Si les troubles ambulatoires sont maintenant classiquement admis comme étant des indications courantes de traitements ostéopathiques, il n’en est pas de même pour les troubles viscéraux.
Pourtant, les anomalies fonctionnelles des viscères sont d’excellentes indications manipulatoires, d’autant que la pharmacopée habituelle n’est que peu fréquemment curative, laissant le champ libre aux rechutes répétées.
L’étude de la neuro-anatomie et de la neuro-physiologie du système nerveux autonome et de ses interactions avec le système nerveux de relation explique très clairement l’impact de la biomécanique vertébrale sur le fonctionnement viscéral, …et l’inverse.
Légende: Claude Pavaux ENVT, cours de neurologie. Nous nous souvenons tous de ce schéma touffu de notre cours d’anatomie et de physiologie…..dont il faut le dire nous n’avions jamais vraiment su quoi faire de pratique. Par l’ostéopathie et sa régulation fine du tonus musculaire ou des dysfonctions viscérales ce schéma prend toute son importance. Toutefois, il présente une lacune très dommageable, il ne parle que de relation efférente vers les viscères et omet complètement les relations afférentes, venant des viscères. Longtemps ces dernières ont été niées, nous privant ainsi d’une idée forte: l’effet en retour d’un organe sur un comportement, un muscle ou sur la peau par exemple. Depuis une dizaine d’années, les neurobiologistes commencent à accepter ce fait et prendre la mesure du phénomène dit d’intéroception.
Ainsi, plusieurs types d’interactions sont à énoncer :
– Le réflexe somato-viscéral, qui aboutit à une vasoconstriction viscérale après l’application d’un stimulus somatique précis.
– Le réflexe viscéro-viscéral, qui aboutit à cette même vasoconstriction après l’application d’un stimulus sur un autre viscère.
– Le réflexe viscéro-somatique d’origine neurologique, qui s’explique par les informations excitatrices accrues issues d’un viscère en dysfonction, qui créent un état h’hyperexcitabilité des neurones relais (effet de facilitation) aboutissant à une hypertonicité prolongée des structures somatiques liées.
– Le réflexe viscéro-somatique d’origine gravitationnelle, qui découle quant à lui de la modification de position de l’organe dans la cavité l’abritant en raison des modifications de poids et de volumes liées aux variations sanguines (notamment la stase). Ainsi, les fascias de soutien subissent une tension non physiologique induisant des troubles structuraux.
Un grand nombre d’informations neurologiques circulent donc, créant et/ou entretenant des dysfonctions viscérales.
Comme dans les troubles ambulatoires, c’est en réalisant un travail manuel sur les fascias de soutien et sur le système ostéo-articulaire que l’ostéopathe obtient la résolution de ces problèmes. Un encart récent donnait d’ailleurs un bon exemple de restauration de la motricité digestive chez le chat.
Face à ces pathologies fonctionnelles, où la cause originelle reste parfois obscure dans une démarche médicale standard, l’analyse ostéopathique permet souvent d’obtenir la guérison.
Il est donc intéressant de disposer de cet outil dans son arsenal thérapeutique.
Plus d’info:
1 – Proceedings de la conférence du 25/04/97 du CNRS “Le neurone afférent viscéral”:
– “On a longtemps pensé que les afférences primaires viscérales étaient négligeables….Cette conception est maintenant abandonnée…”
– “On sait également que les activités viscérales peuvent déclencher des réflexes supra spinaux régulateurs très puissants pouvant toucher de nombreuses fonctions végétatives, mais aussi somatique…”
2- Le N°8 de L’ostéo4pattes a en grande partie été consacré à ces influences viscérales: http://www.revue-osteo4pattes.eu/spip.php?rubrique65