Essai randomisé contrôlé LC-OSTEO

Résultats de l’essai randomisé contrôlé LC-OSTEO

Cet article effectué à l’AP-HP a fait l’objet de nombreux commentaires et de mise au point des auteurs. Nous présentons après le résumé de cette étude, un ensemble de réactions.

Effet du traitement manipulatif ostéopathique par rapport au traitement simulé sur les limitations d’activité chez les patients souffrant de lombalgie subaiguë et chronique non spécifique. Un essai clinique randomisé

Titre original : Effect of Osteopathic Manipulative Treatment vs Sham Treatment on Activity Limitations in Patients With Nonspecific Subacute and Chronic Low Back PainA Randomized Clinical Trial

Auteurs : Christelle Nguyen, MD, PhD ; Isabelle Boutron, MD, PhD ; Rafael Zegarra-Parodi ; et al.

JAMA Intern Med. 2021;181(5):620-630. doi:10.1001/jamainternmed.2021.0005

https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2777527

Points clés

Question : Quelle est l’efficacité du traitement manipulatif ostéopathique (TMO) par rapport au TMO fictif (simulé) pour réduire les limitations d’activité spécifiques à la lombalgie (LBP) chez les personnes souffrant de LBP subaiguë et chronique ?
Résultats : Dans cet essai clinique randomisé qui a inclus 400 participants, la TMO standard a eu un petit effet sur les limitations d’activité spécifiques à la lombalgie par rapport à la TMO simulée à 3 mois. Cependant, cet effet n’était probablement pas cliniquement significatif.
Signification : Ces résultats soulèvent la question de l’utilité de la TMO chez les personnes souffrant de lombalgie subaiguë et chronique non spécifique.

Résumé

Importance : Le traitement manipulatif ostéopathique (TMO) est fréquemment proposé aux personnes souffrant de lombalgies non spécifiques (LBP), mais n’a jamais été comparé au TMO simulée pour réduire les limitations d’activité spécifiques à la LBP.

Objectif : Comparer l’efficacité de la TMO standard par rapport à la TMO simulée pour réduire les limitations d’activité spécifiques à la lombalgie à 3 mois chez les personnes atteintes de lombalgie subaiguë ou chronique non spécifique.

Conception, contexte et participants : Cet essai clinique prospectif à groupes parallèles, à simple insu, monocentrique et contrôlé par simulacre, a recruté des participants atteint de lombalgie subaiguë ou chronique non spécifique dans un centre de soins tertiaires en France à partir du 17 février 2014, avec un suivi terminé le 23 octobre 2017. Les participants ont été répartis au hasard entre les interventions dans un rapport 1:1. Les données ont été analysées du 22 mars 2018 au 5 décembre 2018.

Interventions : Six séances (1 toutes les 2 semaines) de TMO standard ou de TMO simulée (sham) dispensées par des praticiens ostéopathes non médecins et non physiothérapeutes.

Principaux résultats et mesures : Le critère d’évaluation principal était la réduction moyenne des limitations d’activité spécifiques à la lombalgie à 3 mois, mesurée par l’indice québécois d’invalidité du mal de dos auto-administré (plage de score, 0-100). Les critères secondaires étaient la réduction moyenne des limitations d’activité spécifiques à la lombalgie, les changements moyens dans la douleur et la qualité de vie liée à la santé, le nombre et la durée des arrêts maladie, ainsi que le nombre d’épisodes de lombalgie à 12 mois, et la consommation d’analgésiques et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens à 3 et 12 mois. Les événements indésirables ont été autodéclarés à 3, 6 et 12 mois.

Résultats : Dans l’ensemble, 200 participants ont été répartis au hasard entre la TMO standard et la TMO fictive, avec 197 analysés dans chaque groupe ; l’âge médian (intervalle) à l’inclusion était de 49,8 (40,7-55,8) ans, 235 des 394 (59,6%) participants étaient des femmes, et 359 des 393 (91,3%) travaillaient actuellement. La durée moyenne (SD) de l’épisode de lombalgie en cours était de 7,5 (14,2) mois. Dans l’ensemble, 164 (83,2 %) des patients du groupe TMO standard et 159 (80,7 %) des patients du groupe TMO fictif avaient les données de résultat primaires à 3 mois. Les scores moyens (SD) de l’indice québécois de l’incapacité de la douleur (Back Pain Disability Index) pour le groupe TMO standard étaient de 31,5 (14,1) au départ et de 25,3 (15,3) à 3 mois, et pour le groupe sham TMO de 27,2 (14,8) au départ et de 26,1 (15,1) à 3 mois. La réduction moyenne des limitations d’activité spécifiques à la lombalgie à 3 mois était de -4,7 (IC 95 %, -6,6 à -2,8) et de -1,3 (IC 95 %, -3,3 à 0.p =.01). À 12 mois, la différence moyenne de réduction moyenne des limitations d’activité spécifiques à la lombalgie était de -4,3 (IC à 95 %, -7,6 à -1,0 ; P = 0,01), et à 3 et 12 mois, la différence moyenne dans la réduction moyenne de la douleur était de -1,0 (IC à 95 %, -5,5 à 3,5 ; P = 0,66) et -2,0 (IC à 95 %, -7,2 à 3,3 ; P = 0,47), respectivement. Il n’y avait pas de différences statistiquement significatives dans les autres résultats secondaires. Quatre et huit événements indésirables graves ont été autodéclarés dans les groupes TMO standard et simulé, respectivement, bien qu’aucun n’ait été considéré comme lié à la TMO.

Conclusions et pertinence : Dans cet essai clinique randomisé de patients atteints de lombalgie subaiguë ou chronique non spécifique, la TMO standard a eu un faible effet sur les limitations d’activité spécifiques à la lombalgie par rapport à la TMO fictive. Cependant, la pertinence clinique de cet effet est discutable.

=> Accès à l’article (format pdf) : https://seralpar.aphp.fr/sites/default/files/86_nguyen_jama_2021_0.pdf

Commentaires 

Traitement de manipulation ostéopathique pour la lombalgie chronique

Titre original : Osteopathic Manipulative Treatment for Chronic Low Back Pain

Auteurs : Paul Quesnay, DO; Johann Cailhol, MD, PhD; Géraldine Falgarone, M.D., Ph.D.

Stagiaire JAMA Med. 2021;181(8):1143. doi: 10.1001/jamainternmed.2021.3183 – Article (28 juin 2021) réservé aux abonnés du JAMA : https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2781478

À l’éditeur
Nous avons lu avec beaucoup d’intérêt l’étude de Nguyen et al  évaluant le traitement manipulatif ostéopathique standard (TMO). Nous félicitons les auteurs pour la qualité de leurs méthodes dans cet essai clinique randomisé mais souhaitons soulever des questions importantes concernant la conclusion qui a été faite.

Le premier point est le choix d’une OMT standard, basée sur la standardisation des techniques manuelles sur 7 régions anatomiques seulement. Il existe un débat ancien mais toujours en cours concernant les modèles théoriques proposés pour comprendre les soins ostéopathiques. 2 Les auteurs ont évidemment choisi le modèle biomécanique reflété dans les techniques standardisées, mais ce choix ne rend pas justice à la complexité de la prise en charge ostéopathique. Les effets contextuels opèrent parallèlement aux techniques manuelles. 3 De plus, il aurait été utile de prendre en compte plus en détail les caractéristiques des patients. Le contexte de vie aurait dû être discuté dans un modèle orienté sur les aspects psychosociaux 2que nous savons sont d’une importance particulière dans les douleurs lombaires. Alors qu’il est admis que l’unicité de chaque patient implique l’utilisation d’un traitement personnalisé pour chacun d’eux, la standardisation de l’OMT de cette étude peut en réalité avoir diminué son effet, le faisant ainsi apparaître faussement non différent du placebo. Il apparaît également que la technique comparative (toucher léger) n’est pas un procédé inerte, et les auteurs auraient dû le mentionner comme une limitation.

Traitement de manipulation ostéopathique pour la lombalgie chronique

Titre original : Osteopathic Manipulative Treatment for Chronic Low Back Pain

Auteur : John C. Licciardone, DO, MS, MBA1

JAMA Intern Med. 2021;181(8):1142-1143. doi:10.1001/jamainternmed.2021.3180 – Article (28 juin 2021) réservé aux abonnés du JAMA : https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2781479

À l’éditeur
Nguyen et al ont rapporté que leur essai clinique randomisé a trouvé des avantages discutables à l’utilisation du traitement de manipulation ostéopathique (TMO) chez les patients souffrant de lombalgie subaiguë ou chronique (LBP). Cependant, des problèmes méthodologiques soulèvent des questions sur la validité et la généralisation des résultats. Premièrement, il n’y a aucune raison d’inclure des patients souffrant de lombalgie subaiguë comme participants à l’essai, ni de les combiner avec des patients souffrant de lombalgie chronique. La recommandation de la ligne directrice de l’American College of Physicians concernant les patients atteints de lombalgie aiguë ou subaiguë, indique que l’état de ces patients s’améliore avec le temps, quel que soit le traitement. Les analyses de sous-groupes selon la chronicité de la lombalgie n’ont pas été rapportées ; cependant, ils auraient probablement été sous-alimentés.

Réponses des auteurs

Traitement de manipulation ostéopathique pour la lombalgie chronique—Réponse

Titre original : Osteopathic Manipulative Treatment for Chronic Low Back Pain—Reply

Auteurs : Christelle Nguyen, MD, PhD ; Rafael Zegarra-Parodi ; Isabelle Boutron, M.D., Ph.D.

JAMA Intern Med. 2021;181(8):1143-1144. doi:10.1001/jamainternmed.2021.3186 – Article réservé aux abonnés du JAMA : https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2781476

En réponse
Comme le souligne à juste titre Licciardone, notre étude 1 impliquait des praticiens ostéopathes non médecins et représentait des milieux de pratique en France. Selon l’usage français, les traitements de manipulation ostéopathique (TMO) peuvent être délivrés par des professionnels de santé et non-santé. En 2021, cette dernière catégorie représentait 21 000 (60%) des 35 000 praticiens ostéopathes en France, et cette proportion diffère vraisemblablement des contextes internationaux. Licciardone a suggéré que ces différences peuvent avoir influencé nos résultats. Cependant, malgré les différences de conception et de contexte, les données de l’essai OSTEOPATHIC, mené par Licciardone et ses collègues 2dans la région de Dallas-Fort Worth au Texas, étaient cohérents avec les nôtres en ce qui concerne les limitations d’activité, et cet essai n’a montré aucune différence cliniquement pertinente entre l’OMT (N = 230) et l’OMT simulée (N = 225) à 3 mois chez les patients atteints de lombalgie chronique douleur (LBP). Licciardone a suggéré que nous aurions pu utiliser un autre ensemble de résultats au lieu de nos limites d’activité, de l’intensité de la douleur et de la qualité de vie liée à la santé, mais ces domaines sont cohérents avec l’ensemble de résultats de base pour les essais cliniques sur la lombalgie non spécifique. Licciardone a également soulevé des inquiétudes concernant notre inclusion de patients atteints de lombalgie subaiguë, étant donné qu’ils peuvent s’améliorer spontanément. Premièrement, les patients atteints de lombalgie subaiguë sont plus à risque de lombalgie chronique que les patients atteints de lombalgie aiguë. Les directives internationales soulignent systématiquement les différences entre la gestion de la lombalgie persistante et aiguë. Deuxièmement, même si notre recrutement était ouvert aux patients atteints de lombalgie subaiguë, seuls les patients atteints de lombalgie chronique (durée minimale de lombalgie de 0,5 an) ont réellement participé.

Réactions des ASP

SFDO : Etude dite JAMA : L’ostéopathie ne serait pas plus efficace qu’un placebo sur la lombalgie

Une étude menée par Christelle Nguyen et Coll., intitulée « Effect of Osteopathic Manipulative Treatment vs Sham Treatment on Activity Limitations in Patients With Nonspecific Subacute and Chronic Low Back Pain – A Randomized Clinical Trial » a été publiée le 15 mars 2021 par le Journal of the American Medical Association (JAMA) – Internal Medicine (1).

Cette étude est ambitieuse et de grande qualité pour ce qui concerne ses aspects statistiques. Les auteurs concluent que le traitement manipulatif ostéopathique standard étudié présente un effet légèrement supérieur au traitement placebo, mais que cet effet n’est pas « cliniquement » significatif.

Plusieurs organes de presse ont compris et relayé une information selon laquelle « l’ostéopathie ne serait pas plus efficace qu’un placebo » sur la lombalgie.

=> Lire l’article du SFDO : Étude dite JAMA : L’ostéopathie ne serait pas plus efficace qu’un placebo sur la lombalgie

Communiqué de l’Unité pour l’ostéopathie (UPO)

 Une étude menée par Christelle Nguyen et Coll., intitulée « Effect of Osteopathic Manipulative Treatment vs Sham Treatment on Activity Limitations in Patients With Nonspecific Subacute and Chronic Low Back Pain – A Randomized Clinical Trial » a été publiée le 15 mars 2021 par le Journal of the American Medical Association (JAMA) – Internal Medicine (1). 

Cette étude est ambitieuse et de grande qualité pour ce qui concerne ses aspects statistiques. Les auteurs concluent que le traitement manipulatif ostéopathique standard étudié présente un effet légèrement supérieur au traitement placebo, mais que cet effet n’est pas « cliniquement » significatif.

Plusieurs organes de presse ont compris et relayé une information selon laquelle « l’ostéopathie ne serait pas plus efficace qu’un placebo » sur la lombalgie.

L’Unité pour l’Ostéopathie formule les observations suivantes :

  • Cette étude évalue les effets d’un protocole semi-standardisé de techniques ostéopathiques contre un traitement placebo consistant en un toucher léger appliqué par les praticiens sur les patients. Pour le groupe traité, les praticiens ont réalisé des manipulations préétablies sur certaines régions anatomiques prédéfinies, au nombre de 7, dont la plupart appartiennent à l’appareil locomoteur. Ce traitement semi-standardisé ne correspond pas aux conditions réelles d’une prise en charge ostéopathique, fondées sur un examen clinique et un choix de gestes thérapeutiques individualisés. A ce titre cette étude n’évalue pas l’intérêt d’une prise en charge ostéopathique telle que pratiquée par les professionnels ; elle concerne un protocole comportant quelques techniques extraites du patrimoine des gestes thérapeutiques ostéopathiques.
  • Les 20 praticiens qui ont réalisé ce protocole en simple aveugle (ce qui signifie que seuls les patients n’étaient pas informés de la nature des manipulations appliquées) ne semblent pas avoir été choisis en fonction de leur représentativité de l’ostéopathie française, notamment en termes d’expérience professionnelle, ce qui confirme le fait que l’intervention dans son ensemble n’a pas été élaborée dans l’objectif de la rendre conforme à la pratique professionnelle actuelle des ostéopathes.
  • L’index utilisé pour évaluer l’état clinique des patients est le QBPDI (Quebec Back Pain Disability Index), échelonné de 0 à 100. La moyenne de l’index des patients inclus différait d’un groupe à l’autre, 27,2 pour le groupe placebo, 31,5 pour le groupe traité. Cet index relativement bas témoigne d’un niveau symptomatique peu élevé chez les patients inclus. Il est naturellement plus délicat dans ces conditions d’obtenir des scores significatifs d’amélioration.
  • Si l’évaluation avait porté sur une prise en charge ostéopathique individualisée, conforme à la  réalité de la pratique clinique, il est probable que les résultats auraient étés plus significatifs. Aujourd’hui de telles études, suivant une méthodologie pragmatique (2), sont rares mais donnent des résultats positifs (3, 4). 

Cet essai clinique contribue ainsi à l’enrichissement des connaissances dans le domaine des thérapies manuelles standardisées. Il ne permet pas de rendre compte de l’intérêt d’une prise en charge ostéopathique, conforme aux règles de la profession. L’UPO appelle les équipes de chercheurs à se mobiliser pour réaliser des essais cliniques conformes à la pratique clinique et adaptés aux caractéristiques d’une intervention individualisée afin d’alimenter plus précisément les connaissances actuelles. 

(1) C. Nguyen et al. Effect of Osteopathic Manipulative Treatment vs Sham Treatment on Activity Limitations in Patients With Nonspecific Subacute and Chronic Low Back Pain – A Randomized Clinical Trial. JAMA Intern Med. Published online March 15, 2021.

(2) I. Ford and J. Norrie. Pragmatic Trials, N Engl J Med. 2016 Aug 4;375(5):454-63.

(3) Team UBT; UK BEAM Trial Team. United Kingdom back pain exercise and manipulation (UK BEAM) randomised trial: effectiveness of physical treatments for back pain in primary care. BMJ. 2004;329(7479):1377.

(4) N. H. Williams et al. Randomized osteopathic manipulation study (ROMANS) : Pragmatic trial for spinal pain in primary care. Fam Pract, 20(6) :662–669, December 2003.

Ce communiqué a été rédigé par les représentants des organisations membres de l’UPO en collaboration avec des responsables d’unités de recherches en ostéopathie.

=> Lire le communiqué de l’UPOCommuniqué de l’Unité pour l’ostéopathie (UPO)

Ostéopathes de France : Décryptage de l’étude LC-OSTEO publiée le 15 mars 2021 (21 avril 2021)

Le 15 mars 2021, les résultats de l’étude LC-OSTEO menée au sein de l’AP-HP ont été publiés au JAMA via l’article « Effect of Osteopathic Manipulative Treatment vs Sham Treatment on Activity Limitations in Patients With Nonspecific Subacute and Chronic Low Back Pain. A Randomized clinical trial ».

Dès sa parution, de nombreuses réactions mettant en doute l’efficacité de l’ostéopathie en utilisant les résultats de cette étude, ont été relayées dans différents médias notamment par un communiqué de l’AP-HP, le Quotidien du médecin, ainsi que des médias destinés au grand public tels que Femme actuelle ou par le biais d’une interview du Professeur François Rannou sur France culture…

Nous indiquions, lors d’un précédent communiqué, souhaiter prendre du recul par rapport à ces conclusions et attendre la présentation de l’étude de la part de ses participants.

Celle-ci a eu lieu le jeudi 15 avril 2021 par le biais d’un webinaire animé par le Docteur Chrystelle Nguyen, Médecin de Médecine Physique et de Réadaptation au sein de l’hôpital Cochin, ainsi que Rafael Zegarra-Parodi, Ostéopathe.

La présentation nous a confirmé le sérieux de la méthodologie mise en œuvre pour cette étude de grande ampleur financée par le Ministère des Solidarités et de la Santé. La méthodologie utilisée s’applique à l’évaluation spécifique des interventions complexes non spécifiques. Elle s’appuie sur une analyse des données publiées dans la littérature scientifique.

La question de recherche posée repose sur l’efficacité d’un traitement standard constitué de manipulations ostéopathiques versus un placebo constitué de light touch sans intention de traitement sur une population présentant une lombalgie non spécifique chronique ou subaiguë. Elle ne repose nullement sur l’évaluation de l’efficacité de l’ostéopathie, tel qu’il l’a été affirmé dans les différents médias. Nous nous étonnons de ce fait des conclusions qui y ont été largement véhiculées, détournant les résultats de l’étude sous une formulation pouvant sembler défavorable à l’ostéopathie.

Nous souhaitons dès à présent, rétablir plusieurs vérités en nous appuyant sur les données fondées de la science :

  • Des techniques manuelles ostéopathiques (mais également utilisées par d’autres thérapeutes manuels) visant à corriger des dysfonctions ostéopathiques telles que définies dans les Décrets de 2014 ne peuvent à elles seules expliquer l’efficacité de l’ostéopathie dans le contexte de l’étude. L’efficacité de l’ostéopathie n’a, ici, pas été étudiée.
  • Une amélioration concernant la limitation des activités, la douleur, la qualité de vie a été constatée au sein des deux groupes
  • Au sein des deux groupes, certains patients ont été répondant voire extrêmement répondant au traitement ainsi qu’au placebo et d’autres, au contraire, n’ont pas été répondant à l’un comme à l’autre. A ce jour, aucun phénotype de ces patients, répondant ou non aux techniques manuelles, n’est encore établi. Ce phénotypage est une ouverture présentée comme souhaitable pour une étude future.
  • Si les techniques manuelles, visant à corriger des dysfonctions ostéopathiques, appliquées sur l’ensemble des parties du corps humain, ne peuvent, à elles seules, être efficaces dans la prise en charge en ostéopathie chez les patients présentant une lombalgie chronique ou subaigüe, elles n’en sont pas moins utiles en raison de leurs effets non spécifiques. Une étude des effets du toucher pourrait, dans ce contexte, présenter un réel intérêt.

Si cette étude vient ébranler certains modèles théoriques utilisés en ostéopathie, elle ne remet en cause ni notre pratique fondée sur le contact manuel avec nos patients, ni les résultats constatés lors des consultations en ostéopathie. Elle permet, par le biais d’une démarche scientifique, d’apporter un éclairage nouveau sur la compréhension de notre pratique. Elle incite à passer d’un modèle centré sur le corps, visant à corriger des dysfonctions ostéopathiques, à un modèle centré sur la personne, en conformité avec l’évolution des principes ostéopathiques telle que constatée dans la littérature scientifique entre 1953 et 2002, insistant ainsi sur l’importance de la communication thérapeutique.

Nous continuerons plus que jamais notre combat visant à défendre l’ostéopathie et avons désormais les arguments nécessaires pour lutter efficacement, avec notre agence de communication, contre toutes ces publications totalement fallacieuses au titre accrocheur et limiter leur multiplication, leur propagation et surtout leur portée.

Le Conseil d’Administration

=> Lire la réaction d’Ostéopathes de FranceOstéopathes de France : Décryptage de l’étude LC-OSTEO publiée le 15 mars 2021 (21 avril 2021)

Fédération Nationale de l’Enseignement Supérieur en Ostéopathie (FNESO)

Réaction à la publication JAMA du 15 mars 2021
La FNESO et l’UPO réagissent à la publication de l’article du 15 mars 2021 sur le JAMA intitulé : « Effect of Osteopathic Manipulative Treatment vs Sham Treatment on Activity Limitations in Patients With Nonspecific Subacute and Chronic LowBack Pain – A Randomized Clinical Trial » .

Nous pouvons d’évidence affirmer que le postulat de départ de cet article étant faux, tout ce qui en découle ensuite l’est aussi. En effet, dire que l’on évalue un traitement ostéopathique quand on évalue des techniques prédéfinies, sur des zones prédéterminées, dans le cadre d’un motif de consultation, relève de l’escroquerie intellectuelle ! Est-il nécessaire de rappeler que lors de consultations ostéopathiques, y compris dans le contexte d’un même motif de consultation, chaque patient est traité en fonction des diagnostics d’opportunité et fonctionnel qui lui sont propres ? Tout au mieux, il s’agit dans cet article de l’évaluation de techniques analytiques, telles que pratiquées en thérapie manuelle. Or dans ce cas, ce n’est aucunement un scoop puisque des études dans le passé avaient déjà montré les limites de ce type d’approche. Le tintamarre médiatique savamment orchestré paraît donc grandement exagéré.

=> Lire le communiqué de la FNESO : https://www.fneso.fr/wp-content/uploads/2021/03/communiqu%C3%A9-FNESO-du-29-03-2021.pdf

Communiqué du CEESO Paris

Le 15 mars dernier, l’article « Effect of Osteopathic Manipulative Treatment vs Sham Treatment on Activity Limitations in Patients With Nonspecific Subacute and Chronic Low Back Pain – A Randomized Clinical Trial » était publié dans le JAMA. (https://jamanetwork.com/…/article-abstract/2777527…)

Le 15 avril, un webinaire animé par le Dr Christelle NGUYEN, médecin de médecine physique et de réadaptation et M. Rafael ZEGARRA-PARODI, ostéopathe, co-auteurs de l’article permettait de préciser les aspects méthodologiques et de répondre aux questions. Le replay est disponible ici: https://www.comecollaboration.org/…/resultats-de…/….

Au CEESO Paris, l’enseignement de la médecine ostéopathique, conformément au décret n° 2014-1505 du 12 décembre 2014, s’appuie sur les données les plus probantes, sans pour autant oublier les concepts qui font notre spécificité.

Nous prenons acte de ces résultats, à savoir qu’une utilisation isolée de techniques sans les éléments non-spécifiques et contextuels d’une consultation, ne suffit pas à expliquer à elle seule notre efficacité.

Ces résultats nous confortent dans notre enseignement intégrant des modèles centrés sur le patient, sans pour autant diminuer nos exigences de technicité dans la pratique ostéopathique.

=> Lire la réaction du CEESO Paris sur la page Facebookhttps://www.facebook.com/CEESOParis/posts/le-15-mars-dernier-larticle-effect-of-osteopathic-manipulative-treatment-vs-sham/3904641592964244/

Revue de presse

 

Libération : L’ostéopathie, pas plus efficace qu’un placebo contre le mal de dos ?

Première mondiale, une étude de près de dix ans vient de rendre ses conclusions sur les effets de l’ostéopathie dans le traitement des lombalgies. Il apparaît que cette discipline, très prisée en France, n’est pas plus efficace qu’un placebo – mais cela ne veut pas dire non plus qu’elle est inefficace.

=> Lire l’article de Libération (réservé aux abonnés) : L’ostéopathie, pas plus efficace qu’un placebo contre le mal de dos ?

Huffintonpost : L’ostéopathie est elle plus efficace qu’un placebo? Cette étude a fait le test

Selon des travaux de l’APHP, l’ostéopathie aurait un effet sur le traitement du mal de dos mais il serait “cliniquement non significatif”.
Par Quang Pham

SANTE –  La France possède la plus grande densité d’ostéopathes par habitant au monde. Le nombre de praticiens en ostéopathie est passé dans l’hexagone de 4000 en 2002 à 31.950 en juillet 2019. Mais quelle est l’efficacité réelle de cette pratique qui fait partie des médecines douces?

Une étude de l’équipe du professeur François Rannou de l’hôpital Cochin publiée le 15 mars dans la revue médicale Jama vient apporter quelques éléments de réponses. Selon ses conclusions, l’ostéopathie ne serait pas plus efficace qu’un placebo.

Initiée il y a dix ans, “l’objectif de l’étude, explique le professeur Rannou au Huffpost, était de déterminer si les manipulations des ostéopathes ont un effet sur les lombalgies subaiguës et chroniques.” Elle a été menée auprès d’un échantillon de taille moyenne de 400 patients souffrant de mal de dos.

=> Lire l’article de l’Huffintonpost : L’ostéopathie est elle plus efficace qu’un placebo? Cette étude a fait le test

LOMBALGIE : Ostéopathie et lombalgie chronique : quels effets ?

 Sédentarité et mauvaises postures peuvent causer des douleurs dans le bas du dos. Ces douleurs évoluent chez certaines personnes en lombalgie chronique avec un impact négatif considérable sur le quotidien. Beaucoup sont alors tentés de se tourner vers l’ostéopathie pour tenter de soulager la lombalgie chronique. Or, une étude récemment publiée la revue médicale Jama Internal Medicine interroge sur l’efficacité d’une telle pratique dans cette indication.

=> Lire l’article de LOMBALBIEOstéopathie et lombalgie chronique : quels effets ?

Réactions des professionnels

Appréciation d’un charlatan-ostéopathe de la recherche LC-OSTEO

Je suis un charlatan-ostéopathe-pseudo-scientifique assumé. Aussi, je me suis senti particulièrement concerné quant aux résultats de cette recherche et j’ai certainement laissé trop rapidement libre cours à mes émotions sur les réseaux sociaux. Aussi à tête un peu plus reposée, je vous propose des éléments critiques que j’espère pertinents, à cette étude “récemment” faite sur l’efficacité de l’ostéopathie sur la lombalgie sub-aiguë chronique. Pour rappel cette dernière conclut notamment à un effet non-significativement plus efficace qu’un placebo. Vous comprenez la gêne, chers lecteurs, quand il a fallu que j’explique cela en cabinet le jour suivant… Les patients semblaient pourtant, en général, content de leur traitement. Effet placebo ?

Je fais entièrement confiance en la retranscription des données récoltées et leurs traitements statistiques, car si cette confiance n’existe pas il ne peut pas y avoir de débat raisonnable. Par contre il est important de donner un contexte pour ses données, questionner leur qualité/utilité, et d’être vigilant quant à l’interprétation des résultats, car “details diabolous est”.

Tout d’abord nous pouvons effectivement nous réjouir de la parution d’une recherche sérieuse en Ostéopathie réalisée en hôpital et merci aux efforts de toutes les personnes concernées, patients compris évidemment. Cette recherche effectuée sur un nombre restreint de patients (comparativement à d’autres études médicales) a le mérite de devenir une référence quant à l’évaluation de l’effet placebo dans une thérapie manuelle. Un groupe témoin de 200 patients tout de même.

Ainsi nous avons à présent la possibilité de donner une idée de référence sur l’évaluation de l’effet thérapeutique et placebo dans une thérapie manuelle. Cela peut grandement aider les prochaines recherches en ostéopathie, chiropraxie, étiopathie, thérapie cranio-sacrée, ou encore en kinésithérapie. Et autant vous dire que l’exercice de faire mieux que du placebo n’est pas si simple car des professionnels, qui ont certes acheté leur diplôme, mais qui ont fait 5 ans d’étude sur l’anatomie, physiologie, travail musculaire, mobilisation et manipulation n’arrivent à faire (qu’à peine ?) mieux que le simple fait de toucher-léger les endroits supposés problématiques.

L’exercice pour les ostéopathes étaient périlleux : leur “patient-safety” était sur la ligne, et bien qu’il y ait eût quelques effets secondaires notoires, ils n’ont pas été jugés causés par l’approche ostéopathique. Peut-on en conclure que l’ostéopathie est donc “safe” pour traiter la lombalgie ?

=> Lire la suite de l’article sur la pageAppréciation d’un charlatan-ostéopathe de la recherche LC-OSTEO


 

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