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Être un bon ostéopathe

Conversation avec des ostéopathes autour de la question : Qu’est-ce qu’un bon ostéopathe ?
 
Créé le : mardi 27 septembre 2022 par Cyril Clouzeau

Dernière modificaton le : dimanche 9 octobre 2022

Cyril CLOUZEAU*, Msc, DO, 2 rue de la claire 69009 Lyon, cyril.clouzeau chez gmail.com
*CORPS : Collectif Ostéopathique pour la Recherche en Philosophie et Sciences


Être un bon ostéopathe


 Préambule


Cyril Clouzeau

À l’heure de cette lecture, imaginez que mon texte a été pensé pour donner l’authenticité des échanges qui composent mon parcours professionnel. Je le produis pour susciter une critique, et motiver l’étonnement qui doit être source d’un questionnement relatif, subjectif et libre.
Je le donne à partager via le site de l’Ostéo4pattes-site de l’ostéopathie, pour qu’il soit disponible et gratuit, partageable et modifiable, par tous ceux qui, touchés, voudront m’en faire avis, en répondant via mail.

Aussi, avant de lire la suite, prenez réellement le temps de réaliser l’exercice de pensée suivant :
Selon vous, qu’est-ce qu’un bon ostéopathe ? (« un » peut se lire « une » c’est identique.)
Vous pouvez m’envoyer votre réponse si vous le souhaitez. En attendant voici la mienne, située dans son contexte chronologique, personnel, sans autre volonté que de partager librement ma pensée relative.


 Introduction


« Monsieur, quels sont les critères et indicateurs qui caractérisent un bon ostéopathe ? »

Cette question m’est régulièrement posée par les étudiants lors des cours que j’anime au Diplôme Universitaire de Philosophie de l’ostéopathie depuis 2016 à l’Université Catholique de Lyon (UCLy).

La question peut gêner, car elle entraine immédiatement d’autres questions :

Qu’est-ce qu’un ostéopathe ? Et qui détermine le critère « bon » ? Les patients ? En jugeant de l’efficacité clinique ou de l’accueil et de la qualité du toucher, de l’écoute ? S’agit-il de la validation par les pairs ? Est-ce le fruit d’une réputation construite ? Si la question suscite l’étonnement, alors elle est féconde et génère une réflexion.

Être bon. Que signifient ces mots ?
Je précise le sens par deux définitions simples : bon : adjectif qualifiant « ce qui convient, a une valeur », ou alors un acte, ou une personne « qui veut du bien, fait du bien à autrui. Avec cette deuxième formulation, il paraît presque évident qu’un ostéopathe est nécessairement bon, car il « veut du bien, fait du bien à autrui ». Mais je propose d’explorer plus populairement le concept de « bon ostéopathe », en prenant, l’expérience professionnelle de mes animations pédagogiques, pour matériau d’étude.

Le but de cet article est de proposer une réponse intersubjective actualisée, issue de six années de riches échanges, dont celui du jeudi 15 septembre 2022, avec Thibault Grall, ostéopathe qui finalise son Master de philosophie, parcours « culture et santé » à l’Université Lyon 3, le même que j’ai obtenu en 2008, sous la direction de Jean-Philippe Pierron, et du doyen Jean-Jacques Wunenburger.


 1. Les racines d’une réponse en 2001


Si je retrace mon parcours de pensée, un bon ostéopathe (ou praticien, car cela pourrait s’appliquer à d’autres pratiques soignantes), est peut-être d’abord celui qui se pose la question.
Celui qui se demande s’il rend optimal le temps et le dialogue qu’il compose avec son patient.
Celui qui se place dans la démarche d’être bon ou de le devenir pour poser le cadre favorisant la rencontre. Ce cadre pourrait répondre aux exigences libres de la sérendipité.
Être disponible à ce qui peut survenir, se tenir prêt, simplement à accueillir l’histoire des maux de l’autre.

Dans mes débuts de carrière d’enseignant en 2001, jeune diplômé de l’école ISO Lyon, dirigée par Jean Peyrière, et Jean-Pierre Dessaint, ma réponse était plutôt :

Un bon ostéopathe est un praticien qui connait toutes les techniques ostéopathiques, qui les maîtrise, et sait les délivrer avec dextérité et efficacité clinique. C’est nécessairement un ostéopathe formé dans une bonne école reconnue, et qui est inscrit au Registre des Ostéopathes de France (ROF) parrainé par deux ostéopathes déjà membres du ROF pratiquant l’ostéopathie de façon exclusive depuis plus de cinq ans.

Telle était organisée ma critériologie subjective du « bon ostéo » en 2001, empreint de la culture d’école où j’ai appris le métier. Une proposition emplie d’une relative toute puissance sous-jacente.
Comme si le cadre de l’école, proposait une garantie de pratique, académique performante.
Comme si les associations socio-professionnelles, tel le ROF proposait une garantie déontologique.
Certain et convaincu de ces critères, je n’envisageais pas d’autres indicateurs, trouvant ma réponse pleinement satisfaisante.
Les écoles en 2001, prévoyant une possible réglementation à venir, depuis le rapport de mars 1997 sur le statut des médecines non conventionnelles de Paul Lannoye, préparaient ce qui allait être une décade de qualifications concurrentes, afin de tenter de prouver plus ou moins habilement, qu’elle était la meilleure école de formation en ostéopathie en France. Toutes avaient leurs arguments.
Et chaque ostéopathe de l’époque vous dira, que son école est la première, pionnière, la plus ancienne, car créée en 1990, 1991… étant un lieu où l’on apprend la vraie ostéopathie.

Revenons à la qualification d’un potentiel et probable « bon ostéopathe ».
J’aurais de plus, en 2001 manifesté que la condition était d’avoir de bonnes mains, vous savez comme les patients disent « des mains en or », un toucher doux et précis, une sensibilité réfléchie, et un art sémiologique aiguisé. C’est plaisant à entendre, tout de même « oh, vous avez vraiment des mains en or ».

Si je conserve aujourd’hui la majorité de ces indicateurs, mon opinion a évoluée par rapport aux pratiques ostéopathiques qui ne touchent pas, comprenez les techniques ou approches « hands off ».
Aussi surprenant que cela puisse paraître, il existe vraiment une ostéopathie sans contact, disons sans tact direct des tissus, de la peau. Plus subtile, certains diront plus puissante, là où je ne voyais à l’époque que manipulation intellectuelle frisant l’approximation charlatanesque.

« Un ostéopathe qui ne touche pas ? » Mais non… Imposture ! Enfin, l’essence du métier est le toucher !

Telles étaient mes réactions viscérales directes, irréfléchies, militant agité que j’étais.

« Un ostéo, ça travaille avec ses mains, et son cerveau, et si tu ne touches pas, t’es pas ostéo ! »

Aurais-je clamé au pupitre du Registre des Ostéopathes de France, pour lequel en 2009 j’étais président du Comité Consultatif d’Éthique.


 2. Les ajouts d’expériences pour une réponse complétée en 2020 :


Tels étaient mes propos d’avant 2010. Je les assume, mais les révise douze années après.
Non que je me sente vieillir, mais plutôt par l’expérience accumulée des années de réflexions, sans oublier la fatigue mentale liée à l’abandon de mes recherches sur l’épistémologie de la perception de 2014 à 2019 à l’université Lyon 1, ma position, trop provocante sur les réseaux sociaux et tribunes d’expression libre, s’est infléchie. J’ai impulsivement mal écrit, mal donné, maladroit, les savoirs sédimentés culturels transmis par mon école, et la jeunesse de ma pratique, Car il faut surtout du temps pour être ostéopathe.
J’admets : c’était une réponse moins construite personnellement, qu’institutionnellement répétée.

Si au fond de moi persiste l’ancrage d’une pratique nécessairement manuelle, au contact direct, fondée sur des sciences telles que l’anatomie, la physiologie, la sémiologie, ma définition du « bon ostéopathe » a évoluée, aux contacts des ostéopathes réflexifs comme Floriane L’Hermite, Marie-Pierre Judas, Bruno Ducoux et bien d’autres encore critiques vigilants, surtout depuis la récente création d’un collectif ostéopathique pour la recherche en philosophie et en sciences.


2.1. Quels constats m’ont permis de révoquer mes premiers mots ?


La garantie scolaire du centre de formation : j’ai rencontré des professionnels issus des meilleures écoles, premières sur la liste ministérielle initiales agrées en première intention le 9 août 2007. De ces pionnières, sortaient une grande majorité de « bons ostéopathes » à qui j’adressai mes patients migrant dans les villes où je ne pouvais être, mais ces écoles ne diplômaient pas uniquement des praticiens « ostéopathiquement bon », car une moyenne de 10/20 reste relativement arbitraire et théorique.
La suffisance d’études peu investies laissait passer de non recommandables praticiens, alors même que d’exceptionnels praticiens sortaient d’écoles jugées « inférieures » par les mêmes grandes écoles survalorisées de ce narcissisme caricatural de certain président d’établissement.
Donc, le centre de formation est un indicateur nécessaire, mais ne peut pas être un gage suffisant pour pouvoir qualifier un praticien de « bon ostéopathe ».


2.2. Où chercher réponse à cette qualité de praticien ?


Du côté de la déontologie en ostéopathie ?
Parce qu’il existe un code de déontologie, mais pour les ostéopathes adhérents à des organismes professionnels uniquement (SFDO). Si l’on dresse un tableau rapide approximatif du paysage ostéopathique français (POF), où se partage le titre professionnel, 37.000 à 38.000 ostéopathes co-existent en France, dont 10.000 kinésithérapeutes-ostéopathes, ayant un ordre propre, quelques 1.000 médecins-ostéopathes disposant également d’un ordre professionnel, et 27.000 ostéopathes exclusifs, dont à grand peine, 5.000 sont adhérents dans une association socio-professionnelle.

Démographie des ostéopathes - Carte du site Ostéopathes pro

Le constat est simple : la grande majorité (estimation à 22.000 soit plus de 81% des ostéopathes exclusifs) ne peut se réclamer d’un quelconque ordre professionnel, préférant leur libre pratique en cabinet, sans aucuns contrôles ni supervision vigilante. C’est un choix ferme, enraciné dans une culture professionnelle.

Au final, être issue d’une grande école et appartenir à une association socio-professionnelle ne sont que des conditions nécessaires, mais non suffisantes pour garantir la qualité « d’être bon » ? J’ose écrire : non.

Mais il est inadapté de généraliser, et le bon se décline, au cas par cas, selon d’autres critères qualitatifs.


2.3. Les critères de formation actualisés par les décrets de formation


Afin de poursuivre ma proposition, si l’on garde les 31 centres de formation (ROF - article sur le site) , ayant considérablement haussé leur niveau de formation depuis la publication des décrets en 2014, on n’a pas nécessairement l’obligeance d’être bon. La sécurité prime, et la non dangerosité domine les textes proposés.
Sont diplômés ceux qui ont obtenu la moyenne de 10/20 à toutes leurs Unités d’Enseignements (UE) et réalisés 150 consultations cliniques dont la majorité doivent être encadrées, évaluées par un ostéopathe lui-même diplômé depuis plus de cinq ans.

D’autant que le succès à l’U.E, 5.3, puis la moyenne à l’U.E 1.5 et 4.5, discours moderne dans les écoles où j’anime des cours, remplaçant les bonnes vieilles appellations ostéopathiques, confèrent une énorme culture médicale et soignante, mais une applicabilité discutable pour le clinicien. 80 heures d’hématologie ou autre science théorique aident peu la main à se façonner à l’exigence d’un toucher spécifique.

Le toucher ostéopathique n’a rien de commun, et s’apprend, avec la patience du temps.
J’entends mes collègues, plus expérimentés, regretter le modèle du compagnonnage, au profit du modèle pédagogique, laissant moins de place au ressenti, au toucher, au vécu, qu’aux compétences clés transférables des programmes de formations « data-dockés », certifiés, « quali-opés » « ISO9001… »

Si l’évolution des formations vers un haut niveau est nécessaire, pour la professionnalisation de l’ostéopathie visant un haut niveau de responsabilité, cela confère aussi une démarche réflexive diagnostique plus sûre, en théorie, plus sécurisée en dressant des drapeaux oranges, rouges, là où l’intuition et la sensorialité autrefois dominaient. Je cite une parole du discours du Pr Bruno Falissard au congrès ICEPS à Montpellier en 2019 « si les mains des ostéopathes sont justes, leurs mots pour le dire sont faux ».
Alors oui, à l’heure de la qualité certifiante, il est possible de s’interroger sur les conditions nécessaires et suffisantes à l’émergence du « bon ».
Mais la clinique est une démarche cognitive convoquant nos sens, notre toucher qui accompagne et rend compte d’une posture de soignant, qui ne s’apprend qu’en pratiquant, et en remettant sans cesse son cœur et sa raison à l’ouvrage. Il faut trouver le chemin des os, le possible ostéo path.

C’est après 10.000 répétitions que l’on perçoit la portée d’une écoute tissulaire, d’un travail sutural, d’un ajustement articulaire passif axial, c’est après 3.000 palpations de l’estomac via la superficie d’un épigastre que l’on distingue la petite courbure sous le bord du foie, que l’on pense selon la théorie anatomique sous l’hypochondre droit, mais qui se poursuit dans l’épigastre… et l’on fait alors de la représentation anatomique, une réalité palpée, une mise en main, donnant accès à un réel relatif, contingent.

Andrew Taylor Still

Oui, Andrew Taylor Still, combien tu as eu raison de dire, commencez par l’anatomie, et finissez par l’anatomie, penser anatomie, anatomie, anatomie, mais cela ne fait pas tout.
19/20 à l’U.E d’anatomie ne donne pas la garantie d’un toucher juste, mais la validation d’une pensée théorique, représentée du corps humain.
Et avec nos patients, ce qui compte, c’est bien le réel de leur variabilité corporelle.
L’anatomie n’est qu’une représentation. L’ostéopathie n’en serait qu’une pratique imagée subjective ?
Alors l’ostéopathe soigne-t-il des représentations ?


 3. Vers une réponse subjective plus juste en 2022 :


Approchant une fin de discussion non structurée aux normes classiques IMRAD d’un texte scientifique, pour laisser comprendre la complexe perspective de la qualification d’un bon ostéopathe, lisez comme mon texte est presque un discours retranscris. Comme j’essaie de dire « mon vrai » pour un réel commun partageable par tous. Je serais tenté d’user de métaphores pour expliciter une pratique bien mystérieuse, qui peut s’offrir à une herméneutique des corps, tout autant rationnelle, qu’intuitive et subjective.
Vous lisez une complexe densité, et vous comprendrez le vécu de l’ostéopathe qui tente de rendre compte de ce qu’il ressent, perçoit sans parfois trouver les mots pour le dire. Ici, c’est un texte libre, comme l’ostéopathe aime l’être. Certains de mes amis diraient un texte ostéopathique. Non, un essai personnel.

Il mériterait une introduction, des paragraphes pour structurer et guider la lecture, car mes premiers lecteurs correcteurs, Victor, Jean-Marie, Jean-Louis, m’ont bien averti de la difficile lecture proposée, alors je lui ai donné sur leurs conseils, une structure, pour gouverner la lecture, mais, je le laisserai être tel qu’il résonne en vous, lecteurs étonnés, convoqués pour penser le bon, qu’il faut peut-être déjà entendre par « suffisamment bon » tel que Winnicott l’envisage en 1953.

Donald Woods Winnicott (1896-1971) - Source de l’image : Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Donald_Winnicott


Cela permet d’éviter l’absolu du bon, et de simplement penser le juste bon, ce qu’il faut être, dire, ou faire, penser ou donner, pour être bon. Bon aussi pour être humblement simple et non tout-puissant.
Ce n’est pas à nous, soignants, cliniciens qui nous penchons au chevet du patient de juger, mais nous devons juste essayer de permettre aux patients, de juger, ceux qu’ils trouvent bons.
Les critères seront subjectifs, et différents selon les patients, les cultures, les pays, les âges, et le bon de l’un ne sera pas le bon de l’autre.
Il sera juste « son » ostéopathe. 

À la question amicale « tu connais un bon ostéo ? » l’ami répondra « Oui, j’ai le mien … mon ostéo »

Est-ce que cette appropriation personnalisée est un critère qualifiant le potentiel « bon » ?
Certainement nécessaire, et peut-être plus suffisant que les indicateurs précédents, car issu d’un vécu.
Je dis qu’il est bon car je l’ai consulté, rencontré, et j’ai adhéré à ses modalités pratiques. J’ai apprécié.
Probablement, je le recommande, car j’ai aimé son efficacité pour mon motif de consultation, c’est donc pour moi, un critère suffisant, que j’ajoute à la reconnaissance de sa formation.


3.1. vers une pratique centrée sur le patient :


Complémentaire à la médecine, l’ostéopathie est pour moi fondée sur la perception, dont l’épistémologie est complexe, mais spécifique, et l’anthropologie commune un leurre. Pourquoi ?
Parce que chaque ostéopathe aime pratiquer comme bon lui semble. Et n’a que faire des recommandations de bonnes pratiques manuelles, il veut composer à sa guise, pour conserver ce qui l’anime, la liberté de mouvement.
Oui, c’est une cohérence, être libre, pour tester et expertiser si le corps de mon patient est libre aussi.
Il est parfois bien délicat de comprendre un ostéopathe lancé dans ses tentatives de définition de son art. À tel point qu’il est tentant de conclure qu’il existe autant d’ostéopathie que d’ostéopathes. Mais pourquoi ne pas revenir à la base simple de la pratique, et relire ce bon vieux docteur Still ?

Acceptez, un instant, cet exercice de style consistant à faire parler un être que j’admire, que j’ai lu, et relu, mais que je n’ai jamais rencontré, Andrew Taylor Still (1828-1917).
Andrew, que disais-tu à propos de l’ostéopathie ?

« Keep it pure boys, keep it pure » : Gardez l’ostéopathie pure, mes enfants, gardez-la telle qu’elle est.

N’imitez pas, mais créez ! Ne faites pas de l’ostéopathie mais soyez ostéopathes…

Quelle punch-line : un bon ostéopathe ne fait pas de l’ostéopathie, il est ostéopathe ! Tout est dit ? Non.
Il pense en ostéopathe, il respire ostéopathie… voilà ce que j’ai pu entendre, mais où se situe le fondement épistémologique d’un propos oral comme celui-ci ? Quid de l’esprit critique ?

La pratique manuelle ostéopathique est raisonnée, réfléchie, centrée sur le patient, et c’est une pratique cadrée. Quand on fait porter la caractéristique du « bon » sur l’école ou centre de formation et l’appartenance à une instance référente professionnelle, on fait porter la qualification sur le cadre, alors qu’il faut la faire porter sur la personne. Il faut donc être bon en soi, pour apparaître bon à autrui.


3.2. L’apport de l’épistémologie à ma réponse


Ma proposition a prétention de rupture épistémologique, selon Gaston Bachelard, est de centrer le bon sur la personne professionnelle, en la qualifiant autrement que par la seule étude de son curriculum vitæ.
On peut, avoir été l’élève d’un grand, et rester médiocre praticien.
On peut n’avoir été l’élève de personne, et être celui que les patients réclament, pour son efficience et surtout pour son attitude humaine soignante.
Si le cadre est nécessaire, il n’est pas une garantie d’excellence, il n’est pas une garantie du « bon ».
L’humanité ? Davantage ! Il est de sagesse raisonnée de trouver le bon en soi.
Différencier le bon du mauvais ? Les inconnus en auraient fait un sketch.
Le bon est peut-être simplement celui chez qui on a envie de revenir, chez qui on se sent bien, car il nous offre la possibilité de se sentir mieux, et c’est appréciable. Celui qui met des mots justes sur nos maux.

Je ne suis qu’un praticien, qui écoute, et dialogue depuis 2016 avec plus de 80 ostéopathes de toute la France, de tout âge et de toute pratique, aussi, dans ce libre écrit, je partage une note de synthèse, assez dense, à ceux qui voudront concevoir que l’ostéopathie est unique, complexe, composée de sensibilités réfléchies, et d’intuitions raisonnées dans un cadre clinique.
Il faut du tact pour être ostéopathe. Et, n’est pas ostéopathe qui veut.
Je maintiens et réitère, pour les générations de professionnels à venir, que l’ostéopathie n’est pas un don, et s’apprend, grâce aux contacts d’humains qui sont pleinement ostéopathes, plutôt que d’U.E qui font de l’ostéopathie. Être pour faire et non faire pour avoir. L’ostéopathie ne peut s’apprendre sur internet.
J’affirme que l’ostéopathie s’apprend, avec le temps, la pratique sans cesse critiquée, et améliorée, sans fin, mais visant une justesse qui la rend bonne, avec et pour le patient. Il s’agit de connaissances mises en mouvements, et appliquées avec un patient, car sans patient nulle clinique, et sans clinique, pas d’ostéopathie. Et la mise en mouvement est la condition d’adaptabilité des concepts, rien n’est figé.

Aucun traitement ne peut être définitif et valable pour tous en tout temps. L’ostéopathie est l’art de proposé, en dialogue avec le patient une aide permettant au corps de nouveau de se mouvoir librement.
Être bon naît peut-être juste à l’instant où l’on sait qu’il est impossible de l’être, mais qu’il faut sans cesse tenter tout de même d’y parvenir, en considérant que nos savoirs tacites et appris sont temporaires, construits, et d’essence relative et falsifiables. L’ostéopathie n’est pas une science, mais un art. L’ostéopathe n’est pas un artiste, mais un artisan, qui façonne son geste en fonction du patient.
Être bon ostéopathe est aussi savoir que le geste ne peut être que créé au moment même de la rencontre avec toute la singularité de l’histoire de vie, du corps du patient, selon sa demande, selon notre capacité à donner le bon geste, en une praticopoïèse.

Nul n’est l’élu, ni le fils de Still, spirituel ou pas. Et c’est peut-être de savoir qu’on ne l’est pas, qui confère l’être ostéopathe en soi. Être ostéopathe à soi-même avant d’oser être l’ostéopathe d’un autre.
Nul ne peut s’autoproclamer meilleur, et ce ne sont pas les tissus qui savent, mais seuls les patients savent.
Osons déboulonner certaines statues enracinées dans d’approximatives lectures entre les lignes d’un ouvrage de Still, moins connus pour ses facultés d’auteur, que sa dextérité de lightening bone setter.


 4. Qu’est-ce qu’un bon ostéopathe ?


Celui qui connaît l’ostéopathie unique et indivisible, qui en connait son histoire, ses acteurs, ses principes et ne la morcelle pas en spécialités, ni la découpe en techniques.
Celui qui la laisse entière, complète et riche de toutes ses techniques dont aucune ne prévaut sur une autre. Nous, ostéopathes, devons savoir pratiquer toutes les techniques, car, ce n’est pas à nous de choisir, mais au patient, en fonction des possibilités thérapeutiques gestuelles qu’on lui présente. Pour l’éclairer, nous devons lui proposer l’ensemble de nos couleurs techniques manuelles. Il choisira que vous soyez dans le futur « son ostéo » s’il a justement le choix. Si vous ne lui imposez rien d’autre que vos compétences.

C’est lui qui vous choisit, c’est lui qui nous demande, c’est nous qui répondons, avec le geste, l’attitude adaptée, en accord avec ses valeurs, dans un dialogue verbal éclairé, instruit, et un dialogue non verbal, corporel, tissulaire, conscient, tacitement co-perçu par les acteurs de cette singulière relation patient-ostéopathe, poésie organisée en une pratique justement appliquée.
Non à la suprématie du tissulaire, pris comme subtile évolution mature de la pratique.
Non au dénigrement égotique d’une pratique réduite à la biomécanique.
Non aux clichés du structurel contre le fonctionnel.
Non, non et non, l’ostéopathie est structurelle, car le corps gouverne son fonctionnement.
Toutes les techniques se valent, et doivent être apprises, pour être maîtrisées.
Arrêtons les clivages techniques et les caricatures, comprenons l’unicité plurielle d’une pratique humaine.
L’ostéopathie est holistique, systémique, et c’est une pratique ontologique centrée sur les êtres en mouvement : le patient, et son praticien.

Ne lisez pas que je préconise de tout savoir faire, comme si l’ostéopathe pouvait répondre à tous les mots des patients. Non, je précise bien que l’ostéopathie s’adresse à des troubles fonctionnels dont l’organicité reste modifiée mais dans le cadre de la physiologie. Nous agissons avec des corps humains vivant une histoire incarnée, dont la physiologie est modifiée, et nous limitons à retrouver la santé, là où nos partenaires médecins savent combattre la maladie. Être bon est savoir s’arrêter aux limites professionnelles périmétrées.
Je ne peux demander qu’on reconnaisse mes compétences si moi-même ne reconnait pas les compétences d’autrui.
Être bon, est aussi être capable de ne pas prendre en charge un patient dont le motif de consultation ne nous semble pas du registre de la pratique professionnelle, et de savoir le réorienter vers une médecine moins manuelle, plus adaptée à sa situation.
Pour conclure, je révise et corrige ma pensée adolescente de praticien de 2001, et prévoit en 2023, qu’on peut pratiquer l’ostéopathie sans toucher, car c’est d’abord un état d’être, avant d’être un acte.
Mais c’est un acte aussi, donc n’excluons rien, et pensons complémentarité.
Être passionné suffit-il ?
Certainement pas, la passion est un bien curieux moteur, mais efface le discernement critique.
Parce que l’ostéopathie est fondée sur des sciences, et qu’elle est une démarche réflexive, cognitive, appuyée sur une épistémologie mixte, convoquant une sensibilité humaine, une sensorialité perceptive et une organisation structurée par des paradigmes spécifiques, l’ostéopathie n’est en rien une pratique du charlatanisme. Et que nul ne propose l’appellation placebo, à une pratique manuelle récente, qui, dispose d’effets spécifiques, tout comme d’effets non spécifiques, usant des dispositions humaines à écouter autrui, dans une posture juste, sage, et instruite.

Hildreth A.G, Gueullette J.M. (Traducteur), Lopez V. (Traducteur). La présence d’Andrew Taylor Still - Les cinquante premières années de l’ostéopathie. Sully. Vannes. 2020 ; 520p. - https://www.editions-sully.com/l-265-la,presence,de,still.html

Il est temps, grands temps de réagir en proposant non une polémique, mais un fond stable, un fulcrum équilibré de nos riches différences, pour unir nos talents et proposer une épistémologie propre à l’ostéopathie, pour la penser médecine manuelle. Aucune totalité ni absolu, aucune toute puissance, mais de la justesse sémantique, avec justice.
Pierre-Luc L’Hermite

Pierre-Luc L’Hermite, ostéopathe DO, docteur en droit, auteur : L’Hermite P-L. La médicalité - Construite par la médecine, redéfinie par l’ostéopathie. Presses universitaires du midi. 2022 ; 294p - http://biblioboutik-osteo4pattes.eu/spip.php?article788

nous a démontré le haut niveau de médicalité de l’ostéopathie.
Victor Lopez nous a traduit les propos d’Arthur Grant Hildreth pour savoir comment il travaillait à l’époque, à partir de 1892, à Kirksville. On sait qu’il ne s’agit plus de trouver la dysfonction primaire, pendant 45 minutes, puis d’attendre trois semaines en se reposant et buvant de l’eau.
La vie est le mouvement ! Et Still ne reprend que la pensée aristotélicienne.
En mots « la réalisation de ce qui est en puissance, en tant que tel, c’est le mouvement ». 
Alors, pourrions-nous avancer enfin ensemble vers une direction apaisée d’une définition suscitée par

Jean-Marie Gueullette, l’ostéopathie comme une autre médecine ?

Jean-Marie Gueullette, l’ostéopathie, une autre médecine, pur-éditions, 2014, 268 pages, EAN : 9782753533714 - https://pur-editions.fr/product/7437/l-osteopathie-une-autre-medecine

Mon texte est écrit en termes masculins, car je ne m’inscris pas dans l’écriture inclusive, mais l’ostéopathie est féminine, Still le savait, il l’a pensée globale, sans genre, il l’a pensée moderne, et en devenir.
Initialement américaine dans ses racines, elle est aujourd’hui, clairement, par la démographie professionnelle, française !
Alors, comme il existe de sages penseurs discrets, comme Pierre Remy, il est temps de penser l’ostéopathie pour ce qu’elle est, pour son unicité, son originalité propre, qui la distingue des autres MAC
Non, il est temps de dire et de préciser ce qu’elle est, pour elle-même et par elle-même.
Nous avons et le droit et le devoir de proposer l’essence unique de notre art manuel de soigner.

L’ostéopathie coche toutes les cases des critères d’une clinique fondée sur une perception, et d’après mes années d’échanges, nous ne devons ni avoir peur d’une ostéopathie fondée sur les faits, ni d’une ostéopathie éclairée comme mes amis suisses d’HES-SO la propose à Fribourg, sous l’impulsion de Paul Vaucher, ni avoir peur d’une ostéopathie qui s’appuie sur des bases biomécaniques, comme à Rennes, avec Mathieu Ménard, ou d’une ostéopathie qui choisit des modèles bio-psycho-sociaux, comme à Londres avec Jerry Draper-Rodi et l’UCO. Ces modernes critiques de notre art, tous universitaires ouvrent les perspectives d’une pratique non ésotérique. Une très belle ostéopathie pensée ouverte, précise, cohérente, non militante, et tournée vers le partage de sens. De brillants critiques comme Marco Gabutti, Laurent Fabre, agissent en proposant des formations éclairantes, fondées sur les faits actualisés. Ils font bouger la profession. Courageux critiques généraux qui œuvrent pour produire une évolutivité de nos concepts, et des essais cliniques pertinents comme l’étude LC-OSTEO.
Comment ne pas citer le même courage de Rafael Zegarra-Parodi, un des premier sinon le seul ostéopathe français à avoir été chercheur à l’AT Still University, (ATSU) lieu de naissance de l’ostéopathie à Kirksville, qui aujourd’hui produit des contenus conceptuels avec son organisme BMS-formation ?

Je pratique une ostéopathie d’école, simple, réelle au sens matériel, et quand on me qualifie de structuraliste, ou de biomécanicien, comme je vois le regard de mes interlocuteurs se rétrécir au champ de la science qui effraie, alors qu’elle devrait porter, en elle les germes d’un avenir serein.
Les patients ont besoin de nous, et les symptômes fonctionnels polymorphes aux causes plurielles ont besoin de nos mains, de nos gestes, de notre écoute, pour comprendre avec la médecine comment soulager les algoneurodystrophies, les colopathies fonctionnelles, les fibromyalgies et endométrioses.
Cette ostéopathie concrète, « agricole » qui manipule, saisit, touche et prend, constate et palpe, percute, soulève, mérite des précisions que nous lui devons, pour entrer dans l’ère moderne des pratiques manuelles utiles, en tant que profession de santé. Donc, qu’est-ce qu’une bonne Ostéopathy ?

Martin BUBER (1878-1965), philosophe. Ouvrage de référence, Je et tu (Ich und Du)1923. Réimprimé chez Aubier, 2012, ISBN : 9782700704297 - https://editions.flammarion.com/je-et-tu/9782700704297

Une ostéopathe qui ne choisit pas avant son patient, le crânien, ou le viscéral, ou le tout tissulaire, ou la biodynamie, mais qui sait que c’est son patient, qui lui demandera le bon geste, lors de leur rencontre, intersubjective, où le « nous » primera sur le « je » de l’ostéopathe et le « tu »  » du patient. Dès lors, de cette réciprocité de considération, de cet échange juste entre celui qui sait (le patient) et celui qui aide et propose (le praticien) naît une contingence propice à la redécouverte de soi, comme un être au monde.

Une bonne ostéopathie est celle qui propose le bon geste, au bon moment, en ayant manifestement compris sinon tout, au moins une partie de l’histoire de vie du patient, et qui lui propose des mots, des mains pour ses maux, afin de les considérer comme étant réversibles et non définitifs, pour réviser les représentations et les physiologies de ces dysfonctions, ensemble.

Mais attention à ne pas lire que l’ostéopathie peut tout soigner, et tout comprendre.
Attention a de pas conférer à l’ostéopathie une puissance qu’elle n’a pas, et de bien se rappeler que la limite de l’ostéopathie, est nécessairement la limite de la personne qui l’incarne.
Car, c’est une pratique, une philosophie incarnée en un humain, qui va conduire un geste, ou série de geste, par la médiation de ses mains, vers un patient qui lui en fait implicitement la demande en venant consulter.

Luc, dans son approche perceptive de l’instant pour lui donner un sens, propose de penser le bon ostéopathe comme un devenir fugitif ou durable, quand coïncident, par hasard ou par expérience, la vocation de son être avec le savoir-faire de l’ostéopathie, pour la juste réponse aux besoins du patient.

Julie, précise l’inconstance de sa pratique permettant de penser des jours « avec » où elle est ostéopathe et fait de l’ostéopathie, et des jours « sans » où elle ne répète que des techniques apprises, sans vraiment faire de l’ostéopathie, soulignant sincèrement la part non technique, d’une pratique impliquant l’être.
Et c’est en lisant, mes humbles mots, faisant écho au grand Paul Ricoeur, que vous formerez, peut-être, en vous, la promesse d’une ostéopathie dont vous consonnez qu’elle est une pratique fondamentalement humaine, centrée sur la relation patient praticien, dans une dialectique sensorielle sensible, qui offre une prise en charge globale, d’une symptomatologie plurielle, aux causes multifactorielles, dont le décodage n’appartient ni au patient, ni au praticien, mais au présent de la rencontre, qui fera opérer le temps.
Un bon ostéopathe est un ostéopathe diplômé, qui, garantissant la sécurité du patient par une démarche diagnostique clinique fondée sur les faits, propose au patient qui lui récite une partie choisie de sa vie, une perspective thérapeutique, basée sur des soins manuels physiologiques, expliqués, inscrits dans une éthique humaine.

Interrogez chaque ostéopathe, et vous entendrez son ostéopathie incarnée, fondée sur une expérience personnelle partagée avec une communauté, souvent un réseau, un groupe de praticiens tournés vers une ostéopathie parfois régionale, « la société des ostéopathes de Bretagne », parfois sélective d’une approche « le groupe des ostéopathes tissulaires » , et parfois un regroupement d’expert comme le GLOP, Groupement Lyonnais des Ostéopathes pédiatriques, de mon ami de promotion Alexandre Hours.
Ces collectifs traduisent bien une nécessaire envie de partage d’expérience, et d’expertise, et quelle réaction aurions-nous devant le groupe des « bons ostéopathes ? »
Quel professionnel ne voudrait pas en faire partie, être sur the short list ?
Et pourquoi pas comme chaque année, dans ces revues grand public, le classement des meilleurs ostéopathes de France ? région, par région ?

Pour ne pas prendre le chemin du commerce, et privilégier la qualité vis-à-vis de la quantité dont ni l’état, ni les écoles, ni les associations socio-professionnelles ne s’occupent, nous, ostéopathes devons prendre conscience, que c’est en nous, en soi, que l’ostéopathie doit être bonne. Je précise :
Arrêtons les propos alternatifs inadaptés, l’ostéopathie n’est contre personne, ni contre l’allopathie, ni contre toute autre forme de médecine, car nous ne sommes plus au 19ème siècle dans le Middle West américain. L’ostéopathie est avec les autres médecines, pour agir quand elle peut aider le patient, dont toute la médecine doit être centrée sur lui, et sur ses choix thérapeutiques.
L’ostéopathie doit être par elle-même, d’essence manuelle, physiologique, pure, sans artifices et corrélats techniques, c’est une main qui se pose sur un corps qui souffre, pour l’apaiser et l’écouter, pendant que l’autre main agit, par pression, pour que se réalise le soin entre nos mains.
Si l’ostéopathe écoute les tissus avec ses mains, c’est bien avec sa raison qu’il pense le soin, et c’est là que se joue l’essence de la pratique. Nulle technique ne vaut la qualité d’être du praticien, qui sait ce dont il est capable, ou pas. Qui sait, ou imagine ce qu’il peut donner au patient, qu’il tente, pendant la consultation, d’aider à la hauteur de ses compétences, par sa qualité d’humain pensant qui le rend capable d’agir bien.

Mon texte, est d’évidence personnel, et le lecteur averti y reconnaitra des blessures, des cris, mais aussi des propositions de penser l’ostéopathie française, dont certaines études à venir, comme OPERA fera la description des spécificités françaises.
Mais, n’attendons pas tout des autres et de la science, changeons nos mots, notre sémantique ostéopathique pour la rendre plus juste, et alors nous serons de « bons ostéopathes ».
Qui suis-je pour oser écrire ces suggestions ?
Un clinicien, convaincu de la rationalité ostéopathique, tout autant que de son essence spirituelle et ontologique, qui invite ses confrères, à changer en eux, quelques mots, pour que tous, nous proposions une ostéopathie partenaire de santé tout au long de la vie. L’ostéopathie s’adresse à tous, il n’y a pas de spécialités, pas d’âge, et s’il pourrait y avoir des recommandations de bonnes pratiques, n’attendons pas de celles-ci qu’elles nous disent comment être.
Un ostéopathe doit être avant de pratiquer, et j’ai eu besoin de 20 ans, de 20.000 consultations, et surtout besoin d’en parler avec Isabelle, Michèle, Julie, Ronald, Bruno, Marco, Mathieu, Jean-Marie, Simon, Fabien, Bastien, Pierre, Floriane, Marjolaine, Yan, mon si particulier ami Yan, pour comprendre ce que je donne.

Je ne cache rien, et dévoile peut-être un peu trop dans ce texte, d’essence psychanalytique de l’esprit d’un ostéopathe, sur le mode de Gaston Bachelard, que je n’imite pas, loin de là, je n’en ai pas le talent, mais dont j’aspire à appliquer à l’ostéopathie, une rationalité en son épistémologie. Et comme le dit mon ami David David Lutt, je vais maintenant commencer par changer en moi, ce que je souhaite voir changer autour de moi.
Il y a certainement parmi vous, lecteurs, ceux qui me connaissent ou me reconnaissent, et ceux qui me découvrent, car dans ces lignes, j’ai déposé un peu trop de moi. N’y voyez aucune promotion que celle d’une ostéopathie raisonnée. Ne lisez aucune gloire, ni éloge de telle ou telle école, ni critique de telle ou telle structure, ne lisez que le parcours d’un homme qui pratique l’ostéopathie, cette merveilleuse thérapie manuelle complémentaire féminine, offrant sa vulnérabilité, en partage, car bien évidemment, qu’un bon ostéopathe sait, qu’il ne peut l’être que parce que ses patients le rendent bon, au sens de juste, oserai-je dire vertueux, au sens aristotélicien, un auteur que je conseille à tout ostéopathe, qui pense que la définition de l’ostéopathie est concentrée dans « la vie, c’est le mouvement ».

Quand le patient recevra cette proposition raisonnée, et verra l’engagement plein du praticien travaillant de ses méninges, de ses savoirs et de ses mains, il s’apercevra, que l’ostéopathie est l’art du percevoir ensemble, l’art du co-sentir, l’art appliqué et vécu du consentement partagé. Aucun ostéopathe n’est en soi bon, mais l’est par son patient qui lui autorise, le temps de la consultation à l’être, pour lui, en lui permettant de percevoir, cet art manuel majeur sur lequel se fonde la pratique ostéopathique.

Le bon est une visée, qui se travaille, sur le long chemin de l’humble réflexivité.
J’ai partagé grâce à Jean-Louis, et Michel, et parce que beaucoup d’ostéopathes m’ont invité à oser.
J’ai osé écrire, que le bon n’existe qu’en absolu, et que nos relatives satisfactions de nos succès, ne sont que la partie visible de l’iceberg. Être bon ne se mesure pas, et le temps d’attente pour la prise de rendez-vous, n’est pas plus un critère, que le montant de la consultation. C’est un artifice connu en marketing.
Tu te rends compte, 90 euros la consultation, et faut attendre 3 mois, il doit être bon, tout le monde veut le voir ! C’est peut-être le cas, mais peut-être pas, il suffit de placer des absences choisis sur le logiciel de prise de consultations en ligne, et notre côte peut monter. Non, non, la réputation se véhicule par le bouche-à-oreille, par le corps des patients qui ont perçu, un humain qui prends le temps de les voir, les entendre, les écouter, et qui donne ce qu’il a, en ayant conscience de ses limites, mais donne tout de même, ne serait-ce que son avis, sa lecture relative et subjective, de ce qui lui semble être juste, dans une réciprocité utile à chacun. Un bon ostéopathe est celui qui a surtout de bons patients.

Merci de votre lecture, et ne retenez aucune critique. Partageons.

Cyril CLOUZEAU

Texte proposé le 19 septembre 2022 au site SDO-osteo4pattes, révisé au 27 septembre 2022.
Accord de principe demandé aux personnes citées dans le texte.

Je ne déclare aucun conflit d’intérêt, n’appartenant à aucune association socio-professionnelles.
Membre de COME Collaboration.
Co-fondateur de CORPS.



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