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Ostéopathe : Praticien ou chercheur ?

Jen-François Marchand
 
Créé le : mercredi 1er avril 2020 par Jean François Marchand

Dernière modificaton le : mercredi 1er avril 2020

Cet article fait partie d’un ensemble d’articles publiés sur le Site de l’Ostéopathie comprenant :
 Ostéopathie : Vers la reconnaissance scientifique. Jean-Louis Boutin, 1er juin 2003
 Une nouvelle discipline : l’Ostéopathie ? Jean-Louis Boutin, 12 juin 2007
 Praticien ou chercheur. Jean-François MARCHAND, 1er juin 2008
 Un think tank utopique : Au sujet des 31 agréments des établissements de formation en ostéopathe. Jean-Louis Boutin, 22 mars 2016
 La formation continue des ostéopathes aurait-elle été oubliée ? Jean-Louis Boutin & Jean-François Marchand, 30 juillet 2016
 Créer une discipline ostéopathique ? Jean-Louis Boutin, 6 juin 2017

Pour la création d’un corps de chercheur en ostéopathie : évaluer les compétences

Tout semble les opposer et presque tout le monde accepte l’évidence : quelque soit la profession, un praticien ne peut être en même temps un chercheur sur sa propre pratique, et un chercheur sur une profession ne peut être un praticien de cette profession (pourquoi : peut-être à développer ?).

Cette démarche est dite opposée : pragmatique contre théorique, ou conduire une action et développer une pensée (en méthodologie).

Les contrastes et dilemmes qui émergent de ces interactions reviennent à poser la question identitaire du chercheur en ostéopathie. Mener une recherche, c’est accepter d’entrer dans un processus de création du savoir quantitatif ou qualitatif d’après des normes scientifiques. On peut distinguer selon Marc HEENS (Heens, 1999) : œuvre scientifique et production scientifique.

L’œuvre désigne une spécificité, une originalité dont la signification est globalement plus universelle, tandis que la production entre dans une globalité indistincte, reproductible, instrumentable et quantifiable. L’un des meilleurs exemples de production du savoir scientifique quantitatif, c’est le travail de notre brillant confrère, Mr Rafael Zegarra-Parodi DO MROF, Directeur du département de recherche du CEESO.

Si on ouvre le concept de création, apprendre suppose créer déjà du savoir pour soi et plus tard pour les autres. Ce terme, repris par R. DAMASIO, suppose l’affirmation suivante : apprendre, c’est réaliser une création singulière, spécifique à l’être unique qui apprend en fonction de ses propres paramètres et de sa structure interne (Damasio, 1995, # 44 p. 320).

Lors de sa formation, chaque étudiant ostéopathe apprend et évolue dans un modèle pédagogique avec ses représentations, sa perception et sa sensibilité. Il développe au cours de son cursus un paradigme personnalisé de son activité, à travers son expérience et l’intégration des connaissances acquises au cours de sa formation.

Tout praticien au cours de sa vie et de son expérience professionnelle, crée son savoir plus ou moins rigoureux, explicite et communicable.

Mais s’il y a création de savoir, est-il le fruit d’un travail individuel ou collectif ?

A travers les difficultés rencontrées, les avantages et inconvénients du terrain, les praticiens qui désirent se former à la recherche espèrent trouver dans la formation professionnelle initiale une préparation au statut de « praticien chercheur », comme une formation hybride, à la fois au métier et à la recherche sur le métier.

A ce titre, le praticien chercheur ostéopathe (PCO) se veut témoin, ou plus exactement « témoin des témoins », et son intention est de faire connaître « de l’intérieur » des acteurs et leur capacité d’innovation ordinaire, leur énergie pour dépasser et contourner les enfermements dont ils sont victimes sur leur terrain quotidien. Il propose à la communauté scientifique un autre accès au monde professionnel. Mais il veut aussi faire reconnaître le savoir issu de cette pratique de l’innovation ordinaire.

Ainsi, par son action, le praticien chercheur brouille les limites instituées, car il est investi d’un double statut, même s’il se présente en situation comme chercheur, il est connu dans ce monde comme praticien. Cette position est souvent qualifiée de « chercheur de l’intérieur » ; cette double polarisation peut être considérée comme un espace dialogique (E. MORIN, 1990, p.99).

En formant des praticiens dans le cadre d’un modèle scientifique/professionnel, on accentue l’écart entre la pratique professionnelle et le discours que l’on tient sur cette pratique. La conséquence, est que le praticien formé à cette école devient de moins en moins capable d’apprendre à partir de sa pratique, de diagnostiquer ses propres erreurs et de les corriger.

Tout professionnel, et tout étudiant doit se donner les moyens, à titre individuel, de corriger ses propres erreurs. Toute la profession se doit de s’organiser de manière à permettre aux professionnels, à titre collectif, de contrôler et d’analyser leur pratique pour améliorer et conserver un patrimoine d’expériences vécues. C’est uniquement dans cet objectif que la profession évoluera vers une progression de son art et non vers une régression.

Jean-François MARCHAND, Ostéopathe D.O.M.R.O.F

Résumé

Il existe un grand potentiel de connaissances et d’expériences pratiques chez les ostéopathes professionnels. Issus d’une formation initiale ou d’une formation en alternance, ces praticiens développent au cours de leur vie professionnelle un nouveau paradigme de l’ostéopathie, sans pour autant avoir le recul nécessaire sur leur propre pratique. Cette réalité implique une grande richesse de « savoir faire » et une grande diversité dans l’autoformation. Néanmoins, il apparaît nécessaire de faire le point sur une autre réalité : l’absence d’autoévaluation.
Il est inutile de créer un modèle si on ne cherche pas à créer du savoir. C’est le problème de la formation initiale qui enseigne un modèle formatif au risque de créer une dépendance excessive qui mettra un frein à la créativité du professionnel. On ne retrouve pas chez ces derniers, tout comme dans la formation de base, ce modèle d’intervention qui permet d’analyser et de planifier les corrections utiles à la pratique. Pour parvenir à ce résultat, nous devons inclure, dès la formation initiale, un programme qui incite l’ostéopathe à devenir praticien chercheur. C’est à partir d’une meilleure analyse des pratiques par des professionnels compétents que nous amènerons l’ostéopathie vers le paradigme qu’elle mérite.
Nous n’évoquerons dans cet article qu’un aspect de l’édifice que nous cherchons à étudier, d’autres réflexions sont disponibles sur le Site de l’Ostéopathie dans l’article intitulé « Une nouvelle discipline : l’Ostéopathie ? Construire une identité ostéopathique professionnelle » - voir la bibliographie.

Bibliographie

- BOUTIN Jean-Louis, Une nouvelle discipline : l’Ostéopathie ? Construire une identité ostéopathique professionnelle. Dossier consulté : https://www.revue.sdo.osteo4pattes.eu/spip.php?article2399 le 30/05/2008 à 10h01. Date de la dernière mise à jour le 12/06/2007.

- DONNAY Jean : Chercheur, praticien, même terrain. Recherches qualitatives, Vol 22, 2001, pp.34-53.

- DROUARD Hervé : Chercheur et praticien ou praticien chercheur ? Esprit critique – 2006, Vol 8, N°1. Dossier consulté à cette adresse www.espritcritique.fr/0801/esp0801article07.pdf le 30/05/2008 à 09h28.

- KOHN Ruth Canter : Praticien et chercheur. Mackiewicz, 2001, p. 15-38.

- DE LAVERGNE Catherine : La posture du praticien chercheur, un analyseur de l’évolution de la recherche qualitative. Dossier consulté à cette adresse www.recherche-qualitative.qc.ca/hors_serie_v3/Delavergne-FINAL2.pdf le 30/05/2008 à 10h15.

- SAINT-ARNAUD Yves : Connaître par l’action. Les presses de l’université de Montréal, 1992, chap. 4, pp 85-106.

Nota bene

Ces différents articles sont publiés en accès libre sur le site de l’Ostéo4pattes – Site de l’Ostéopathie sous licence Creatice Commons (voir ci-dessous) et pour ceux qui le désirent, un document les réunissant est disponible au format pdf.

Reconnaissance scientifique de l’Ostéopathie

Publié sur le Site de l’Ostéopathie le 1er juin 2008

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