Comment se construit notre forme ?

Résumé :

Considérer l’observation anatomique comme conséquence de la construction embryologique introduit la propriété de polarisation des formes. La perception de la forme du corps vivant est ainsi liée au mouvement fondamental de croissance initialisé lors de la fécondation.

Mots clefs : Embryologie – polarité – forme – croissance

La réponse usuelle à la question titre est bâtie à partir d’une anatomie descriptive et contemplative, qui se focalise sur une réalité finale.  La description se fait en termes d’attaches musculaires sur des tendons qui stabilisent et activent des os au niveau d’articulations. A ces éléments, s’ajoutent les organes responsables des activités vitales et des contrôles sensori-moteur du corps vivant.

Cette construction est sous-jacente à la connaissance des propriétés d’actions induites par la génétique.

Dans le meilleur des cas cette approche anatomique prend un aspect mobile avec l’instauration de règles biomécaniques évoquant les mouvements de flexion et extension, de rotations externe et interne, parfois de glissements ; cet ensemble est décrit soit libre, soit sous contrainte.

En complément à cette approche qui décrit le « quoi » et le « où », l’étude de l’embryologie nous invite à étudier le « comment » et le « pourquoi ».

Les réponses à ces questions nous permettent de prendre conscience que le corps, loin d’être un objet fini, est un ensemble vivant en totale croissance tout au long de sa vie.

C’est en termes de polarité qu’il faut observer la forme du corps.

Tous les aspects définissant le mot polarité, illustrent la façon dont il se construit. Il s’agit à la fois, du sens du courant d’un circuit électrique, du dipôle électrostatique moléculaire répartissant les charges négatives et positives en chimie, d’un axe organisateur de l’absence de symétrie d’un organisme biologique, de critères définissant un raisonnement en vue d’atteindre un même résultat pour l’aspect éducation, de la configuration hiérarchisante des relations sociales enfin.

Pour le corps vivant, l’œuf fécondé en est la première étape.

L’ovule et le spermatozoïde interagissent grâce à la polarisation de leurs systèmes fonctionnels. Elle s’observe en premier lieu avec leur propre vitesse de production, un ovule arrivant à maturation sur un ovaire tous les deux mois tandis que les testicules fabriquent 600 spermatozoïdes par secondes. Ensuite, leur rencontre se produit du fait de systèmes qui s’opposent : l’ovule est entouré d’un gel pellucide, il est large et sphérique, en suspension passive ; le spermatozoïde est fin, en déplacement linéaire permanent et actif, pauvre en cytoplasme et mitochondries.

La fécondation ainsi réalisée crée le zygote. Il est le résultat d’une fusion de gênes. Cette « un-fusion » provoque une activité fortement centripète, immédiatement suivie d’une activité centrifuge qui induit une « di-fusion » et fabrique ainsi les deux cellules indifférenciées initiales de la morula. Une multiplication des mitoses se poursuit jusqu’à l’implantation de l’œuf dans la paroi utérine.

La polarisation qui suit la fécondation est celle qui hiérarchise le trophoblaste et l’embryoblaste. Le trophoblaste utilise une force centrifuge aux fins d’une connexion maternelle et de la construction du placenta. L’embryoblaste utilise une force centripète qui construit la forme de l’embryon sur un axe céphalo-caudal et dans un espace utérin limitant son expansion.

À l’intérieur du sac embryoblastique, vient ensuite une nouvelle polarisation qui crée l’endoderme et l’ectoderme. C’est ainsi que vont se mettre en place les lames intérieures qui deviendront muqueuses, et les lames extérieures, futurs constituants de la peau.

Le mésoderme qui se forme entre les deux est une composante de cette action bipolaire. Il devient l’ensemble des tissus de connexions, dénommés fascias.

Si l’on garde la même façon d’observer les polarités du corps vivant, on sait, par exemple, que le turn-over cellulaire de l’os, du cartilage et des tendons, est extrêmement lent (3 mois), tandis que la moelle osseuse produit environ 2500 globules blancs par seconde.

Ces écarts de rythme doivent être pris en considération avec la notion d’un rythme fondamental initial enclenché au moment de la fécondation et très certainement préexistant à celle-ci, du fait des différences entre ovule et spermatozoïde.

Ces oppositions entretiennent des phénomènes de polarité donc de mise en forme.

Ceci invite à observer l’ensemble tissulaire du corps vivant avec un regard nouveau.

Les fascias sont le tissu réellement intérieur ; le mésenchyme connecte et sépare en même temps, le mésothélium et l’espace interstitiel. Le sang circulant est le résultat d’une action et non une propriété, au même titre que la transparence du cristallin doit être considérée comme une activité. De ce fait une observation analogique permet de dire que tous les os longs ont l’apparence d’un tronc où l’on peut y observer une tête, un cou et l’ébauche des quatre membres.

Conclusion 

Considérer l’anatomie comme la conséquence de l’embryologie dynamique soumise aux lois de la polarité, ouvre à des observations de type analogiques Elle est support de la force fondamentale de la dynamique du vivant, le mouvement de croissance. Ce mouvement se perpétue tout au long de la vie, en termes de régénération cellulaire ainsi que de cicatrisation.

Il est créateur de la forme en même temps que vecteur de santé.

Sources :

– Jouhaud Patrick – Embryologie et Ostéopathie – enseignement embryosteo©

– Blechschmidt Erich – Comment commence la vie humaine – Ed Sully – 2011

– Van Der Waal Jaap – L’Homme, embryon entre ciel et terre – Ed Sully 2018


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