115 – Dépêche d’octobre 2016 (phi)
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De plus en plus de personnes ont recours à l’ostéopathie y compris pour leurs animaux, soit de leur propre chef, soit parfois conseillés par des proches ou leur vétérinaire traitant. On peut y avoir recours en première intention, parfois plus tardivement dans le parcours de santé. Mais du point de vue du praticien, la situation diffère selon son mode d’exercice : vétérinaire pratiquant exclusivement l’ostéopathie ou ostéopathe animalier, vétérinaire mêlant l’ostéopathie à l’allopathie, vétérinaire non ostéopathe mais potentiellement référant. Les catégories d’intervenants potentiels sont aujourd’hui variées. Comment conjuguer la volonté de proposer sereinement cette approche, tout en évitant de tomber dans les pièges cliniques, et dans un esprit de complémentarité des approches ?

Les questions principales qui se posent sont le plus souvent : quand faire appel à l’ostéopathie, et pour quelles indications ? Il y a bien aussi des questions sur le mode de fonctionnement, l’innocuité, la compatibilité avec les autres traitements etc., mais les réponses à ces dernières sont simples. En revanche, les premières sont relativement complexes, et dépendent de la situation du thérapeute.

Cette médecine manuelle globale propose de réguler le corps dans son ensemble, ce qui lui permet de se rééquilibrer lui-même. La maladie est vue comme la conséquence de blocages et dysfonctions que l’ostéopathie permet de lever, et lorsque ces obstacles sont levés, le corps se guérit. C’est aussi une médecine préventive car elle détecte des dysfonctions avant qu’elles ne génèrent des symptômes. L’approche analytique par indications comme en allopathie procède d’un autre raisonnement.

Les référentiels sont fondamentalement différents, pourtant il revient à l’ostéopathe pragmatique qui souhaite proposer cette approche à ses patients (et ceux des autres confrères en référés par exemple), de réfléchir à quand la proposer et pour quoi.
Pour cela il faut au préalable que l’ostéopathe non-vétérinaire ait une formation en pathologie médicale suffisante pour déceler ce qui peut-être ne relèvera pas que de l’ostéopathie, et que le vétérinaire non-ostéopathe connaisse et propose l’ostéopathie. La formation et la communication sont donc de toute première importance, et devraient avoir lieu le plus tôt possible dans le parcours de chacun.

Pour l’ostéopathe exclusif (vétérinaire ou non), à partir du moment où l’on fait appel à lui, il n’y a pas d’ambiguïté : il fait son travail avec les moyens à sa disposition, mais ne doit pas méconnaître les contre-indications vraies qui nécessitent une approche classique. Et en cas d’échec de la méthode, celui-ci devrait également ouvrir la porte à d’autres traitements, complémentaires ou pas.

Pour le vétérinaire ostéopathe non-exclusif, si la demande pour l’ostéopathie est explicite, on en revient à la situation précédente. Sinon, le choix d’une approche ostéopathique de première intention peut venir du vétérinaire lui-même, après un examen clinique permettant de conclure que la méthode est appropriée, avec l’accord tacite ou explicite du propriétaire, et en n’oubliant pas de réévaluer la situation. Il est parfois plus facile de le proposer en deuxième intention, dans le cadre de récidives, de cas chroniques. Le vétérinaire peut décider de changer d’approche à son initiative ou sur la demande du propriétaire s’il en connaît l’existence, mais il peut s’agir aussi d’un collègue qui souhaite un éclairage différent.

Pour le vétérinaire non-ostéopathe, qu’en est-il ? Le fait de proposer l’ostéopathie en première intention, avant de mettre en place son propre traitement, pourrait sembler absurde. En fait, au contraire, quand celui-ci a compris l’intérêt que cela représentait dans certains cas c’est même très pertinent. Notamment pour les “classiques” de l’ostéopathie que sont l’animal vieillissant qui se raidit, le jeune chien en croissance qui boite ou marche de travers, les contre-indications aux traitements allopathiques (intolérance aux AINS par ex), la balance bénéfice / risque défavorable d’une chirurgie, la douleur mystère et autre casse-tête clinique.

Pour un cas chronique ou récidivant, faire appel à l’ostéopathie en deuxième intention, comme alternative ou en complémentarité, est également essentiel. Au vétérinaire potentiellement référant, il convient donc de pouvoir apporter les éclairages adéquats sur l’apport de l’ostéopathie, idéalement au-delà d’une liste d’indications schématique, mais qu’on peut voir comme une base départ pour se comprendre les uns les autres.
Car face à la diversité des cas cliniques et des thérapeutes aux profils et parcours variés, l’ostéopathie peut occuper de nombreuses places différentes. Cette médecine au fonctionnement si différent peut être vécue en opposition avec l’allopathie, mais de façon beaucoup plus pertinente comme une alternative réfléchie, ou encore comme une médecine complémentaire qui parfois se suffit à elle-même, et parfois non. Sans jamais perdre de vue le pragmatisme et l’intérêt premier du patient.


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