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phi - La Leçon de la Morelle Noire

Où le désaprentissage collectif de l’autonomie....
 
Créé le : samedi 28 novembre 2015 par Patrick Chêne

Dernière modificaton le : vendredi 1er octobre 2021

Dans l’esprit de récupérer son autonomie en santé mais aussi dans la nourriture, je propose une journée cueillette sauvage où l’on apprend à regarder la pelouse d’un œil gourmand. Ce n’est pas de l’ostéopathie ? A voir ...globalité ?

 Plus de renseignements : http://vetosteopathe.eu/spip.php?article291

Et en tout état de cause ce petit texte de réflexions gourmandes.

 Connaître

Récemment, alors que je me suis nourri des connaissances ostéopathiques pendant plus de deux décennies, je me suis tourné vers ce qui pour moi est une grande oubliée de notre art et de notre société, L’alimentation.

Effectivement il est écrit depuis longtemps : « Que ton aliment soit ton seul médicament » (Hippocrate)

Et je ne peux que vous redonner le texte suivant :

Vers 3000 avant jésus christ, les chinois définirent les cinq niveaux du corps médical :
 Le sage, qui guérissait l’esprit, était considéré comme le médecin suprême ; son expérience lui permettait de montrer la voie intérieure et la voie extérieure.
  Le spécialiste de l’alimentation venait en second rang ; il appliquait aussi la thérapeutique à base d’herbes en suivant les lois de la nature.
 Le praticien de médecine générale, qui pratiquait l’acupuncture, la moxibustion, le massage, les vibrations, venait en troisième rang.
 Le chirurgien, qui réparait les os brisés, les fractures internes, se classait au quatrième rang.
 Le médecin qui soignait les animaux était au cinquième rang."

Chee soo, tr 1983, p 26 cité par Nicole tremblay » dans le Tao de l’alimentation, éditions Quebecor

Je suis rentré dans l’alimentation, d’abord humaine (les animaux viendront ensuite) par deux biais :
 la chrono-nutrition du Dr Delabos (http://www.la-chrononutrition.com/index.php) qui est un régime où la quantité importe peu mais où il est question de répartir différemment son alimentation et surtout d’éliminer les préparations complexes qui mélangent tous les types de nutriments et additifs plus ou moins délétères.
 la réappropriation des plantes sauvages, précurseurs oubliés de nos jardins et infiniment plus riches en oligoéléments essentiels (http://www.assiette-sauvage.org/)

C’est d’une de ces dernières dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui. La morelle noire (Solanum Nigrum).

 Toxique ?

Je suppose que si vous la connaissez c’est comme moi jusque là par le fait que c’est une plante riche en solanine neurotoxique et à ne pas consommer ou à faire consommer à nos animaux. Si vous vous souvenez un peu de vos cours de botanique, vous vous souvenez peut-être de l’anecdote des baies de morelle pas mures donc vertes, mélangées à des petits pois et mortelles en petite quantité (une dizaine) et de la morelle dans l’ensilage.

 Adventice ?

Elle fait aussi partie de ces plantes qui s’obstinent à pousser quand on a mis pourtant des tas d’herbicides dans les champs. Elle fourre donc son nez dans les petits pois et les ensilages de maïs allègrement. Elle n’est en fait qu’une plante indicatrice de l’appauvrissement des sols ! Mais, toxique et rebelle voilà de quoi lancer une mise à prix par nos chers chimistes et une surenchère de produit à pulvériser. Bref une bonne copine pour les affaires.

Fermez-le banc, une plante envahissante qui nourrit notre imaginaire de gens assiégés par le mal. Elle est donc à éradiquer de nos jardins et de nos champs !
 Elle est dangereuse.
 Et nous envoie le message, attention la nature est dangereuse et c’est la deuxième idée qui s’insinue lentement mais sûrement dans notre esprit !!

  Comestible ?

Pourtant, même si du bout des lèvres Wikipédia nous avoue qu’en fait une fois mûres et bien noires, les baies n’ont plus d’alcaloïdes et peuvent être consommées crues ou cuites. D’autres (cf liens infra) nous rappelle à l’envie que de tous temps, la morelle a été consommée en France et ailleurs :
 Pour ses baies, cueillies bien mûres crues ou cuites, en tarte, compotes ou confitures ...
 pour ces feuilles, par exemple à Madagascar elle fait partie de nombreux plats très couramment, en Grèce bouillie et agrémentée d’huile et de citron c’est un plat renommé, la cuisine indienne ayurvédique vante ses mérites.

C’est vrai, exceptionnellement je cite quelque chose que je n’ai pas encore expérimenté [1], mais pour avoir tout cet été récupéré dans mon assiette mille plantes supposées mauvaises et immangeables dans mon cours de botaniques (Chénopodes, Amaranthes, Oxalis, Trèfle, mouron des oiseaux, consoude) pour leur teneur qui en saponine, qui en acide oxalique, qui en alcaloïde pyrrolizidiniques, etc ...), je vous promets que dés l’été prochain j’expérimente les dires de François Couplan (30 ans de cueillette et de recueil d’informations sur les plantes sauvages) de des autres ...... pour l’heure la gelée à -6°C d’il y a quelques jours a été fatale aux petites boules noires.

 Conclusion Végétale

Le propos n’est pas de dire qu’on puisse se nourrir de morelle noire. Il est de montrer comment en fait l’histoire est un éternel apprentissage. A l’heure de l’agro-industrie triomphante on en arrive à penser que les solanacées sauvages sont extrêmement mauvaises quand il y a seulement trois ou 4 générations elles faisaient parties de la cuisine de nos aïeux , que parmi les solanacées la meilleure est la pomme de terre ou la tomate mais que plus fragiles elles nécessitent des variétés hybrides (F1, donc plus de reproduction et pas d’autonomie), des traitements chimiques et engrais à volonté, et quand cela ne suffit plus (une nouvelle maladie des tomates s’étend gravement depuis la méditerranée et compromet les récoltes futures), et bien les OGM nous sauverons ..et voilà notre alimentation prisonnière de tomates hydroponiques OGM .... quand le moindre fossé abrite possiblement la Morelle noire ... et 1 500 plantes sauvages comestibles !!!

Il est fascinant pour moi de voir comment en à peine 50 ou 100 ans, une habitude de consommation de plusieurs millénaires se perd pour la collectivité mais heureusement entretenue par quelques mordus. De voir comment, le système mis en place nous a contraint à une perte d’autonomie énorme. De la cueillette d’une boule noire dans le fossé à côté de la maison on est passé à la quasi nécessité de passer par un marchand pour acheter une boule rouge certes plus grosse, même pas plus saine et souvent sans gout qui a parcouru la moitié du continent pour arriver dans notre assiette. Les quelques ceux qui cultivent dans leur jardin des variétés anciennes de tomate aux semences reproductibles font office d’aventuriers extravagants, de farfelus iconoclastes et ceux qui font de la confiture de morelle des "fadas" complets.

Solution Intermédiaire, la morelle de balbis que voici :

Espèce de solanacée quasi-oubliée qui a des piquants, qui est amère tout l’été et qui l’automne venu quand les tomates ont rendu l’âme depuis longtemps vous fournit outre ses magnifiques fleurs bleutées une kyrielle de petites boules rouges magnifiques douces et légèrement sucrées quand les autres fruits rouges ont déserté le potager. Tous les espaces sont possibles entre la cueillette du sauvage et l’agro-industrie. A nous de choisir le degré d’autonomie que nous désirons ...

 Conclusion Ostéopathique

Mais où veut-il donc en venir dans une revue d’ostéopathie avec ses réflexions oiseuses sur l’autonomie et les manipulations vers l’oubli de savoirs botaniques ancestraux ?

Il se trouve que tout cela fait furieusement écho à l’évolution actuelle de l’ostéopathie qui s’oriente vers plus de science mécaniste. Tous nos précurseurs sont allés taquiner des zones sauvages ou l’énergie et le vitalisme faisait partie intégrante de leur art (Still, Becker, etc ...). C’est maintenant quasi-tabou. Les Hélices de William Neidner ( "fascial twist") qui brisent le plan sagittal anatomique dont on peut alors penser qu’il est une vue de l’esprit, sont quasiment oubliées dans les écoles d’ostéopathie, pour resurgir d’une autre manière avec Yves Guillard dans la torsion physiologique et qui malgré une simplicité et une efficacité redoutable sera oubliée dans quelques années parce que l’ostéopathie veut coller à une biomécanique plus facilement assimilable sans bousculer les dogmes établis. Combien de temps avant qu’elle renaisse alors ? Et combien de notions inconnues de mes études s’enterrent ainsi ? Oubli, renaissance, ré-oubli ?

En quoi ce fonctionnement oublieux dans tous les domaines nous aide t’il ? On est loin de l’accumulation des connaissances décrite souvent, on est loin de la simplicité et de l’autonomie. Chaque génération doit la redécouvrir et lutter contre les forces qui ont intérêt à nous faire croire que l’on a besoin d’elles (Ainsi Big Pharma qui voudrait nous enfermer dans une vision chimique de la vie).

Ces réflexions peuvent de prime abord vous paraître excessives ? Réfléchissez bien à cet oubli programmé de l’ostéopathie (je ne suis pas le seul à le dire, des vieux professeurs me l’avaient dit sans que je les crois alors). Réfléchissez bien à cette perte d’autonomie de l’être dans sa santé avec une sécurité sociale qui nous dit : je m’occupe de tout, qui a un trou financier abyssal et quand même nous entraîne dans un système où les maladies chroniques (soit prise chronique de médicaments) sont la règle.

Dans quelle facilité se laisse t’on glisser pour donner à d’autres un tel pouvoir sur nos vies ? C’est juste une réflexion, une question que je me pose, mai qui demandera réponse un jour.

 Conclusion des conclusions

il est facile de voir la difficulté que nous avons alors que nous avons dur comme fer appris que la morelle était toxique à se dire qu’elle est comestible. Vous imaginez facilement la difficulté de quelqu’un qui a appris que l’ostéopathie c’était de la "m..." la difficulté qu’il a à concevoir qu’elle puisse être efficace !!! Un seul moyen de trancher, faire l’expérience !!! Encore faut’il vouloir la faire de bonne foi ... et là, ce n’est pas toujours gagné !

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Morelle_noire
 http://www.centre-antipoison-animal.com/morelle-noire.html
 http://www.jfdumas.fr/La-morelle-noire-Solanum-nigrum_a138.html
 http://www.infloweb.fr/morelle-noire
 http://sauvagement-bon.blogspot.fr/2009/10/fiche-morelle-noire.html
 Le régal végétal de François Couplan
 http://lesgourmandesastucieuses.blogspot.fr/2014/11/confiture-de-morelle-noire.html
 http://sureaux.blogspirit.com/archive/2011/09/03/solanum-complement.html

[1A l’heure actuelle, si ... j’ai mangé plusieurs fois quelques baies mures et si ce n’était pas un moment de gastronomie inoubliable, aucun problème à noter derrière...



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