Présentation
Résumé Voici la première livraison de ce qui est appelé à devenir une chronique journalistique sur ce Site. Dédiée, en particulier, à la couverture de nos congrès, séminaires et autres fêtes ostéopathiques. Dans un souci de transparence, l’auteur préfère, au préalable, se présenter. À l’aide de détails biographiques ou évènementiels, il met ici en place le cadre anatomique et physiologique de sa vie professionnelle. Soulevant, au passage, des questions de principe et de technique, telles qu’elles se sont présentées dans leur contexte vivant… Présentation Au sein de cette famille ostéopathique française devenue fort grande depuis l’époque de mes premiers pas, je me présente. Je m’appelle Albert-Alain-Abraham Abehsera, alias les 5A. Un personnage actif dans la profession dans les années 70 du siècle dernier, et qui s’est mis en retrait ensuite, pour revenir à la charge, tel Richard Cœur de Lion revenu des croisades, et cherchant à récupérer ses terres de son frère félon. Ce n’est pas totalement faux, cette comparaison, car, comme le Roi-Lion, j’ai quitté l’Angleterre et la France pour Jérusalem, où j’ai habité de nombreuses années, avant de revenir ici. Le reste des infos sur qui fonctionne derrière ce nom, viendra au fur et à mesure de cet article et de ceux qui – j’espère – le suivront.Les sentiments de l’ostéopathe
Le journalisme, c’est une manière bien particulière de parler des choses. Ce sont des idées rapportées mais aussi des sentiments. Le journaliste n’est pas supposé reproduire exactement le contenu sans se préoccuper du contenant. Ce n’est pas un appareil photo ni un enregistreur. Il doit pré-digérer l’info, la résumer, la rendre intéressante lorsqu’elle est ennuyeuse, colorée lorsqu’elle est grise. C’est un métier qui s’apprend et je ne l’ai pas appris. En plus, je suis ostéopathe de formation et, forcément, je manque de la distance que les journalistes ont, vis à vis de leur sujet d’enquête. Avouons que nous avons tendance, entre nous, à nous passer la pommade, à ne pas trop critiquer les contenus. On ne sait jamais, il y a des intérêts en jeu. Pourtant, le journalisme parmi nous me paraît bien nécessaire. D’abord parce qu’il y a des stages, des séminaires, des congrès dont le contenu passe à l’as, et c’est de l’information perdue pour ceux qui n’ont pu se déplacer ou payer, c’est-à-dire 98,4 pour cent de la profession pour chaque réunion. Mais aussi, il ne faut pas oublier l’autre boulot du journaliste, c’est la ‘critique’. Comme pour le cinéma ou les expositions artistiques, on devrait avoir des critiques de séminaires, de congrès, etc. L’ostéopathie, on l’entend sans arrêt, n’est pas qu’une science mais aussi un art, plein de la subjectivité de chaque auteur ou praticien. Qui dit art, dit possibilité de critique. Pas juste pour casser du sucre, mais pour recadrer chacun dans son fil historique, évaluer ce qu’il y a de vraiment nouveau ou ancien dans les discours et les pratiques, souligner les contradictions. Et donc, comme quand on va au cinéma, et qu’on regarde d’abord les critiques, permettre à chacun de se faire une idée. Sans oublier que, parfois, les critiques se ramassent une grosse gamelle quand un film pulvérise les records d’audience malgré le snobisme des spécialistes qui l’avaient massacré dans la presse.De l’importance des ragots
En plus, le journalisme de nos jours doit compter avec l’aspect people. Est-ce une information inintéressante que de rapporter les détails conjugaux ou financiers des uns et des autres ? Non… J’avoue modestement que j’aime lire la presse people, de temps en temps. C’est un discours léger sur les choses sérieuses et qui, en fait, est pétri de morale. En montrant le roi nu, on rappelle l’humanité de chacun, et on demande à voir l’adéquation entre ce que les gens importants disent et ce qu’ils font, ou disent qu’ils font. Ça, c’est très important, pourvu qu’on se préserve de la médisance. Prenons un exemple ostéopathique. Un ostéopathe vient à la tribune faire une communication de posturologie, ultra-pointue et documentée. Rapporter ses dires, ses courbes et histogrammes, est, certes, important. Mais on est en droit de parler de ses autres courbes, celle de sa colonne. Quand un posturologue discourt et qu’il a une bosse de bison, des épaules rondes et du ventre, on peut se poser des questions. Donc, me voilà écrivant à Bruno Ducoux, le directeur de la FROP, lui proposant, sans raconter tout le blabla qui précède, que j’aimerai couvrir l’évènement qu’il organise à Bordeaux. Bruno est un garçon qui est au garde-à-vous pour les principes de l’ostéopathie. Ce qu’il sent être bien pour la profession, il l’accepte si on le lui propose. Et c’est ce qu’il fait avec une grande gentillesse. Pourquoi me connaît-il et accepte-t-il ? L’histoire est longue, mais nous avons une bonne relation. Je signale que je vais venir avec d’autres ostéopathes. On devait être trois, mais la troisième se désiste pour cette fois-là. Elle interviendra dans les prochaines chroniques. Mon partenaire, pour le congrès, répond au nom de Jean-Edouard Crombez de Rémond de Montmort (je vous jure que c’est vrai). Je n’ai pas confiance dans mon jugement de DO blasé, et je sens la nécessité d’être accompagné par un diplômé récent, qui aura le point de vue de la vaste majorité de la profession actuelle, les fameux ninis. Et surtout, l’aide de quelqu’un qui est installé et se confronte aux problèmes quotidiens du cabinet. Moi, pour le moment, je ne consulte pas. Pour l’instant, car j’espère, mais je le dis depuis si longtemps, que je vais remettre le couvert. En attendant ce jour que je redoute, les opinions des ostéopathes en exercice valent mieux que les miennes. Je ne regretterai pas ma décision de venir accompagné, car, rapidement, je me prends à avoir des critiques sur ce que j’entends, et Jean-Edouard, me recadre. Normal, c’est un aristo, et il me rappelle le devoir de noblesse auquel je tiens tant, d’habitude.Au nom de qui et quoi tu parles ?
Quelques mots de plus sur qui je suis, sur la légitimité de mon discours. Je suis DO de 1975 – temps plein en Angleterre – et fait ensuite mes études de médecine en France. J’ai pratiqué et enseigné notre art quelques années, jusqu’en 2000. À cette date, j’ai dû me retirer de toute pratique suite à un burn-out très sévère. J’ai failli mourir au champ d’honneur ostéopathique. Succomber en soignant quelqu’un d’autre aurait pu être une belle fin, mais je me suis arrêté à temps. J’ai dû cesser mon activité ostéopathique commerciale mais pas mon implication dans la profession. Qu’il s’agisse d’écriture, d’enseignement ou de traitements, car je peux dire que j’ai fait, depuis mon arrêt de travail, au moins un traitement ostéopathique par jour. Enseigner, par contre, pas trop. Car mon grand problème, ces dernières années, s’est résumé ainsi : comment enseigner ou pratiquer un art qui a failli me tuer ? Ou mieux, un art avec lequel j’ai failli me tuer. Car il ne faut pas accuser l’ostéopathie en soi, mais notre manière de la pratiquer. De peur de transmettre un enseignement mortifère, je me suis beaucoup restreint dans ma communication. Et j’ai pu explorer cette terre vierge à ma connaissance : l’éventuelle toxicité de l’ostéopathie pour le praticien comme le patient. Voilà ma quête et le gros dossier que je veux ouvrir pour nous tous.L’ostéopathie : un peu de bien, un peu de mal
Ce n’est pas que notre santé qui est jeu, mais aussi notre capacité de soigner, voire de guérir. Je confie une de mes espérances : lorsqu’on aura débarrassé l’ostéopathie de ses effets toxiques potentiels ou réels, elle va exploser dans ses résultats cliniques. J’y crois dur comme fer. Elle fait dans le lombago pour le moment, car c’est là qu’elle est la moins dangereuse, mais pas très efficace. L’ostéopathie retournera – en mieux et plus fort – aux jours bénis de sa création – une médecine générale – quand elle aura trouvé son bien et son mal. Pour le moment, elle est une technique du bien-être, une parmi cent autres. En effet, elle n’est supposée apporter que du bien, et donc fait peu de bien, et probablement peu de mal. Pour qu’elle passe en mode ‘faire beaucoup de bien’, il faut qu’elle repère avec précision le « beaucoup de mal » qu’elle pourrait également causer, ce qu’on appelle, en médecine : indications et contrindications. Pour le moment, pas une ligne n’existe sur les contrindications de l’ostéopathie, fonctionnelle en particulier (fascia, écoute, biodynamique selon les divers noms sous laquelle elle s’est fait connaître). Pas une ligne, pas vraiment, car j’ai écrit quelque chose là-dessus, racontant mon burnout. Dans le cadre de cette quête, mais aussi, tout simplement, parce que j’aime l’ostéopathie, j’ai décidé d’aller aux congrès et aux séminaires, voir et entendre ce qui s’y dit. Un patient par jour Depuis que j’ai arrêté la pratique en cabinet, je l’ai dit plus haut, j’ai eu, au moins, un patient par jour. Et ce patient quotidien, ça a été et continue d’être moi. Grâce à ce rendez-vous qui prend tout mon agenda, petit à petit, ça a été mieux. Mon burnout, ses manifestations pathologiques, s’est incliné devant mon ostéopathe intérieur. Quinze années de traitement ostéopathique quotidien. Quand notre profession sera plus connue, je serai candidat au Guinness. Au fur et à mesure de cette amélioration dans la santé, trop heureux de retrouver la vie, la marche, la course, la capacité de soulever, j’ai pensé partager l’info, et donc écrire, enseigner à nouveau et, pourquoi pas, ré-exercer, rouvrir un cabinet. Gagner ma vie (comme on dit, car peut-être, on la perd aussi) avec ça. L’idée me tente, à ce jour, mais j’ai gardé une peur bleue de rattraper le burn-out. Comment l’éviter ? Comment ne pas sentir à nouveau que je me suis fait pomper ma substantifique moelle à l’issue d’un traitement, avec en prime, un patient qui se sent, lui, très bien ? Je me suis posé assez rapidement la question : comment les autres ostéopathes gèrent ce problème ? Est-ce général ? J’ai donc fait ma petite enquête. Avec toutes sortes de réponses. On en reparlera. En parallèle, et toujours dans la perspective d’une réinstallation, je me suis dit que la politesse vis-à-vis de mes futurs patients, malgré mes titres, c’est de redevenir étudiant. Revoir les choses à la base, entendre ce qui se dit depuis que je suis sorti de mon école, voici 40 ans. J’ai donc cherché où étudier, discrètement.Les muscles bougent
Parmi mes fonctions honorifiques récentes, on m’a demandé de faire passer les jurys de DO à l’école IDO à Paris. Un exercice sympathique qui m’a remis un peu dans l’ambiance de ce que les étudiants comprennent et pratiquent. Au cours d’une session, se présente à moi l’opportunité d’étudier chez un ostéopathe installé et qui enseigne. Il s’agit d’Hervé Julien, qui promeut une idée assez intéressante : l’existence d’un mouvement musculaire permanent (MMP), qu’on pourrait également qualifier de motilité musculaire spontanée et rythmique. En bref, il pense que les muscles striés ont leur motilité propre, sur le rythme connu des ostéopathes sous le nom de MRP. Cette idée me plaît instantanément car elle correspond bien à ce que j’avais senti en écoutant les tissus. Quand on sent, sur un genou, une alternance de rotation interne et externe, en même temps qu’une abduction/adduction et flexion/extension, il paraît assez évident que la meilleure explication, la plus saine et la plus logique, c’est une contraction alternée des muscles agissant sur le genou dans toutes les dimensions, et moins probablement, la sécrétion de trois gouttes de LCR dans les ventricules cérébraux. Hervé Julien considère donc que ce MMP est une explication tout à fait pertinente de beaucoup de ce qui se dit au nom du MRP, le mouvement respiratoire primaire des ostéopathes crâniens. Ayant adhéré à cette idée, je viens à ses cours, me mêlant avec des étudiants, pour la plupart, beaucoup plus jeunes que moi. Je trouve ça super de jouer l’ignorant, et de s’apercevoir assez rapidement, que, pas besoin de jouer, on l’est réellement et que c’est bien de recommencer… Cette histoire de MMP, au lieu de ou en parallèle au MRP, c’est pas mal du tout et ça a pas mal de conséquences au niveau pratique et clinique. Au bout de la formation, et devant l’absence, comme d’hab, de volontaires, me voilà bombardé secrétaire de l’association créée par ce même Hervé Julien, Teutaros, pour promouvoir ses idées et sa pratique. Teutaros, c’est le nom d’un bouvier auquel Zeus a confié l’éducation de son chouchou Hercule. En particulier, pour le parfaire dans le tir à l’arc. La colonne vertébrale étant un empilement d’arcs, je me suis dit que c’était pas mal trouvé, ce nom. Et on ne sait jamais, si on a la bénédiction de Zeus, ça ne peut qu’aider…Le Guide Michelin des Formations
C’est donc, pour vous épargner de nombreux détails très importants mais dont l’énumération serait fastidieuse (expression tirée du film ‘les Rois Mages’), dans ce cadre de secrétaire d’une association ostéopathique, que je concocte l’idée de rajouter comme corde à mon arc, de devenir journaliste. Mêlé aux étudiants, je me suis vite aperçu que c’était une question vitale pour notre profession. Non seulement, quelqu’un qui veut étudier notre art, en France, doit choisir parmi près de 70 écoles (plus que dans le monde entier paraît-il !), mais en plus, après, on lui propose une pléthore de formations en tous genres. Sans compter celles qui se déroulent à l’étranger. Avec des prix souvent faramineux, rendant la participation aléatoire. Ça laisse un petit goût amer de se dire qu’après 4 ou 5 années d’études, on a juste acquis la compréhension de base qui permet d’aller à des séminaires où, enfin, on va apprendre la vraie ostéo, pas le truc scolaire. C’est certes désespérant et crée beaucoup de confusion. On entend vite les questions que se posent les jeunes diplômés : qu’est ce qui est nécessaire à mon installation ? De la pédiatrie, de la gynéco ? Améliorer mon structurel ? Le fascia, le viscéral ? Il n’existe aucun guide Michelin pour toutes ces formations. Et c’est là que le vieux machin que je suis peut jouer un rôle. Ça m’ennuie de me singulariser comme cela, mais il faut bien qu’un des Anciens – ce que je suis – rende ce service aux plus jeunes, et les aide à choisir, à déterminer ce qui est essentiel ou pas. Et je tiens à affirmer du haut de ma chaire de professeur sans université, qu’en gros : ne pas s’affoler. Ce que vous, les p’tiots, avez appris à l’école, quelle qu’elle soit, où qu’elle soit, pourvu que vous vous êtes assis et que vous avez écouté assez longtemps, c’est l’essentiel. Rien de ce qui se dit au dehors ne doit être conçu comme archi-essentiel, vital etc. C’est un Vieux qui vous le dit, qui, en plus, s’est pris à un moment, pour le Moise de l’ostéopathie. Tout est dans les bouquins, en particulier dans les livres d’anatomie et de physiologie (même sans commentaire ostéopathique), et dans vos cours. Le reste, c’est du plus, voire du moins. Mais c’est vrai qu’il y a des rencontres qui marquent, ensuite. Celles-là, on ne les détermine pas d’avance. Ce sont des surprises, qui, le plus souvent, viennent en cadeau, gratuites.La plèbe ostéopathique
Dans le cadre de ce que vous avez compris comme ma logorrhée, nous arrivons, petit à petit, à ce congrès de la FROP. Il faut savoir que ces réunions grandioses qui nécessitent une ou des salles, des enseignants qui voyagent, qui sont pris en charge, un nombre d’inscrits minimal etc., c’est une vraie tannée à organiser. Et dans le cas présent, c’est Bruno Ducoux et ses collaborateurs de la FROP qui ont pris le temps et les risques. Un premier grand merci au passage. Un congrès, c’est un contenu, les communications, et un contenant : le lieu, les rencontres, la fille assise à côté de vous, ou celui qui prend la dosette de café que vous alliez attraper. On aurait pu mettre les congrès sur Youtube et partager le contenu, mais les rencontres ? Elles sont magiques. Pour ce brassage des idées et des gens, il faut remercier mille fois ceux qui se cassent la tête à organiser ces fêtes du savoir. Sans compter l’inévitable soirée de gala associée, où on peut boire un petit coup et se considérer très différemment les uns les autres. Au passage, petite digression/publicité : j’avoue, bien que cela énerve souverainement mes amis non-ostéopathes, éprouver une grande affinité pour ce qu’on appelle les DO (étudiants compris). Je suis sûr que les avocats, les menuisiers, les assistantes sociales ou les politiciens kiffent lors de leurs réunions. Chacun a son jargon, ses problèmes, ses défis, ses réussites etc. et ils doivent passer d’excellentes soirées entre eux. Les ostéopathes, on a la santé en commun à discuter, et c’est quand même chouette comme sujet. On n’est pas les seuls, c’est vrai. Mais on a un mélange de rationnel (notre côté ‘objectif’, ‘scientifique’) et d’irrationnel (‘subjectif’, alias mystico-pété) qui, je crois est unique dans le monde des thérapeutes. Les médecins ne sont – ou espèrent n’être – que dans le rationnel. Nos confrères des médecines dites ‘complémentaires’, homéopathes, acupuncteurs ou naturopathes, sont, eux, franchement plus dans l’irrationnel. Je dis ça sans jugement. Alors ce mélange paradoxal, ça attire des gens à mi-chemin du rationnel et de l’irrationnel, et ça fait des rencontres super.Deux tribus de DO
Les ostéopathes ne sont pas conscients à quel point, ils sont paradoxaux. Dans les congrès, ça saute aux yeux. Imaginez comment se retrouvent, assis à la même table des gens qui font de l’ostéopathie ‘biodynamique’ côtoyer des ostéopathes ‘structurels’, que franchement, ils n’ont rien à voir du tout au tout, et qu’ils sont là polis, à se passer les desserts, n’ayant en commun que ces deux lettres après leur nom, D.O. Et ce D et ce O, les oblige à se parler poliment. Même si leurs bouquins, leurs articles et leur pratique n’ont plus rien de commun, à première vue. Le congrès de la FROP s’annonce donc comme un bon terrain de début, présentant d’emblée dans son programme, des personnes des deux camps qui caractérisent notre profession. En plus, cette grand-messe concerne un domaine où l’ostéopathie s’illustre fort, de nos jours, la pédiatrie. Convaincu donc de devoir y aller, pour mon bien comme celui de la profession et de l’Univers, mais pas sûr que je pourrai gérer la chose tout seul, je demande au trésorier de Teutaros, Jean Edouard, de m’accompagner pour le congrès de la FROP et il se dit enchanté. Il habite à Bordeaux, ce qui facilite bien les choses. Et de son point de vue, c’est une aubaine, une occasion pour un jeune diplômé de rencontrer les ‘grands’ de notre profession.Une ostéopathie cossue
Le mercredi soir, après un merveilleux covoiturage (petite publicité car je n’ai fait que des voyages merveilleux ainsi), arrivée à Bordeaux chez mon co-journaliste, qui sera mon hôte ainsi que son épouse, dans un appartement de caractère. Nuit de repos et, à pied nous marchons jusqu’au COS (Collège Ostéopathique Sutherland), rue de Condé, dans le centre-ville. Bordeaux, ça en jette ! Ça respire la réussite sociale, et, à la différence de Lyon, l’autre bourgeoise, fondée sur l’industrie et le textile, Bordeaux, c’est du bon vin qui est devenu de la belle pierre. Les locaux du COS, où se déroulent les ateliers du jeudi et du vendredi, sont à la hauteur de la ville. Allez, je ne résiste pas : ils sont COSsus. Je n’ai jamais vu une école d’ostéopathie comme cela, mais je n’en connais pas beaucoup d’autres. J’aurai même droit à une visite de l’école par le directeur. C’est beau, d’être de la presse ! C’est un jeune homme à l’allure d’étudiant, et je suis très impressionné par le nombre de salles aux noms évocateurs, Salle Magoun, Salle Littlejohn etc., de bureaux avec des gens occupés, de salles pour les étudiants et même un amphithéâtre. Sachant que des décrets sont tombés exigeant que les écoles montrent un certain sérieux sur le plan infrastructure – faisant que, paraît-il, pas mal vont fermer – le COS me semble hors de danger ! Ah, le temps de l’ASO, la première école fondée par Still à Kirksville dans une cabane de 20 m². Il n’aurait pas passé les décrets. C’était beaucoup de contenu dans un tout petit contenant. Une proportion que les autorités ne pouvaient, ni ne peuvent juger !Une tête bien faite, une tête bien pleine ?
Nous entrons dans la salle du premier atelier, un peu en retard. Le ton de la première intervention est énergique. On sent le sérieux. Un power point sophistiqué à l’écran. La conférencière donne l’impression d’être à fond dans ce qu’elle dit. Elle a un accent: Sylvie Lessard D.O., de Québec, venue nous présenter son travail sur la plagiocéphalie. Elle ne parlera pas du traitement des bébés, mais des poupons… Il y avait, comme ça, deux ou trois autres expressions marrantes pour nous. Vive la diversité des langues ! Pour le contenu de la communication, on pourra trouver ci-joint un rapport écrit par mon compère, Jean-Edouard, chargé de rapporter les dires des uns et des autres, poser quelques questions. Pour le mien, on attendra un peu. Je l’ai pourtant déjà écrit. Ça faisait bien. Mais suite à un échange de courriels avec l’auteur et avec ma conscience, je me suis aperçu que je n’avais pas marqué l’essentiel, et que je m’étais perdu dans mon raisonnement. Pour reprendre, pas dans le même sens, l’expression de Michel de Montaigne, cela touche à un paradoxe complexe, celui de la « tête bien faite vs. la tête bien pleine ». Dans la plagiocéphalie, on a une tête mal faite. Mais elle est peut être bien pleine. Doit-on intervenir alors ? Inversement, on peut dire que la tête mal faite ne peut bien se remplir. En termes ostéopathiques, cela s’inscrit dans un autre paradoxe : la structure gouverne la fonction, mais, tout autant, la fonction gouverne la structure. Je dois donc réécrire. En attendant que cela soit fait, je vous tire ma révérence et vous retrouverai plus tard avec plaisir. Pour ceux qui sont arrivés ici dans le texte, en ayant lu tout depuis le début (excluant les petits malins qui commencent par la fin), je vous remercie de m’avoir lu et rappelle que les paroles dites ci-dessus et plus tard, ci-dessous, n’engagent que leur auteur. À bientôt…Le Site de l’Ostéopathie remercie Alain A. Abehsera pour sa contribution Cet article a été publié sur le Site de l’Ostéopathie le 27-03-2015 à l’occasion du congrès de la FROP à Bordeaux en 2015