Étude sur les Principes de l’Ostéopathie
Encourager l’art de la réciproque
Alain Abehsera
On peut se féliciter, dans la profession ostéopathique, que notre cursus inclut des cours de principe et d’histoire. L’enseignement de la médecine, en Faculté, a depuis longtemps abandonné ces thèmes. Les carabins modernes sont immédiatement priés de passer au vif du sujet : matières fondamentales et cliniques. Les étudiants en ostéopathie ont droit, eux, à quelques heures préalables de rappel sur qui a ‘inventé’ l’ostéopathie et quels étaient leurs principes. Cela consiste, en général, en une brève biographie de Still, de Sutherland éventuellement, et de l’énoncé de quelques-unes de ses phrases-clefs, celles qui le distinguent de tous les autres thérapeutes, ses coups de génie, en quelque sorte…
Trois principes qui sont quatre
Le premier principe est celui de la capacité d’auto-guérison du corps. Le second – ou peut-être est-ce le premier ? – affirme la globalité de notre physiologie, notre anatomie et pathologie. Le troisième énonce que la ‘structure gouverne la fonction’, ce qui, en termes plus communs, signifie que des troubles de la mécanique du corps peuvent entraîner des troubles de la fonction. Un dernier stipule que la ‘règle de l’artère est suprême’, avec comme variante que c’est celle du nerf aussi. Voilà en une ‘coquille de noix’, pour reprendre le nutshell des anglais, l’ensemble de nos principes.
Ils sont beaux et bons, mais ne nous mènent pas très loin, car une fois qu’on les a dits, rien ne suit. La clinique, en particulier. Imaginons un jeune ostéopathe confronté à un patient qui demande à comprendre les principes selon lesquels son dos a été si merveilleusement soulagé. L’ostéopathe déclinera ses principes, l’un après l’autre, et de toutes les façons, ils figurent sur son ‘site Internet’ ou ses brochures. Mais, suite à cela, le patient peut avoir la mauvaise idée de demander à son praticien s’il peut faire quelque chose pour son beau-père, qui souffre d’hypertension artérielle, la première des pathologies de France et de Navarre. N’est-ce-ce pas là une occasion de vérifier la ‘suprématie de l’artère’, voire du nerf ? La confusion sera grande, car il faudra avouer que dans cette pathologie-là, les principes en question ne s’appliquent pas vraiment, ou bien, on ne sait plus trop comment les appliquer. Il en va de même pour la très vaste majorité des pathologies humaines, celles dites ‘sérieuses’, dans lesquelles l’ostéopathie ne joue que son rôle habituel d’adjuvant, d’analgésique, de supplément de détente.
Or, un principe doit être un principe, il s’applique partout ou nulle part. Et c’est donc la réflexion à laquelle j’invite le lecteur ici : nos principes sont-ils des principes ? Ou des vues de l’esprit ?
Je précise tout de suite que je crois dur comme fer à ces principes. Mais peut être qu’ils nécessitent une formulation plus complète, plus équilibrée, plus…juste ?
Structure/fonction : 1 à 0 !
Commençons par le troisième, qui est le plus rapide à équilibrer dans son expression. Still ne disait pas : la ‘structure gouverne la fonction’. Son expression exacte de la question était que ‘des anomalies anatomiques sont susceptibles d’entraîner une discorde physiologique’. Avec ces termes, ce sont les règles de la rencontre entre l’anatomie et la physiologie qui sont discutées. Nous avons appris, dans nos écoles d’ostéopathie, plein d’exemples où la structure gouverne la fonction, où une ‘lésion mécanique’ peut entraîner une dysfonction. Nous en parlons beaucoup entre nous, mais possède-t-on un cas certain et clair de ce mécanisme ? Pour ma part, je me sens toujours incapable de donner un tel exemple de ce qu’est une lésion ostéopathique. D’autant plus que juste après Still, à un cheveu de temps, un homme est venu qui a dit exactement le contraire du Maître : ‘la fonction gouverne la structure’ ( pas dans ces termes, bien entendu). Il s’agit de John Martin Littlejohn, le fondateur de l’ostéopathie européenne. Dans le match entre l’anatomie/physiologie, notre maître écossais, avait misé sur l’autre équipe. Et nos deux Anciens se sont sérieusement battus à ce propos.
Fonction/structure : 1 à 0 !
Le temps est passé, et nous ne nous identifions plus à ces batailles. Il est clair que les deux versions sont correctes, et, seulement lorsqu’elles sont dites toutes deux, ensemble, elles reflètent la réalité du corps. Dire, par exemple, que la fonction respiratoire est conditionnée par la forme du thorax ne vaut que si l’on affirme également que la manière de respirer conditionne la forme du thorax. Quand on comprend la réciprocité de cette relation structure/fonction, on n’a plus besoin de chercher un ‘exemple clinique’ particulier, on est, en effet, dans l’évidence et la lapalissade. Tout l’art du clinicien, c’est de jongler de l’un à l’autre, parfois en influençant la forme directement avec ses mains, parfois en jouant sur la fonction, en demandant au patient d’intervenir avec sa respiration etc.
Du point de vue des principes, Still et Littlejohn ont tous deux raison : c’est du 50/50. Mais Littlejohn avait peut-être un tout petit peu plus raison que Still : la relation ‘fonction gouverne structure’ s’établit à 51/49… Pourquoi ? La version de l’Ecossais laisse place à plus d’optimisme que l’antique version stillienne. Devant les déformations structurelles importantes que nous voyons parfois, se rappeler de Littlejohn, c’est se donner du courage, se dire que derrière l’asymétrie des structures, il reste un petit bout de fonction ‘normale’’. Confrontés à des varices phénoménales, une scoliose à se demander comment ‘ça tient’, une réaction inflammatoire aigue, Littlejohn nous encourage à chercher ‘ce qui marche encore’. ’Un peu de ‘ fonction normale’ peut changer beaucoup de ‘structure anormale’.
Il nous faut donc équilibrer notre habituel ‘structure gouverne fonction’ par une relation réciproque entre structure et fonction, qui devient alors un Principe, et en tant que tel, nous n’avons besoin d’aucun exemple particulier, puisque tous les livres d’anatomie et de physiologie deviennent des exemples.
Andrew Taylor… Hippocrate
Venons-en à présent aux deux premiers de nos principes. Ils n’ont pas été formulés, tels que nous les disons, par Still. Pour l’autoguérison, par exemple, on entend le Vieux Docteur parler de la pharmacie mise par Dieu dans nos tissus pour guérir toute maladie possible et imaginable. En d’autres termes, nous possédons tout pour nous guérir nous-mêmes.
Il faut prendre garde, cependant, de ne pas considérer cette idée comme particulière à Still, comme un trait original dans l’histoire de l’humanité. Cette ‘capacité d’autoguérison’ du corps est un des axiomes fondateurs de toute la médecine, et elle documentée pour la première fois dans les écrits d’Hippocrate, sous la forme (latine) de : vix medicatrix naturae. La force guérissante de la nature. C’est une observation simple, fondamentale qui doit remonter à la Préhistoire, où l’on observe que les malades ‘tendent’ à se guérir, les cicatrices se referment, les saignements s’arrêtent, les fièvres tombent, etc. S’approprier cela comme typique de l’ostéopathie est, en quelque sorte, une insulte aux Anciens. La médecine, même la plus conventionnelle, continue à y croire, autant que nous. Elle calibre même tous ses médicaments via l’effet placebo, qui est une manière d’exciter la capacité d’autoguérison. Quant à la globalité, on pourrait un peu plus accuser la médecine de la négliger avec ses spécialités et sous-spécialités, ses médicaments aux effets secondaires parfois redoutables. Et pourtant, elle garde encore la notion d’homéostasie, qui est à mi-chemin de l’autoguérison et de la globalité.
Notre faute est plus grave vis-à-vis de nos confrères des autres médecines complémentaires. La ‘globalité’ et ‘l’autoguérison’ sont des ‘principes’ que nous partageons avec l’ensemble des médecines dites ‘alternatives’ ou ‘complémentaires’. ‘Autoguérison’ et ‘globalité’ y sont, en réalité, regroupées sous une ombrelle commune, celle d’un Principe Vital, qui apporte la guérison et la coordonne pour tout le corps. La naturopathie, la phytothérapie, la chiropratique, l’homéopathie partagent avec nous, d’une manière ou d’une autre, ces croyances. Still le sait très bien et ne prétend absolument rien dans ce domaine. C’est lui faire injure, lui qui connaissait bien toutes les formes de médecine naturelle de son temps et d’avant son temps, que de croire qu’il avait inventé quoi que ce soit dans ce domaine.
Les cinq commandants suprêmes du corps
Venons-en à un de nos axiomes favoris : la règle de l’artère est suprême. Là encore, il ne faut pas heurter le bon sens. Personne n’aurait donc vu, avant Still, qu’une bonne vascularisation est la clef de la santé ? C’est bien évidemment une lapalissade. Toute une école de médecine, dite iatromécaniste, qui gagne toute l’Europe au XVIIe et XVIIIe siècle, énonce ce principe et l’érige en doctrine. Deux cent ans avant Still, tout le monde ‘savait’ qu’une bonne vascularisation est souhaitable. Pas besoin du mot ‘suprême’, qui ne rajoute rien, surtout quand on lit un peu plus loin, dans les écrits du Maître, que c’est le ‘nerf qui est aux commandes’. Entre la commande et la suprématie, on est dans le creux des superlatifs. C’était la manière de s’exprimer de Still, mais ce n’est pas à présenter tel quel de nos jours. A sa manière un peu marseillaise, il décrit la suprématie d’à peu près tous les tissus, les uns après les autres : LCR, sang, lymphe, fascia etc…Trop de suprématie, tue la suprématie. J’aime son style d’écriture – combien de fois j’ai ri en le lisant, combien de fois j’ai été touché par l’intelligence du propos – mais faisons-lui une faveur : on ne le reproduit pas verbatim cent cinquante ans plus tard !
La médecine moderne, soucieuse de précision du vocabulaire, pourrait bien s’élever contre une appropriation par l’ostéopathie de choses qui relèvent du bon sens et appartiennent à tous. Imaginez que nous clamions l’idée – comme on peut le voir écrit à propos d’une pseudo-invention du concept de l’immunité par Still – que c’est nous qui avons compris les premiers l’importance de l’homéostasie, de la vascularisation, de l’innervation, du LCR, du tissu conjonctif, du drainage lymphatique etc. Gare aux cris !
On en vient donc à la conclusion initiale que les principes actuels de l’ostéopathie doivent être revus dans leur formulation. On peut, en effet, les résumer ainsi : quatre emprunts à la médecine depuis Hippocrate, mais aussi, vu leur ancienneté et leur logique, quatre lapalissades.
Avoir pour fondements des banalités n’est pas une tare cependant. Plus c’est vrai, plus cela doit être du bon sens. On peut même être fiers que notre ostéopathie est fondée, presqu’exclusivement, sur des concepts qui font l’accord de tous. L’ostéopathie, c’est le génie du bon sens. Il ne faut simplement pas nous les approprier comme des intuitions premières et géniales, car une telle erreur de ‘contenant’ peut faire oublier le contenu si précieux de nos principes, leur véritable originalité parmi ceux qui disent tous la même chose.
Reformuler nos principes en restant fidèles à l’esprit de nos fondateurs et fidèles à l’esprit de notre génération, est tout à fait possible. Il faut chercher l’équilibre des choses. Nous l’avons vu, brièvement, pour la relation structure/fonction. En rappelant qu’elle est réciproque, je ne vois pas qui, au nom de quoi, pourrait en critiquer la validité. Les séparer pose d’emblée problème. Comment, par exemple, expliquer la lésion ostéopathique vertébrale, en partant de ‘structure gouverne fonction’ ? En disant que tout, forcément, démarre par un ‘problème de structure’, qui va aboutir à des troubles fonctionnels ? Et qu’est qu’un problème de structure ? Un traumatisme ? Nous serions tous battus ? Le thrust, la manipulation princeps de l’ostéopathe, serait un contre-coup pour réparer les coups reçus pendant l’existence. Il est évident qu’une telle explication – qui existe, lorsqu’il y a eu réellement un coup ! – ne tient pas la route. Ne serions-nous alors que des traumatologues ? Intégrer dès le départ la boucle ‘fonction gouverne structure’ permet de parler tout autrement d’une dynamique qui va aboutir à des vertèbres en extension, rotation, flexion latérale, avec ou sans coups dans le passé… En fonctionnant en extension, la colonne prend la position de l’extension. Cela nous oblige alors à chercher dans d’autres directions qu’un traumatisme.
Les Vitalistes : des médecins abattus
Une des principales causes de la disparition de la croyance en un ‘Principe Vital’ en médecine est l’observation que croire en un tel principe, c’est se couper de toute action thérapeutique possible, de toute intervention auprès du malade. En effet, si tout symptôme, toute maladie est le reflet des efforts du Principe Vital, la manifestation de la ‘vix medicatrix naturae’, pourquoi soigner ? Pourquoi tenter d’alléger la douleur, baisser la fièvre, réduire l’inflammation ? Ce sont autant d’entraves à l’action du Principe Vital et de ses capacités d’autoguérison. Un bûcheron lombalgique se présente à nous : pourquoi supprimer la douleur pour qu’il retourne le plus tôt au travail, alors que son corps demande du repos ? C’est ce qu’on devrait faire devant une fièvre : la laisser suivre son cours plutôt que la supprimer à coups d’antipyrétiques. C’est aussi ce qu’on devrait faire devant une éruption cutanée : il s’agit sûrement d’une ‘élimination’ via la surface de ‘choses’ que le corps rejette. Etc. Le Vitalisme, qui voit la maladie comme l’expression des forces d’autoguérison, aboutit à la passivité devant la maladie. Ce sont là les moqueries que l’on adressait aux médecins vitalistes du XIXe siècle, au temps de la gloire de cette école, qui étaient condamnés à constater, devant toute maladie, les efforts du Principe Vital à guérir. Le choléra, avec sa diarrhée spectaculaire, était considéré comme un effort du Principe Vital pour se débarasser de ‘toxines’. Mais lorsque le malade mourait, déshydraté, au cours de cet effort de ‘nettoyage’, on pouvait se poser la question de l’efficacité du Principe Vital, de sa capacité d’autoguérison. Tout patient qui meurt au cours d’une maladie est, de toutes les façons, une ‘claque’ à la croyance en un Principe Vital autoguérisant. Il en va de même pour toutes les maladies chroniques. Comment le principe vital laisse s’installer une quelconque maladie sur des années ? Que fait son pouvoir d’autoguérison à chaque instant dans une polyarthrite rhumatoide ? Faut-il aller chercher des ‘obstacles mécaniques’ sur son parcours. Bien évidemment non, ou ça se serait su !!
La faillite de toutes les formes de vitalisme – du point de vue de la clinique, car il y a eu aussi l’aspect fondamental – a été consommée à la fin du XIXe siècle. Or c’est à cette époque, précisément, que l’ostéopathie naît et se répand dans le monde. C’est donc bel et bien une transfusion de croyances qui a eu lieu. Le Vitalisme a quitté le navire médical, où il domina pendant deux siècles, pour aller rejoindre celui des médecines complémentaires, et en particulier l’ostéopathie, où, comme nous l’avons souvent discuté, il survit à l’état le plus ‘dépouillé’, pour ne pas dire le plus ‘pur’.
Bisounours contre Dark Vador
Nous avons donc hérité de vieilles idées, documentées depuis Hippocrate, mais que fait-on des critiques qu’elles ont suscitées? Sommes-nous assez stupides pour adopter des croyances jugées puériles par nos aînés ? Que non ! Car l’histoire n’est jamais aussi simple ! D’autres éléments sont entrés en jeu. Prenons la critique du vitalisme, évoquée plus haut. Que faire d’un Principe qui, en réalité, échoue chaque fois que quelqu’un tombe malade de manière chronique, ou tout simplement, meurt ? La solution la plus satisfaisante à ce problème est d’y introduire la réciproque. Le Principe Vital n’est pas une force ‘bisounours’. Il tue comme il fait naître, au nom de la préservation de l’existence. En d’autres termes, il faut admettre qu’il existe, dans le corps, des forces d’autoguérison, certes, mais aussi des forces d’autodestruction. On le voit à l’échelle physiologique dans la constitution de la peau où les kératinocytes acceptent de s’autodétruire pour nous protéger. Des milliards de cellules, riches comme les autres, se sacrifient pour que nos fonctions internes soient préservées. Cette mort, qu’on appelle l’apoptose, se fait sans sourciller, sans qu’il y eut de réaction inflammatoire. Une mort propre. C’est de l’autodestruction au nom de la vie. On le voit, dès les départs de la vie, dans la mise en place des tissus embryonnaires. Nos doigts palmés cèdent la place à des doigts séparés. On l’observe, encore sous un autre angle, dans le travail d’équipe entre ostéoblastes et ostéoclastes qui, à eux deux, assurent la création de chefs d’œuvre osseux, à partir des ‘blocs de marbre’ initiaux. Il y a bel et bien coordination, intégration entre les capacités d’autodestruction et d’autoguérison pour qu’un être vive.
Les deux voies principales de la ‘létalité’ dans le corps vivant : la nécrose et l’apoptose. Cette dernière serait la manifestation de la ‘force d’autodestruction’ en parallèle à celle de l’autoguérison. Elle constitue une ‘mort propre’, à l’inverse de la nécrose.
L’autoimmunité illustre également ces situations où le corps, ‘pour survivre’ choisit de s’auto-détruire.
Les recherches médicales actuelles commencent à mieux comprendre ce pouvoir d’autodestruction. On lui attribue un rôle de plus en plus important dans la compréhension de la pathologie humaine. Cette autodestruction était connue de longue date dans les phénomènes dits d’auto-immunité, où le corps ‘s’attaque’ lui-même. Actuellement, on va bien plus loin : dans quasiment toutes les maladies dites ‘sévères’, la fine régulation entre les capacités d’autodestruction et d’autoguérison se détériore.
Le principe Vital ne peut donc être réduit et confondu à sa fonction d’autoguérison. Ce serait contradictoire avec notre vécu. Il s’exprime, pour assurer la survie, via deux capacités : celle d’autoguérison et celle d’autodestruction. C’est ce qui explique que quelqu’un puisse vivre avec une maladie chronique. Le Principe Vital cherche à assurer la survie quoi qu’il arrive, et il dispose, pour cela, de deux grands mécanismes : la santé et la maladie. Les Anciens avaient donc bien raison : il faut respecter la maladie tout autant que la santé. Les pathologies seraient, toutes, en tant que propriétés du vivant, des manières de survivre. En ostéopathie, nous reproduisons un peu cette dialectique lorsque, devant une ‘lésion’, nous considérons soit l’ajustement direct, soit l’exagération. Il faut peut-être, en effet, encourager les forces d’autodestruction pour guérir quelqu’un. Drôle de paradoxe que nous impose notre souci de réciprocité dans les Principes. De belles perspectives de recherche pour la médecine en général et nous en particulier. Car on peut aller très loin dans le raisonnement. On peut dire, par exemple, que la mort intervient lorsque le Principe Vital ne dispose plus d’aucun moyens d’autodestruction ni d’autoguérison pour continuer à assurer la survie. Toute la santé et tous les processus pathologiques ont été essayés. Les maladies les plus sévères, tel le cancer, seraient alors les ultimes tentatives de survivre. La globalité qu’implique le Principe Vital peut nous faire penser également que notre Principe Vital intérieur ne travaille pas ‘seul’. Il obéit forcément à un Principe Vital plus global, celui qui régit nos collectivités humaines et au-delà. Et de la même manière que notre Principe Vital donne l’ordre à certaines cellules de mourir pour le bien de la collectivité, peut-être que la mort intervient comme une demande faite à l’individu de faire son apoptose pour le bien de la collectivité. Cela ouvrirait d’autres possibilités dans notre conscience actuelle de ce que signifie la mort, et notre volonté de ne plus y être contraints.
Ramener de la symétrie, de la réciproque dans tous nos principes ouvre beaucoup d’horizons. Nos croyances deviennent encore plus évidentes et encore moins nécessaires à valider une par une tant elles apparaissent comme des banalités géniales. C’est aussi cela la croyance dans la globalité.