contre-la-derive-ecolo-animaliste
La dérive écolo-animaliste ... On parle de gens qui s’émeuvent que la moitié du sauvage soit en train de disparaître, que le climat se modifie tellement vite qu’une partie des humains vont être dans une panade mortelle, du moins ceux qui n’auront pas les moyens de se protéger. On parle de ceux qui pensent que la conscience ne se résume pas à la conscience du mâle blanc [1]. Et bien ces gens là DERIVENT et s’éloigne de la pensée dominante. Ils sont une menace pour le statut quo de la pyramide de l’ordre social. Ordre social qui de toutes façons entre guerres et migration, entre tempêtes et coups de chaud prendra un sacré coup dans l’aile. C’est pour cela que willy veille au grain pour la ruralité, dont je fais partie, mais ne me sens vraiment pas représenté par ce personnage, je dérive donc. Alors oui, il y a des excessifs, très, trop dans ceux là qui défendent l’animal et la nature. Mais n’ont t’ils pas été créés par un système qui n’écoute rien de rien à moins qu’on ne le pique et qui ne joue jamais que pour lui même : l’argent, le pouvoir ? Si leurs pensées différentes était prise en compte, acceptée, on n’en serait sûrement pas là.
Mais j’ai bien peur que le problème ne soit ni franchouillard, ni européen, mais mondial ... Mais ouf, le terroriste Paul Watson vient d’être arrêté [2]. Lui qui essaie de mettre les feux de la rampe sur un état qu’on peut qualifier de voyou quant au sujet des baleines. Comme ni les états, ni les organisations supra étatiques ne peuvent faire respecter une décision commune : foutre la paix aux baleines ! Alors quelques iconoclastes se lèvent dans une pensée dérivante, délirante ... David contre Goliath ... David ne gagne pas toujours et gare à lui ...
Ce petit article de Marianne publié au printemps m’a bien fait rire (jaune), car même si je ne vais pas protester dans les fermes aux mille vaches, ou dans les les immenses porcheries prisons, je suis de ceux qui pensent [3] que le raisonnable est de loin dépassé dans la cruauté de l’homme envers l’animal. Même si je ne suis pas au front, attaché à un arbre pour qu’on ne l’abatte pas, je suis de ceux qui pensent [4] que l’on devrait, quoiqu’on ait besoin de faire, considérer que le végétal et l’animal sont nos alliés et que nous ne devrions collectivement pas lui prendre plus qu’il ne peux donner. Au lieu que le jour du dépassement [5] c’était avant hier, le 1 aout ... Qui dérive ? Notre société qui inexorablement semble vouloir à tout prix connaitre le sort des civilisations disparues ? Ou bien ceux qui s’épuisent à essayer de mettre en place un chemin différent ?
La Dérapeuthique ...
Mais pour tout dire, le mot dérive a particulièrement résonné dans mon cerveau dérivant. Car depuis maintenant 33 ans, je n’ai cessé de dériver professionnellement. Je suis passé de la vétérinaire "académique" à l’ostéopathie, à la médecine traditionnelle chinoise, à l’homéopathie pour mon plus grand bonheur [6]. Et cela, pour le bonheur de la majorité de mes patients, sinon, l’affaire serait close depuis longtemps.
Toute l’ostéopathie dont on parle sur ce site est empêtrée dans cette allégation facile, la dérive des thérapies complémentaires, parallèles que nous nommerons la dérapeuthique.
Un objet qui dérive est un objet qui s’éloigne de la trajectoire qu’on lui a assignée ou que l’on pense la bonne.
Qui est ON ? Est une première question que l’on doit se poser. De quel point fixe parle l’observateur ? Il parle en général depuis le plus gros [7] objet fixe ou mobile quand l’objet qui dérive est plus petit sinon, on inverserai le référentiel, non ? Et quel était le réel but de la trajectoire ? Puisque par définition un objet qui dérive aboutit, dans la tête de celui qui prononce le mot dérive, au mauvais endroit.
Si on parle d’un concept, d’une idée, cette notion s’applique avec le présupposé que le dogme mené par la pensée majoritaire est la vérité.
Ceci était une réalité forte pour les religions : il y avait la croyance générale, dogmatique, improuvable et des hérétiques qui osaient transformer le dogme et devaient disparaître par le feu, par les armes pour que le pouvoir du clergé reste en place. Notre société occidentale est censée s’être affranchie de cette vision manichéenne : tu croies comme nous ou tu es contre nous. La séparation de l’église et de l’état est passée par là.
La notion de médecine au singulier laisserait penser qu’il n’y a qu’une vérité à propos de la santé et que donc seule celle ci devrait exister. Celle passée par les fourches caudines de l’expérimentation scientifique.
Je souscris largement à cela. Mais ce n’est vrai qu’à plusieurs conditions :
– toutes les hypothèses peuvent être posées [8] Hors tous les scientifiques ont intégré dans leur for intérieur que certaines hypothèses, et certains résultats ne peuvent être posés au risque de griller sa carrière ou à tout le moins de ne pas obtenir de crédit, le nerf de la guerre. Il en résulte à terme que le modèle qui sous tend la construction de la médecine devient uniforme.
– Les études ne sont pas influencées par l’origine de l’argent qui leur permet d’être réalisées. Les différents scandales ayant émergé ces dernières années ne seraient rien si on était sûrs que ce ne sont que des épiphénomènes. Permettez moi d’en douter largement.
– Une fois passé ces écueils, l’étude doit être lisible et entendue dans sa conclusion et, là interviennent les méta études, maintenant alpha et oméga de toute science, mais qui ont démontré qu’elle pouvaient être politiquement orientées [9].
– Et puis, on doit être au bout du chemin de la science sur un sujet pour l’affirmer comme une vérité. J’ai tendance à croire que pour la science médicale on est loin de bout du chemin et que plein de vérités d’aujourd’hui risquent d’être fausses demain.
– Et enfin le politique devrait écouter le résultat. Or, il ne met son nez et ne se sert de la science que quand çà l’arrange et s’assoit dessus dans le cas contraire. [10]
Dans ces conditions, la "vérité" scientifique médicale (actuelle...) n’est qu’un dogme de plus et il est bien difficile pour des points de vue médicaux différents de tirer leur épingle du jeu. Homéopathie, Médecine traditionnelle chinoise, médecine ayurvédique et ostéopathie dans une certaine mesure ne font pas le poids.
Alors que la notion de médecines au pluriel permettrait de penser que plusieurs concepts et hypothèses pourraient se rencontrer et se complémenter. Plusieurs navires médicaux qui ne seraient pas en flotille bien rangées derrière le navire amiral, mais une flotte dont les éléments peuvent dériver les uns par rapport aux autres sans qu’il soit dit que la dérive est un acte punissable mais une façon de pouvoir regarder l’ensemble de la médecine avec un point de vue différent.
Toujours dans le contexte d’une médecine plurielle, la dérive ne me parait pas tant l’éloignement d’un des navires par rapport aux autres : avec la relativité générale, Einstein nous a bien expliqué que tout mouvement d’un point par rapport à un autre était relatif et dépendait de l’observateur.
Mais le problème me semble la dérive par rapport au but à atteindre qui pour la médecine est de soigner son prochain, tous ses prochains :
– or s’installe une médecine à plusieurs vitesses qui fait que tout le monde n’a pas droit au même système médical.
– il existe régulièrement une pénurie d’offre de soins tant en terme humains que techniques ou médicamenteux, le capitalisme comme élément de régulation de la médecine montre clairement ses limites. On parle même de déliquescence du système [11] car in fine quelle que soit la beauté, la véracité de la recherche en médecine, à la fin, c’est LE comment elle est appliquée qui donne le LA de l’utilité de tout cela. Soigner, ce n’est pas faire de la science ... c’est soigner y compris avec la science comme guide.
– Ostéopathes, nous passons notre temps à recevoir des gens qui ne sont pas satisfaits du système médical tel qu’il est, et insatisfaits est parfois un mot léger. Certes l’ostéopathie et les ostéopathes ne sont pas exempts de reproches, mais nous compensons souvent l’insuffisance de médecins, de moyens, d’erreurs d’aiguillage. [12]
Une des réponses du système médical est la normalisation des traitements avec un consensus pour chaque pathologie et chaque symptôme. Effectivement avec ce point de vue tout traitement non consensuel est devenu une dérive et une perte de chance.
Mais il y a une conséquence fondamentale à cela, le professionnel de médecine devient un exécutant de la norme qu’elle soit bien ou mal faite, discutée rationnellement et dans la pluralité ou bien soumise à des règles discutables. On arrive à une déshumanisation de la médecine. [13] Jusqu’au point où le médecin sera bientôt remplacé par une intelligence artificielle plus fiable. Collectivement, nous laissons faire là notre épitaphe.
Conclusion dérivante
Et la dérive serait enfin maitrisée. Sauf que : 70% des français sont prêts à consulter pour une médecine complémentaire , que 57% pensent qu’elles sont plus efficaces que la médecine classiques [14] et que quoiqu’on dise quoiqu’on fasse certains seront insatisfaits du système médical actuel et par son organisation et par sa façon de faire et de penser. A mon avis ce n’est pas une histoire d’ajustement du système ou de cadrage [15] mais une nécessité de se recentrer sur les fondamentaux et accepter que chaque façon de voir le corps a une parcelle de vérité, une seule.
Remettre systématiquement une équipe de professionnel responsables au centre de la relation avec le patient [16] avec ses défauts mais aussi ses qualités, son expérience et ses fulgurances serait à mes yeux une bonne réponse à la déshumanisation ressentie et aux dérives des gens laissés seuls ou repoussés par un système qui trop souvent broie ou met de côté.
Et qui parce que le système ne les écoute pas sont obligés d’aboyer plus fort et maladroitement pour désespérer finalement de se faire entendre, de la même façon que nos dériveurs écologistes plus haut dans le texte. Ou bien, la rage aidant, ils dépassent les bornes.
Les médecines douces, indépendamment de leur efficacité possible, probable, personnellement je dirai fréquente, ont, dans la France de ce début de 21 ième siècle, vocation à suppléer aux manques conceptuels et organisationnels de la médecine universitaire.
Alors, au lieu de crier Haro sur les dérives possibles, travailler main dans la main pour faire des ponts et éviter les erreurs de part et d’autre seraient une bonne idée non [17] ?
En attendant ce jour ... Les dérapeuthes dérivent par rapport au navire amiral, mais tiennent le cap sans dériver de leur but [18] : aider leurs patients à s’en sortir le mieux possible dans leur corps, leur émotions, leur vie, quitte à les faire passer par plusieurs concepts médicaux dont bien sûr la médecine académique quand elle est nécessaire.
Cela fait trente ans que j’ai l’impression de répéter les mêmes choses ... alors, vivement la quille ... Lol, cet objet qui empêche les bateaux de dériver ou métaphoriquement la retraite. Désolé, je n’ai pas pu m’empêcher !