Le whiplash est une pathologie bien connue en ostéopathie humaine: c’est le fameux “coup du lapin” ou “coup de fouet”; mais il nous arrive parfois d’en rencontrer aussi en ostéopathie vétérinaire; c’est le cas de Bud, présenté ici.
Bud est un jeune berger allemand fougueux âgé de trois ans. Au cours d’une promenade dominicale, voulant poursuivre un oiseau, il saute le muret qui longe la place et…fait une chute de plus de dix mètres! En fait c’est la partie supérieure des remparts de la ville que Bud a franchi d’un bond. Ses propriétaires se précipitent en bas, pensant le trouver mort; mais le chien est juste “sonné”, apparemment très étonné d’être là. Il est conduit en urgence jusqu’à notre clinique où il est reçu par ma consoeur.
L’examen clinique ne révèle rien de particulier, si ce n’est une petite plaie au niveau du museau et une certaine raideur généralisée, mais pas de boiterie. Il repart avec un traitement anti-inflammatoire (prévicox ND) et un rendez-vous pour une consultation en ostéopathie quatre jours plus tard.
Ce jour Là, alors qu’il sort de la salle d’attente pour se diriger vers le cabinet de consultation, je peux en effet constater que Bud se déplace normalement, sans boiterie, mais la tête basse et sans entrain.
D’ailleurs, les propriétaires sont inquiets car leur chien a changé de comportement: lui, si exubérant, reste maintenant silencieux et prostré. L’appétit est conservé. L’examen clinique est normal, mais au niveau ostéopathique on note:
– sacrum en extension rotation droite
– dysfonction de la jonction lombosacrée
– L4 en rotation droite
– T13 en rotation droite
– C1 en rotation gauche
– SSB en side droit
– os nasal gauche peu mobile
– asynchronisme craniosacré, à savoir qu’il existe un décalage très net entre les mouvements du sacrum et du crâne, l’extension du sacrum débutant en milieu de flexion du crâne.
Toutes ces dysfonctions sont corrigées en MRP et par des techniques fasciales. Au bout de trois jours, Bud a retrouvé son entrain et c’est en aboyant et en sautant qu’il m’accueille lors du contrôle dix jours plus tard. Tout est alors correct.
Selon la Quebec Taske Force, le whiplash est un “mécanisme d’accélération – décélération avec transfert d’énergie au niveau du cou:il peut être causé par une collision en voiture, mais aussi dans d’autres circonstances, pourtant la cause la plus fréquente est l’impaction postérieure. L’impaction peut être la cause des lésions osseuses ou des tissus mous, qui peuvent déclencher toute une série de manifestations cliniques (whiplash associated disorder).” Selon la violence du traumatisme et la quantité d’énergie cinétique transférée, les pathologies observées sont variables et peuvent concerner les muscles, les articulations intervertébrales, les disques, les ligaments, les racines nerveuses et la moelle épinière; d’où la symptomatologie très diverse: céphalées, contractures musculaires, lombalgies, nausées, vertiges, troubles de la vision, de l’audition et même un état d’anxiété.
Le transfert d’énergie cinétique a des répercussions sur tout le système liquidien, comme une onde de choc qui se transmet à l’intérieur du corps. Les retentissements au niveau du sacrum et de l’articulation atlanto-occipitale, via le liquide cérébro-spinal et les méninges (en particulier la dure mère) peuvent être responsables d’un blocage transitoire du MRP, d’où l’asynchronisme de mouvement entre le crâne et le sacrum. Il est alors indispensable de rétablir un bon fonctionnement du MRP au niveau de l’axe crâniosacré pour résoudre les dysfonctions observées et prévenir d’éventuelles complications.
Le whiplash est un exemple de pathologie pour laquelle l’ostéopathie peut vraiment apporter des solutions simples et rapides. Le cas de Bud prouve bien que la médecine allopathique reste impuissante devant un animal qui, malgré une chute très importante , n’a pas de symptôme apparent. Il est vraisemblable que sans manipulation le chien s’en serait finalement “sorti”, mais cela aurait nécessité plus de temps et peut être qu’il aurait eu des séquelles dans quelques mois ou quelques années.
31 mai 2016 – Catherine LAURENT.
En travaillant cet article de Pascale pour les fiches de l’ostéo4pattes, je voudrais ajouter que j’ai rencontré un cas qui m’a également évoqué un whiplash viscéral il y a 1 semaine. Un bouledogue français sympa a “raté une marche” et s’est écrasé en bas d’un petit mur. Les pattes avant ont cédé et c’est la mâchoire qui a claqué fort. Là aussi la propriétaire pensait perdre le chien mais celui ci, après une phase de KO bref, a retrouvé toutes ses facultés. L’examen ostéo n’a décelé paradoxalement aucune dysfonction du crane ou de la mâchoire, pas de dent cassée etc. Simplement, tous les organes abdominaux majeurs étaient en dysfonction sans symptôme clinique associé (foie, rein, estomac etc.) avec une impression d’entrainement vers l’avant et de compression sur le diaphragme. Là aussi, un rééquilibrage cranio-sacré médullaire puis une mobilisation de tous les viscères a permis d’atténuer la sensation de dysfonction, sans pathologie viscérale associée.