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Réflexions sur Qu’est-ce que l’Homme

Philippe Bolet - Arras le 12/08/2011
 
Créé le : dimanche 15 décembre 2019 par Philippe Bolet

Dernière modificaton le : dimanche 15 décembre 2019

« Nous sommes des frontières vivantes au milieu d’autres frontières vivantes »*
... Alors qu’est ce que l’homme ???

 * Ali Benmakhlouf dans L’identité, une fable philosophique - PUF 2011, p.84

 Introduction

Afin de répondre à cette réflexion sur « qu’est ce que l’homme ?  », je ne peux me soustraire de ma réflexion médicale. En effet depuis 25 ans, dans ma vie professionnelle, je côtoie des patients en souffrance, leur apporter une compréhension de leur souffrance et parfois essayer de mettre un sens à celle-ci est toujours très délicat et hasardeux. Cependant, à partir des dysfonctions de l’homme qui s’expriment par diverses pathologies, beaucoup de questions se posent afin de comprendre ce qu’est l’homme. Est-ce une juxtaposition de cellule comme certains scientifiques l’étudient ? Est-ce un lien entre ciel et terre comme le définit la médecine chinoise ? Est-ce un être soumis à son inconscient comme Freud l’exprime ? Est ce un « enfant de Dieu » comme l’exprime les chrétiens ? Toutes ces réflexions, ces questionnements s’affichent actuellement à nous ; dans ce modeste travail, je développerai certaines approches de l’homme et de son fonctionnement.

Notre vision analytique occidentale, liée au développement de la science et particulièrement de la science médicale, a permis des progrès fantastiques sur l’Homme. L’amélioration des connaissances cytologiques, biochimiques, bactériologiques, associée au développement de la pharmacopée ont sauvé des vies et soulagé de nombreux patients. L’espérance de vie n’a jamais été aussi longue et pourtant la réponse médicale scientifique ne solutionne pas toutes nos problématiques médicales. Ainsi, au-delà de cette approche analytique, de nombreux thérapeutes, confrontés aux patients, n’apportant pas ou peu de réponses aux demandes de nos contemporains sont allés chercher un savoir dans d’autres approches plus globales, plus holistiques telles que l’homéopathie, l’acupuncture et l’ostéopathie. Il n’y a jamais eu dans notre pays autant de thérapeutes dans ces diverses approches. La maladie serait-elle un langage de l’homme ? Pour la décrypter, toutes ses approches seraient-elles complémentaires, vu la complexité de l’Homme ?

 Le Nei ching Su Wenn

Dans toutes ces réflexions holistiques reconnues, une des plus anciennes conceptions de « l’homme global » a pris racine en Chine il y a 5000 ans. Le Nei ching Su Wenn [1] représente le livre de référence, il aurait été écrit en 2600 avant J-C, et serait la compilation des dialogues entre l’empereur Jaune et son médecin. La pensée chinoise de l’époque incarne l’homme entre ciel et terre ; cette entité humaine unique représente un microcosme construit à l’image du macrocosme qu’est l’univers.

Dans le Su Wen,

« Les sages voient dans lumière et ténèbres les principes régulateurs du monde. Tout ce qui a un corps naît de l’incorporel ; d’où serait né le monde ? C’est pourquoi je vous le dis : il y eut une grande mutation (Tai YI), un grand commencement (Tai Chou), une grande Genèse (Tai Che), une grande création originelle (Tai Chi). Le pur et léger monta et devint le Ciel ; le trouble et le lourd descendit et devint la Terre. Les souffles intermédiaires en se mélangeant produisirent l’Homme. Ainsi Ciel et Terre, contenant les germes… les dix milles êtres naquirent par mutation (le Tao) ».

L’Homme, dans cette conception, serait un lien entre Ciel et Terre, il représenterait la manifestation harmonieuse des échanges des influences Célestes appelées Yang et des influences terrestres dénommées Yin, cela représente le symbole du Tao. Dans cette philosophie Taoïste, l’espace, le temps, la nature, la condition humaine et les phénomènes perceptibles peuvent s’exprimer en termes de Yin/Yang. L’homme n’est jamais en équilibre statique entre ciel et terre, il vacille entre ces deux forces complémentaires et indépendantes ; si ces circulations entre ces deux pôles deviennent disharmonieuses, la pathologie se manifeste. L’Homme entre ciel et terre, en élevant sa conscience, s’efforce de monter le Yin de la terre vers le Ciel et de descendre le Yang du ciel vers la terre ; en quelque sorte le canal dynamique qu’est l’homme sert à incarner le divin sur terre et à diviniser le terrestre. Ces textes datent de 3.000 ans avant JC. Avec ce concept, aucun phénomène vital ne peut être analysé en dehors de son contexte organique et universel, c’est un paradigme bien différent de notre modèle occidental.

Dans l’univers tout est mu par cette force fondamentale appelée le Chi qui est symboliquement la rencontre entre le ciel et la terre, la rencontre entre le Yang et le Yin qui anime le Tout. Les structures et fonctions de l’être humain constituent un ensemble interactif, qui n’est lui-même qu’un élément de l’univers dont il ne peut être dissocié. L’homme incarné entre ciel et terre est bâti selon les mêmes règles que l’univers, il en subit les mêmes cycles. Les chinois ont basé leur approche du monde sur une observation des phénomènes naturels et ont constaté l’existence de divers phénomènes cycliques, les saisons, les lunaisons, les marées, les cycles jour/nuit. L’homme doit s’adapter harmonieusement et de façon dynamique durant tous ces cycles, sinon il décompense et la maladie apparaît.

Chez un individu en bonne santé, les mouvements du Yin et du Yang sont harmonieux mais quand l’un vient à faiblir ou à manquer l’autre prend le dessus et se manifeste par des symptômes qui lui sont propres. En médecine traditionnelle chinoise

« Celui qui veut connaître ce qui se passe à l’intérieur d’un corps doit bien observer et analyser les manifestations externes du patient, car toutes les maladies des viscères internes ont leurs manifestations sur la surface corporelle ».

En occident, force est de constater que bon nombre d’approches médicales sont invasives pour l’organisme, la solution se recherche au niveau cellulaire, l’environnement, les saisons, les émotions… sont peu prises en compte pour l’établissement d’un diagnostic médical ; la notion de prévention commence à se développer. En chine, au IIIe siècle avant JC, le médecin était payé lorsque son patient se portait bien et cessait de l’être lorsque le patient tombait malade. Le thérapeute servait au maintien de la Santé.

Afin de mieux comprendre cette vision taoïste du monde symbolisé par la dualité et la complémentarité du Yin/Yang, je prendrais quelques exemples :

le Yang symbolise le ciel, le jour, le printemps, l’été, le sec, le lumineux, le feu, le sud ;

le Yin lui représente la nuit, la terre, l’automne, l’hiver, le lourd, l’humide, le sombre, l’eau, le nord.

Cette division duale est impossible, la vie n’est absolument pas binaire, jamais il n’y a de classification systématique, tout se passe en nuance avec adaptation mais toujours avec des références nommées. Le passage du jour à la nuit ne se produit pas brutalement, le lever du soleil est plus clair que la nuit, mais moins lumineux qu’à midi… en chinois le lever du jour est Yang par rapport à la nuit, mais il est Yin par rapport à midi !! C’est le début du casse tête chinois… C’est le Tao !

Dans le cercle qui représente le Tao (voir schéma ci-dessus), un croissant est sombre avec un point clair au centre et l’autre croissant est clair avec un point sombre, l’un représente la lumière et l’autre l’ombre, l’un le Yin et l’autre le Yang, avec toujours un peu d’ombre dans la lumière et un peu de lumière dans l’ombre…. Chaque croissant possède deux cornes de tailles différentes pour matérialiser toutes ces nuances, si la périphérie représente le cadran horaire, il est facile de visualiser le lever et le coucher du soleil… les quatre points cardinaux (le Sud en pleine lumière), les quatre saisons (l’été en pleine lumière) et une cinquième saison appelée en occident l’été indien, transition entre été et automne

Dans la nature, les chinois ont répertorié cinq éléments de base, le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau qu’ils ont associés à chacune des saisons par exemple le Sud, le feu, la pleine lumière, le soleil ; le Nord avec l’eau, le froid, la pleine ombre, la lune. L’homme bâtit comme l’univers, à chaque saison une fonction qui est représentée par un organe YIN remplit de sang (matière pleine Yin) et un organe vide remplit d’énergie (de lumière Yang).

Grâce à leur réflexion et méditation, ils ont associé par exemple foie, vésicule biliaire, au printemps, une couleur verte, une saveur acide ; un autre exemple : hiver : noir, Nord, eau , rein et vessie… Toute cette construction étant dynamique, la saison suivante subit les influences de la saison précédente et tout ce système fonctionne harmonieusement grâce à des contrôles multiples. De la même manière, chaque couple d’organe nourrit le couple suivant (5 éléments voir schéma ci-dessous).

Cette dynamique des saisons est transposable au cycle circadien et lors de ce cycle, le Chi circule en l’homme sur des méridiens ; ils représentent les voies essentielles de l’énergie. Ce CHI, mélange du YIN et du YANG assimilé par l’homme, circule dans 12 méridiens principaux et dynamise de façon harmonieuse, l’homme, ce lien entre ciel et terre, entre le visible et l’invisible Le thérapeute en médecine chinoise régularisera ces flux énergétiques par l’intermédiaire de stimulation de points d’acupuncture, de quelques remèdes de phytothérapie et de conseils d’hygiène de vie sur tous les plans.

Le Taoïsme

Cette réflexion médicale est évidemment associée à une réflexion philosophique Taoïste qui a précédé le Bouddhisme. Dans le Taoïsme, la recherche de la sagesse se fonde principalement sur l’harmonie. Cette harmonie pour les Taoïstes se trouve en plaçant « son cœur » et « son esprit » dans la Voie (Tao), c’est-à-dire dans la voie de l’harmonie avec la Nature. En retournant à l’authenticité primordiale et naturelle, l’homme peut se libérer des contraintes et son esprit peut voyager. Prônant une sorte de « quiétisme naturaliste », le Taoïsme est un idéal d’insouciance respectueuse, de spontanéité, de liberté individuelle, de refus des rigueurs de la vie sociale et de communion extatique avec le cosmos. Cette liberté en conscience permet en l’homme une circulation harmonieuse du Yang céleste et de Yin terrestre ; la maladie ne peut s’incarner dans ce dynamisme de vie, cependant, comme dans toute vie, il y a une naissance, une maturité et une mort.

 L’approche occidentale

L’approche occidentale de l’homme et de sa santé est bien différente. En effet, la science a développé un savoir énorme sur la vie matérielle, sa composition et ses différents états. Les découvertes en biochimie, en physiologie, en physique quantique, en cytologie, en embryologie ont été fondamentales pour l’évolution de nos sociétés. Ces recherches vers le microscopique ont bien souvent isolé l’homme de la nature. Les possibilités techniques, en apparence illimitées, de la médecine ont incité une partie des professionnels à ébaucher des scénarios d’avenir hasardeux. Ceux-ci ne considèrent plus la maladie et la mort comme des fatalités, mais simplement comme des problèmes non encore résolus sur le plan technique…

Les succès spectaculaires de la médecine ont suscité des attentes irréalistes, donc irréalisables. Certains professionnels, une partie de l’industrie pharmaceutique et technologique, mais aussi la population elle-même, nourrissent ce genre d’idées, sans vraiment se soucier des limites imposées par la raison et la prudence. Cet éloignement de la nature nourrit ce genre d’excès.

Sur le plan symbolique, le Taoïsme est représenté par un cercle avec une notion d’engendrement et de « tourner en rond ». Dans le monde occidental, l’imprégnation judéo-chrétienne, est symbolisée par la Croix, c’est-à-dire par la verticalité et l’horizontalité. Dans ces croyances, le Taoïsme parle de réincarnation, le christianisme parle de résurrection, de transcendance. Cette verticalité sur la Croix est un appel à la recherche, au dépassement de soi pour le salut de son âme ; l’horizontalité symbolise l’homme incarné avec un Dieu tout puissant et évidemment placé au dessus de l’homme en attente de guérison venu du ciel, un miracle venant du Haut, parfois en oubliant le vieil adage « aide toi, le ciel t’aidera ».tab Vision de la maladie

Visions de la maladie

Dans le paradigme Taoïste, la maladie n’arrive pas par hasard, elle est le résultat d’un déséquilibre antérieur apparut dans un cycle précédent. Cette pathologie a un sens, et le décryptage de ce sens est essentiel pour la guérison du patient, la notion de hasard est absente. La vision occidentale de la maladie est souvent interprétée à partir d’un agent pathogène extérieur ou par une atteinte cellulaire spécifique, seule la matière est essentielle pour la réflexion et pour le traitement, les causes et le traitement sont souvent matériels et extérieurs à l’homme. La notion de spiritualité est absente dans l’approche scientifique de nos pathologies. Le soin et la « guérison » seront bien différentes selon les approches, l’une stimulera les échanges entre le ciel et la terre pour rétablir l’harmonie en l’homme, chaque être est unique et chaque traitement sera spécifique à chacun. L’autre palliera une fonction analytique défaillante d’un organisme par des remèdes spécifiques de la matière.

Dans le monde occidental du XXe siècle, la spiritualité est absente dans toutes les réflexions médicales. Les seuls critères d’évaluation sont des critères objectivables mesurables et reproductibles, l’unicité de chacun d’entre nous est peu présente dans cette réflexion. La médecine est essentiellement rationnelle. Dans nos sociétés la notion de santé est tellement éloignée d’une réflexion spirituelle que la croyance au pouvoir médical est importante, l’échec thérapeutique est devenu insupportable et le questionnement sur la mort est vite évité. L’homme sans conscience spirituelle ou immatérielle remet son avenir à la science, alors que nous savons tous que la science sans conscience n’est que ruine de l’âme (Rabelais).

La philosophie taoïste a développé la notion de Karma, c’est-à-dire que la vie de l’homme ici et maintenant dépend des actes et des vies passées ; c’est un des fondements de leur croyance en la réincarnation. Avec ce concept, la maladie n’est absolument pas le fait du hasard ainsi leur acceptation de l’échec thérapeutique et de la mort semble plus facile.

L’approche de l’homme et de sa santé, semble vraiment différente selon les croyances et selon les continents. Si l’Asie fonde sa thérapie sur l’équilibre des énergies enfouies en l’homme et l’occident sur un principe analytique cellulaire, l’Afrique quant à elle, pratique une médecine basée sur le fonctionnement relationnel et symbolique de l’environnement du malade avec un triangle, patient, Dieu, ancêtres, esprit (pole positif) et esprit du mal (pole négatif). L’occident a écarté tout le pole invisible de l’existence pour assumer ses responsabilités sur le plan strictement visible, palpable, mesurable, tout simplement le rationnel.

L’OMS définit l’Homme en bonne santé comme « un état parfait de bien être physique, mental et social » ; elle omet complètement la dimension spirituelle. L’occident, après s’être contenté de traiter le corps dans l’âge cartésien comme chose mesurable, quantifiable parce que plate et sans profondeur, a commencé en fin du XXe siècle à sortir du cartésianisme rationaliste. Dorénavant les approches différentes de la pathologie de nos contemporains sont acceptées et maintenant nous parlons de plus en plus souvent de complémentarité de ces différentes approches thérapeutiques. Assistons-nous à une mondialisation de la notion de santé qui serait la synthèse des différentes conceptions ? Est-ce une valorisation ou une paupérisation de ces différents systèmes ?

Comment faire ce lien entre ces différentes conceptions et ces différents paradigmes ?

Afin de continuer notre réflexion, je développerai les travaux du prix Nobel de Chimie de 2003 le Professeur Mac Kinnon, que je cite

« Nos mouvements, nos pensées ne sont rien de plus que des “circuits de potassium” ».

Son équipe a démontré les mécanismes moléculaires qui actionnent les minuscules pores ou canaux que constituent certaines protéines de la membrane cellulaire ; ces canaux ioniques permettent à la cellule d’échanger des éléments ioniques ; ces circuits utilisés par ces ions potassium activent la transmission des signaux nerveux dans l’ensemble de l’organisme et du cerveau. L’importance des travaux de Roderick Mac Kinnon réside dans le fait qu’il a réalisé des instantanés à haute résolution de ces circuits en action qui montrent les déplacements de ces ions. À en croire les chercheurs, ces ions ne pourraient occuper que certaines positions dans les canaux qu’ils empruntent et se déplaceraient « en sautillant » d’une position à une autre, poussés par ceux qui sont derrières eux. Cela ne représenterait-il pas la matérialisation du CHI pour les disciples de la médecine chinoise ?

La spécificité des cellules est reconnaissable à leur « langage » dont les « mots » sont formés d’une combinaison spécifique de canaux ioniques. Le langage de la maladie aurait-il aussi pour support des ions ? Cette combinaison ionique varie non seulement d’un type de cellule à l’autre, mais aussi pour un même type de cellules, au cours du développement. Ces structures sont des micro-générateurs d’électricité qui permettent aux cellules du système nerveux de communiquer entre elles et avec leurs organes cibles, ainsi qu’aux cellules musculaires et cardiaques de déclencher les contractions et à celles du système endocrinien de sécréter leurs hormones. Ces canaux permettent les échanges entre le milieu intra et extracellulaire, la fonction cellulaire dépendrait essentiellement de la perméabilité de la membrane cellulaire. Cette membrane cellulaire qui délimite ces deux compartiments intra et extracellulaire ; elle est le support de la morphologie cellulaire et donc le support de la morphologie de l’être vivant. En science l’homme est déterminé par la juxtaposition de ses cellules. La qualité de la membrane cellulaire dépend de la qualité de sa composition qui, elle-même, dépend de l’alimentation, enfin un lien entre la nature et l’homme !

Rod Mac Kinnon a réussit à photographier ces circuits en actions. Les clichés révèlent comment et à quelle vitesse les ions potassiums individuels passent à travers ces canaux (diamètre 6 Angstrom). L’utilité des circuits de potassium ne se limite pas aux seuls nerfs ; ils sont en effet à la fois présent dans la plus simple des amibes et dans les cellules les plus complexes du cerveau. Les images les plus récentes de la protéine impliquée dans ces circuits révèlent la façon dont les cellules exploitent la charge positive des ions pour produire le voltage qui active les signaux nerveux. Les chinois n’auraient-ils pas appelé cela le CHI qui circule dans les méridiens…

Actuellement grâce au Synchrotron de Grenoble, les chercheurs peuvent filmer en temps réels les transformations et les mouvements des protéines ainsi que toute cette microstructure en mouvement ; rien n’est figé tout est en mouvement et certains philosophes estiment que la racine du mouvement est le rythme. Dès que l’on aborde la notion de rythme, on parle de diaphragme chez l’homme et de souffle de vie. Dans la Bible, il est dit :

« le Seigneur Dieu prit de la poussière du sol et en façonna un être humain. Puis il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et cet homme devint un être vivant. » (Gen. II,7).

Pour les disciples de la médecine holistique, il n’y a pas de solution de continuité au niveau de la structure fonctionnelle de l’homme.

En tant qu’ostéopathe, cette unité fonctionnelle implique une unité au sein des structures anatomiques qui la composent (osseux, myofascial, viscéral, neurovégétatif , endocrinien, etc.), le père de l’ostéopathie, le Dr Andrew Taylor Still, au XIXe siècle, aux Etats-Unis, était chirurgien et pasteur méthodiste et à cette époque il exprimait

« Si Dieu est parfait, comment toute chose par Lui créée, y compris le genre humain, pourrait-elle être imparfaite  ? »

C’est à travers l’impuissance à soulager son prochain, la souffrance consécutive à la perte d’êtres chers et à cause de son aversion naturelle pour les drogues que Still remit en cause le système médical de l’époque. En réponse à l’interrogation « que pouvez-vous nous donner à la place des drogues ? » Still répondait l’ajustement de la structure mais nous ne pouvons ajouter ni donner quoique ce soit provenant du monde matériel susceptible d’améliorer le fonctionnement d’une machine parfaite, selon le jugement de Dieu. Un corps parfaitement ajusté produit un sang pur et abondant, délivré en temps utile et en quantité suffisante pour répondre à toutes les exigences de l’économie de la vie, voilà ce qu’est l’ostéopathe…. écrit du XIXe en plein courant méthodiste, spiritualiste et mesmérien. Avant Still, en France le Professeur Marie François Xavier Bichat en 1799, dans le « Traité des membranes » pour la première fois écrivait

« tous les animaux sont un assemblage de divers organes qui en exécutant chacun une fonction concourent…à la conservation du tout. Or ils sont formés de différents tissus de natures très différentes et qui forment les éléments de ces organes » [1]

et dans son Traité sur la vie et la mort il y détaille toutes les fonctions organiques : digestion, respiration, circulation, absorption, exhalations, sécrétion, nutrition…, il décrit les passages de la vie à la mort et l’influence des organes les uns sur les autres. Il décrit les notions de contractilité, d’irritabilité et de tonicité des différents mécanismes physiologiques. Après avoir disséqué de nombreux cadavres, il démontre dans son traité que les enveloppes des organes, des muscles, du cerveau…. sont les principales causes des pathologies ;Bichat décrit des altérations de surfaces de glissement entre organes et développe une notion de biomécanique de la structure source de pathologie : tout ralentissement de la mobilité d’une structure par rapport à une autre entraine stase et développement de pathologies. C’est exactement un des axiomes de la base de la pensée ostéopathique. La mécanique prime-t-elle sur le biochimique ? Vaste question qui divise le monde médical. L’homme est il une structure biomécanique avec des composantes biochimiques, soumis à un inconscient personnel et collectif ? Encore une question qui nécessiterait un développement.

 En conclusion

« Qu’est ce que l’homme ? »

Est-ce le lien entre ciel et terre dont l’objectif essentiel est d’incarner le divin et de diviniser le terrestre comme la pensée Taoïste le définit ?

Est-il cette juxtaposition cellulaire, dont un élément essentiel apparait être la communication intercellulaire liée à la perméabilité cellulaire dépendant de la concentration ionique du milieu intra ou extra cellulaire, comme certains scientifiques le pensent ?

Est-il un être biomécanique sur lequel des contraintes physiques, psychiques et alimentaires altèrent sa fonction et sa biochimie ?

Est-il un être spirituel soumis aux forces du bien et du mal ?

Ou est-il simplement le reflet de son inconscient ou de l’inconscient collectif ?

Difficile de répondre à toutes ces questions ! Il devient essentiel, pour conclure, d’accepter le mystère de la vie.

 Note

1. Cette citation de Bichat est donnée par Pr. Marie-José IMBAULT-HUART sur le site de la BIU Santé, et fait référence, selon lui, au Traité des membranes en général de 1799. En fait, elle se trouve dans l’Anatomie générale précédée par des Recherches physiologiques sur la vie et la mort, p. 79 pour l’édition de 1812 et p. 35 dans l’édition de 1818.

 Source des images

1. Image du Su Wen : http://www.ucpress.edu/book.php?isbn=9780520266988

2. Sinogramme qì. Source Wikipédia  : http://fr.wikipedia.org/wiki/Qi_%28spiritualit%C3%A9%29 By Rolf obermaier (Own work) [Public domain], via Wikimedia Commons

3. La croix glorieuse : http://www.associationdemarie.org/blog/?tag=croix-glorieuse

4. Le professeur Roderick Mac Kinnon : http://fr.wikipedia.org/wiki/Roderick_MacKinnon

5. Image des canaux de potassium : source : http://www.osti.gov/accomplishments/mackinnon.html

6. Le Synchrotron de Grenoble : «  Esrf grenoble  ». Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Esrf_grenoble.jpg#/media/File:Esrf_grenoble.jpg

7. Marie François Xavier Bichat (1771-1802) sur le site de la BIU Santé : http://www.biusante.parisdescartes.fr/histmed/medica/bichat/bichat01.htm

 Bibliographie

- Dr Jean Choain La voie rationnelle de la médecine chinoise, Édition SLEL, Lille, 1957 - Préfaces du Docteur Patrick SAUTREUIL [http://jeanchoain.com/Voie_Rationnelle2.html] et de Mme Elisabeth ROCHAT de la VALLEE [http://jeanchoain.com/Voie_Rationnelle1.html]

- B Auteroche et P Navailh, Le diagnostic en médecine chinoise, Édition Maloine, 1983

- La revue Christus, n°159, Guérir, Juillet 1993, www.revue-christus.com/sommaire/Guerir/93

- Dr Bernard Woestelandt, Je le Pansais, Dieu le guérit, édition Favre, 2010, ISBN : 978-2-8289-1182-9. Cette phrase est d’Ambroise Paré qu’il « écrivit dans un cahier de notes, au sujet des soins qu’il donna au capitaine Le Rat, lors de la campagne de Piémont de 1537-1538 ». Il utilisera cette formule tout au long de sa carrière. (Jean-Pierre Poirier, Ambroise Paré, Paris, 2006, p.42.), http://fr.wikipedia.org/wiki/Ambroise_Par%C3%A9#cite_note-2

- Les cours de l’European University of Traditional Chinese Medecine, Prof. Leung Strasbourg

- Andrew Taylor Still le fondateur de l’ostéopathie traduit par P Tricot édition Sully

- Wikipédia : Les travaux du Professeur Mac Kinnon

- Les articles du Monde du Vendredi 9 Novembre 2001 réalisés à partir la revue Nature : « les caméras à molécules » observent les protéines au travail, Philip Ball www.rtflash.fr/cameras-molecules-observent-proteines-en-plein-travail/article

- « De stupéfiants instantanés montrent comment les ions activent les signaux nerveux » de Tom Clarke

- « Nous pouvons filmer en temps réel les transformations et les mouvements des proteines » de Pierre Le Hire

- Prof Bichat, Traité des membranes, Bibliothèque Royale, nouvelle édition par M Husson Paris 1816

- Hervé Guénard, Physiologie humaine, Éditions Pradel

1re publication sur le Site de l’Ostéopathie le 26-03-2015

[11. Cette citation de Bichat est donnée par Pr. Marie-José IMBAULT-HUART sur le site de la BIU Santé, et fait référence, selon lui, au Traité des membranes en général de 1799. En fait, elle se trouve dans l’Anatomie générale précédée par des Recherches physiologiques sur la vie et la mort, p. 79 pour l’édition de 1812 et p. 35 dans l’édition de 1818."



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