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Prise en charge ostéopathique des tortues marines

Créé le : lundi 12 octobre 2020 par Marine NOSJEAN

Dernière modificaton le : vendredi 6 novembre 2020

L’ostéopathie est une discipline en pleine expansion qui tend aujourd’hui à une pratique multiespèces. Cependant, l’approche ostéopathique de certaines espèces reste assez méconnue notamment dans le domaine des mammifères marins ou encore des reptiles. Là où la brebis et le lapin peuvent facilement faire l’objet d’une adaptation de la part de l’ostéopathe, qu’en est-il de la tortue ? L’étude du cas de la tortue marine se montre alors très intéressante. En effet, il s’agit non seulement d’un reptile évoluant en milieu marin mais également d’un animal possédant une carapace. Une question se pose alors et fera l’objet d’une problématique : la pratique de l’ostéopathie est-elle possible sur des reptiles dotés d’une carapace ?
Lorsqu’il est question de particularité physique des tortues, la principale est la carapace. En effet, la présence d’une carapace induit un nombre de changements corporels colossaux, notamment dans l’organisation du squelette et donc des muscles, de la physiologie de la respiration et bien d’autres choses encore.

La carapace des tortues est faite de deux parties : la dossière (dorsalement) et le plastron (ventralement). Ces deux parties sont reliées sur le côté par des contreforts appelés ponts ou isthmes osseux. Elle englobe les viscères mais également la ceinture pectorale et pelvienne correspondant respectivement à l’épaule et au bassin. Cette carapace s’ossifiera de manière progressive avec le temps.

Dans le but d’optimiser l’approche ostéopathique, une étude des mouvements des os de la carapace a été effectuée afin de proposer des solutions pour contacter les structures internes. L’étude embryologique de l’espèce a également permis d’établir une analogie entre les mouvements d’un crâne et ceux d’une carapace.

En effet, selon Sutherland, les différences d’ossifications existantes au sein du crâne expliqueraient sa flexibilité, car en réponse aux principes de l’unité de l’être, s’il existe une mobilité articulaire à la base du crâne, celle-ci doit forcément être compensée quelque part d’une manière ou d’une autre. La mécanique crânienne comprend un mouvement à la base d’os d’origine cartilagineuse et, de compensation en périphérie elle-même composée d’os de la voûte et de la face d’origine membraneuse. Le cas de la carapace étant similaire, une hypothèse est émise, à savoir que les mouvements du plastron induiraient des mouvements compensatoires sur les os de la dossière tout comme un mouvement de la Symphyse Sphéno-Basilaire (SSB) induirait des compensations des os en périphérie.
Une étude expérimentale fut menée par la suite afin de valider ou non les hypothèses de bases, ces dernières étant :

  • les tortues marines se montrent réceptives à l’ostéopathie ;
  • il existe une analogie entre le fonctionnement mécanique d’un crâne et celui d’une carapace.

Il est cependant important de rappeler qu’un mémoire ostéopathique présente des limites scientifiques. L’impossibilité d’appliquer un protocole strictement identique à chaque individu induit une marge d’erreur importante en comparaison d’une étude vétérinaire. L’étude a cependant été menée de façon à maximiser la reproductibilité du protocole expérimental tout en respectant le principe holistique de l’ostéopathie.

Pour se faire, 10 tortues furent étudiées et divisées en 2 lots ; un lot témoin qui ne recevrait pas de traitements ostéopathiques et un lot expérimental qui serait traité. Il a été décidé que les séances d’ostéopathie se feraient au nombre de deux, avec deux semaines d’intervalle. Les tortues ayant un métabolisme lent, il est préférable de laisser une période post manipulation de quelques semaines (voire mois) afin d’en relever les conséquences et ainsi d’en tirer des conclusions. La deuxième séance est donc surtout présente pour constater ou non une possible évolution dans les dysfonctions de l’animal, et si nécessaire d’effectuer une deuxième séance. Les tortues du lot témoin n’ont bénéficié d’aucun traitement, mais ont tout de même fait l’objet d’une étude ostéopathique afin de relever les dysfonctions présentes.

Afin de quantifier la réceptivité des sujets, une fiche comportementale a été mise en place dans le but d’observer une potentielle évolution au cours de la séance. En complément, l’analyse de l’évolution des dysfonctions d’une séance à l’autre permettra de valider ou non la première hypothèse.

À l’issue des deux séances, 100% des tortues traitées montraient une diminution du nombre de dysfonctions trouvé contre 0% pour les tortues du lot témoin. En terme de réceptivité le lot témoin montre une fourchette d’évolution allant de 16 à 115% en comparaison avec le lot expérimental qui lui présente une fourchette allant de 38% à 138%. Deux conclusions peuvent alors être tirées : la première est que toutes les tortues se sont montrées réceptives aux séances ; la deuxième est que le lot expérimental montre une réceptivité plus grande que le lot témoin. Ces résultats permettent donc de valider l’hypothèse de départ de cette étude, les tortues se montrent réceptives à l’ostéopathie.

De plus, l’approche pratique des tortues a permis de valider partiellement la seconde hypothèse. Bien que tous les aspects de l’ostéopathie crânienne ne soient pas totalement transposables aux carapaces des tortues, de nombreuses similitudes ont été trouvées, notamment en terme de mouvement et d’influence entre la carapace et le plastron. En effet, il a été montré qu’une dysfonction du plastron induisait bel et bien une adaptation de la carapace, mais également que dans leur biomécanique les mouvements de la carapace étaient semblables à ceux du crâne.

Les résultats sont donc encourageants et démontrent la possibilité de prise en charge des tortues en ostéopathie. Bien que cette étude ne soit qu’une ébauche du travail qui reste à développer, elle demeure une porte ouverte, une piste de réflexion qui ne demande qu’à être exploitée.

Nosjean Marine

Cliquez ici pour lire mon mémoire sur la biblioboutik de l’Ostéo4pattes-SDO



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