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État des lieux de la sinistralité en Ostéopathie

Pierre Renaudeau - Mis à jour le 27 nov. 2019
 
Créé le : vendredi 15 novembre 2019 par Pierre Renaudeau

Dernière modificaton le : mercredi 27 novembre 2019

La récente notion de sinistralité accrue (2012), qui serait due à des manœuvres de soins par des ostéopathes selon le Professeur Debré, source de sa Proposition de Loi sur l’ostéopathie, doit amener tout naturellement la profession à s’interroger sur la nature, la fréquence, et les conséquences des gestes thérapeutiques, le premier souci de l’ostéopathe étant de soigner sans être nuisible.

Dans ce domaine, plusieurs études peuvent nous éclairer :

 I). L’étude de Marie-José Teyssandier (1), Secrétaire Général de l’Union Latine et Européenne de la Médecine Manuelle :

Elle regroupe de nombreuses données issues d’autant d’études différentes. Faisant appel tout autant à R Maigne, qu’à Pajtin (Étude néerlandaise), Lecoq et Vautravers, Dupeyron en 2002, ou Schekelle, Dvorak (1408 cas), Gutman ou Rothwel, ou encore Digiovanna et Al, ainsi que Lee et les statistiques du Sou Médical, il ressort que :

Les accidents seraient sous-déclarés de 90% (soit dix fois plus nombreux que dans les statistiques), et s’élèvent, en moyenne de toutes ces études, et en prenant le cas de figure le plus pessimiste, à 2 accidents pour un million de manipulations, soit réajusté, à 20 pour 1 million. Ceci toutes manipulations confondues (médecins et non médecins).

Les risques (principalement des accidents vasculaire cérébraux) seraient par catégorie professionnelles, pour les non médecins, dues aux :

  • Chiropraticiens 67%
  • Ostéopathes 5%
  • Physiothérapeutes (kinésithérapeutes en France) 5%
  • Personnes non qualifiées ( ?) 2%

=> Ceci ramène pour les ostéopathes le taux de sinistres graves à 5% de 20 par million, soit 1 par million d’actes !

Dans la même étude, l’auteur souligne que, d’après une étude statistique des USA, la prescription des classiques anti-inflammatoires pour soigner les mêmes pathologies cause un accident grave pour mille prescriptions, soit mille accidents graves pour 1 million pour les Anti-inflammatoires, mille fois plus que l’ostéopathie !

 II) D’après une étude publiée sur le site Ostéopathie 64 (2) :

« Le risque de complications sérieuses à l’issu de ces manipulations [manipulations dorsales et lombaires, NDLR] est tout de même faible, on parle d’un cas grave pour 1 à 2 millions de manipulations. Sachant que le nombre de décès par des manipulations vertébrales autres que cervicales semblerait proche d’être inexistant. » (Citation en copier-coller).

Le site développe les raisons de la dangerosité et risques liés aux manipulations cervicales, en particulier aux techniques HVBA (Haute Vélocité Basse Amplitude) mais également, moindres, aux manipulations viscérales. Les AVC (accidents vasculaires cérébraux) semblent là encore la source essentielle des risques et, sont évoqués, à partir d’une étude du ROF (3), des pourcentages de survenues d’AVC de 1 pour 300 000 au classique 1 pour 1 Million. Sont citées dans ce travail des études au Danemark (1996), en Suisse (1985), de plusieurs groupes de médecins français (4), le Canada, Reuter (Allemagne), Le Dr Toffaloni (5).

Comme précédemment, certains auteurs (médecins) présupposent que les sinistres sont sous-évalués à 90%, ce qui nous donnerait ici en étant le plus pessimiste 1O pour 300 000 cas. L’auteur évoque après l’étude de tous ces articles de MÉDECINS un risque raisonnable entre 1 accident grave pour 50 000 et 1 pour 200 000 manipulations cervicales, avant d’affiner son calcul sur un risque de 1 pour 400 000, puis de rappeler que selon des études américaines, les chiropracteurs sont les plus impliqués dans ces accidents.

L’article met ensuite en balance les pathologies que l’ostéopathe peut « louper », par manque de sens diagnostic et celles que nous aidons à dépister et que nous renvoyons vers le Médecin. Dans ce domaine rappelons qu’une formation de qualité, de 4 500 heures est le meilleur garant d’innocuité, mais que le Ministère avait (en 2012) empêché l’établissement de ce format d’enseignement, pour des raisons non élucidées à ce jour, créant de son fait une situation préjudiciable pour les patients dont l’État a pourtant , comme le rappelle fort bien Monsieur le Député Bernard Debré la charge de « garantir la préservation de l’intégrité de la personne physique ». La situation est aujourd’hui normalisée avec une formation de 4500 heures.

=> Les risques seraient donc dans cette étude, très complète, basée sur celles de Médecins reconnus, de 1 cas grave pour 400 000 manipulations. [Voir précisions]

 III) Le même site compare ensuite les risques de l’ostéopathie et les risques des traitements anti-inflammatoires (6).

Cet article édifiant d’ostéopathie 64 passe en revue les effets secondaires des anti-inflammatoires récents, très utilisés (inhibiteurs COX non spécifiques). La chimie pharmaceutique n’étant pas notre tasse de thé, l’on retiendra tout de même comme effets redoutables : Diarrhées, ulcérations, saignements, asthme, vertiges, insomnies, insuffisance cardiaque, mais aussi insuffisance rénale et dommage hépatique ! Les inhibiteurs COX 2 (deuxième génération) ont moins d’incidence en ulcères gastriques, mais certains sont retirés du marché américain après avoir causé 30 000 décès d’origine cardiaque !

Le Professeur Flipo au CHU de Lille évoque 1000 à 1500 cas de décès par an dus aux anti-inflammatoires. 2500 en Angleterre pour une population sensiblement équivalente à la nôtre. Les Pr Philippe Vautravers, Dr Jehan Lecoq et Dr Marie-Eve Isner Horobeti (Service de Médecine physique et de réadaptation du CHU de Strasbourg) évoquent 3,2 accidents graves pour mille traitements aux Anti-inflammatoires, 1 pour mille selon la méta analyse de Gabriel S. E. et collaborateurs (7).

=> La conclusion est sans équivoque : Le traitement par anti inflammatoire est 170 à 660 fois plus dangereux que par ostéopathie.

 Conclusion sur la sinistralité liée au traitement des cervicalgies :

Si l’on ramène les chiffres de ces études à ceux du Professeur Debré concernant l’ostéopathie et ses craintes de sinistralité, on peut en conclure que si les consultations d’ostéopathie passent, comme il le prévoit, à 100 millions dans une projection à dix ans, le risque d’accidents graves serait alors de 100 à 500 patients. Mais si l’on supprimait l’ostéopathie pour re-soigner ces patients avec des anti-inflammatoires, cela donnerait entre 17 000 et 100 000 décès ! Où est l’intérêt ? Et surtout où est la faille, car avant l’avènement de l’ostéopathie, il n’y a jamais eu 100 000 décès par anti inflammatoire, fort heureusement ! La faille tient probablement au raisonnement du Professeur Debré, qui est un raccourci mathématique. En effet, si le nombre d’ostéopathes se mettait à grimper à 60 000, comme il le prévoit, le nombre de cas de cervicalgies et de lombalgies des Français n’a aucune raison concrète de grimper dans ces proportions, et, progressivement, ces 60 000 ostéopathes se retrouveront à soigner d’autres problèmes de santé ne nécessitant pas de manipulations cervicales ou lombaires. Il ne pourrait dès lors y avoir de progression de la sinistralité dans les proportions craintes par le Professeur Debré. Et ce d’autant plus que depuis l’interdiction de ces manipulations en juillet 2007 pour les ostéopathes, comme rappelé sur le site ostéopathie 64, cela a forcément fait baisser de façon drastique leur nombre en pratique, et ce pour deux raisons qui tiennent aux spécificités même de l’ostéopathie, que ne semble pas connaître le Professeur Debré, du moins si l’on en juge par l’énoncé de sa Proposition de Loi sur l’ostéopathie. Les ostéopathes sont en effet les seuls, parmi les praticiens qui manipulent, à posséder et à proposer des techniques alternatives qui ne comportent aucune Haute Vélocité, ni rotation ni latéroflexion des cervicales et donc sans risque aucun pour les structures artérielles incluses dans cette partie du corps. Et enfin, qui voudrait utiliser encore des techniques risquant de le conduire à un accident grave (pour le patient), interdites, et un procès perdu d’avance (pour le praticien ostéopathe) ?

=> Au final, la Loi est déjà passée par là pour contrer cette source de sinistres rares.

=> Baser une nécessité de légiférer sur ce facteur est donc superfétatoire. Il suffit d’appliquer avec rigueur les textes déjà présents par la voie règlementaire.

 Nous tournons donc à nouveau nos regards vers le Ministère de la Santé.

Concernant ce sujet de la sinistralité potentielle des ostéopathes, il reste bien sûr celui lié à la formation qui suit aujourd’hui les recommandations du rapport de l’IGAS qui a exploré les contours de nos études et en a défini avec précision le contenu utile, en qualité et en heures, proche des recommandations de l’OMS, à 4 500 heures de formation.

=> Nous tournons donc à nouveau avec insistance nos regards vers le Ministère de la Santé.

Je conclurai, pour rassurer les patients qui lisent le Site, en disant que les ostéopathes qui ont définitivement adopté les techniques fonctionnelles (sans force, sans rotation et sans crac) en lieu et place des manipulations cervicales offrent un service de soins à risque zéro à leurs patients, et tout aussi efficace…

Et enfin, il ressort des différentes études évoquées ici, toutes le fait de médecins réputés dans le domaine de la manipulation, que le traitement par ostéopathie, quand il évite ou raccourcit le traitement par anti-inflammatoire, fait passer le risque d’accidents graves de 1000 par million pour les anti-inflammatoires à 1 ou 2 par million pour l’ostéopathie, voire 0 sans les manipulations.

=> L’ostéopathie sauve donc des centaines de vies, tout en diminuant pour la collectivité le coût dû aux accidents induits par les anti-inflammatoires : hospitalisation, interventions…

C ’est donc lui faire un bien mauvais procès, et pour le moins peu conforme à la réalité, que de l’accuser de sinistralité.

Pierre RENAUDEAU


 Notes

(1) Fréquence des accidents après manipulations vertébrales en France et dans les autres pays

(2) Effets secondaires en ostéopathie

(3) www.osteopathie.org/media/render/index/id/50

(4) Adverse effects of spinal manipulation : a systematic review

(5) Dr Serge Toffaloni sur France inter en Septembre 2010

(6) Effets secondaires des anti-inflammatoires VS ostéopathie

(7) GABRIEL S.E., JAAKKIMAINEN L., BOMBARDIER C. Risk for serious gastro intestinal complications related to use of non sheroidal anti-inflammatory drugs : a meta-analysis. Ann. Intern. Med., 1991 ; 115 : 787-796

Précisions

M. Pierre de Lasteyrie, auteur de l’article Effets secondaires en ostéopathie, nous demande de préciser ceci :

« Sur mon site je dis qu’il serait sain d’évaluer les cas graves suite à des manipulations cervicales à 1/50 000 et 1/200 000. En aucun cas je conclue au 1 cas grave pour 400 000 manipulations.

"Un autre indice de la fréquence d’apparition d’ AVC suite à des manipulations pourrait se trouver dans une interview du Dr Serge Toffaloni sur France inter en Septembre 2010. À un moment un auditeur appelle, un médecin-urgentiste qui relate que la fréquence des cas de AVC post manipulatoire est très importante et qu’il en voit plusieurs par an, le Dr Toffaloni lui répond que non qu’il est de l’ordre de 400 000 à 1 000 000. Et si cet urgentiste avait bien raison ?
Ce qu’il faut bien comprendre c’est qu’il serait illusoire de croire encore que le risque d’AVC tourne autour 1/1000 000 manipulations, et qu’il serait raisonnable de penser qu’il avoisinerait entre 1/50 000 et 1/200 000 cas par manipulations. Cela dépendrait du type de technique utilisée et de l’étage travaillé." »

Le Site de l’Ostéopathie remercie Pierre Renaudeau de l’avoir autorisé à publier cet article, publié sur le SDO le 14-01-2012



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