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Perception de la mobilité et de la motilité des tissus en ostéopathie (IV)

4e partie
 
Créé le : lundi 12 août 2019 par Alain Abeshsera

Dernière modificaton le : lundi 22 juin 2020

Alain Abehsera D.O. - IV Perception de la mobilité et de la motilité des tissus en ostéopathie - Physiologie des mouvements tissulaires dits ‘spontanés’ ou ‘involontaires’- 1ère partie

Alain Abehsera D.O.

Un grand nombre d’ostéopathes pratiquent une forme de traitement qui consiste à poser la main sur leurs patients, sans la bouger. Ils affirment écouter. Quand on leur demande ce qu’ils ‘écoutent’, ils décriront, dans leur jargon, plusieurs types de perceptions : des mouvements de va-et-vient, des mouvements asymétriques, des torsions, une motilité spontanée ou induite par la pensée de l’opérateur etc. Plus curieux encore, non seulement, ils prétendent écouter mais en même temps, soigner. Sans pour autant bouger les mains de manière différente…

Dans nos trois précédents articles concernant ce sujet sur le Site, nous avons évoqué les racines historiques de ces ’perceptions’ et ’affirmations’. Nous avons également proposé une analyse des mécanismes de perception du point de vue de l’ostéopathe : la fusion entre le toucher et le regard, donnant ce que nous appelons la ‘visualisation’.
Dans les deux articles qui suivent, nous nous pencherons sur la question des mécanismes
du point de vue du patient : quelle physiologie peut expliquer ces mouvements spontanés ? Une question difficile alors que l’existence objective de ces mouvements est loin de faire l’unanimité dans le milieu ostéopathique, et, a fortiori, en dehors.

En outre, en supposant qu’on les aura identifiés, que peut-on comprendre de leur valeur diagnostique et thérapeutique ? La question importe car l’efficacité de nos techniques, l’étendue des pathologies qu’on peut espérer traiter avec l’ostéopathie, dépendent beaucoup du modèle qui nous inspire.
L’auteur, praticien régulier de ces techniques, se penche ici sur diverses possibilités de répondre. Il ne s’agit, bien entendu, que de réponses partielles à l’immense question de ce qu’est le vivant. Des réponses qui essayent de ‘coller à la pratique’ …

Cet article fait suite aux trois précédents publiés sur le Site sur la Perception de la Mobilité et la Motilité en Ostéopathie.

Alain A Abehsera DO - Perception de la mobilité et de la motilité des tissus en ostéopathie (3) https://www.revue.sdo.osteo4pattes.eu/spip.php?article2242

Alain A Abehsera DO - Perception de la mobilité et de la motilité des tissus en ostéopathie (2) https://www.revue.sdo.osteo4pattes.eu/spip.php?article2241

Alain A. Abehsera D.O. - Perception de la mobilité et la motilité des tissus en ostéopathie - (1) : Et moi, et moi et moi ! https://www.revue.sdo.osteo4pattes.eu/spip.php?article2207

Écouter, c’est soigner

L’ostéopathie cranio-sacrée n’est pas qu’un savoir-faire. Elle possède ses propres explications physiologiques et sa biomécanique. Aux débuts, dans les années 70 où l’on commençait à entendre parler de ces pratiques en Europe, tout ce domaine s’appelait : ‘ faire du crânien’. Plus récemment, probablement pour éviter de rapporter ces mouvements dits ‘involontaires’ uniquement au crâne et au sacrum, on a diversifié les noms avec : approche myofasciale ou tissulaire, écoute, fascia, biodynamique etc… Ce sont des dénominations qui montrent qu’on touche à l’ensemble des tissus du corps mais à un, tout particulièrement, le fascia, du fait de son ubiquité.

Un des traits communs à toutes ces approches est que le diagnostic et le traitement tendent vers la fusion, deviennent Un. En effet, selon leurs praticiens, bien percevoir les mouvements profonds des tissus, sans interférer, c’est déjà traiter la personne.

Ecouter, c’est soigner, un peu comme dans la psychanalyse, où, là aussi, on écoute, sans interférer avec le discours du patient, et ce faisant, on soigne.

La fusion entre le diagnostic et le traitement distingue ces formes d’ostéopathie des méthodes dites structurelles où les deux temps sont distincts : on y fait des tests de mobilité, puis, à l’issue d’une lecture soigneuse – la phase diagnostique – on pratique la manipulation, qui représente le temps thérapeutique. De plus, pendant la phase diagnostique comme thérapeutique, le patient et l’opérateur bougent. Tout à fait à l’inverse, en ostéopathie dite d’écoute, chaque instant de la perception des mouvements tissulaires agit comme un traitement, et, le plus souvent, ni le praticien ni le patient ne bougent. L’opérateur prétend percevoir des mouvements, mais un observateur extérieur ne verrait rien qui se déplace : ni la main, ni les tissus. Tout est dans le ressenti, dans le secret de chacune des deux parties impliquées, le praticien et son patient.

Nous nous proposons, dans cet article, de considérer les mécanismes physiologiques en jeu dans ces mouvements. Ces explications m’ont servi de modèle dans la pratique, et continuent de bien servir. Je les ai trouvés utiles car ils permettent de faire la jonction entre ce que nous avons appris dans les livres et ce que ressentent nos mains ou nos patients.

Nous passerons d’abord à travers le prisme de l’histoire propre à l’ostéopathie, car les sources historiques ont joué, et continuent de jouer, un rôle fondamental dans notre art. Puis nous aborderons les mécanismes physiologiques qui peuvent expliquer : 1) l’existence de ces mouvements, 2) leurs caractéristiques dans l’espace et le temps et, finalement, 3) leur valeur diagnostique et thérapeutique

L’histoire ostéopathique des mouvements spontanés des tissus

On peut distinguer deux courants principaux dans le passé des explications données pour l’ostéopathie d’écoute tissulaire. Ils continuent à être enseignés dans nos écoles, non sans raison, et il importe de les citer.

Le premier courant, que nous nommerons mécaniste, correspond aux écrits et recherches de WG Sutherland dans la première partie de sa vie professionnelle. Il a été diffusé ensuite par des praticiens comme H. Magoun, B. Arbuckle ou H. Lippincott. On devra citer également, les travaux moins connus, mais très intéressants de Charlotte Weaver, élève de Still, qui étendit les techniques de l’ostéopathie au crâne, traitant ce dernier comme un groupe de vertèbres.

Dans ces courants mécanistes, les techniques privilégient la matière des tissus, solide ou liquide, qui se déplace sous la main ou qu’on peut déplacer avec la main. Les explications qu’ils donnent pour ces mouvements sont diverses. Pour H. Magoun, les tissus, en particulier la boule crânienne, sont mus par des mécanismes physiologiques concrets, manifestés par des rythmes dus à des ‘fluctuations’ du liquide céphalo-rachidien, aux effets répandus dans tout le corps. Beryl Arbuckle s’est surtout intéressée à la boule crânienne comme un ensemble d’os articulés, maintenus par des faisceaux dure-mériens dont elle donnera des descriptions exhaustives qu’on ne trouve pas chez d’autres auteurs.

Actuellement, le plus grand nombre de praticiens, suite à Magoun et ses élèves, croient en l’existence de mouvements spontanés dans la sphère cranio-sacrée, une mobilité qu’on nomme le MRP, ou mouvement respiratoire primaire, ayant une fréquence de 6 à 12 cycles par minute. On sent ces mouvements au crâne et au sacrum, mais aussi partout ailleurs, ce qui pose, comme nous le verrons, certains problèmes physiologiques. Cette ostéopathie crânienne reste assez proche encore de ses racines structurelles, puisque on continue à y enseigner une biomécanique sophistiquée, décrivant des mouvements complexes des os du crâne et du bassin (torsion, strain, compression, flexion latérale etc.). De plus, dans l’ostéopathie crânienne classique, comme en ‘structurel’’, on continue d’observer un temps de séparation entre le diagnostic et le traitement. Le praticien trouve, par exemple, une compression de la sphéno-basilaire, une torsion du sacrum etc., et, une fois celle-ci diagnostiquée, il la traite, puis, vérifie à nouveau. C’est tout à fait conforme à l’approche structurelle. De plus, l’ostéopathe cranio-sacré ‘bouge’ ses mains quelque peu, même si cela n’est pas très visible, mais dans son explication des choses, il affirme ‘mettre le temporal en rotation’, ‘antérioriser le sacrum’ etc., des expressions qui montrent que l’opérateur ‘manipule’ son patient, comme en ostéopathie classique. Notons également que les références anatomiques sont très présentes dans cette approche, même si elles concernent surtout le crâne et le bassin.

A l’autre extrême du spectre, on trouve les formes d’ostéopathie issues de Rollin Becker, mais qu’on peut relier à l’œuvre de WG Sutherland dans la dernière partie de sa vie. L’ostéopathe pose les mains sur son patient, et elles ne bougent pas ; en tous les cas, au vu d’un observateur extérieur. Le temps diagnostic et le temps thérapeutique se confondent en un seul acte. On écoute en soignant, on soigne en écoutant. La description de ce qui est ressenti ne s’exprime pas en termes biomécaniques classiques. On y parle de lumière liquide ou de marées et non plus de flexion ou d’extension. Les références anatomiques s’estompent largement : on ne traite pas tel ligament ou viscère spécifique mais le contexte général. Les explications physiologiques sont également très globales : l’ostéopathe palpe des ‘champs bio-électriques’ animés de rythmes, qui sont le milieu dans lequel baignent les tissus. On cherche les leviers, les points d’appui ou fulcrum qui permettent de rétablir l’équilibre dans ces champs tissulaires, et partant, rétablissent le bon fonctionnement des tissus. Les références à la physiologie sont assez lointaines, telles qu’on recourt plus à des explications philosophiques, parfois ésotériques, que biologiques.

Vous êtes ostéopathes vous aussi ?

Comparons alors les deux extrêmes de l’ostéopathie. Imaginons notre patient qui arrive, plié en deux, souffrant d’une sciatique. Il a deux chemins ostéopathiques devant lui, portés par des praticiens porteurs du même diplôme, de la même plaque dans la rue, et la même référence dans l’annuaire professionnel. D’un côté, un praticien du structurel qui fait ses tests de mobilité de la colonne, puis décide de manipuler une lésion en extension, rotation, flexion latérale de la troisième cervicale. Il déplace et ses mains et les tissus. De l’autre, un partisan de l’ostéopathie ultra-fonctionnelle, qui pose les mains sur son patient, et les relève, au bout d’une demi-heure, sans avoir bougé, satisfait que l’équilibre tissulaire global a été restitué. Souvent, toujours à la différence de l’ostéopathe-qui-manipule, il n’attachera que peu de valeur à l’amélioration immédiate de l’état du patient : l’équilibre retrouvé fera le travail dans les jours à venir.

On peut s’étonner que deux praticiens aussi éloignés dans leurs principes et leurs pratiques portent le même titre. Nous nous sommes déjà exprimés dans ces colonnes à propos des sources historiques de cette différence.

Rappelons-les brièvement. Elles remontent au fondateur, A.T. Still. Celui-ci, aux alentours des années 1870, va avoir l’intuition des principes et de la technique de l’ostéopathie en ‘mélangeant’ deux sources historiques distinctes, qui représentent les deux expériences cliniques qu’il a vécues : d’un côté, le reboutement traditionnel et de l’autre, le magnétisme hérité de F A Mesmer. D’un côté, la technique du rebouteux qui, manipulant l’anatomie, redresse et mobilise les structures du corps, et de l’autre, le magnétiseur, qui, manipulant le ‘principe vital’ ou ‘Fluide vital’, rééquilibre les fonctions du corps. Still avait pu apprendre ces deux approches à une époque où elles étaient très répandues dans son entourage. La fusion, qui s’était opérée en lui, laisse place, cependant, à une scission chez ses disciples. Certains élèves reprendront le côté rebouteux, sophistiqué par de l’anatomie, ce qui donnera naissance à l’ostéopathie structurelle, avec Harrison H. Fryette comme archétype. D’autres, reprendront le magnétisme, là encore mâtiné d’anatomie, ce qui produira l’ostéopathie cranio-sacrée, et plus généralement, les ostéopathies d’écoute tissulaire, qui, techniquement, reprennent l’art de l’imposition des mains… Bien entendu, les uns et les autres garderont des principes communs, ceux édictés par Still, tels que le respect pour l’anatomie et la croyance un Principe Vital qui s’écoule au sein de la mécanique humaine, ce qui différenciera les ostéopathes des rebouteux ou des magnétiseurs classiques.

La technique ostéopathique, historiquement, représente une ‘fusion’ entre le magnétisme (à gauche) et le reboutement (à droite). Ce sont là les deux titres portés par AT Still avant de se nommer ‘ostéopathe’. Le rebouteux manipule les structures, le magnétiseur, les fonctions.

Nous laisserons de côté, à présent, l’ostéopathie structurelle et les mobilités qu’elle décrit ou utilise dans le diagnostic et le traitement des tissus. De même, nous ne discuterons pas la partie ‘rebouteuse’ de l’ostéopathie crânienne, puisqu’elle recourt à une biomécanique et une technique en tous points semblable au structurel, sauf que les mobilisations sont minimes. [1]

Notre propos ici est d’analyser l’autre pôle de l’ostéopathie, celui qui décrit des mouvements ‘spontanés’ et ‘involontaires’ dans les tissus, mouvements qu’il suffirait de percevoir pour soigner. F. A. Mesmer, notre ancêtre direct pour ces approches, donne le ton quant à la nature de cette mobilité spontanée du vivant. Il considère que l’Univers est rempli d’un Fluide, qui ne laisse aucun espace vide de sa présence. Notre corps ‘trempe’ dans ce Fluide au même titre que le reste. Une des propriétés de ce Fluide est qu’il est animé de ‘fluctuations’ spontanées, battant à des rythmes différents. Mesmer les appelait ‘flux’ et ‘reflux’ à l’instar des ‘marées’, un terme que reprendra Sutherland dans la partie ultérieure de son œuvre. Le mesmérisme consistait à soigner via une imposition des mains, à distance ou en contact avec le patient, ce qui permettait de percevoir ce Fluide, de normaliser ses rythmes et son écoulement à travers le corps. Still, lors de sa première installation à Kirksville se dit ‘mesmériste’, alors qu’il a déjà inventé les principes de l’ostéopathie dans sa tête. Quand on lui demandera, bien plus tard : quelle différence existe-t-il entre le mesmérisme et son ostéopathie ? Il répond : de l’anatomie, encore de l’anatomie ! Autrement dit, l’ostéopathie possède les mêmes principes et la même technique que le magnétisme, mais, à l’inverse du globalisme des magnétiseurs, l’ostéopathe sculpte et ausculte l’anatomie dans le Fluide. Là où le magnétiseur se contente de percevoir des flux, des nœuds, Still perçoit des articulations, des muscles, des fascias tendus ou ‘tordus’. Le Fluide a pris, avec notre fondateur, l’épaisseur et la dureté de l’anatomie. Cette dureté des tissus, cependant, ne doit pas nous faire oublier que nos organes sont faits à partir du Fluide, et en tant que tels, ils ‘pulsent’…

Le Mouvement Respiratoire Primaire de l’Espace

Toute discussion sérieuse sur la nature des mouvements spontanés perçus par nous dans les tissus devra, en premier, prendre en compte cette dimension historique : nous sommes issus d’une école de pensée, héritière d’une longue tradition, bien antérieure à Mesmer, qui croit que tout le Réel est plein d’une substance qui pulse. Arbres, pierres, crâne, estomac ou, tout simplement, l’espace entre nos mains, tout est animé de rythmes. Avant d’aller chercher des ’raisons’ physiologiques, des mécanismes cellulaires ou tissulaires pour expliquer ces mouvements, on se doit d’évoquer l’existence de rythmes spontanés, perçus par les ostéopathes sur le corps, non observés par les ‘machines habituelles’, qui sont tout simplement des ‘fluctuations’ du Fluide qui remplit l’Univers, Fluide dont nous faisons partie. Sont-ce là des croyances dépassées ? Nullement… De nos jours, nous ne disons plus le Fluide, mais le Vide Quantique ou le Virtuel. La physique quantique, à la suite de Dirac, le décrit comme la substance qui remplit tout l’univers, et dont le Réel, notre Réel, est une expression locale. Cet éther, pour reprendre un de ses noms anciens, possède une puissance phénoménale à l’échelle quantique et est animé constamment de fluctuations.

Emok, Own Work, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4275811

L’effet Casimir’, d’après le nom de Hendrik Casimir, fut prédit en 1948.

Paul Dirac,, dès les années 30, avait proposé qu’il existait une ‘énergie/matière négative’, symétrique de notre ‘énergie matière positive’. Casimir proposa l’expérience qui permettrait de la mettre en évidence.

Au cours des années 70, jusqu’à ce jour, de multiples expériences ont confirmé le modèle. Il existe bien une ‘puissance du Vide’. Deux plaques mises face à face dans un milieu entièrement sans matière/énergie réelle, vont se rapprocher sous la pression de la matière/énergie virtuelle présente dans l’espace. Le vide quantique est ainsi tout, sauf vide.

Telle le Fluide de Mesmer, cette matière/énergie virtuelle remplit l’Univers, et ‘pulse’ spontanément…L’ostéopathe réaliserait-il un effet Casimir avec ses deux mains ?

Un Vide très Plein

Les temps ont changé, le vocabulaire a changé, mais l’observation reste identique. Le Fluide Universel qui pulse a laissé place au Vide Quantique qui fluctue. Nous n’irons pas plus loin dans cette explication, car nous l’avons explorée dans un article précédent dans ces colonnes (cf. Energétique, LMO No 6, puis article sur Le Site de l’Ostéopathie).

Les fluctuations du Vide dans lequel nous évoluons forment donc le cadre le plus général connu à ce jour pour la perception de mouvements spontanés ou involontaires dans les tissus vivants. Avant de parler de tel liquide, de tel effet physiologique, de mobilité persistante ou non des os du crâne, il faut d’abord rappeler que tout pulse, en particulier à un rythme de 6 à 10 par minute, mais aussi à d’autres rythmes, plus rapides et plus lents.

Notre crâne, et tout le reste de notre corps, bat ainsi à un rythme typique de toute la Nature, à l’unisson de tout ce qu’elle contient. Mais comment se fait-il qu’on ne peut jamais le mesurer directement ? Seuls les ostéopathes en parlent ! La réponse est simple : le Vide Quantique est ‘virtuel’, et donc constitué d’une matière que nos machines dites ‘réelles’ ne peuvent mesurer.

Il me paraît tout à fait clair que le jour où nous aborderons les rythmes craniosacrés comme étant aussi des effets ‘virtuels’, leur ‘mesure’ ne posera aucun problème. Elle sera l’évidence même.

Cette évidence est immédiate pour ceux qui pratiquent ces techniques. Nous sentons ‘quelque chose’ de manière indéniable. On peut même aller très loin dans la subtilité de ces perceptions. A titre personnel, par exemple, j’ai longtemps pratiqué une ostéopathie ‘à distance’, c’est-à-dire, sans contact manuel direct. On ‘manipule’ la colonne ou les viscères avec ses mains en dehors du corps du patient. Still, selon les témoignages de l’époque, soignait, à l’occasion, lui aussi de cette manière. Or, quand on travaille ainsi, les sensations de ‘pulsation’ dans l’espace entre les mains, sont tout à fait claires, tout aussi évidentes que celles que l’on perçoit en touchant le patient. C’est ainsi qu’on peut percevoir la flexion et l’extension du ‘sacrum virtuel’ du patient, la rotation de son ‘estomac virtuel’ etc.

Cet aspect virtuel de nos sensations ne suffit pas, cependant à épuiser la description de notre expérience clinique. On peut sentir à distance, avec notre ‘pensée’, mais on peut également sentir en posant les mains, et l’on sentira différemment les choses. Du virtuel le plus subtil au réel le plus matériel, les niveaux de perceptions s’échelonnent. A nous d’apprendre à les ranger, à en connaître les spécificités, les indications ou contrindications.

Deux grandes mobilités – bien connues et bien réelles – agitent nos tissus mais ne nous préoccuperont pas ici : la pulsation cardiovasculaire et la pulsation respiratoire. Tout le corps vibre avec ces deux systèmes de pompage. Leur effet est incontestable, du point de vue mécanique, et nous n’insisterons pas sur eux. Ce qui nous concerne, ici, est l’ensemble des autres mobilités, dites spontanées ou involontaires, qui se situent aux frontières du virtuel et du réel. Parfois, on les sent, d’autres fois, on ne les sent pas. Certains y croient, d’autres, non. Ces mouvements sont au centre des ostéopathies dites d’écoute tissulaire.

Que sent-on ? La plus classique des sensations est le rythme de 6-8 à 12/mn, dite du MRP. Elle aurait pour effet de ‘gonfler/dégonfler’ les tissus, mais aussi d’entraîner des mouvements de flexion/extension et de rotation droite/gauche. D’autres ostéopathes parlent de rythmes plus lent, 1 à 2/mn, voire de ‘marée’, sur une fréquence encore plus lente, de l’ordre de un battement ou deux par heure.

Le MRP : on ne le sent pas toujours !

Que dit-on sur leur origine ? La tradition ostéopathique considère cette motilité comme d’origine centrale : elle serait due à un cycle de sécrétion/réabsorption du liquide céphalo-rachidien dans le crâne, créant des ondes de pression qui se répercuteraient à toute la périphérie. On parle également d’une contractilité de la substance cérébrale ou du tissu méningé. Formulés dans l’entre-deux guerres par Sutherland, reprises ensuite par Magoun, les explications ’scientifiques’ ne sont pas très claires, et tentent surtout de donner chair à ce ces pionniers sentaient sous la main. J’avoue, personnellement, que parler de ’contractilité’ ou de ’marées’ comme le firent nos maîtres, reste un très bon outil. C’est, en effet, ce que l’on ressent. A nous de chercher comment expliquer cela dans le langage moderne.

Depuis la formulation de ce modèle initial, cependant, aucune recherche n’a pu prouver l’existence d’un tel rythme universel, objectif, issu du crâne. On a tenté de l’observer directement, objectivement, mais sans succès. Il existe bien des oscillations spontanées, d’une fréquence similaire au MRP (environ 0,1hz), mais elles semblent surtout liées à des pulsations vasculaires [2], qu’on retrouve ailleurs dans le corps, sans qu’on puisse dire qu’il y ait une commande centrale dans le cerveau.

On a essayé de mesurer le MRP subjectivement, mais là aussi, sans succès. Par exemple, on a posté plusieurs opérateurs sur le même patient, à différents endroits, et on a noté le rythme que chacun perçoit (sans que les praticiens sachent ce que l’autre sent). Le résultat est sans appel : ils ne sentent pas le même rythme. Les uns sentent la phase de flexion lorsque d’autres sentent l’extension, et sur des fréquences très différentes [3] (voir en bibliographie la revue de ces tentatives par Ferguson A, et la critique qu’en fait Mac Grath). Cette difficulté d’objectiver ces rythmes crée d’immenses difficultés pédagogiques pour les étudiants en ostéopathie, avec au total, souvent, pour eux, l’impression que cela ‘n’existe pas’ ou qu’ils ont ‘incapables’ de les sentir. Ce n’est pas qu’un problème pédagogique : toute une frange de la profession - dont des diplômés de longue date - continue à affirmer haut et fort que le MRP est une illusion, et que tout au plus, on peut percevoir les conséquences mécaniques de la respiration thoracique sur le reste du corps, y compris à la boîte crânienne. Les effets bénéfiques de ces manipulations seraient alors dues exclusivement à l’effet placebo, à un relâchement des muscles péricraniens, ou encore à un travail sur les réflexes cutanés présents dans cette région, etc. Je me souviens que dans les années 70, premières années de découverte du crânien en France, les ‘structurels’ nous appelaient des ‘shampouineurs’ ! En bref, pour ces praticiens, nos discussions sur le sujet de ces rythmes ou de ces mouvements spontanés et involontaires sont vaines…

Or, pour les praticiens de ces techniques, les sensations rythmiques sont souvent des expériences subjectives indéniables qu’aucune critique objective ne peut invalider. Pas toujours, mais assez souvent pour donner des certitudes personnelles… Allez dire à un fou qu’il est fou... et à un ostéopathe crânien qu’il ne sent rien ! Il est vrai qu’on sent mieux certaines fois, certains jours et sur certains patients. Il est également vrai que, parfois, pas du tout. Mais lorsqu’elles sont claires, les sensations sont majestueuses. A l’autre extrême, il faut noter qu’on peut également ‘sentir ce qu’on veut’, c’est-à-dire, littéralement ‘induire’ des mouvements sans bouger les mains. Dans ces colonnes, je me suis déjà exprimé sur la physique qui pourrait expliquer cette subjectivité radicale [4]. J’y reviendrai, brièvement, plus loin dans ce texte. Mais ce qui nous préoccupera principalement ici sont les mouvements susceptibles de provenir du patient, et non ceux induits délibérément par le praticien. Quelle peut être la physiologie derrière ces pulsations ou dérives dites « spontanées » ?

Pour ce faire, je proposerai de traiter la question en trois temps. Je distinguerai d’abord les mouvements qui s’apparentent à un ‘gonflement/dégonflement’ rythmique des tissus. En second, les mouvements qui semblent faire bouger les tissus autour d’axes articulaires : rotation, torsion, flexion etc. En troisième, des mouvements qui n’ont aucun axe particulier, que je qualifierai d’asymétriques, qui traversent de longs trajets, enjambant articulations et viscères. Même si ces distinctions sont artificielles, et que les mêmes mécanismes peuvent expliquer les trois types de mouvement, il me paraît impératif de faire ces distinctions, ne serait-ce que du point de vue pédagogique. Une fois ces mobilités décrites, on tentera de comprendre pourquoi les ‘écouter’ ou les suivre possède un effet thérapeutique.

Les mouvements de gonflement/dégonflement

Partout où on pose les mains sur le corps, on peut sentir ce type de mouvement. Le diamètre de la cuisse, par exemple, augmente puis rétrécit rythmiquement. Laissons les difficultés de palpation de côté, ou bien le fait que plusieurs opérateurs ne les sentent pas de manière synchrone. Ce mouvement, parfois apparemment absent, peut, d’autres fois, être extrêmement clair, au-delà de tout doute subjectif possible. Quel mécanisme physiologique serait à même de l’expliquer ? Une première explication me paraît logique. En effet, un mécanisme liquidien, une augmentation/diminution locale des fluides ou des compartiments fluidiques, décrirait bien notre expérience. Autre explication possible : une contraction/décontraction des tissus, explication qui n’est pas à exclure, mais nous la laisserons, artificiellement peut-être, pour le second type de mouvement.

La physiologie cardiovasculaire fournit un premier cadre de réponse approprié à nos sensations avec ce qu’on appelle 1) les ondes THM ou ondes de Traube-Herring-Mayer et 2) les ondes produites par la vasomotricité, ondes qu’on rencontre, dans la littérature médicale, sous le vocable de ‘ondes C’ (pour les différencier des ondes A et B, typiques du contenu crânien) ou encore, en littérature anglo-saxonne, ‘LF waves’ et ‘VLF waves’, (c’est-à-dire, ondes de basse fréquence ou très basse fréquence). Ces ondes se situent dans la fréquence avoisinant 0.1 hz, soit de 6 à 10 cycles par minute, correspondant au rythme du MRP (Mouvement Respiratoire Primaire des ostéopathes crâniens).

Les ailes de chauve-souris sont relativement transparentes et permettent de voir les vaisseaux sanguins, artères comme veines. En dehors de la pulsation issue du battement cardiaque, on voit les vaisseaux sanguins se ‘tortiller’ ou être balayés par des vagues de contraction. Ces premières observations ont été à l’origine de la découverte des ondes THM chez l’humain. Photo credit : USFWS/Ann Froschaue

Que représentent-elles ? La première observation de ces ondes remonte au XIXe siècle, où elles sont observées à l’œil nu dans les vaisseaux des ailes de chauve-souris. On peut voir, effectivement, qu’en plus de la pulsation systolique/diastolique due au cœur, les artères/veines se ‘tordent’ sous l’effet de mouvements qui balayent toute leur longueur. On appela ces mouvements vasculaires la ‘vasomotricité’. Ces mouvements s’observent dans les veines, à bien moindre titre, cependant, que dans les artères, et sont très notables dans le système lymphatique. Les distinctions entre les différents mouvements qui agitent nos vaisseaux sont complexes. On distingue, les variations dans le tonus vasculaire dues à des variations dans le flux de l’innervation de ces vaisseaux. Ce sont là, à proprement parler, les ondes THM. On les différencie des contractions vasculaires spontanées, indépendante de l’innervation, qu’on appelle ondes de la vasomotricité. Ces ondes sont moins constantes et apparaissent plus volontiers en cas d’ischémie.

La signification de ces diverses ondes, THM comme vasomotrices, est encore peu claire. Leur altération dans certaines pathologies (type diabète ou hypertension) et des considérations relevant de la biophysique font penser qu’elles jouent un rôle important dans la qualité de la perfusion des tissus et donc de leur oxygénation. Un lit vasculaire animé d’oscillations, pour une même pression de perfusion, assurerait une meilleure répartition de l’oxygénation [5] (voir bibliogr. en fin de texte).

Les ostéopathes perçoivent-ils ces ondes ? On peut penser que, si elles sont perceptibles, elles occasionneraient, forcément, un simple ‘gonflement/dégonflement’ des tissus, chose que nous pouvons assez facilement ressentir [6]. Ces ondes, après tout, sont des phénomènes aux causes tout à fait réelles. Considérer la vasomotricité ou les ondes THM comme faisant partie de ce que nous appelons le MRP est donc tout à fait plausible. Cela expliquerait, en particulier, pourquoi on sent ces mouvements sur certains sujets mieux que d’autres, et que différents opérateurs perçoivent des rythmes différents, ou encore, que le même opérateur puisse percevoir un rythme à un étage et un autre plus bas. La vasomotricité, comme les ondes THM, peuvent en effet varier d’un tissu à l’autre, d’un moment à l’autre, en fréquence comme en intensité. Mais parfois, comme il peut arriver avec les ondes THM, on peut percevoir le même rythme partout Les sensations de mouvements très lents (les ‘marées’ décrites par certains ostéopathes) pourraient être ainsi des perceptions des fréquences plus basses de ces ondes vasculo-tissulaires

Entre les gonflés et les dégonflés

Admettons que ces ondes vasomotrices sont en jeu dans ce que nous appelons les ‘rythmes involontaires’ tels que le MRP. Admettons également que l’être humain entraîné, et donc l’ostéopathe, est capable de les percevoir, ce qui n’est pas impossible à envisager. Identifier les ondes THM ou vasomotrices au MRP serait cependant très réducteur, et donc insuffisant, pour expliquer notre expérience des tissus vivants.

Pour deux raisons principales : la première, l’ostéopathe ne sent pas que des mouvements de ’gonflement/dégonflement’, mais bien d’autres types de mobilité, ce que nous discuterons plus loin. La seconde, les ostéopathes prétendent ‘soigner’ en écoutant ces variations de volume tissulaire. Or, pas plus que les médecins soignent les maladies cardiaques en prenant le pouls, les ostéopathes soignent en suivant, passivement, les ondes vasomotrices. Ils font un peu plus que cela : ils cherchent à moduler ces rythmes. Cette notion de ’modulation’ permet de comprendre comment on peut transformer l’écoute d’un rythme en un soin.

Prenons un exemple connu : la technique dite de ‘compression du 4e ventricule’, technique qui, dans son principe, peut se pratiquer dans tout le corps. On est supposé suivre un rythme, le MRP, mais on ne se contente pas de le suivre passivement. On écoute en interférant un peu puisqu’on va favoriser une des phases du rythme jusqu’à obtenir un silence, le ‘still point’. Avec ce type d’écoute active, les ostéopathes affirment modifier les rythmes vasculaires de basse fréquence. Beaucoup d’entre nous en avons fait l’expérience subjective, et les montages expérimentaux qui pourraient vérifier cette affirmation ne sont pas difficiles à envisager. Rappelons que ces rythmes – pour les ondes THM - sont sous contrôle du SN autonome et qu’ils sont notoirement variables. L’ostéopathe, lors de ces techniques, possède un triple effet : neurologique, puisqu’il touche, stimule, mécanique, puisqu’il mobilise les tissus, et vasculaire, puisqu’il appuie et forcément, déplace les liquides. En favorisant l’une ou l’autre phase d’un des rythmes tissulaires, celle du ’gonflement’ ou du ’dégonflement’, il aurait alors un effet sur la commande centrale et sur le volume local. On peut supposer, qu’au bout de quelques cycles, la résistance que nous exerçons entraîne une réorganisation, tant au niveau mécanique, qu’à celui des afférences neurologiques ou du volume des liquides. Selon la tradition, on obtient au bout de quelques cycles un ‘silence vasomoteur’ que nous appelons le ‘still point’, et qui signe cette réorganisation. Puis le rythme redémarre, avec une amplitude, intensité et fréquence différentes, donnant des résultats cliniques immédiats dans la qualité de perfusion et donc dans le bien être. Cette variabilité dans l’intensité ou dans la fréquence, tout comme ces silences tissulaires que nous observons, sont tout à fait caractéristiques des ondes THM ou vasomotrices, qu’un ostéopathe soit là ou non. Il suffit de croire que l’ostéopathe, avec son toucher instruit, est capable de les modifier et cela ne sera pas difficile à objectiver dans l’avenir.

Attendre les marées

On résumera notre première hypothèse ainsi : les mouvements de dilatation/contraction périodiques sentis par les ostéopathes sur tout le corps sont probablement liés, en partie, au moins, à des dilatations/contractions des vaisseaux sanguins et lymphatiques, soit sous commande centrale (THM) soit sous commande locale (ondes vasomotrices). Il s’agit donc de modifications de volume de l’ensemble du contenant, c’est-à-dire, de l’ensemble des vaisseaux.

Rappelons cependant qu’il ne faut pas oublier le contenu, c’est-à-dire l’espace qui contient les tissus, les vaisseaux et les liquides. Comme nous l’avons vu plus haut, cet espace dans lequel nous évoluons pulse lui-même à des rythmes différents, faisant, au passage, ‘pulser’ toute substance qu’il contient, en l’occurrence ici, les liquides biologiques et leurs vaisseaux. Cette pulsation du Virtuel ou Vide Quantique, comme on l’appelle de nos jours, rappelle le Fluide fluctuant de Mesmer. Elle dilate et contracte les matrices de tous les tissus, du cytoplasme, à la matrice extracellulaire, au liquide dans les vaisseaux etc… On comprend alors mieux l’expression de ‘marées’ utilisée par les ostéopathes inspirés par la période tardive de Sutherland, ainsi que par R. Becker et ses disciples. Telle la marée de nos océans, cette fluctuation entraîne toute la matière de notre corps dans un flux et reflux constant. Ce que nous sentons sur les tissus est donc fait d’une suite imbriquée de rythmes, allant de l’échelle virtuelle, le Fluide, à l’échelle réelle, celle des ondes THM et ondes vasomotrices. Cela reproduit bien notre expérience clinique, qui va de sensations qui ont l’air bien réelles – probablement dues aux ondes vasomotrices – à des perceptions très virtuelles, variant profondément avec notre manière de les penser. Nous reviendrons plus loin sur ce ’mix’ de perceptions réelles et virtuelles qui caractérise notre relation aux tissus vivants…

Ça durcit ou ça se dégonfle ?

Laissons à présent de côté ces perceptions de dilatation/contraction des tissus. Elles sont majestueuses à suivre lorsque nous les percevons mais, comme nous l’avons dit, elles ne résument pas l’expérience ostéopathique du toucher. Il existe une autre famille de sensations, qui ressemble bien plus à une contraction/décontraction des tissus qu’à un gonflement/dégonflement. Faisons l’expérience sur nous-mêmes, en posant nos mains de part et d’autre d’une de nos cuisses. Une diminution du diamètre de la cuisse pourrait provenir soit d’une contraction de la masse tissulaire entre nos mains, soit d’un dégonflement de cette même masse. A l’inverse, un gonflement aurait le même effet qu’une décontraction, puisque dans les deux cas, le volume tissulaire augmenterait entre nos mains. Même résultat géométrique, certes, mais une différence nette du point de vue de la palpation : d’un côté, on a un phénomène actif (une contraction, et donc un sentiment de durcissement des tissus), alors que de l’autre, on aurait un phénomène passif (un dégonflement, et donc un ramollissement).

Ce qu’on peut appeler les perceptions d’un ‘mouvement actif’ nous donne véritablement l’impression que les ’tissus’ se déplacent. Soit dans le sens d’une variation des diamètres, mais aussi, dans n’importe quel sens de l’espace. On ne peut plus parler seulement de ‘gonflement’ et de ‘dégonflement’, mais aussi de ‘translation’, de ‘rotation’, de ‘torsion’ etc…

Il me paraît évident alors que les ondes THM ou vasomotrices ne peuvent suffire à expliquer ce type de mouvement, bien qu’indéniablement, elles doivent y participer. Les mobilités et motilités se greffent les unes sur les autres. Une phase de gonflement, à une échelle, se superpose à une rotation, à une autre échelle, en se latéralisant, encore à une autre échelle, tout en subissant une marée montante à une échelle encore plus globale.

À nous de détailler.

1re publication sur le Site de l’Ostéopathie le 10-08-2017

[11. "Cette école ’biomécanique’ du crâne a trouvé ses continuateurs en France. Voir les vidéos postées sur le Net par Gilles Boudehen. Elle fait suite à l’école étiopathique, et on y nie toute existence de mouvements spontanés du système nerveux central, des méninges etc. Les os du crâne préservent une certaine mobilité purement articulaire.

[2On retrouve cette même fréquence lors d’une échographie des flux artériels mais aussi dans la consommation d’oxygène par le tissu cérébral (par fMRI, une IRM fonctionnelle). On imagine difficilement comment un tel phénomène ‘liquidien’ pourrait, parti du crâne, mettre en rotation externe les tibias ou les coudes au rythme de 6 à 12 fois par minute. Pour mobiliser rythmiquement et simultanément nos articulations périphériques, il faudrait une force ‘mécanique’, capable de fléchir, mettre en rotation etc. Car c’est bien cela que l’on sent. Seul le muscle strié possède cette capacité de ‘mouvoir’ les articulations. On pourrait alors imaginer qu’il existe au crâne une pulsation de 0.1 hz, qui s’exprime, localement, de manière vasculaire, mais aussi, par des mouvements périphériques, dus à des contractions/relaxations spontanées de tous nos muscles striés. Hervé Julien, ostéopathe, pense que cette ‘motilité musculaire’ explique bien mieux ce que nous ressentons sous nos mains qu’un MRP purement liquidien et centré au crâne. Il appelle ce rythme ‘la Motilité Musculaire Permanente’. D’un point de vue physiologique, le rythme à 0, 1Hz se retrouve partout dans le corps. On le range classiquement parmi les effets THM (voir ci-dessous). Peut-on imaginer que le cerveau en est le chef d’orchestre ? Les fondateurs de l’ostéopathie crânienne n’auraient donc pas eu tort. Il y a un rythme partout dans le corps, mais ce rythme aurait sa commande centrale au cerveau.

[3Voir A. Ferguson pour une revue détaillée (A review of the physiology of cranial osteopathy, Journal of Osteopathic Medicine, 2003 ; 6 (2) : 74-88). A la fin de l’article, une critique a été rédigée par MC Mc Grath, qui montre à quel point le concept de mouvement spontané ou rythme cranio-sacré est considéré comme une illusion au sein même de la profession. Le concept d’entrainment a été formulé dans : Mac Partland J Mein E, Altern Ther Health Med Entrainment and the CRI, 1997 ; 3 : 40-45 comme explication de l’effet thérapeutique d’une écoute active du MRP.

[4Site de l’Ostéopathie : Énergétique ? De quelle énergie s’agit-il ?

[5Pour la signification physiologique de la vasomotricité, voir Nilsson H and Aalkjær C, Vasomotion : Mechanisms and Physiological Importance Mol Int March 2003 vol. 3 no. 2 : 79-89

[6Voir les articles de Nicette Sergueeff sur le sujet. En particulier : Cranial rhythmic impulse related to the Traube-Hering-Mayer oscillation : comparing laser-Doppler flowmetry and palpation KENNETH E. NELSON, DO ; NICETTE SERGUEEF ; CELIA M. LIPINSKI, MSII ; ARINA R. CHAPMAN, MSII ; THOMAS GLONEK, PhD



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