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Parascoliose et Torsion physiologique

Yves GUILLARD - Mains libres n° 6, septembre 2008
 
Créé le : vendredi 13 mars 2020 par Yves Guillard

Dernière modificaton le : vendredi 13 mars 2020

Il y a vingt-cinq ans, j’ai découvert par hasard comment soigner efficacement une scoliose. Cela s’est confirmé au fil des années. Dans le même temps j’ai mis au point une méthode simple et originale du suivi du bébé pendant la grossesse, avec des résultats constants.

Cherchant à théoriser ces pratiques, s’est alors ouvert devant moi un champ d’application immense qui complète les travaux de Sutherland sur le Mécanisme Respiratoire Primaire et facilite grandement le traitement ostéopathique de chacun des patients.

Une constatation surprenante

En effet, si vous observez n’importe lequel de vos patients en position allongée, vous pourrez faire les constatations suivantes :

  • La crête iliaque gauche est toujours plus haute que la droite.
  • Les membres inférieurs sont de longueur inégale (mesurer au niveau des malléoles).
  • Et l’écaille occipitale est plus facile à mobiliser vers la gauche, alors que sa mobilité vers la droite est limitée.

De plus, si vous soulevez les pieds de votre patient et que vous les déplacez vers sa gauche (vers votre droite), vous arriverez à une position qui est généralement beaucoup plus confortable pour lui.

On peut même parfois constater que sa tête est penchée à gauche ou que l’ensemble de son corps présente une concavité plus ou moins marquée vers la gauche (position très fréquente chez les bébés).

Il est facile de déduire que, si cette personne présente une telle asymétrie en position allongée, elle va obligatoirement se retrouver en torsion une fois debout. D’où un grand nombre d’anomalies fréquemment constatées lors d’une première visite :

  • pieds en dedans ou en dehors (valgus, varus),
  • appuis disharmonieux (sur les talons, l’avant-pied, l’extérieur du pied),
  • déformation des genoux (valgum, varum, déséquilibres rotuliens),
  • problèmes de hanches (douleurs, arthrose),
  • déformations de la colonne vertébrale (scoliose, hyperlordose, cyphose),
  • douleurs vertébrales,
  • problèmes digestifs, respiratoires,
  • troubles de l’équilibre,
  • problèmes d’épaules, etc.

De même, nous avons tous remarqué que la plupart des lésions ostéopathiques étaient asymétriques. On trouve ainsi plus fréquemment :

  • Des antériorités iliaques à droite,
  • des postériorités iliaques à gauche,
  • des sacrums en torsion (avec antériorité de la base à droite),
  • des antériorités de L4 ou L5 à gauche,
  • des mâchoires bloquées à gauche,
  • des os hyoïdes à droite,
  • des temporaux droits en rotation externe,
  • des temporaux gauches en rotation interne,
  • des ganglions sphéno-palatins plus congestionnés à droite,
  • etc.

Et nous pourrions énumérer ainsi la plupart des lésions que nous rencontrons dans notre exercice d’ostéopathe. Celles-ci semblent s’intégrer dans un tout mécanique dont il reste à définir la cohérence.

Scolioses et parascolioses

Dans les quelques cas où cette torsion provoquée par la position debout provoque une grosse déformation de la colonne vertébrale, il est alors question de scoliose. Tous les traitements de cette pathologie partent du postulat selon lequel la verticalité se serait construite à partir de l’appui sur le sol (semelles orthopédiques, rééducation, corsets, chirurgie). Ils sont longs et ne donnent que des résultats limités et décevants.

Mais, le plus souvent, cette torsion reste inaperçue et l’on applique seulement des traitements locaux et symptomatiques à des troubles qui semblent sans lien entre eux. C’est ce que j’ai appelé une parascoliose.

Paradoxalement scolioses et parascolioses sont faciles et rapides à soigner, avec un résultat durable. Mais pour cela il nous faut d’abord remettre en question l’a priori selon lequel tout l’équilibre du corps partirait du sol. C’est oublier combien il nous a fallu de tâtonnements, au cours de notre première année, pour atteindre cette verticalité. Notre position verticale n’est finalement qu’un compromis que chacun a mis plus ou moins longtemps à trouver.

Au-delà de la découverte du phénomène de la parascoliose et la compréhension de la scoliose, c’est toute une nouvelle vision de la physiologie ostéopathique qui apparaît. Celle-ci se situe dans le prolongement de la découverte du Mécanisme Respiratoire Primaire, dont elle constitue d’ailleurs une phase essentielle.

Paradoxalement, cet élargissement de la connaissance de la physiologie ostéopathique génère une pratique simple. Mais, grâce à une meilleure compréhension de la biomécanique, celle-ci effectue une synthèse entre les approches crânienne, vertébrale et viscérale, entre le MRP découvert par Sutherland et la motilité viscérale mise au jour par Barral. Elle permet d’envisager l’ostéopathie comme un véritable traitement de terrain dans sa globalité.

 La physiologie de l’ostéopathie

Toute la physiologie de l’ostéopathie repose sur trois éléments principaux :

  • les principes établis par Still,
  • le MRP découvert par Sutherland,
  • la Torsion Physiologique (qui fait l’objet de cet article),

1. - Les principes établis par Still

Still a créé l’ostéopathie autour de trois principes de base :

  • la structure gouverne la fonction,
  • le corps forme un tout,
  • et il possède d’importantes facultés d’autoguérison.

2. - Le Mécanisme Respiratoire Primaire

Découverte fondamentale, le Mécanisme Respiratoire Primaire (MRP) a fourni son « moteur » à la physiologie de l’ostéopathie :

  • au cours de la Flexion de la symphyse sphéno-basilaire (SSB) les fascias montent en rotation externe,
  • au cours de l’Extension les fascias redescendent en rotation interne.

Le Mécanisme Respiratoire Primaire permet d’expliquer la mobilité du crâne et celle des fascias. En conséquence il débouche sur des possibilités thérapeutiques importantes, principalement dans la sphère crânienne.

3. - La Torsion Physiologique

Le MRP fonctionne autour de deux axes transversaux (occipital et sphénoïdal) qui permettent le Flexion de la SSB, ainsi que l’ascension et la rotation externe des fascias.

La Torsion Physiologique fonctionne, quant à elle, autour d’un axe antéropostérieur passant par l’ombilic (ou par le cordon ombilical chez le foetus). Elle permet une légère rotation de tout le tronc (dans le sens des aiguilles d’une montre), avec une adaptation des mouvements de la tête et des membres.

Mais la Torsion Physiologique fait partie du Mécanisme Respiratoire Primaire : elle se situe à la fin de la Flexion et s’annule au début de l’Extension (Détorsion).

Lors de la Flexion de la symphyse sphénobasilaire, le sacrum se redresse et il est accompagné par la motilité du gros intestin dans le sens des aiguilles d’une montre.

Cette mobilité est au centre de la Torsion Physiologique. À la manière d’une roue dentée, elle va entraîner tous les éléments avoisinants :

  • le foie en dehors et en haut,
  • l’estomac en dedans et en bas,
  • l’iliaque gauche en postériorité,
  • l’iliaque droit en antériorité,
  • le cœur vers la droite,
  • le médiastin en inspir et vers la droite, etc.

Tout le tronc bascule donc légèrement vers la gauche autour de l’ombilic, pendant que la tête adapte vers la droite en se déformant légèrement (l’occiput glisse vers la gauche et tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre).

Si tout est normal, le mouvement s’inverse au début de l’Extension (Détorsion).

Mais s’il existe des tensions soit au niveau du thorax, soit au niveau de l’abdomen, la Torsion Physiologique se bloque, installant tout le corps dans une torsion qui devient alors pathologique.

 Les blocages de la Torsion Physiologique

Si un blocage de la Torsion Physiologique se produit avant la verticalisation du bébé (en position assise, puis debout), elle sera responsable de l’apparition d’une scoliose ou d’une parascoliose, donc de déséquilibres importants concernant la quasi-totalité des patients.

Si le blocage de la Torsion Physiologique apparaît, par contre, après la verticalisation de l’individu, il présente alors un « couple lésionnel » entre le crâne et les viscères concernés. On interviendra, selon les cas, sur l’une ou l’autre de ces extrémités afin de libérer l’ensemble :

  • On peut ainsi libérer le crâne en réharmonisant simplement les diverses motilités viscérales par rapport au « métronome sacré » » (mouvement du MRP perçu au niveau du sacrum). Ce qui est simple et relativement rapide.

Figure 1 : La Torsion Physiologique au niveau du tronc

  • Mais on peut aussi libérer les viscères en réharmonisant simplement le crâne. Ainsi la libération du strain postérieur gauche (lésion crânienne spécifique d’un blocage de la Torsion Physiologique) suffit, chez la femme enceinte, à recentrer le « bébé » (c’est-à-dire l’utérus et tout ce qu’il contient : le bébé, le placenta et le liquide amniotique) au milieu et au centre du ventre (et cela ne demande environ que quelques minutes).

La connaissance des blocages des différents paramètres de la Torsion Physiologique permet donc d’expliquer la cohérence des lésions ostéopathiques trouvées chez nos patients et de leur appliquer un traitement adéquat.

La vie intra-utérine

Au départ, il est facile de constater que la grande majorité des bébés sont mal positionnés dans le ventre de leur mère : au lieu d’être bien centrés, ils sont généralement refoulés vers le bas et à droite. S’ils restent dans cette position, ce stress subi pendant la vie intra-utérine provoquera un blocage de la Torsion Physiologique et ils se présenteront à la naissance avec une lésion ostéopathique de l’occiput vers la gauche (strain postérieur gauche) et une concavité de tout le corps vers la gauche.

Le strain postérieur gauche

Lésion non étiquetée jusqu’ici en ostéopathie, elle est cependant extrêmement fréquente. On peut la tester selon deux de ses paramètres :

  • soit le glissement latéral vers la gauche de l’occiput,
  • soit la rotation de l’écaille occipitale dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.

On constate également un bombement de l’écaille occipitale vers la gauche.

La présence d’un strain postérieur gauche révèle l’existence d’un blocage de la Torsion Physiologique.

Figure 2 : Écaille occipitale vue de haut

 Traitement de la scoliose et de la parascoliose

Si le bébé est pris en charge en ostéopathie dès la naissance, ces blocages disparaîtront le plus souvent. Mais, si rien n’est fait, le bébé va être obligé de « tricher » pour réussir à s’asseoir, puis à se mettre debout afin d’apprendre à marcher. D’où la constatation, faite au début de cet article, que la plupart des nos patients se sont structurés en torsion autour de leur bassin.

Si le bassin est libre, cette torsion s’effectuera entre les pieds et la tête. Ce sera une parascoliose.

Mais, si le bassin est bloqué chez le bébé, cette torsion ne pourra se construire qu’entre le bassin et le crâne. On aura alors affaire à une scoliose.

Tout n’est affaire que de gradation : la problématique ainsi que le traitement de la scoliose et de la parascoliose sont, en effet, globalement les mêmes.

Le premier temps de ce traitement consiste à supprimer le strain postérieur gauche (ce qui, avec un peu d’entraînement, ne demande qu’une fraction de seconde).

Il convient ensuite de libérer la torsion du bassin par une manoeuvre qui s’effectue tout en douceur : partant de la position de confort du patient (jambes vers sa gauche), l’ostéopathe amène les membres inférieurs à la position symétrique par une série de petits balancements.

Cette technique, certainement l’une des plus simples qui existe en ostéopathie, est paradoxalement celle dont les résultats sont les plus spectaculaires et les plus durables.

Figure 3

Suite à cette manoeuvre, deux change­ments importants vont apparaître :

  • les ailes iliaques sont au même niveau,
  • les membres inférieurs sont de la même longueur.

Il reste maintenant à libérer l’axe vertébro-méningé (depuis le sacrum jusqu’à l’apophyse crista-galli à l’avant du crâne) pour voir des changements spectaculaires apparaître dans l’équilibre du corps en position verticale :

  • diminution des courbures vertébrales (scoliose, lordose, cyphose),
  • harmonisation de l’équilibre sur les pieds, sur les jambes,
  • épaules dégagées en arrière et en bas,
  • marche harmonieuse,
  • position debout équilibrée, sans aucun effort.

Toutes ces transformations sont définitives et font disparaître ainsi la majorité des lésions ostéopathiques dès la première séance.

La principale différence de traitement entre la parascoliose et la scoliose vient du fait que, dans le second cas, il faudra aider le patient à ouvrir sa cage thoracique par la respiration afin de lui permettre de repousser ses gibbosités vers l’extérieur (au lieu de les contraindre de l’extérieur par un mécanisme rigide).

 La libération de la Torsion Physiologique

Une fois la parascoliose (ou la scoliose) traitée, la réapparition éventuelle d’un strain postérieur gauche, constatée lors de séances ultérieures, signalera simplement la présence d’un nouveau blocage de la Torsion Physiologique lié aux stress de la vie.

Il restera à en déterminer l’origine.

Le praticien va donc se positionner à la droite du patient. Il pose alors sa main gauche sur la cage thoracique et sa main droite sur le ventre.

Dans les cas où la Torsion Physiologique est libre (pas de strain postérieur gauche), il lui est facile d‘induire un petit mouvement dans le sens des aiguilles d’une montre à chacun de ces niveaux.

Mais, dans les cas où la Torsion Physiologique est bloquée (présence d’un strain postérieur gauche), la limitation de cette mobilité signale la zone de blocage (thoracique ou abdominal).

  • Si la Torsion Physiologique est bloquée au niveau du thorax, il conviendra d’affiner le diagnostic pour déterminer si cette limitation intervient au niveau du diaphragme thoraco-abdominal, du corps du thorax ou du diaphragme cervico-thoracique. Le traitement qui en découlera libérera la Torsion Physiologique.
  • Si celle-ci est bloquée au niveau du ventre, la réharmonisation des diverses motilités viscérales par rapport au MRP libérera également la Torsion Physiologique.

On constatera ainsi que le strain postérieur gauche aura disparu.

Il ne restera plus qu’à vérifier si tous les diaphragmes sont libres et le patient sera alors retrouvé dans sa physiologie... et dans son confort.

 Le traitement du bébé pendant la grossesse

Pour conclure cette approche de la parascoliose et de la Torsion Physiologique, je voudrais préciser que l’idéal est, bien sûr, de pouvoir traiter la cause de tout le phénomène, c’est-à-dire en prenant soin du bébé au cours de sa vie intra-utérine.

Quand cela est possible, il est même recommandé de soigner la maman avant la grossesse, de façon à supprimer sa parascoliose et à équilibrer sa Torsion Physiologique. Cela lui donnera en effet plus de chances de bien porter son bébé.

Mais, quand cela n’a pas été le cas, la première chose à faire au cours de la gestation est de supprimer la parascoliose.

Ultérieurement, si la Torsion Physiologique est bloquée chez une femme enceinte, il conviendra de commencer par supprimer le strain postérieur gauche, ce qui aura pour conséquence un repositionnement immédiat du bébé.

On aidera ensuite la maman à équilibrer complètement le bébé dans son ventre grâce à une approche fonctionnelle douce et originale.

Je constate ainsi que, chez les femmes que j’accompagne pendant la grossesse, tout se passe pour le mieux et que, dans la majorité des cas, leurs enfants ne présentent aucune lésion crânienne à la naissance et ne sont pratiquement jamais malades par la suite...

C’est, à mon avis, ce que l’on peut faire de mieux lors d’un traitement ostéopathique : donner à la personne, dès le début de sa vie, toutes les chances pour pouvoir vivre et grandir de façon harmonieuse et saine.

POUR EN SAVOIR PLUS...

Cet article est une présentation succincte du contenu de mon ouvrage : l’Ostéopathie en douceur, de la parascoliose à la Torsion Physiologique, Sully, 2006.
J’ai également réalisé un site sur le même sujet : www.torsion-physiologique.fr . Celui-ci contient de nombreux compléments (conseils pratiques, recherches en cours).
Il m’est possible de me déplacer pour animer, à l’intention des ostéopathes, des stages d’initiation sur cette approche.
Enfin vous pouvez me contacter directement : y-guillard chez orange.fr. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.

Bibliographie

L’osteopathie en douceur Éditions Sully 2006

La Torsion Physiologique en ostéopathie comparée Éditions Sully 2013

Nous remercions la revue Mains Libres et l’auteur, Yves Guillard, qui nous ont aimablement autorisé à reproduire cet article.

1re publication sur le Site de l’Ostéopathie le 05-06-2009



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