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De la reconnaissance des rebouteux

Notes de lecture
 
Créé le : samedi 14 décembre 2019 par Jean Louis Boutin

Dernière modificaton le : samedi 14 décembre 2019

 À propos du livre du Dr Salmochi

Jean-François Salmochi - Ostéopathie, thérapie ou imposture ? Les vraies solutions pour votre dos, éditions Léandre 2013,

192 pages - Format : 21 x 15 cm - ISBN : 978-2876294301 - 19,80 €

Le Dr Jean-François Salmochi est docteur en médecine, spécialiste de médecine physique et réadaptation, directeur de l’enseignement universitaire de Médecine Manuelle Ostéopathie (MMO) au centre hospitalier Lyon-Sud.

« — Tu sais bien qu’on ne peut pas savoir avec certitude ce qui va advenir d’une personne donnée. On établit le risque pour une population qu’on a étudiée et on arrive à connaître une probabilité pour que l’évolution d’un mal se fasse dans tel sens ou son contraire. Tout notre savoir moderne est fait d’une incertitude contrôlée.
--- C’est bien ce que je pensais, dit Youssef. Tu as perdu la magie des artistes… C’est tellement dommage, petit docteur, c’est tellement dommage pour tes malades ».

Présentation

Le Dr Salmochi vient de publier un livre virulent contre l’ostéopathie et les ostéopathes dont le titre ne fait aucun doute sur ce qu’il pense de l’ostéopathie : Ostéopathie, thérapie ou imposture ? Les vraies solutions pour votre dos, et dont le descriptif de l’éditeur enfonce le clou : Ostéopathie, la grande manipulation.

L’hebdomadaire Le Point en a fait un compte rendu qui donne le ton :Un spécialiste de médecine physique et de rééducation publie un livre à charge contre les écoles privées produisant des ostéopathes à la pelle. Plus surprenant, le titre de l’article enfonce le clou : Les ostéopathes, rebouteux des temps modernes. => Voir l’article du Point

Ce livre a largement été commenté sur les forums et les pages ostéopathiques de Facebook. Nous avons lu ce livre et nous avons été surpris de cette violente attaque contre l’ostéopathie, véritable plaidoyer à charge d’un procureur, parfois justifiée il est vrai, mais parfois tellement outrecuidante et fausse qu’elle nous a encore plus étonné de la part d’un médecin dont le deuxième partie qui concerne le mal de dos est passionnante, bourrée de références scientifiques, et dont certaines parties sont originales, mais dont il existe parfois des manques et des imprécisions.

 Contenu du livre

Après un prologue où il s’attend à en prendre « plein la gueule » le Dr Salmochi fait part de son exaspération, rappelle que les manipulations ont été et seraient toujours un « exercice illégal de la médecine » ; manifeste son étonnement qu’un confrère « ignorant tout de l’appareil locomoteur  » officialise « la reconnaissance des rebouteux » ; justifie son droit de parler de l’ostéopathie et fonde son analyse sur le fait que « l’ostéopathie est à la médecine ce que l’astrologie est à l’astronomie ».
Le cadre est ainsi mis en place : ce livre comporte deux parties fort différentes l’une de l’autre, l’une sur les manipulateurs, l’autre sur le mal de dos.

1ère partie : Les manipulateurs

C’est une attaque en règle contre l’ostéopathie et les ostéopathes, qualifiés de manipulateurs. Sont abordés successivement les thèmes suivants : les bases de l’affabulation ; les ostéopathes appelés « les ni-ni » : ni médecins, ni kinés ; le partage du gâteau entre les médecins de MMO et les kinés-ostéos ; le crânien, le viscéral, le somato-émotionnel, le quantique ; le bon filon de l’ostéopathie qui s’adresse aux nourrissons et aux mamans ; et le « non-sens ostéopathique » qui comporte un certain nombre d’exemples d’erreurs liées à l’insuffisance de formation médicale et à la perte de chance par retard d’accès aux solutions adaptées.

2ème partie : Comprendre et gérer le mal de dos

Neuf chapitres qui permettent à l’auteur de donner des informations scientifiques et pertinentes sur cette pathologie avec de très nombreuses références sur les études les plus récentes.
Les deux premiers chapitres concernent l’étude de la lombalgie dite « commune » ou « non spécifique » : c’est le disque vertébral qui est abordé avant de s’intéresser à l’équilibre sagittal, c’est-à-dire la lordose, ses critères de normalité, d’équilibre de la station érigée, les types de dos, etc. Très complet, comportant de très nombreux schémas clairs et explicatifs, ce sont deux chapitres qui donnent les bases essentielles sur la colonne lombaire et que chacun devrait lire.
Le chapitre trois est consacré au corset controversé car le peu d’études de valeur scientifique suffisante ne permet pas d’inscrire cette orthèse comme traitement de première intention. L’auteur propose une orthèse thoraco-lombaire dont le but est triple : soulager la douleur le plus rapidement possible, ce qui est démontré ; soulager et cicatriser le système passif (disque, ligaments, capsule articulaire, etc.) et réentraîner et suppléer le système actif. Ce qui est proposé ici c’est une orthèse active par ajustement postural d’un « support lordosant inclus dans la coque postérieure relié par des sangles au mât abdomino-pectoral formant un système à 3 points ».
Le chapitre quatre envisage les manipulations vertébrales et leurs actions supposées sous la forme d’un schéma à quatre composantes : lésion – douleur – dysfonction – mobilité (spasme) dont l’interaction donne 6 axes et 4 démarches différentes voire opposées : celle des médecins (lésion douleur), celle des ostéopathes (dysfonction – mobilité), celle de la médecine manuelle de R. Maigne (dysfonction – douleur) et enfin celle de l’auteur (lésion – mobilité) qu’il appelle «  tenségritaire » ou « intégrité tensionnelle ».
Le chapitre cinq aborde l’explication de cet axe tenségritaire, si important aux yeux de l’auteur qui se veut être l’inventeur de l’application de ce concept à la colonne vertébrale (voir l’onglet Tenségrité).
Les autres chapitres abordent successivement les infiltrations, la kinésithérapie, la chirurgie et l’attitude à adopter face à la lombalgie. Comme pour le reste du livre, ces sujets bénéficient de nombreux schémas (infiltrations) et des exercices fort bien décrits (rééducation).
Reste la conclusion, nouvelle attaque en règle contre l’ostéopathie et le dénigrement tout proche de la diffamation quand le Dr Salmochi se dit « consterné d’apprendre qu’un Premier Ministre a osé décorer son ostéopathe de l’Ordre National du Mérite pour le remercier des soins prodigués sur sa sciatique… ».

 Analyse Partie 1

«  À partir du moment où les gens souffrent, s’il existe une pratique susceptible de les soulager, même si elle n’est pas universitaire, on n’a pas le droit de les en priver ».
Jean-Noël Fabiani sur le site de l’INREES (consulté le 6/06/2013).

Résumons les arguments

Créée par un inventeur unique sur des postulats non vérifiables scientifiquement, l’ostéopathie – néologisme sans signification – est au mieux une pseudoscience, au pire un système sectaire et une organisation mensongère. La preuve ? Le site du Registre des Ostéopathes de France (ROF) qui donne sa définition et ses concepts : Unité du corps ; La structure gouverne la fonction ; Le corps possède ses propres mécanismes de régulation ; la dysfonction somatique. « On voit là tout le simplisme d’un raisonnement basé sur la seule perte de mobilité et le postulat sans fondement d’une influence de cette restriction sur la santé en général » (p.14).

La profession d’ostéopathe se justifie-t-elle par son service rendu ? Évidemment non puisque cette profession n’est pas une profession de santé ni médicale, qu’elle ne traite que les « manifestations liées à des troubles fonctionnels » (ROF) et qu’elle « intervient pour tout le monde, tout le temps et pour tout » (p.23).

Est alors envisagée l’absurdité d’une situation où « le manque d’esprit critique de certains médecins a, en quelque sorte, légitimé un système sectaire de vérité révélée, aux antipodes de toute démarche scientifique » (p.26).

L’auteur parle ensuite de ses confrères de médecine manuelle ostéopathie et n’est pas tendre avec eux, considérant que ces derniers ont « le désir de se réapproprier un pouvoir médical depuis longtemps perdu » (p.27) et que « l’autre avantage perçu d’un exercice de type ostéopathique est de sortir du rôle passif de prescripteur, pour un rôle plus actif d’effecteur : on se réapproprie en quelque sorte un pouvoir personnel qui s’apparente plus au don qu’au savoir, on veut faire qu’une intervention ponctuelle unique lors de la consultation répare le corps malade, dans une démarche toute chamanique » (p.28).

Et ces critiques sont aussi pour les kinés-ostéos « dont le désir d’autonomie le[s] fait basculer dans l’imposition magique des mains » (p.32).

Sont alors passés en revue le crânien, le viscéral, le somato-émotionnel, le quantique : « la thérapie suggestive est à l’évidence […] le moteur de cette recherche, sous un vernis anatomique pseudo-chirurgical, et poser une main douce et chaude sur un abdomen n’est certainement pas moins apaisant que sur la peau du crâne » (p.39).

Le « filon » des nourrissons et des mamans est considéré comme « une activité commerciale rentable […], un marché exceptionnel  » (p.43) puisque les indications de l’ostéopathie pour les nourrissons ne sont que « des patraqueries à évolution spontanément résolutive » (p.45).

Enfin dernière accusation, les retards de diagnostic par intervention ostéopathique seraient « légion » (p.46) et l’exemple est extrait du site de l’Association de défense des victimes de l’ostéopathie (A.D.V.O.). Seulement les exemples donnés datent au mieux du 12 février 2008 (date de dernière mise à jour du site) !

Le dernier chapitre a pour but de démontrer que l’ostéopathie « peut faire beaucoup plus souvent du mal » par « insuffisance de formation médicale » et par « pertes de chance par retard d’accès aux solutions adaptées » (p.49). Suit la description d’une dizaine d’erreurs ce qui fait dire à l’auteur que les « sous-déclarations de sinistres ostéopathiques favorisent le laisser-faire et retardent une prise de conscience » (p.53).

 Commentaire Partie 2

Cette deuxième partie comporte malheureusement elle aussi des attaques contre l’ostéopathie et les ostéopathes qui sont souvent mal venues car hors de propos, telle cette affirmation « redondante » des patients, qui seraient victimes de l’ostéopathie (p.113) : « on m’a remis deux vertèbres en place ! » ou « j’avais le bassin déplacé » oubliant que ces expressions qui sont du langage populaire, viennent de la nuit des temps et ne font pas forcément partie du langage spécifique de l’ostéopathe. Mais qui veut tuer son chien, dit qu’il a la rage !

De même affirmer que « l’approche ostéopathique du mal de dos sera, si elle parvient à s’imposer, le facteur principal de pérennisation de la lombalgie » (p.60), c’est sûrement faire bien trop honneur aux ostéopathes !

Enfin, nous ne sommes pas d’accord avec son interprétation de l’inversion faite par l’ostéopathie du « cheminement logique qui veut qu’en médecine la description d’une maladie précède l’élaboration d’un traitement » (p.114).

Car la découverte de l’ostéopathie n’a pas été faite à partir d’un traitement empirique qui a « poussé secondairement la recherche d’une pathologie mécanique en cause » justifiant ainsi le geste manipulatif. Cela est peut-être vrai de la médecine manuelle dite actuellement ostéopathique (la MMO), qui n’est qu’un dérivé de l’ostéopathie, comme l’a reconnu bien longtemps après Robert Maigne formé en Angleterre dans les écoles d’ostéopathie et qui a cherché à appliquer les concepts ostéopathiques à la médecine vertébrale. Sachant qu’ils ne pouvaient l’être en l’état, il a inventé le dérangement intervertébral mineur (le fameux DIM) pour rendre ce concept acceptable aux regards de la Faculté.

Malgré ces aspects négatifs, c’est une partie que je recommande et qui apporte un éclairage particulièrement intéressant.

 La Tenségrité : Précisions

Le chapitre cinq sur les manipulations vertébrales et dont le sous titre « tirer sur des élastiques » peut paraître innovant pour certains puisqu’il aborde le concept de tenségrité au niveau du rachis considéré comme une structure de tenségrité, avec son rôle important de serrage articulaire reflexe (Voir l’onglet SAR) considéré comme le nœud du problème.
L’auteur revendique le fait d’être l’inventeur de ce rapprochement entre rachis et tenségrité dans une note (note 176, p.149) car il considère que parler dans un congrès d’ostéopathie (Symposium ATMAN 2008) de tenségrité est un plagiat de son article princeps (Voir l’onglet Note 176).

Cela signifierait-il que le Dr Salmochi serait le premier et le seul à avoir parlé de la tenségrité appliquée au corps humain et à la colonne vertébrale ?

Nous touchons en ce domaine à un élément fondamental que la plupart des médecins qui parlent de MMO appliquent de manière systématique : tous les travaux que font les ostéopathes et qu’ils publient dans des revues sont oubliées et ignorées volontairement. Il en va ainsi de la tenségrité.

Le Dr Salmochi n’est pas l’inventeur de ce concept appliqué au corps humain et l’ensemble de ses articles publiés dans des revues sont tous secondaires aux travaux d’ostéopathes qui lui sont antérieurs. Qu’on en juge sur les dates de publication :

Travaux du Dr Salmochi sur la tenségrité

2005, Article princeps : Salmochi JF. « Une nouvelle approche des manipulations vertébrales par la tenségrité ». Res europ Rachis volume 13 novembre 2005 n°41 p.1725-26. Cet article est disponible en téléchargement (format pdf) www.demauroy.net/files_pdf/rer41/rer41-41.pdf (consulté le 6/06/2013).

2006 : Salmochi JF, Maigné S. « La “Tenségrité” : Une nouvelle compréhension du mode d’action des manipulations merté ». 10e journée de Pathologie Vertébrale. Résonances Européennes du Rachis - Volume 14 N° 43 – 2006, page p. 1008. Cet article est disponible en téléchargement (format pdf) www.demauroy.net/files_pdf/rer43/rer43_1808.pdf et/ou http://fr.scribd.com/doc/29350898/La-Tensegrite-Une-Nouvelle-Comprehension-Du-Mode-D-action-Des-Manipulations-Vertebrales-By-Salmochi (consulté le 6/06/2013).

2010 : Salmochi JF. « Concept de tenségrité appliqué aux manipulations vertébrales et lombo- ». Revue de Médecine manuelle ostéopathie n° 33 décembre 2010, p.11-16.

Notons au passage que ces articles, comme le livre, sont remplis de références, mais aucun ne cite - une seule fois - une étude sur la tenségrité publiée par les ostéopathes !

 Travaux d’ostéopathes sur la tenségrité : chronologie

1994. Cummings C.H. A Tensegrity model for osteopathy in the cranial field. The AAO Journal 4, 9-27 (1994).

2000. Lee R.Paul, DO, FAAO, FCA Tensegrity. The Cranial Letter 53, 10-13 (2000).

2001. Lee R.P. The primary respiratory mechanism beyond the craniospinal axis. The AAO Journal 11, 24-34 (2001).

2001. Cummings Charles H. Letter to the editor. The AAO Journal 11, p. 8 (2001).

2003. Gilles D. L’homme en tant que système réticulé fluide organisé en structure de tenségrité, Mémoire de fin d’études d’ostéopathie. Dir. F. Laurent. Soutenu le 01-02-2003.
Ce mémoire propose une vision de l’homme fluidique, croisant des données sur la structure de l’eau et la tenségrité.

2003 : Mégret JF. La tenségrité, vers une biomécanique ostéopathique. Mémoire de fin d’études pour l’obtention du diplôme d’ostéopathie présenté et soutenu publiquement devant un jury international le 14 juin 2003 à Montpellier. Maître de mé : Marc Bianchini, Ostéopathe DO.

2006. Tensegrity, in Osteopathy, 2006, Pages 71-81.

2006. Mégret J.-F. « La tenségrité, modèle biomécanique pour l’ostéopathie ». Apostill n°14, 4-16 (2004). Article repris dans les Cahiers du C.E.O.P.S. n°4 Avril 2006 - Actes du Symposium – p. 23-27. Cet article est disponible en téléchargement (format pdf) http://ceops.net/download.php/Ffichier%3DCEOPS2006JM.pdf (consulté le 7/06/2013).

2007. Mégret J.-F. « La Tenségrité, itinéraire didactique vers l’ostéopathie ». L’Ostéo4pattes, n°5, juin 2007. Accessible sur ce site : www.osteo4pattes.net/spip.php ?article220 (consulté le 7/06/2013).

2007. Mégret J.-F. « Fascia et Ostéopathie. Nouveau départ pour un vieux couple ». Ostéo4pattes n°7, décembre 2007, www.osteo4pattes.net/spip.php ?article259 (consulté le 7/06/2013).

2008. Pflüger Carsten, The Meaning of Tensegrity Principles for Osteopathic Medicine. Thèse de Master of Science in Osteopathy, the Donau University Krems and the Vienna School of Osteopathy. October 2008, disponible sur le site www.osteopathic-research.com/paper_pdf/Pflueger.pdf (format pdf), (consulté le 7/06/2013).

2008. Christopher S. Chen, Donald E. Ingber, Tensegrity und Mechanoregulation : Vom Skelett zum Zytoskelett, in Osteopathische Medizin, Zeitschrift für ganzheitliche Heilverfahren, Volume 9, Issue 4, November 2008, Pages 4-5, 6-7, 8-11, 12-17

On trouvera sur le site Tensegrity, l’ensemble des articles concernant ce concept à partir de 1920 : http://tensegrity.wikispaces.com/Chronology+of+Tensegrity (consulté le 7/06/2013).

Comme le remarque fort justement J.-F. Mégret (communication personnelle),

« On peut donc affirmer que dès 1994, un ostéopathe entrevoyait l’intérêt du concept de tenségrité pour la pratique de l’ostéopathie. En France, c’est en 2003 que les deux premiers mémoires sur le sujet sont publiés, puis suit l’article d’ApoStill prolongé par celui publié dans Annales des conférences du CEOPS (Toulouse) dans Ostéo4pattes et Mains Libres ».

Il est tout à fait surprenant que le Dr Salmochi ne soit pas au courant de ces travaux et ce qu’il l’est encore plus qu’aucune référence ni allusion n’en soient faites dans ses articles ou dans son livre.


Le mémoire de Jean-François Mégret

2003 : Mégret JF. La tenségrité, vers une biomécanique ostéopathique. Mémoire de fin d’études pour l’obtention du diplôme d’ostéopathie présenté et soutenu publiquement devant un jury international le 14 juin 2003 à Montpellier. Maître de mé : Marc Bianchini, Ostéopathe DO.

Deux spécialistes incontestés étaient présents à cette soutenance. Il s’agit de

- M. Vinicius Raducanu, Docteur de l’université, chercheur au Laboratoire de Mécanique et Génie Civil (U.M.R. 5508), enseignant à l’École d’Architecture du Languedoc-Roussillon, Montpellier II. La thèse de M. Raducanu Architecture et système constructif : cas des systèmes de Tenségrité (28 septembre 2001) Montpellier, est accessible sur le site (format pdf) www.raducanu.fr/data/research/theseV_RaducanuLD.pdf (consulté le 7/06/2013).

et de

- Ali El Smaili, architecte, doctorant, diplôme d’études approfondies de l’Université Montpellier II sous la direction de René Motro, directeur de l’Institut International des Structures Spatiales (IISS). Ali El Smaili a soutenu sa thèse de doctorat en Mécanique. Génie mécanique, Génie civile en 2004 à Montpellier 2 sous la direction de René Motro : Systèmes légers pliable/dépliables : Cas des systèmes de tenségrité, thèse accessible sur le site http://www.lmgc.univ-montp2.fr/CS/Docus/These_AES.pdf (consulté le 7/06/2013). On peut télécharger un article de R. Motro sur les travaux de Ali El Smaili : www.montpellier.archi.fr/datas/files/J28%20art%20AESmaili%20IISS%20S.pdf (consulté le 7/06/2013).

Le mémoire de JF Mégret est téléchargeable (payant) sur le site de l’Ostéo4pattes : www.biblioboutik-osteo4pattes.eu/spip.php ?article39 (consulté le 6/06/2013).

En voici le résumé

La tenségrité, principe structural novateur, a fait l’objet d’applications dans les domaines de la biomécanique et de la thérapeutique. Il importait de présenter ces résultats et de prolonger la réflexion dans une optique ostéopathique. Présence d’éléments disjoints en compression au sein d’une tension continue, auto équilibre stable et indépendance vis-à-vis de la gravité caractérisent les systèmes de tenségrité. Les notions d’autocontrainte et de comportement non-linéaire sont essentielles. A l’échelle microscopique, le rapport entre la structure (matrice extracellulaire, intégrines et cytosquelette) et la fonction (métabolisme, morphogenèse) repose sur la tenségrité. L’équilibre des forces contrôle et régule la vie cellulaire. Le rôle de la matrice extracellulaire (fascias) est central dans les processus physiologiques et pathologiques. A l’échelle macroscopique, plusieurs structures anatomiques (sacrum, épaule, rachis et système crâniosacré) forment des systèmes de tenségrité. La notion de hiérarchie des systèmes est soulignée, les fascias constituant un méta-niveau intégrateur.

L’hypothèse d’un fonctionnement du corps entier selon la tenségrité est abordée. Le rôle de la gravité comme facteur de stabilité et agent étiologique est examiné. Le modèle de tenségrité permet de préciser la notion de mouvement mineur, le principe des tests ostéopathiques et le mode d’action de plusieurs techniques correctrices. La pathologie est définie en termes d’états d’autocontrainte. Le tissu matriciel, ou fascia, apparaît de nouveau central en permettant à l’ostéopathe d’accéder au niveau cellulaire, cible ultime de son action. Les propriétés vibratoires des systèmes éclairent le concept de mouvement respiratoire primaire. La tenségrité ouvre la voie pour une vision biomécanique unitaire, étape essentielle pour la validation des concepts ostéopathiques. La mise en place de protocoles expérimentaux permettrait de prolonger notre réflexion.
Mots-clés : tenségrité, ostéopathie, biomécanique, biomécanique cellulaire, fascias, posturologie test ostéopathique, mouvement respiratoire primaire.

 Notre avis

Il est nécessaire dès l’abord de bien marquer la différence entre les deux parties.

Autant la première semble exagérée, outrecuidante, la deuxième, fort bien documentée, appuyée sur les dernières études scientifiques, est absolument passionnante et fort bien écrite. Bien sûr, pour tous ceux qui connaissent les problèmes du bas du dos et sont au fait des données actualisées de la science, il n’y a rien de nouveau sous le soleil, en dehors de l’abord tenségritaire, bien que cet aspect ait déjà été publié dans d’autres revues. Le texte est agrémenté de schémas, de nombreuses références aux études scientifiques les plus récentes, tout cela rend la lecture agréable, apporte un véritable plus et mériterait une publication séparée de son plaidoyer contre l’ostéopathie.

Il reste une question : puisque l’ostéopathie est si mal perçue par le Dr Salmochi, ne sommes-nous pas responsables de cette perception dans la façon dont nous parlons de notre métier, dont nous le présentons, dont nous expliquons notre philosophie et nos principes ?

Je trouve que le livre du Dr Salmochi, aussi désagréable qu’il puisse sembler, fait œuvre salutaire dans ses propres exagérations : aux ostéopathes maintenant et particulièrement aux ASP - et au ROF notamment - de donner une image plus conforme à la réalité ostéopathique qu’elle ne l’est actuellement, à se remettre en cause, à préciser leur pensée, et à cesser de communiquer que dans un but politique et de reconnaissance par les pouvoirs publics.

À continuer dans ce sens, les propos du Dr Salmochi ne pourront que devenir une réalité tangible !

Pour tous ceux qui veulent répondre à ce long article, le forum est ouvert à tous

Jean-Louis Boutin
Ostéopathe

 Le serrage articulaire réflexe(SAR)

L’encyclopédie Wikipédia donne cette définition du serrage articulaire réflexe (SAR) :

« Le concept de serrage articulaire réflexe (SAR) résulte d’une hypothèse sur l’origine des douleurs vertébrales communes d’origine mécanique, ainsi que sur le mode d’action de leur traitement par manipulation vertébrale ; il s’agit « d’une contracture maintenue des muscles segmentaires profonds du rachis (notamment transversaire épineux, comprenant multifidus, rotateur et semi-spinal), en réaction à une lésion de l’unité fonctionnelle vertébrale » ; dans cette optique, la manipulation vertébrale apparaît ainsi plus comme un étirement sec des faisceaux neuromusculaires, provoquant un réflexe d’inhibition, que comme la correction spatiale d’un déplacement hypothétique (notion qui, elle, est retrouvée chez les ostéopathes dans la « lésion ostéopathique » ou chez les chiropracteurs dans « l’ajustement » ). Le geste manipulatif peut pour certains s’apparenter à une régulation tensionnelle globale d’un appareil musculo-squelettique considéré par analogie comme un système à intégrité tensionnelle (Tenségrité) ».

http://fr.wikipedia.org/wiki/Serrage_articulaire_r%C3%A9flexe (consulté le 7/06/2013)

 Note 176, page 149

 « Bien que les ostéopathes s’intéressent de plus en plus à la Tenségrité ; nous sommes même tombés sur un magnifique plagiat de notre article princeps de 2005 dans le programme du symposium d’ostéopathie ATMAN de 2008 à Nice ».

Voici ce que proposait le programme d’ATMAN pour son 1er symposium international d’ostéopathie les 25 et 26 septembre 2008 :

Workshop - La Tenségrité ostéopathique, Marc BOZZETTO, DO (Fr)

Présentation
« Le concept de « tenségrité » après avoir révolutionné les conceptions architecturales et sculpturales, changea l’approche de l’être humain, de la cellule (Inghber – Havard University) à sa biomécanique (Stephen Levine), pour gagner alors ses différentes modalités d’applications thérapeutiques physiques : Rolfing (Myers), Chiropractiques (Roth) et Osteopathiques (A.Gehin), voire énergétiques (C. Casteneda).

« L’approche de chacun d’eux fût variée, mais contribua à élaborer peu à peu la technique et préciser le rôle de chaque élément anatomique. Aujourd’hui, la notion de tenségrité éclaire d’un jour nouveau la biomécanique et la physiopathologie du rachis ; on a vu récemment comment les traitements manuels pouvaient en être influencés ; il en sera de même à l’avenir pour les traitements orthopédiques et chirurgicaux. La notion architecturale de "tenségrité" rapportée au rachis replace celui-ci dans sa dimension longitudinale et souligne le rôle des muscles spinaux dans l’équilibre des forces de tension et de compression assurant la stabilité du système ; la responsabilité des muscles courts dans le maintien d’une dysfonction bénigne réversible est soulignée ; les tests d’attraction décrits ainsi que la catégorisation des manipulations vertébrales en manœuvres axiales ou segmentaires permettent une nouvelle approche en médecine manuelle. Au cours de cette session, l’accent sera mis sur cette nouvelle compréhension de la réaction des tissus conjonctifs à une demande de correction sur des zones articulaires très précises ».

 Droit de réponse

Nous avons reçu du Dr Salmochi les remarques suivantes que nous publions comme droit de réponse avec son accord – JLB.

Je ne pense pas avoir fait des « attaques violentes outrecuidantes et fausses » : ce que je dis est référencé, je n’invente pas les prétentions thérapeutiques visibles sur les sites, et mon style « vif » est à la hauteur des faits et écrits insupportables trop souvent constatés ; vous savez très bien par exemple qu’il y a danger mortel à tolérer l’ostéopathie « d’urgence », je m’étonne d’être le premier à le dénoncer.

Je ne prétends pas être le premier à relier intégrité de tension et appareil locomoteur, mais avoir introduit le concept dans la MÉDECINE MANUELLE (et non l’ostéopathie…) et en avoir tiré des conclusions pratiques pour le diagnostic et le traitement manuel, oui. Votre résumé de la Thèse de Mégret me conforte dans cette non filiation : « accéder au niveau cellulaire (?)…propriétés vibratoires (?) éclairent le concept de mouvement primaire… » non décidément je n’aurai rien tiré de cette phraséologie ostéopathique habituelle…

Le programme Atman 2008 expose la tenségrité avec un copier-coller de mon article de 2005, Mr Bozzetto n’a pas changé un mot, et bien sur ne cite pas ses sources…ce qui est différent de moi, vous me reprochez de n’avoir fait aucune référence ni allusion à des articles ostéopathiques sur la Tenségrité, alors que je ne m’en suis jamais inspiré.

Je ne diffame personne, les faits que je rapporte sont de notoriété publique sur le web, vous conviendrez qu’il est extraordinaire d’utiliser un poste politique pour décider de donner une récompense de la république concernant une affaire personnelle [1].

Ce débat est passionnant dans la mesure où il reste entre gens « intelligents », ce qui malheureusement est loin d’être le cas quand je vois certains commentaires haineux anti-médecins (on aime le « fric », on est en collusion avec les labo pharmaceutiques, etc…).

Dr J.-F. Salmochi

1. Note de JLB : Voir sur le site de la Chambre la remise de décoration. Voir également sur le blog de Pascal Javerliat L’invité, Philippe Bolet, qui parle de cette remise de décoration en ces termes :

« Nous, qui étions fiers et honorés d’être présents à Matignon pour la remise de cette médaille à notre éminent confrère et ami, ne pouvons pas accepter l’utilisation négative de cette cérémonie, hautement symbolique qui faisait rentrer, pour la première fois et par la grande porte l’ostéopathie française à Matignon. Cette médaille a été remise, comme l’a exposé M. François Fillon, a « l’homme que l’on va voir quand on a tout essayé », lui qui avait été recommandé au départ pour sa seule et unique compétence, par Mme Elisabeth Guigou, M. Bernard Kouchner. L’aboutissement de la Loi Kouchner est cependant revendiqué par certaines associations….Le premier ministre a bien spécifié « qu’il ne croyait pas à l’ostéopathie avant d’avoir été traité par ce confrère » et dorénavant il l’appelle « l’homme qui redresse la république ». Seule la compétence et la confiance qui en découle entre un patient et son ostéopathe ont permis cette reconnaissance dans un sanctuaire de la république.
« C’est le combat de toute une vie pour un homme qui a donné une part importante de celle ci à notre métier, sa nomination a l’ordre national du mérite ne doit rien au hasard c’est le résultat d’années de travail après une formation de qualité , c’est le résultat d’un partage de savoir avec d’autres spécialités médicales , c’est le résultat de sa connaissance des possibilités énormes de notre métier mais aussi de ces limites ; c’est le résultat de sa passion pour l’humain et de sa quête à trouver des solutions pour mieux venir en aide à ses patients….
« Alors, messieurs les donneurs de leçons ne faites pas de faux procès, soyez dignes de notre métier et de notre confrère, soyez aussi compétents que notre confrère décoré l’est dans son domaine, soyons fiers de lui ».

Ce compte-rendu du livre du Dr Salmochi a paru en exclusivité sur le Site de l’Ostéopathie le 10-06-2013



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