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La Torsion Physiologique chez le quadrupède. (Rés)

Créé le : mercredi 14 novembre 2012 par Yves Guillard

Dernière modificaton le : vendredi 8 décembre 2017

Cet article fait suite à deux autres textes publiés précédemment dans l’Ostéo4pattes n°13 et 14. Dans le premier j’abordais brièvement la notion de Torsion Physiologique chez l’humain et j’émettais des hypothèses concernant son existence éventuelle chez le quadrupède. Le second consistait en une présentation de mes découvertes concernant le traitement de la scoliose et de la parascoliose chez l’humain.

Depuis lors j’ai beaucoup travaillé et expérimenté afin d’envisager de quelle manière ces concepts de traitement pouvaient être appliqués à l’animal. Un ouvrage sur ce sujet sortira en avril 2013.
Il aura pour titre LA TORSION PHYSIOLOGIQUE EN OSTÉOPATHIE COMPARÉE, de l’humain au quadrupède (Ed. Sully).
En voici quelques extraits.

 LA TORSION PHYSIOLOGIQUE CHEZ L’HUMAIN

Découverte fondamentale, le Mécanisme Respiratoire Primaire (M.R.P.) a fourni son “moteur“ à la physiologie de l’ostéopathie :
 Au cours de la Flexion de la symphyse sphéno-basilaire (S.S.B). les fascias descendent en rotation externe.
 Au cours de l’Extension les fascias montent en rotation interne.

Les mouvements de la S.S.B. fonctionnent autour de deux axes transversaux (occipital et sphénoïdal) qui permettent sa Flexion, puis son Extension. Or mes recherches m’ont permis de découvrir qu’il existait un autre temps au sein du Mécanisme Respiratoire Primaire et que celui-ci n’avait jamais été décrit. Il s’agit de ce que j’ai appelé la Torsion Physiologique.

Cette Torsion fonctionne, quant à elle chez l’Humain, autour d’un axe antéropostérieur passant par l’ombilic. Elle permet une légère rotation de tout le tronc (dans le sens des aiguilles d’une montre), avec une adaptation des mouvements de la tête et des membres. Elle se situe à la suite de la Flexion et s’annule avant l’Extension (Détorsion).
Lors de la Flexion de la symphyse sphéno-basilaire, le sacrum se redresse et il est accompagné par la motilité [1] du gros intestin dans le sens des aiguilles d’une montre.
Cette motilité est au centre de la Torsion Physiologique. À la manière d’une roue dentée elle va entraîner tous les éléments avoisinants :
 Le foie en dehors et en haut,
 L’estomac en dedans et en bas,
 L’iliaque gauche en postériorité,
 L’iliaque droit en antériorité,
 Le cœur vers la droite,
 Le médiastin en inspir et vers la gauche, etc.

Tout le tronc bascule donc légèrement vers la gauche autour de l’ombilic, pendant que la tête adapte vers la droite en se déformant légèrement (l’occiput glisse vers la gauche et tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre).
Si tout est normal, le mouvement s’inverse ensuite (Détorsion), ce qui entraine l’Extension.
Mais s’il existe des tensions soit au niveau de l’abdomen, soit au niveau du thorax, la Torsion Physiologique se bloque, installant tout le corps dans une torsion qui devient alors pathologique (au sens ostéopathique du terme).

La Torsion Physiologique au niveau du tronc
N.B. : l’amplitude des mouvements
a été considérablement augmentée

 UNE TROISIÈME DIMENSION AU MÉCANISME RESPIRATOIRE PRIMAIRE

Comme le Mécanisme Respiratoire Primaire (dont elle fait partie) la Torsion Physiologique constitue un des rythmes fondamentaux du corps. Elle apporte la troisième dimension au M.R.P., ce qui permet une approche complète du corps humain.

Le fonctionnement du Mécanisme Respiratoire Primaire est plus complexe que ce qui avait été tout d’abord envisagé par Sutherland. Comme celui-ci l’indiquait, il se compose bien de deux phases, mais chacune d’elles est elle-même subdivisée en deux temps (dont le second était inconnu jusqu’ici) :

1) Première phase :
a) Flexion sphéno-basilaire, synchrone avec celle du sacrum et avec la descente des fascias en rotation externe ;
b) Torsion Physiologique, qui lui succède après un temps de latence.

2) Seconde phase :
a) Détorsion, qui annule la Torsion Physiologique ;
b) Extension sphéno-basilaire, synchrone avec celle du sacrum et avec l’ascension des fascias en rotation interne.

La première phase du M.R.P. ne peut donc plus être simplement assimilée à la Flexion de la sphéno-basilaire (puisqu’elle comporte l’élément de Torsion Physiologique) et la seconde à l’Extension sphéno-basilaire (puisqu’elle est initiée par la Détorsion).

 LES CONSÉQUENCES DANS NOTRE VIE QUOTIDIENNE

Les mouvements de la vie courante sont plus faciles dans le sens de la Torsion Physiologique (ou de la Détorsion qui l’annule et permet de revenir à la position de départ), que dans le sens inverse. Cela explique un grand nombre de nos habitudes.
Ainsi la position correcte pour monter à cheval se situe à la gauche de l’animal : le cavalier met alors le pied gauche à l’étrier, ce qui mobilise le bassin dans le sens de la Torsion Physiologique. Patrick Chêne explique que “dans un spectacle on fait quasiment tout le temps tourner le cheval vers la gauche, seul ce sens de rotation permet au cavalier de monter facilement en courant sur le cheval au galop“ (voir, entre autres, les spectacles de la famille Grüss ou de la troupe de Bartabas où toutes les voltiges à cheval se font dans le même sens) . Ce qui est devenu un code “obligatoire“ dans les manuels d’équitation a, en fait, une raison physiologique. Mais la règle s’est peu à peu figée et son origine a été oubliée [2] ...

Mais, sans parler d’équitation, vous montez généralement sur un vélo en vous positionnant également à sa gauche.
De même il est plus facile pour le praticien de soigner un quadrupède lorsqu’il fait face au côté gauche de l’animal et tourne ses propres épaules vers la tête de celui-ci (rotation du tronc vers la gauche) que lorsqu’il fait l’inverse.
Bien sûr, dans tous ces cas, il est possible de bouger dans l’autre sens, mais c’est beaucoup moins facile !

 LA TORSION PHYSIOLOGIQUE, DE L’HUMAIN AU QUADRUPÈDE

Ce qui est facile à tester chez l’humain est également facile à tester chez l’animal. La seule difficulté pour appréhender la Torsion Physiologique chez le quadrupède est liée à un problème de positionnement du praticien, donc de visualisation dans l’espace. Au début, une petite gymnastique de l’esprit est donc nécessaire. En effet l’humain est généralement examiné et soigné en décubitus dorsal, le praticien se tenant au dessus de lui, à sa tête ou sur son côté droit, tandis que le quadrupède est examiné en appui sur ses quatre pattes ou assis sur son arrière-train (de dos), le praticien se trouvant derrière lui ou sur son côté gauche.
Les perceptions de l’observateur sont donc inversées en passant de l’un à l’autre : ainsi une rotation perçue de face chez l’humain comme SAM (dans le sens des aiguilles d’une montre) deviendra SIAM (sens inverse des aiguilles d’une montre) vue de dos chez l’animal.
Mais on verra que, à part les différences de torsion dues à l’adaptation à la position quadrupédique, les paramètres sont exactement les mêmes chez l’humain et le quadrupède.

En effet la Torsion Physiologique du quadrupède est identique à celle de l’humain, lorsqu’ils sont tous les deux couchés sur le dos :
  Torsion asymétrique du bassin,
  Rotation du ventre et du thorax dans le sens horaire (SAM = Sens des Aiguilles d’une Montre).

Humain et chien en décubitus dorsal
Vue ventrale

Mais, dès que l’animal se met sur ses quatre pattes (ou que l’humain se penche en avant), la torsion du bassin s’inverse et il apparaît une troisième rotation au niveau de l’encolure (de la gorge chez l’humain) :

Position quadrupédique

La torsion du bassin est donc inversée de l’humain au quadrupède :

 MÉCANISME DE FORMATION DE LA PARASCOLIOSE.

LA MISE SUR “PATTES“ NORMALE
Un bébé humain dont la Torsion Physiologique est libre n’aura pas besoin de tricher pour atteindre la verticale. Étant déjà sur un axe symétrique, il lui suffira d’acquérir suffisamment de force et d’équilibre pour se tenir d’abord assis, puis debout. Une fois sur ses deux pieds, il va basculer légèrement son bassin en antéversion pour créer la cambrure lombaire. Mais le poids de sa tête, reposant sur l’empilement de la colonne vertébrale, modérera celle-ci et amènera ses épaules en arrière de l’axe des hanches, lui assurant ainsi une stabilité définitive, avec une colonne vertébrale droite, un bassin équilibré et des jambes de même longueur.
Bénéficiant de quatre appuis, la mise sur pattes du quadrupède sera considérablement plus rapide. Les membres antérieurs donneront un point d’appui pour que le train arrière puisse se soulever et que le bassin trouve le type de torsion propre à la position sur quatre pattes (torsion quadrupédique). Si sa Torsion Physiologique est libre, l’animal sera alors symétrique, avec un bon aplomb et un dos rectiligne.

LA MISE SUR “PATTES“ PATHOLOGIQUE
Si la mère humaine est plus ou moins stressée au cours de la grossesse, elle va bloquer sa propre Torsion Physiologique (Torsion Accentuée). Son utérus tournera alors vers la droite, en s’inclinant dans cette même direction et le bébé se retrouvera ainsi “coincé“ à droite, dans le bas de son ventre. Ce sera pour lui aussi la cause d’un stress et d’un blocage de sa propre Torsion Physiologique. En conséquence, à la naissance, tout son corps sera incurvé vers la gauche.
Quand il voudra se mettre à la verticale, il sera obligé de tordre son bassin de façon excessive (torsion bipédique accentuée), ainsi que le reste de son corps (membres inférieurs et supérieurs, colonne vertébrale). Une fois ces compensations acquises, il les intégrera et, lors de l’acquisition de la parole, il finira par oublier cette étape passée. Dans la majorité des cas, il considérera donc ce positionnement bancal comme étant tout à fait naturel.

Chez l’être humain, les malpositions des fœtus sont visibles à l’œil nu et faciles à tester : le ventre est globalement plus gonflé en bas (caudal) et à droite (latéral) et il est plus aisé de mobiliser la “bulle“ qui contient le bébé (avec une très grande douceur) vers la droite que vers la gauche.
Il en est de même chez le quadrupède : j’ai eu l’occasion de soigner plusieurs juments poulinières qui, toutes, présentaient une parascoliose et portaient très nettement leur bébé caudalement et à droite (leur ventre était bombé dans cette direction).

Photo Bernard Bruges-Renard

La problématique du quadrupède pour se mettre debout est sensiblement différente de celle de l’humain. En effet, contrairement à lui, .....

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[1Jean-Pierre Barral, Pierre Mercier, Manipulations viscérales 1 et 2, Elsevier, Paris, 1983, 2004. Les auteurs distinguent deux types de mouvement au niveau des viscères : la mobilité qui dépend de la respiration thoraco-abdominale et la motilité qui fonctionne sur un rythme différent et représente un mouvement intrinsèque propre à chaque viscère.

[2L’Ostéo4pattes n° 14, p. 29.



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