarque que les uns parlent de lésion là où les autres évoquent une dysfonction et que l’on retrouve cette polarité douleur - mobilité dans les définitions. "

Une définition synthétique

" Après discussion, il est apparu un relatif accord sur la définition suivante : un dysfonctionnement segmentaire réversible potentiellement douloureux avec ou sans diminution de mobilité. Cette définition a le mérite de la simplicité (peu de mots) et de la clarté (en particulier en traduisant en Français le mot anglais dysfunction par dysfonctionnement). "

[...] Cette définition évoquant la dysfonction de mobilité sans forcément de douleur permet d’expliquer pourquoi les ostéopathes peuvent manipuler un segment pas forcément douloureux mais dont la restauration de mobilité va diminuer la douleur dans un autre segment du corps.

Des projets pour l’avenir

" [...] A terme, il s’agit bien d’envisager une terminologie sur tous les aspects de la médecine manuelle ostéopathie. De nouvelles réunions sont prévues. La prochaine aura lieu le 10 décembre 2004 à Paris, pour faire le point du rôle de l’articulation sacro-iliaque dans nos pratiques respectives…"


J’ai été très étonné tout d’abord du titre " Controverse de Basas " qui fait effectivement allusion à la plus célèbre des controverses, celle de Valladolid. Car on ne peut être qu’étonné des médecins oublient ainsi aussi ouvertement tout ce que les ostéopathes français sans distinction ont apporté depuis près de 40 ans à l’Ostéopathie, à la définition des termes, à la précision des termes. Rappelons, car peu le savent, que l’Académie d’Ostéopathie (AO) a créé un département "Concept ostéopathique " qui se se préoccupe des études et recherches sur l’histoire de l’ostéopathie avant, pendant et après Andrew Taylor Still, l’épistémologie, la philosophie, les Lois et Fondements, etc... Ce département comporte actuellement deux unités de recherches installées et fonctionnelles : l’unité d’épistémologie et l’unité de philosophie. Il existe également un département de Sémantique qui se préoccupe des études et recherches sur la sémantique, l’étymologie, les traductions, etc... et qui comporte deux unités installées et fonctionnelles : l’unité de recherche sémantique et étymologique et l’unité de traduction.

Comment les médecins, réunis à Basas, ont-ils pu ainsi oublier l’ensemble de ces recherches ?

A cette question que j’ai posé à l’un des participants, il me fut répondu que cette réunion était " réservée aux médecins !" Exit les ostéopathes, exit l’Académie d’Ostéopathie, comme si, en dehors des médecins, rien n’existait en France dans le monde ostéopathique.

Alors, que penser de cette réunion ?

Si la référence à Valladolid est exact, on peut comparer les deux controverses et se poser la question : L’Ostéopathie médicale aurait une âme et serait ainsi reconnue. Il resterait alors l’ostéopathie des ostéopathes qui perdraient leur âme et deviendraient ainsi les esclaves (ou auxiliaires) des médecins.

On se retrouve bien là au coeur du problème actuel de la médecine : il n’y a pas de salut sans la médecine et tout ce qui est " autre " doit être combattu par tous les moyens, en premier par l’ignorance !

La controverse de Basas, par ses oublis, montre une fois encore que la médecine actuelle a et garde, quoiqu’il arrive, une pensée philosophique entièrement réductionniste "hors de la médecine, point de salut ".

Jean-Louis BOUTIN

1. - Sur la Controverse de Vallalolid, voir : www.geocities.com/fegarc/debate.html


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