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Notre deuxième cerveau : la main

Bruno Ducoux DO
 
Créé le : samedi 16 novembre 2019 par Bruno Ducoux

Dernière modificaton le : samedi 16 novembre 2019

Revue Ostéo n° 13, 15 juin 1991, p. 21-23.

À la suite de John Upledger et de Viola Frymann (cf. Ostéo n° 11) nous entrons dans le deuxième siècle de l’ostéopathie : dorénavant l’ostéopathe aura encore plus besoin d’avoir « des mains sensibles capables d’être entraînées à détecter l’état de santé par la sensation des tissus, l’activité des énergies dans le corps, la motilité des fluides, des tissus. Des mains qui pourront projeter leur connaissance pour déterminer l’état des organes internes ».

L’ostéopathe a des yeux au bout des doigts et cette vision « doit être développée pour percevoir les champs d’énergie autour de ses patients, et de cette façon, évaluer les conditions émotionnelles, morales et spirituelles qui soulignent les maux qu’ils présentent ».
D’où nous vient cet outil privilégié : la main ?
Nous allons partager notre expérience en 5 articles :
 I. La main et l’évolution.
 II. La main à travers les civilisations.
 III. Pourquoi une gauche ?
 IV. La main et l’ère du verseau.
 V. Les niveaux de conscience de la main.

Seuls, les deux premières parties ont été publiées sur le Site de l’Ostéopathie

 Historique

Au fur et à mesure de ses recherches, l’homme apprend à voir loin dans l’espace. Plus l’homme voit loin, plus il remonte loin dans le temps.

Source de l’image : Wikipédia


Ainsi une des étoiles les plus éloignées que nous puissions voir à ce jour dans l’espace, a explosé, il y a plus de 170 00 années, dans le temps !!!

- Il y a 30 milliards d’années, une explosion originelle, inconnue à ce jour, crée l’univers. Cet univers est constitué surtout de vide, traversé par de la lumière.

- Il y a 5 milliards d’années, à partir de gaz et de chaleur, la terre se matérialisait, constituée d’un noyau central, d’un manteau et d’une couche superficielle (tripartition).
Cette terre, notre terre, a été d’abord constituée d’éléments du règne animal. Ces minéraux sont étudiés suivant leur structure et la façon dont ils réfléchissent la lumière.

Source de l’image : Wikipédia

- Il y a 4 milliards d’années, apparaissent les premiers signes de vie dans l’eau.
À partir du monde minéral, les premières cellules se développent, puis les poissons. Parmi les poissons le cœlacanthe, qui vit encore aujourd’hui dans les eaux de Madagascar, possède une nageoire dont le squelette est composé des os de notre main humaine.

- 400 millions d’années avant notre ère, les poissons sortent de notre matrice primitive (l’eau) : les premiers batraciens ont quatre pattes à six doigts et une nageoire de poisson. Les reptiles, dont les dinosaures, deviennent les rois de la planète jusqu’à 65 millions d’années où ces géants sont exterminés à cause des fleurs. En effet, il semblerait qu’un obscurcissement de la lumière ait empêché le règne végétal et les fleurs de vivre et ces animaux herbivores ont été décimés. La chute de ces géants laisse la place aux mammifères. Le ventre maternel est un œuf même, rappelant l’œuf primitif de la terre, mais bien structuré au centre du mammifère et baignant dans l’élément liquide.

- 300000 ans avant notre ère, certains vont petit à petit libérer leurs pattes avants pour une utilisation plus précise.

Jusqu’au néolithique (6000 ans avant notre ère) l’animal à quatre pattes se sert de ses membres comme support, éventuellement comme outil pour subvenir à sa nourriture et se battre, alors que la bouche sert à acquérir des plantes, de l’herbe, à déchiqueter les aliments afin de mieux les assimiler.

À partir du néolithique, les "mains" de certains mammifères vont se dégager de la quadrupédie : ces mains disponibles leur permettent de se redresser, d’avoir une vision du monde alentour plus large (dessin I).

L’odorat qui était jusqu’alors le sens prééminent va laisser la place à la vue. Sa nouvelle position érigée permet au trou occipital de muter vers la base du crâne et modifier toute la position du squelette et des membres. C’est à partir de ce moment-là qu’apparaissent les troubles de la statique rachidienne.

Jean Brun (1919-1994)
"La main et l’esprit",
Genève, édition Sator, 1986

Cette nouvelle position érigée libère la bouche du travail préparatoire ; la taille des mâchoires diminue, de même que celle des dents et leur morphologie se transforme en fonction des nouveaux besoins de cette bouche. Elle peut désormais parler et exprimer au dehors ce que le système nerveux secrète à l’intérieur.

Les mains utilisent des outils, font des gestes accompagnent la bouche : « Les mains prolongées pas les doigts deviennent libres et créatrices » (1)

Les yeux voyant plus loin, exacerbent l’analyse et la réflexion, incitant le cerveau à évoluer, la boite crânienne devient un peu étroite et doit changer de forme afin d’accueillir les fonctions supérieures au cerveau reptilien et son instinct de survie mais aussi, au système limbique et son cerveau neurovégétatif que nous partageons avec les mammifères. La raison peut alors prendre l’ascendant sur les animaux.

« La patte de l’animal prend, la main de l’homme comprend » (2.)
« Les seules mains qui en dix doigts s’allient comme il nous plaît qui s’ouvrent et se plient nous font seigneurs des animaux et non une raison qui n’a rien que le nom" (Ronsard).
« L’homme est cet animal tragique qui n’a plus assez d’instinct pour agir avec sécurité et pas encore assez de raison pour assumer les tâches de l’instinct » (Schopenhauer).

 Interprétation ostéopathique

Comment intégrer cette évolution à notre pratique ostéopathique ?

Nos mains doivent déjà apprendre que l’être humain doit être enraciné, solide sur ses voûtes plantaires, la clef de cette voûte étant le cuboïde (3). Cet enracinement se structure dans notre terre mère et donc le monde minéral.

Source de l’image : Wikipédia

Cette terre nourricière, d’où nous sommes issus est un être vivant (cf. hypothèse Gaia), qui comprend trois parties, centrées sur un noyau de feu. Cette vie est communiquée aux végétaux, qui apportent le soutien émotionnel à l’être humain. Cette complémentarité est manifestée par le cycle de Krebs : le gaz carbonique que nous rejetons est indispensable au règne végétal afin de fabriquer l’oxygène indispensable lui-même à notre survie (Retenons la leçon donnée par les dinosaures).

Georges Orwall
La ferme des animaux

Ces végétaux sont donc indispensables aux animaux : notre hérédité commune avec les animaux ne doit pas être oubliée même si ce lointain cousinage nous dérange et dérange encore beaucoup de philosophes et de théologiens.

Notre passé appartient à notre mémoire personnelle et à notre inconscient collectif. À moins de s’en souvenir, cette "non-digestion" va entraîner nos cellules dans un cycle pathologique.

N’oublions pas, à la lumière des sciences et de l’histoire, que ceux qui refusent d’avancer sont impitoyablement pourchassés et détruits par la sélection de la nature : or ceux-ci ne se recrutent pas seulement chez les « intégristes de la santé ».

La main de l’esprit. Grégoire Perra

Apprenons déjà à regarder cette évolution intérieure en cours : La société matérialiste dont nous sortons avec peine était basé sur le pouvoir sur autrui : « Tous les hommes sont égaux. mais certains sont plus égaux que les autres » (4)

Cette soif de conquête, de pouvoir, doit désormais s’intéresser à soi d’abord : recherchons le pouvoir sur nous même, c’est-à-dire cherchons la liberté : « la puissance, c’est le pouvoir sur autrui ; le pouvoir sur soi-même, c’est la liberté » (5)

Cette quête de liberté nous permet de nous dé-programmer (Nous ne devons plus jamais redevenir des animaux, aveuglés par l’argent, la puissance et le paraître !!), d’augmenter notre co-naissance afin de faire naître en nous cet homme co-créateur (6) qui prend sa destinée en Mains !!!

Tel est l’enjeu pour l’ostéopathe en 1992.
Mais. revenons en arrière. Qu’a fait l’être humain de ce potentiel fabuleux entre ses Mains, au cours du temps et des civilisations ?...

 Notes

1. Kant

2. Jean Brun (1919-1994) dans La main et l’esprit, Genève, édition Sator, 1986.

3. M. Lenglet, Cahiers d’ostéo-bio-synthèse Tome 1 - Les chaines lésionnelles cuboïde-iliaque-atlas. Seul livre édité par l’auteur, 1987.

4. Georges Orwall, La ferme des animaux. http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Ferme_des_animaux

5. Denis de Rougement.

6. Nicolas Bourdieu.

 Source des images

- Cœlacanthe : http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C5%93lacanthe

- Dinosaures : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dinosaure

- Cycle de Krebs : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_de_Krebs

- La main de l’esprit : Enseigner la Philosophie avec des élèves atteints de la myopathie de Duchenne. Grégoire Perra, Professeur certifié de Philosophie et de Théâtre. Mémoire 2CA-SH – option C. Directeurs de Mémoire : Christine Bataille, Thierry Bourgeoin, Session d’examen : 2009/2010. Académie de Créteil. Mémoire 2CA-SH – option C.
=> Blog de Grégoire Perra

Le Site de l’Ostéopathie remercie Bruno Ducoux de lui avoir donné l’autorisation de publier cet article.
1re parution sur le Site de l’Ostéopathie le 1er février 2014.



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