Depuis deux semaines au Burkina Faso, je suis arrivée dans une
ambiance de morosité. Il y avait dans ma rue, les obsèques d’un jeune homme de 22 ans, gendarme engagé dans la lutte contre les djihadistes ; des attaques quasi quotidiennes de djihadistes ou autres ; les faits d’armes de milices ethniques ; l’extension de la zone rouge ; les limitations de circulations.
Et je me suis demandé comment un humain se lève le matin en sachant, en décidant qu’il va tuer un, d’autres êtres humains dans sa journée. Que se passe t’il dans sa tête, dans son cœur, dans ses tripes ? Je me posais la question sans vraiment avoir envie d’une réponse.
Et chacun d’entre nous, quel rôle jouons nous dans cela ? Se poser cette question c’est dire que nous en sommes en partie responsables ? Mais alors que nous avons aussi un pouvoir de résolution ?
Retrouver mes amis, retrouver mon cheval m’ont apaisé. Prendre le temps de méditer aussi. Mais la réflexion était en route.
Et hier en soignant « le genou gauche » d’une amie, m’est venue une autre façon de voir l’Humanité. Je vous propose de percevoir l’Humanité comme un seul corps, chacun d’entre nous en est une cellule. Donc les assassins comme les Femmes et Hommes de cœur, c’est nous. Les dirigeants déconnectés de toute réalité comme le plus démuni, c’est nous. Nous formons le même corps. Chacun d’entre nous est acteur de l’Humanité.
Si l’on considère certains comportements humains comme une gangrène et que nous cherchons une solution en médecine classique, nous allons chercher à faire taire les symptômes d’abord. Nous n’allons ni chercher la cause, ni chercher l’émotion ou l’évènement de vie sous jacent. Et surtout, chacun d’entre nous, comme partie de ce corps malade, n’avons aucun pouvoir sur l’évolution de la maladie. Par contre nous sommes victimes de la maladie et des effets secondaires des traitements mis en place. Effets physiques tels que la diminution des libertés individuelles et effets émotionnels tels que colères, peurs, sentiment d’insécurité.
L’ensemble du corps, l’ensemble de l’Humanité est en souffrance. Nous nous sentons démunis et oppressés.
La solution : l’amputation ? Jusqu’où ? Et avec quelles conséquences sur l’équilibre globale de nos sociétés.
Nous formons un tout, à chacun d’entre nous de participer à l’équilibre global de ce corps Humanité. Et c’est là que je vous propose une vision ostéopathique de cette Humanité.
En ostéopathie, nous savons qu’il est bon de s’éloigner du problème particulier et de mettre transitoirement de côté le symptôme pour privilégier une approche globale de réharmonisation. Nous savons aussi que si une partie est identifiée malade, le tout est impacté. Et nous nous ingénions à relancer une mobilité loco-régionale, à permettre une bonne circulation informationnelle, à libérer des tensions somato-émotionnelles. Nos outils sont : le respect, l’empathie, le non jugement, et c’est notre cœur qui œuvre.
Nous cherchons à nous placer dans un état d’Amour, pour nous même et notre interlocuteur. Nous avons appris, dans nos mains, nos corps, nos cœurs et nos esprits que colère, peur, rancune, animosité.. entraînent des restrictions de mouvement, des pertes d’adaptabilité.
Nous avons appris que quand nous redonnons du mouvement, les libérations peuvent s’enchaîner de proche en proche.
Nous avons constaté qu’un tissu qui retrouve une Harmonie, une Joie (une bonne relation de voisinage avec les structures qui l’entourent), a la possibilité de contaminer les tissus avoisinants et à distance. Une relance du mouvement crânio-sacré, une libération des 3ème et 4ème ventricules, une mobilité diaphragmatique, une réduction d’entorse, une respiration tissulaire renouvelée, la lever d’un blocage circulatoire… ont des effets positifs sur l’ensemble du corps.
Quel rapport avec chacun d’entre nous ? Si chacun d’entre nous s’accorde à appartenir à ce corps Humanité, chacun d’entre nous en améliorant sa « Santé » participe à la santé du corps Humanité.
Concrètement cela consiste en quoi ?
A soigner nos corps physiques dans une approche globale
A prendre soin de nos rapports sociaux
A respecter la Nature qui nous nourrit physiquement, intellectuellement et cœurdialement par sa beauté
A prendre en considérations nos émotions et nos pensées comme pouvant impacter l’ensemble du corps Humanité
Liste non exhaustive…
Et je souhaite développer plus particulièrement le point concernant les émotions. Nous avons le droit de ressentir de la peur, de la colère, de l’amertume comme de la Joie, de la Surprise et de l’Émerveillement. Mais prenons un temps avant d’agir. Si nos actions, nos discussions et nos pensées sont la résultante de nos craintes intimes, de nos colères justifiées ou non, de nos traumatismes ; qu’apportons nous à l’Humanité ? Si ce n’est une nouvelle surcharge de ces émotions.
Essayons, chacun d’entre nous, dans notre intimité comme dans nos relations à l’Autre, d’épurer ces émotions. Car quoi de plus contagieux que la colère ou la peur ? Que l’anxiété ou la haine ?
Et bien la Joie, les sourires, la paix. Je suis certaine que vous vous sentez mieux en compagnie de quelqu’un de joyeux, de souriant, de paisible.
Et c’est contagieux, hautement contagieux.
Je vous invite à accueillir les émotions qui vous entravent, un peu chaque jour ; et avec Amour et Empathie à entamer un chemin personnel, et forcément collectif de guérison. Ce n’est pas en ajoutant du malheur au malheur que nous pourrons avoir une action positive globale.
Chacune de nos colères alimente le seau commun de colère qui poussent certains à tuer.
Chacune de nos peurs alimente le seau commun de peur qui pousse à l’exclusion.
Comme chacune de nos Joie alimente le seau commun de Joie qui pousse à donner.
Comme chacune de nos larmes libératrices abreuvent la Terre mère.
Nous sommes responsables de nos Pensées, de nos Émotions. Et pour paraphraser Gandhi, soyons le changement que nous voulons voir en ce monde.
Nous en avons tous le pouvoir quoi qu’en pensent nos dirigeants, nos trafiquants d’armes, nos fabricants de pesticides, nos voisins, nos enfants, nos parents… nous sommes eux, ils sont nous.
Et j’aimerai terminer en vous racontant une rencontre inattendue. Le 1er août 2015, une amie m’a emmenée rendre visite aux animaux du zoo de Ziniaré, pour voir leur état corporel et discuter avec eux. N’étant pas seules, c’est une fois en voiture que je lui demande de nous arrêter au plus vite près d’un arbre pour écrire ce que les éléphantes ont à nous dire.
« Bienvenue aux pays des Éléphants. Tu n’as pas encore compris pourquoi l’On t’a fait venir ici. Ce n’est pas la peine de créer ce qui existe déjà. Ta voie est de cheminer à nos côtés et de comprendre le vrai sens de ta Vie. Nous n’avons pas de griefs contre les humains. Nous voyons bien au delà de leurs créations actuelles. Nous sommes l’emblème de leur désir de liberté. Pour vous la compréhension n’est pas aisée car vous avez appris à réfléchir à l’envers, à partir de vous et non à partir du grand Tout. Pour retrouver la compréhension, il est bon de se remettre en lien avec le cœur de Notre chère Planète Terre »
D’un seul coup, mes sensations ont changé. C’est une nouvelle interlocutrice qui s’adresse à moi : La Terre.
« Je suis une planète de Vie et de Compréhension. J’ai des émotions et je crie parfois vengeance de ce que vous me faites. J’ai besoin de respirer, et vous êtes mes poumons. Vous, petits humains dressés sur vos deux membres, vous êtes comme des antennes. Des émanations de moi et des récepteurs des ondes cosmiques de mes sœurs planètes. Il vous faut retrouver ce lien, ce lien entre les étoiles et moi. Je vous vois parfois vibrer aux couleurs de l’arc en ciel. Et là, vous jouer votre rôle d’interface entre moi et le cosmos.
C’est cela Retrouver votre place entre Terre et Ciel.
Maintenant, il vous faut apprendre à refaire ce lien.
Toutes vos actions à cœur ouvert permettent de réinitialiser vos structures cellulaires, de les faire vibrer autrement, plus à l’unisson, de moi et des étoiles.
Les enfants arc-en-ciel arrivent maintenant, directement dans vos foyers. Et il est bon d’apprendre d’eux, et de les regarder construire un monde nouveau. Ils ont la compréhension instinctive des belles choses.
Dans toutes vos actions, commencez par voir s’il y a Beauté. Et perfectionnez vos gestes vers la Beauté, dans tous les actes du quotidien. C’est le temps d’avoir des pensées plus élevées que ce qui se vit au quotidien. »
Merci à Natacha, Valérie, Morgane, Christine, Geneviève, Honorine, Liliane, Abdoulaye, Neerwaya
Merci à tous les Êtres qui m’accueillent et m’enseignent, ici au Burkina Faso, comme ailleurs
Texte rédigé le 12 février 2019