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Ulane : quand ostéopathie rime avec gériatrie

Cas clinique n°4 pour le DIE d’Ostéopathie Vétérinaire Dr Christophe Delorme
 
Créé le : lundi 18 avril 2016 par Christophe Delorme

Dernière modificaton le : jeudi 31 août 2023

A – Introduction

Ulane est une femelle ovariectomisée de race Golden Retriever, pesant 35 kilogrammes et âgée de 12 ans. Elle est présentée pour une consultation d’ostéopathie le 14 mai 2014.

B – Anamnèse

Ulane est une chienne vieillissante, régulièrement suivie au sein de notre clinique.

Son état de santé est bon. Une crise aigüe de lombalgie en avril 2010 a été traitée avec succès (Méloxicam- Métacam© 7 jours, Glucosamine/Chondroïtine-ChondroB© 1 mois) ; à cette époque, un régime alimentaire lui a permis de perdre 10 kilogrammes.

Un de nos associés a proposé, lors d’une consultation vaccinale, un soin ostéopathique pour Ulane. Sa propriétaire la décrit comme « sclérosée, et présentant des difficultés du train arrière lors de la marche et au relever ».

C – Déroulement de la première consultation ostéopathique

Examen clinique allopathique :

Ulane présente un état général satisfaisant. Sa musculature reste correctement développée pour son âge, et son poids cohérent pour sa race et son gabarit.

Les réflexes proprioceptifs, les épreuves de sautillement, de contre-poussée gauche et droite sont normaux, et permettent de conclure à une intégrité neurologique, en particulier l’absence de signe de myélopathie dégénérative ascendante. Une douleur modérée est perceptible à la pression des tempes.

Les coudes et les carpes sont restreints dans leur amplitude de flexion surtout, l’extension dans une moindre mesure ; une arthrose bilatérale des coudes est probable.

La région lombaire semble tendue mais non douloureuse ; la palpation trans-abdominale révèle une sensibilité sous lombaire droite.

Les hanches sont plutôt souples avec cependant une restriction à l’extension. Les radiographies de dépistage de la dysplasie coxofémorale, réalisées à l’âge de deux ans, étaient normales.

La démarche est peu fluide, avec un défaut d’engagement des postérieurs portés ramenés sous le corps.

Examen ostéopathique :

Dysfonctions crâniennes :

 Tension de la faux en région frontale

 Tente du cervelet en tension gauche et droite

Dysfonctions viscérales :

 Globalement tensions de la coupole diaphragmatique, particulièrement dans la région des piliers

 Médiastin caudal en tension (traction dans l’axe longitudinal vers l’arrière)
tension du fascia iliaca

Dysfonctions rachidiennes :

 Tensions dure-mériennes en zone lombaire

 D13 en extension bilatérale

 C3 en ERSg

Autres dysfonctions :

 Ilium gauche ventral

 Restrictions globales dans les 3 plans de mouvement des coudes

 Restriction importante du glissement de la scapula gauche sur le grill costal ; dorso-caudale

Dans ce contexte assez fortement lésionnel (coudes et carpes manifestement arthrosiques, raideur fonctionnelle des hanches), il nous semble difficile d’établir une chaine dysfonctionnelle cohérente. Nombre de dysfonctions ostéopathiques relèvent de compensations adaptatives locorégionales. Le traitement sera axé, après normalisation viscérale, sur la libération des blocages fonctionnels, en privilégiant les techniques indirectes pour un meilleur confort de cette chienne.

D – Traitement ostéopathique

Les lésions viscérales seront traitées en technique fasciale, en particulier les tensions du fascia iliaca ; les dysfonctions diaphragmatiques se régulent spontanément après cette normalisation.

Les verrouillages de D13, C3 ainsi que l’ilium gauche seront libérés par des manipulations structurelles indirectes.

Les tensions méningées (certainement à l’origine des céphalées) seront levées et suivies d’un traitement MRP d’harmonisation globale du crâne.

La scapula nécessitera une décoaptation globale du grill costal, très progressive, avec entrainement crânial et rotation externe (insertion des doigts puis des mains sous la palette scapulaire et technique directe, très bien tolérée par Ulane).

Nous préconisons un repos de 7 jours, avec de petites promenades en laisse sur terrain plat et meuble. Des chondroprotecteurs (Glucosamine/Chondroïtine - ChondroB©) sont prescrits pour 2 mois, en association avec du Silicium Organique.

E – Suivi

15 jours après le soin, sa propriétaire décrit Ulane moins « sclérosée » et plus vive, avec en particulier un changement important de la démarche : les postérieurs sont portés normalement, l’allure est moins piquée, avec un peu plus d’amplitude. Le relever et le coucher restent difficiles.

Ulane sera revue en consultation ostéopathique 6 mois plus tard. Les lésions viscérales (médiastin et diaphragme) sont présentes, ainsi que la lésion adaptative en D13 ; cette zone semble contrainte en cisaillement, à la fois par la moindre portance des antérieurs et la poussée difficile des postérieurs. L’amélioration de son état après la consultation satisfait sa propriétaire.

Au cours d’une consultation classique en mars 2015 un début de myélopathie dégénérative ascendante sera diagnostiqué, pour lequel un traitement allopathique est prescrit : Vitamines B (Myo-Vityl©), Vincamine/Papavérine (Candilat©), Prednisolone (Dermipred©).

F – Synthèse et discussion

Le cas d’Ulane est le reflet de nombreuses consultations concernant des chiens âgés. Ces animaux nous sont souvent présentés pour des troubles « arthrosiques », des restrictions de mobilité et du désintérêt pour leur environnement. Avec l’âge, les tissus perdent de leur souplesse et de leur hydratation, les articulations deviennent plus rigides ; l’animal adapte son activité à cet état physiologique. Les phénomènes arthrosiques multifocaux, en particulier intervertébraux, donnent une démarche piquée : les antérieurs tirent l’animal, les postérieurs le poussent moins vigoureusement, avec souvent une coordination insuffisante. La ptose abdominale liée au relâchement musculaire, associée à la fréquente congestion et fibrose des viscères tire sur la poutre lombosacrée.

L’animal adapte son schéma corporel à ces effets de l’âge, et crée ainsi des zones de tensions adaptatives au vieillissement de ses tissus et organes. C’est principalement sur ces lésions que l’action des thérapies manuelles trouve tout son sens et son intérêt.

La réponse au traitement ostéopathique est souvent très bonne, après normalisation de ces dysfonctions adaptatives. Les propriétaires sont le plus souvent heureux de retrouver un animal non pas rajeuni, mais qui reprend souvent goût à la promenade et au jeu. Cette amélioration n’est pas toujours durable dans le temps, mais des séances régulières semblent satisfaire nombre de propriétaires, dont la principale alternative reste l’usage des anti- inflammatoires, avec leurs conséquences hépatorénales et digestives délétères. L’ostéopathie, associée à des conseils judicieux en matière d’exercice et d’hygiène, permet fréquemment de repousser la prescription de ces molécules.

G – Conclusion

Le cas d’Ulane permet de mettre en évidence l’intérêt de la pratique ostéopathique pour les chiens âgés. La médecine classique, pour aussi efficace qu’elle soit, offre un arsenal thérapeutique intéressant, mais non dénué d’effets secondaires, auxquels les propriétaires sont de plus en plus sensibilisés. Les manipulations apportent souvent confort et réconfort, tant pour l’animal que pour son maître.



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