Pour remettre quelques vérités en place face à la déferlante de fausses informations qui circulent en ce moment sur les forums Internet suite à une Ordonnance n° 2011-78 du 20 janvier 2011 relative aux conditions dans lesquelles certains actes peuvent être réalisés par des personnes n’ayant pas la qualité de vétérinaire, qui rappelle dans son introduction, les lois d’exercice de la médecine vétérinaire et a été promulguée pour étendre certains actes à des personnes non vétérinaires ( ouverture, donc, plutôt).
Les appels à signer une pétition contre le “monopole véto” que viennent de lancer de nombreux internautes sur tous les forums animaliers (équins principalement) déclenchent une vague de calomnies contre la profession accusée de vouloir subitement interdire l’exercice des métiers de dentiste équin et ostéopathe pour animaux aux non vétérinaires.
Je suis abasourdie de voir avec quelle vitesse et quelle facilité il est possible de diffuser de fausses informations, destinées à persuader des personnes de bonne foi que l’Ordre des Vétérinaires essaye de limiter aujourd’hui l’exercice de l’ostéopathie animale et de la dentisterie équine à la profession vétérinaire.
Ces assertions sont fausses
1. La loi française oblige tout thérapeute animalier d’avoir le diplôme de vétérinaire pour exercer (article 243.1 et suivants du code rural), que ce diplôme soit obtenu en France ou dans un des pays européens avec reconnaissance du diplôme.
Cela ne date donc pas du 20 janvier et ce n’est pas non plus depuis cette date que tous ceux qui se sont formés dans des instituts sans existence ni valeur légales savent qu’ils sont dans l’illégalité en France.
Cela ne les a pas empêchés d’exercer et de faire leur publicité sans être vraiment inquiétés.
Il faut cependant savoir que certaines de ces “formations” ouvertes sans agrément et dans la plus parfaite illégalité (que ce soit pour des personnes non vétérinaires comme pour des ostéopathes humains d’ailleurs) proposent des cursus extrêmement couteux pour… 2 jours de formation.
D’autres, plus sérieuses (mais toujours dans l’illégalité au sens de la loi française) proposent des cursus d’un ou deux ans.
D’ailleurs la personne à l’origine de cette fronde sur Internet n’est autre que le directeur d’un de ces instituts “offshore” qui est actuellement poursuivi.
D’autre part, dans la mesure où la loi impose d’être vétérinaire pour pratiquer l’ostéopathie animale, seuls ces derniers peuvent s’assurer en responsabilité civile et pouvoir ainsi faire jouer leur assurance en cas de problème.
2. Il existe en France un Référentiel d’Ostéopathie Vétérinaire qui fixe ce qu’un ostéopathe doit savoir, ce qu’il peut et ne peut pas faire. Trois instituts (vétérinaires puisque légalement ce sont les seuls autorisés à pratiquer l’ostéopathie) ont intégré ce Référentiel et délivrent un Diplôme Inter-Ecoles d’ostéopathie vétérinaire légalement reconnu en France.
3. L’ordonnance du 20 janvier, dans son introduction, ne fait que rappeler cette loi, comme celles qui imposent aux chirurgiens d’avoir obtenu préalablement un diplôme etc.
Tous ceux qui tentent aujourd’hui de faire croire que cette ordonnance vient d’interdire l’exercice de la médecine sur les animaux à des non-vétérinaires sont donc coupables de propager de fausses informations dans le seul but de servir les intérêts de quelques instituts qui redoutent de voir une manne financière se tarir brusquement.
D’autre part, la pléthore d’ostéopathes humains issus des collèges agréés (+ 25 % par an) commence à poser des problèmes à ceux qui se tournent vers ce métier. Ils pensent donc peut-être que l’ostéopathie animale doit aussi leur être réservée (mais n’admettent cependant pas que des vétérinaires ostéopathes manipulent des humains !)
Il s’agit donc d’un lobbying dont les intérêts ne sont pas de défendre “un” métier mais bel et bien de servir les intérêts très matériels de quelques uns.
Autrefois il y avait les “hongreurs” et personne n’a trouvé à redire que la castration des chevaux soit aujourd’hui réservée aux vétérinaires ? Nous sommes dans le même cas de figure mais il n’y avait pas les forums sur Internet ni Facebook à l’époque !
Ce qui est dommage c’est de ne pas saisir l’opportunité pour un vrai débat qui règlementerait plus précisément l’accès à ce métier plutôt que de dresser les gens les uns contre les autres en pratiquant la désinformation à grande échelle (ce que font tous les gens qui diffusent ces fausses informations sur tous les forums).
Il s’agit avant tout de s’assurer que les ostéopathes qui manipulent les animaux ne sont pas des charlatans car en l’absence de contrôle effectif systématique, n’importe qui peut s’auto-proclamer ostéopathe… même sans formation (aucun diplôme d’institut non vétérinaire n’est légalement reconnu en France).
Donc, encore une fois, les discussions qui vont bon train sur les forums poussent des gens crédules à signer une pétition sur une soi-disant “nouvelle loi” qui n’en est pas une.
J’invite tous les lecteurs de ces forums à bien se renseigner avant de foncer, tête baissée, vers des pièges dont ils ne mesurent peut-être pas la portée.
C. L.
Il y a maintenant 5 ans, nous avions à Vetosteo essayé de regrouper toutes les parties… peine perdue.
A l’époque les vétérinaires sûrs de leurs bon droit refusant d’ouvrir la discussion, et les autres ne s’organisant pas pour permettre la discussion.
Puis est venu le temps de la reconnaissance de l’ostéopathie humaine et les ostéopathes humains dans leur majorité pensent que l’ostéopathie y compris animale doit leur être réservée… et, au milieu, les gens formés depuis le bac, le plus souvent à temps partiel, un peu perdus autour de ces deux protagonistes forts de leur bon droit…
J’aurais aimé que les choses s’ouvrent dans des conditions correctes, mais ce n’en est plus l’heure manifestement… on assiste à une crispation des intérêts pour moi très dommageable….
Mais que faire ? …. pourtant avancer et faire bouger les situations sans avancer de choses erronées me parait une bonne chose… même si il faut parfois du cran pour bouger des choses établies…
Patrick Chêne