Photo Alexandre Rousselle : http://www.alexandrerousselle.com
– Je ne rentre pas d’Inde avec un henné sur le bras,
– mais le souvenir d’Aboul, de sa main et de son bras...
– Je ne rentre pas de cette Inde avec un tatouage sur le corps,
– mais le souvenir de ces 4 pattes autour de moi, offrant leurs squelettes et leurs corps...
– Entre vies et morts, entre vivants et passants,
– entre ma vie et ces morts, entre ma vivance et ce qui appelle mes mains...
– Entre ce qui s’échappe de mes mains et que je connecte sans un mot...
– Mes impérieux besoins de poser mes mains sur leurs dos,
– reliance de vivant à vivant, soulager nos maux...
– Des matinées entières, hors du temps,
– pour vivre des partages avec ces vivants...
– Entre ciel et terre, je suis là pour peu de temps,
– c’est une éternité qui m’a croisé au soleil levant...
– Mes mains et mon visage savent quelles peuvent encore travailler dans d’autres dimensions...
– Comment va ton pied ??? m’écrivent ceux qui savent que ce voyage ici,
– comme par hasard, ici a choisi de se figer !
– Me dicter surement : comment aller avec mes mains vivre et exister …
– Qui sait en France un jour, peut être, vivre et exister en soignant autrement ?
– A défaut de pouvoir marcher, chaque matin, me suis posée sur les ghats de Bénarès d’en bas !
– Le brouillard, matinal de janvier,
– chape blanche au milieu de linceuls et draps innombrables,
– la poésie de la blancheur inégalable...
– Au seuil de mes inattendus rendez vous sans agenda...
– A cette heure, point de peau blanche à l’horizon,
– les hôtels ici aussi, protègent bien là, de ces petits et si subtils frissons...
– Mon cœur allait pour méditer, assise à terre, dos calé sur les pierres...
– Chaque matin, le soleil s’est levé,
– et les 4 pattes sont venus au rendez vous de mes mains.
– Pas un jour, sans lendemain.
– Chaque matin, ce rituel est venu me bouleverser...
– Les chèvres, errantes des ghats venaient offrir leurs dos et leurs pattes abîmés,
– à mes mains naturellement posées...
– De la chaleur, des sons, des larmes parfoi(s),
– des gestes semblent ils immobiles,
– d’infinies sensations de mes mains à mon cœur,
– j’ai réclamé au détour et comme à chacun de mes jours,
– là haut je vous en prie : « envoyez : lumières et Amour »...
– Entre silences, mots et gestes très doux, aux creux de leurs oreilles et de leurs corps,
– j’ai « entendu » les frêlements de leurs gorges,
– perçu la lumière de leurs yeux, le son de leurs os, le crissement d’un muscle,
– j’espère aussi la juste mesure du temps pour chacune...
– Patientes et aussi belles qu’aimantes,
– votre lait ces matins là, donneront il plus de richesse, à tous ces pauvres,
– qui posent leurs mains sur vos si tendres « mam’elles » ?
– Même que sans maux, nous nous sommes rencontrés
– même que c’est trop beau, quant l’on s’AIME...
– Etre là, sans téléphone, connections « supr’aime »,
– au rendez vous de la vie, sans requête, ni demande,
– garde dans ton corps cette offrande,
– juste pour aujourd’hui, ne te fais pas de souci,
– la vie est belle quant dans tes mains, elles « sourient »...
– Un matin, une de ces chèvres, s’est assise à mes pieds,
– avant qu’un vieil homme ne vienne s’asseoir contre elle.
– Je n’oublierai le bleu de ses yeux, mouillés de larmes,
– sa seule main mobile me montrant les mamelles de sa chèvre ,
– prendre discrètement son foulard, pour essuyer ses larmes...
– Point de langage entre nous, sa seule richesse à nos pieds étaient là paisiblement assises...
– Il m’a fallu des jours pour vous l’écrire, je ne sais juste aujourd’hui que son nom était : Aboul !
– Aboul, ne dira rien, larmes et silence entre nous,
– Homme et Femme,
– peau brune et blanche,
– pourquoi la terre nous a posé ici ?
– Même que sans maux, nous nous sommes rencontrés
– même que c’est trop beau, quant l’on s’AIME...
– Etre là, sans téléphone, connections « supr’aime »,
– au rendez vous de la vie, sans requête, ni demande,
– garde dans ton corps cette offrande,
– juste pour aujourd’hui, ne te fais pas de souci,
– la vie est belle quant dans tes mains, elles « sourient »...
– De longues minutes pour commencer en moi,
– à sentir que cette chèvre m’avait en fait ,
– amené ABOUL à soigner et tant d’autres Êtres s’en sont suivis...
– Laisser mes bols, pour faire "chanter" autrement la vie sensible, inoubliable séjour,
– que cette nouvelle année a comme par hasard écourté à 21 jours infiniment émouvants et puissants...
– Meilleurs vœux à vous tous,
– que nos mains guident nos cœurs et retrouvailles, ici et ailleurs...